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L'avenir de l'Inde mobilise Disraeli. George Lansbury établit ainsi un parallèle entre la prophétie irlandaise de Disraeli et le sort qui pourrait être réservé à l'Inde dans le futur. Les conséquences d'un développement analogue risqueraient de compromettre les relations entre la métropole et sa colonie.2 Le sort des Anglais en Inde est entre les mains des parlementaires à Londres pour le conservateur Sir Alfred Knox, citant Disraeli en appui de ses propos.3 Lors des discussions entourant la réforme constitutionnelle indienne au milieu des années 1930, Disraeli est encore une fois invoqué pour souligner qu'une bonne résolution des difficultés indiennes repose sur les décisions prises à Londres :

Disraeli once said that the key of India was not in Herat but in London. The key of India's loyalty is not in Delhi but here in Westminster. Do not let us throw that key away in the desert sands of mistrust.4

L'un des principaux artisans du Government of India Act,5 R. A. Butler situe son action dans la continuité de Benjamin Disraeli, qui avait placé l'Inde sous le contrôle direct du gouvernement : « since Disraeli brought the control of the government of India under

Parliament and the Crown, in 1858 [...] Parliament has steadily passed a series of measures

réduction pour les frais de canal payés par nos propres bateaux. Disraeli considéra avec sagesse que les profits du canal de Suez devraient être plus largement distribués. »

1 Hansard, ccclxxiv. 1826, 22 octobre 1941. 2 Hansard, clxvi. 733, 5 juillet 1923. 3 Hansard, cclv. 2702, 31 juillet 1931.

4 Frederick Cocks (L), Hansard, ccxcvi. 412, 12 décembre 1934. « Disraeli a dit un jour que les clés de l'Inde n'étaient pas à Herat mais à Londres. Les clés de la loyauté indienne ne sont pas à Delhi mais ici à Westminster. Ne jetons pas ces clés dans le désert de la défiance. »

5 Pour un point complet sur la loi et ses conséquences, voir : P. Spear, The Oxford History of Modern India

leading up to this particular delegation of Imperial authority ».1 Enfin, en 1943, alors que la perspective d'une indépendance indienne se rapproche, Sir George Schuster (libéral-national) en appelle à la maxime de Disraeli selon laquelle les nations sont gouvernées soit par la force soit par la tradition. Il craint de voir l'Inde passer par une phase où le respect de la tradition (et par extension de la loi et de l'ordre) laisse place au droit du plus fort.2

Si Disraeli reste une autorité en matière impériale, un libéral comme Asquith remet en cause les crédits impériaux des conservateurs et le monopole qu'ils détiennent sur la question en attaquant directement les convictions de Disraeli :

There are people in the [conservative] party […] who believe that Mr. Disraeli discovered the British Empire, at any rate, for political purposes, in the famous speech which he made one June afternoon at the Crystal Palace 50 years ago. […] As a matter of fact, as we know from his recorded words and writings, he had been accustomed up to that moment to speak of the Colonies as millstones and dead weights. [Interruption. ] […] It is a very curious thing that the claim, or the supposed claim, that one particular party has this monopoly in regard to the Empire should be based on a declaration of that kind.3

Cette remise en cause du monopole conservateur sur l'Empire se retrouve aussi chez Herbert Samuel, comme vu précédemment. Le 16 juillet 1947, alors que le Parlement étudie la India

Independence Bill, Samuel évoque l'opposition de Gladstone à Disraeli, lorsque ce dernier fit

de la reine l'impératrice des Indes. Samuel termine ainsi son intervention :

Ever since then British Liberalism has supported at every stage the extension, step by step, of Indian self-government and, having no faith in Imperialism or in what that word has always been understood to stand for throughout the history of nations, Liberals have disapproved of the title which was assumed in 1876, and will witness its disappearance to-day without regret.4

Les convictions fluctuantes de Disraeli sur la question des colonies sont ainsi reprises par les libéraux afin de dénier aux conservateurs le monopole impérial. Toutefois, une fois la décolonisation amorcée, l'ancienne opposition libérale à l'expansion impériale refait surface 1 Hansard, cccxiii. 541-542, 12 juin 1936. « depuis que Disraeli a fait passé le contrôle de l'Inde au Parlement et à la Couronne, en 1858 […] Le Parlement a fait passer avec régularité une série de mesures conduisant à cette délégation particulière de l'autorité impériale. »

2 Hansard, ccclxxxviii. 121-122, 30 mars 1943.

3 Hansard, clxxiv. 2173-2174, 18 juin 1924. « Il y a des individus dans le parti [conservateur] […] qui pensent que Disraeli a découvert l'Empire britannique, au moins, pour des considérations politiques, dans le célèbre discours qu'il fit une après-midi de juin au Crystal Palace il y a cinquante ans. […] En fait, comme nous le savons grâce à ses discours et écrits, il avait l'habitude jusqu'à ce moment à parler des colines comme des fardeaux et des poids morts. [Interruption] […] Il est étonnant que la revendication, ou la supposée revendication, que ce parti en particulier ait un monopole sur l'Empire, repose sur une déclaration de la sorte. »

4 Hansard, cl. 828, 16 juillet 1947 (Lords). « Depuis cette période le libéralisme britannique a soutenu à chaque étape l'élargissement, pas à pas, de l'autonomie indienne et, n'ayant aucune confiance dans l'impérialisme ou dans le sens de ce mot dans l'histoire des nations, les libéraux ont désapprouvé du titre qui a été créé en 1876, et assisteront aujourd'hui à sa disparition sans regret. »

dans leur discours.