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Chapitre 3 La circulation des discours et le texte de presse

2. Les modalités de la citation

2.1. Le discours rapporté

Comme le font remarquer Juan Manuel López Muñoz, Sophie Marnette et Laurence Rosier :

Le discours rapporté peut être défini simplement comme la mise en rapport de deux discours (discours citant et discours cité) qui sert différentes stratégies suivant les contraintes de littéralité ou de concision, d’identification, d’opacification ou de dilution de la source énonciative et de la responsabilité discursive. (López Muñoz, Marnette

& Rosier, 2009 : 9)

Cette définition dessine et délimite quelques contours de notre recherche dans la mesure où le discours de presse est sujet à de nombreuses contraintes. Le terme de mise en rapport pour parler de la relation induite par le discours rapporté entre les deux discours est utilisé par Laurence Rosier dès 1999 pour impliquer l’idée que « l’un crée un espace énonciatif particulier tandis que l’autre est

mis à distance et attribué à une autre source, de façon univoque ou non » (Rosier, 1999 : 125).

Analyser cette mise en rapport dans la mesure où elle constitue en quelque sorte un rapport de force discursif, la ré-énonciation des segments discursifs autorisant l’introduction de l’empreinte subjective d’un second énonciateur, voire même de tiers énonciateurs, paraît intéressant. Pour cette raison, Laurence Rosier prévient :

Traiter des discours rapportés dans la presse pose la question des responsabilités et des manipulations du discours d’autrui. Répéter un discours a une portée idéologique variable selon la situation historique, sociale, politique qui constitue son cadre de référence, selon l’"intention" du locuteur rapportant. (Rosier, 2008 : 1)

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Le locuteur rapportant que constitue le journaliste de presse peut exercer une certaine forme de pouvoir sur les propos qu’il rapporte étant donné qu’il est libre de procéder aux manipulations qu’il souhaite effectuer. Bien que le journaliste ait à se conformer à une certaine déontologie lui permettant de revendiquer une éthique professionnelle, la simple manipulation du discours d’autrui et sa non-restitution à l’identique équivaut à une forme d’altération du discours initial, que celle-ci soit consciente ou non, ou qu’elle soit volontaire ou involontaire. Compte-tenu de la vocation mercantile des différents organes de presse, le recours au discours rapporté dans le cadre du discours de presse est d’autant plus délicat qu’il pose nettement le problème des valeurs. En effet, il s’agit ici de confronter l’impact des pratiques sociales et celui de la subjectivité inhérente à l’énonciateur. Tout dépend de la place que souhaite s’octroyer le journaliste : en effet, comme le souligne Laurence Rosier, « on peut rapporter fidèlement le contenu d’une conversation sans pour autant la répéter mot

à mot. » (Rosier, 2008 : 26). Alors que cette prise de position concerne l’essence même du dire, elle

passe sous silence la problématique de la restitution du dire par la paraphrase et des nuances qu’elle apporte au discours d’origine.

Si pour Laurence Rosier le discours rapporté soulève le problème de la prise de responsabilités ainsi que celui de l’inscription de la subjectivité du locuteur du fait de la mise en rapport d’un discours cité et d’un discours citant, l’histoire du discours rapporté et de son analyse surprend de par la variété des approches qui lui ont été consacrées. Bien qu’il s’agisse d’une problématique contemporaine, quelques linguistes tels que Jakobson (Jakobson, 1963 :177) trouvent des prémisses à l’analyse du discours rapporté dans les ancêtres latins que sont l’oratio recta et l’oratio obliqua qui sont alors respectivement à mettre en correspondance avec le discours direct et le discours indirect. Pour d’autres, comme Genette (Genette, 1972 : 190) ou Compagnon (Compagnon, 1979 : séquence 3), c’est chez les philosophes grecs, et plus précisément chez Platon, que les premières analyses d’éléments de discours rapporté se constituent sous l’angle narratologique par le biais de l’opposition des caractéristiques d’un récit pur, où l’énonciateur parle en son nom, à celles de la mimésis, soit l’imitation, où l’énonciateur donne l’illusion de parler au nom d’un autre. Sans trop s’attarder sur les prémisses antiques à l’analyse du discours rapporté, signalons que l’approche rhétorique de Cicéron distingue, dans la mise en œuvre et dans la construction de l’invention, un récit d’événements d’un récit de paroles. La question de la reproduction de paroles se trouve posée dans son rapport à la réalité dès l’Antiquité, ainsi que dans son rapport à la narrativité.

Bien que de nombreux travaux littéraires et linguistiques trouvent leur fondement dans ces premières analyses antiques, l’étude du discours rapporté a connu de subtiles évolutions jusqu’à l’époque contemporaine, ancrant progressivement l’analyse du discours rapporté dans une dimension énonciative. De fait, le discours rapporté a suscité l’intérêt de nombreux linguistes dont

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nous ne pourrons ici mentionner que quelques approches. Ainsi, pour Jacqueline Authier-Revuz (Authier-Revuz, 1992 : 38-42), l’étude du discours rapporté correspond à analyser un système de connotations fondé sur la modalisation autonymique. Oswald Ducrot (Ducrot, 1984 : 203-204), quant à lui, met en avant la polyphonie énonciative induite par le discours rapporté. Plusieurs approches ne se focalisent pas uniquement sur le discours rapporté lui-même, mais s’intéressent aussi à la nature de ce qui est rapporté. Ainsi, Récanati (Récanati, 2008 : 5-6) insiste sur l’importance de distinguer les situations réelles des situations fictives ou imaginaires étant donné que cela permet de comprendre la complexité des mécanismes métadiscursifs relatifs à l’attribution de pensée et de croyances à autrui.

En ce qui concerne la définition de ce qu’est exactement le discours rapporté, Laurence Rosier met particulièrement en garde sur le flou entretenu par la terminologie employée :

Etiquette importée de l’anglais (reported speech) et déplacée sémantiquement (reported speech ne désigne initialement que le discours indirect), le discours rapporté recouvre les formes linguistiques permettant de rapporter ou de représenter, sous une forme directe ou indirecte, le discours d’autrui (il a dit que) ou son propre discours (je lui ai dit que). Rapporter signifie donc à la fois citer, c’est-à-dire reproduire intégralement un segment dit ou écrit, mais aussi résumer, reformuler, voire évoquer ou interpréter un discours. Lorsqu’il s’agit de discours effectivement reproduits, c’est le terme citation qui paraît s’imposer. (Rosier, 2008 : 3)

Le discours rapporté ne relève pas exclusivement de la pratique citationnelle. Selon cette perspective, l’énonciateur retravaille le discours d’autrui à sa convenance dans la mesure où celui-ci peut résumer le dire et le reformuler. Au cours de l’analyse des articles de presse francophone rendant compte du dire présidentiel américain, cette capacité d’interprétation du discours d’autrui s’avère révélatrice de la subjectivité de ce type d’énonciation. Dans quelle mesure et pourquoi le dire initial se trouve-t-il sujet à modification ? Le cadre énonciatif du texte de presse ainsi que les enjeux des organes de presse peuvent exercer une influence sur le discours de presse lui-même. Notons que chacun de ces organes de presse ne choisissent pas de rendre compte des mêmes dires d’Obama sur la question environnementale.

Rapporter un discours équivaut à redire un dire antérieur. À l’occasion de sa répétition, ce dire antérieur peut être sujet à reformulation, notamment par l’utilisation du passé et par le recours à un verbe introducteur de paroles. Cette reformulation témoigne de la polyphonie du texte de presse et de l’action exercée par le journaliste sur la circulation de discours. De plus, certains linguistes effectuent une distinction avec le discours représenté. Selon cette conception, le discours représenté

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équivaut à une transposition d’un dire antérieur dans un nouveau cadre énonciatif, ce qui peut éventuellement laisser transparaître la confrontation de deux systèmes de pensées. En effet, la notion de discours représenté implique l’idée d’une représentation scénique du dire : il s’agit en quelque sorte de rejouer un dire antérieur. Ainsi, la représentation du dire antérieur va subir l’influence de l’énonciateur qui va le réitérer. Par exemple, les propos de Barack Obama tenus dans l’usine Solyndra le 26 mai 2010 ne trouvent pas de représentation immédiate dans les articles de presse. La représentation des propos du chef d’état n’intervient qu’à partir du 3 septembre 2011 dans

Libération, du 5 septembre 2011 dans Le Figaro, du 13 septembre 2011 dans Les Échos et du 21

septembre 2011 dans Le Monde. Cette représentation tardive des propos présidentiels interpelle : le dire antérieur du président américain se trouve représenté à de toutes autres fins qu’une simple représentation du discours. Comme les propos tenus par Barack Obama en 2010 érigeaient l’usine Solyndra en modèle à suivre pour construire un avenir économique prospère dans le pays, ceux-ci se trouvent repris en 2011 alors que ladite usine connait une faillite fracassante. La représentation du discours s’organise alors dans un cadre énonciatif totalement différent et sous des formes diverses :

« Des entreprises comme Solyndra ouvrent la voie à un avenir plus lumineux et prospère », avait assuré Barack Obama, sur le site de l'entreprise, en mai 2010, à Fremont (Californie). Quinze mois plus tard, Solyndra est en faillite. (Libération, 3 septembre 2011)

La société californienne Solyndra, dont Barack Obama vantait les mérites et qui bénéficiait d'une garantie de 535 millions de dollars de la part de l'État fédéral, vient de déposer son bilan. (Le Figaro, 5

septembre 2011)

Tout un symbole, en effet : c'est en visitant cette firme, au printemps dernier, que le président américain avait développé sa vision de la future économie verte synonyme, selon lui, de croissance économique et d'emplois qualifiés non délocalisables. (Les Échos, 13 septembre

2011)

Barack Obama n'avait pas besoin de ça en ce moment. En mai, il avait lui-même promu la société californienne de fabrication de panneaux solaires cylindriques Solyndra au rang de modèle des nouvelles pistes dans lesquelles son pays doit s'engager pour sortir de l'ornière financière et relancer la production de biens. (Le Monde, 21

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Si représenter les propos du président américain louant les mérites économiques d’une entreprise lorsque celle-ci connait une faillite revient jeter un certain discrédit sur son discours dans chacun des extraits proposés, la diversité des représentations proposées témoigne de la subjectivité et de l’individualité de chaque journaliste. L’article de Libération choisit de citer en discours direct les propos de Barack Obama alors que Le Figaro propose une représentation synthétisée sous la forme de l’expression verbale « vantait les mérites ». Les Échos proposent une représentation des propos sous une forme résumée des bénéfices économiques à retirer de ce type d’entreprise que l’homme politique souhaitait alors mettre en avant et Le Monde propose une représentation narrativisée des propos du président américain. Sous cette forme, les propos discursifs sont racontés grâce à l’emploi de verbes de parole reprenant ou résumant le dire sans le citer vraiment, ou bien grâce au recours à des expressions poursuivant le même effet, ou encore grâce à des syntagmes nominaux signifiant l’acte de parole. L’accent est mis sur l’acte de parole lui-même ainsi que sur son cadre énonciatif. Selon Genette, ce discours raconté constitue le choix le « plus distant » et le « plus réducteur » pour effectuer un récit de paroles. (Genette, 1972 : 191). Plutôt que de restituer un message à l’identique ou au plus proche du dire initial, le locuteur citant choisit plutôt de retransmettre l’essence du message.

Comme les journalistes procèdent différemment pour élaborer leur propre représentation des propos de Barack Obama à l’égard de Solyndra, l’effet créé et obtenu n’est pas le même pour tous les quotidiens. Bien que les propos soient repris sous la forme de la citation dans l’article de

Libération, la représentation de ce dire vise à marquer les esprits grâce à la transposition d’un dire

enthousiaste totalement inapproprié à ce nouveau cadre énonciatif. L’analyse de cette représentation pose le problème du point de vue du locuteur citant et interroge la responsabilité énonciative du journaliste. Si son choix de représentation témoigne d’une volonté de contraste, le journaliste met surtout à profit la confrontation d’un dire politique antérieur empreint d’exaltation au sujet de l’entreprise Solyndra à de nouvelles conditions d’énonciation desservant la validité du dire de Barack Obama. On rejoint ici la problématique de la surénonciation (Rabatel, 2003b : 46-48), le journaliste dominant le jeu énonciatif de la représentation de la parole politique de Barack Obama et utilisant sa position de surplomb afin d’argumenter son propre point de vue.

La représentation proposée par Le Figaro est certes moins marquante, mais se trouve également teintée par la subjectivité de l’énonciateur journaliste, perceptible dans le choix de l’expression verbale « vantait les mérites » mise en perspective avec la situation actuelle. Alors que l’article des Échos insiste sur la dimension économique, celui du Monde tente de relater les faits d’une manière plus factuelle. Ces différentes représentations d’un même dire témoignent de l’influence exercée par le ré-énonciateur sur le discours initial et elles illustrent aussi l’impact des choix de

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représentation qu’il est amené à effectuer pour faire circuler le dire. Cette pratique rejoint la problématique du discours interprété qui propose une forme particulière de reformulation d’un dire antérieur devenant une source d’inférence pour l’énonciateur citant (Rosier, 2008 : 20). Le discours citant propose une interprétation personnelle du dire antérieur en guise de reformulation, qui se trouve alors dans une position de grande vulnérabilité vis-à-vis du locuteur citant étant donné que celui-ci a toute latitude pour reformuler le dire antérieur selon son ressenti personnel. Le recours à l’inférence qui prévaut dans cette pratique imprègne le discours de la subjectivité du locuteur citant au point d’accroître l’importance de l’analyse de ces formes de reformulation.

L’existence d’une dimension énonciative contribuant à la construction du dire dans le discours rapporté s’avère d’autant plus importante que le cadre social du dire politique du corpus de discours diffère beaucoup du cadre du corpus d’articles. La ré-énonciation du dire politique s’impose comme marque de la subjectivité des locuteurs citant que sont les journalistes. Laurence Rosier prévient notamment :

[…] on ne rapporte pas un discours de façon décontextualisée : on le fait sous une forme et dans un but précis. (Rosier, 2008 : 17)

Ce constat amène à rappeler les conditions particulières ainsi que des finalités de la ré-énonciation du dire politique au sein du discours de presse. L’ambiguïté de la double vocation de la presse, dont les finalités informatives doivent cohabiter avec les objectifs purement mercantiles d’un groupe d’édition, repose la question de l’inféodation de l’individu à celui qui le finance dans une perspective linguistique. Les exemples de représentations du discours de Barack Obama sont tous extraits de la presse française. Les organes de presse suisses semblent avoir occulté la confrontation du dire du président en 2010 avec la situation de faillite de l’entreprise connue en 2011, ou du moins avoir pris le parti de passer l’évènement sous silence. Cette simple observation dénote une tendance peut-être plus marquée de la presse française à exercer une approche critique envers la politique américaine.

De fait, ce constat amène à se demander à quel point l’influence éditoriale exerce une force sur le journaliste, et par voie de conséquence sur sa ré-énonciation du dire politique. L’objectif poursuivi à l’occasion de l’insertion d’éléments discursifs rapportés peut lui-même être questionné. Au-delà d’une volonté argumentative ou d’une finalité illustrative sous couvert d’objectivité par le recours à la réalité ou bien même encore à ce que Laurence Rosier qualifie d’« hyperréalisme » (Rosier, 2002 : 30), la ré-énonciation d’éléments discursifs politiques au sein du discours journalistique n’entretient-elle pas des motivations connexes ? L’identification du rapport entre le discours citant et le discours cité permet de comprendre l’intérêt poursuivi par le ré-énonciateur.

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En marge de ces considérations typologiques, le discours rapporté propose une signalétique que le ré-énonciateur est libre d’utiliser ou non pour baliser le discours d’autrui qu’il est amené à intégrer dans son propre discours. Par conséquent, l’emploi des guillemets constitue certainement une problématique de fond dans l’analyse du discours rapporté. Restreindre cet usage typographique à une simple mention des mots d’autrui revient à ignorer la mise en rapport des deux discours sur le plan énonciatif. Laurence Rosier distingue le rôle particulier conféré aux guillemets par le manuel de recommandations stylistiques de l’AFP :

La typographie est évidemment utilisée : « les citations doivent être données entre guillemets. » Mais pas de trace de l’italique, du gras, de l’usage de la majuscule pour le début d’une citation et autres procédés typographiques. (Rosier, 1993 : 634)

Ainsi, les guillemets se trouvent intronisés comme les marqueurs typographiques officiels de l’introduction du dire d’autrui. Sur le plan autonymique, les guillemets, ou bien même l’absence de guillemets, sont encore sujets à analyse. Comme le signifie Jacqueline Authier-Revuz (Authier-Revuz, 1984 : 103-104), le recours aux guillemets rend compte de la capacité de modalisation dont dispose le ré-énonciateur sur le discours cité. Le rôle du marqueur typographique est en effet pluriel et ne se résume pas au simple balisage ou signalement du discours d’autrui. Si l’emploi ou le non-emploi des guillemets constitue la marque même de la présence et de la mise en perspective de la polyphonie énonciative inhérente au discours rapporté, elle est aussi un indice de subjectivité énonciative faisant partie de ce que Catherine Kerbrat-Orecchioni appelle des « traces de l’acte dans le produit,

c’est-à-dire les lieux d’inscription dans la trame énoncive des différents constituants du cadre énonciatif »

(Kerbrat-Orecchioni, 1980 : 30). Pour Ducrot, cet emploi résulte d’une mise en scène du dire et d’une représentation de l’énonciation (Ducrot, 1984 : 199).

Comme le cadre du discours de presse s’avère propice à la représentation de discours, l’emploi des guillemets peut éventuellement y desservir des fins argumentatives. Dans cette perspective le ré-énonciateur place le locuteur premier dans la fonction de figure d’autorité. La reproduction du discours d’autrui lorsqu’il s’agit du dire d’une personnalité politique reconnue telle que Barack Obama correspond d’autant plus par extension à une garantie commerciale d’authenticité de l’information, soit à une visée argumentative connexe et latente. Sur l’emploi des guillemets dans le texte de presse, Laurence Rosier remarque que :

Les guillemets, utilisés dans la presse comme marqueurs de fidélité et de littéralité, sont néanmoins aussi employés pour encadrer des îlots de discours fictifs. Cette constatation banale (car il est reconnu que le

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DD n’est pas forcément littéral) doit cependant s’accompagner d’une mise en perspective du point de vue du lecteur. À quel marqueur se vouer si le garant formel de l’authenticité [...] joue un double jeu ?

(Rosier, 2002 : 30)

Le lecteur de presse doit rester méfiant et garder un certain sens critique à l’égard de ce qui lui est proposé à lire. Dans le cas du corpus d’articles représentant le discours de Barack Obama, les citations extraites du discours politique original sont livrées traduites, le discours de presse supposant tacitement un lecteur monolingue. Pour cette raison, la remarque de Laurence Rosier invite à prêter attention aux stratégies discursives développées par le locuteur citant pour créer un effet de réel et inspirer confiance au lecteur.

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2.2. La paraphrase

La paraphrase fait en quelque sorte plus ou moins partie des outils discursifs dont dispose le journaliste de presse. Celui-ci est constamment amené à paraphraser le réel dans une perspective de médiatisation, c’est-à-dire en une transformation de l’événement réel en un événement médiatique. Bien que nous utilisions ici le terme de paraphrase par extension, le cœur même de ce raisonnement se retrouve chez Catherine Fuchs :

Si le terme 'paraphrase' n’apparaît pas dans la Rhétorique d’Aristote, ce traité n’en fournit pas moins un apport précieux de réflexions en matière de paraphrase. Il vise en effet à caractériser les mécanismes de la production diversifiée des discours en situation. Selon les