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Analyse des discours de Barack Obama sur la question environnementale et de leur réception dans la presse européenne francophone (2008-2013)

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Submitted on 7 Mar 2019

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européenne francophone (2008-2013)

Géraldine La Corte

To cite this version:

Géraldine La Corte. Analyse des discours de Barack Obama sur la question environnementale et de leur réception dans la presse européenne francophone (2008-2013). Linguistique. Université Paul Valéry - Montpellier III, 2017. Français. �NNT : 2017MON30100�. �tel-02060546�

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Délivré par l’Université Montpellier 3 – Paul Valéry

Préparée au sein de l’école doctorale 58

Langues, Cultures, Littératures

Et de l’unité de recherche Praxiling

UMR 5267 CNRS

Spécialité : Sciences du Langage

Présentée par Géraldine LA CORTE

Soutenue le 27 octobre 2017 devant le jury composé de

Mme Christine BÉAL, Professeur des Universités, Université de Montpellier 3–Paul Valéry

Membre du Jury M. Damon MAYAFFRE, Chargé de Recherche 1,

Université de Nice Sophia Antipolis

Rapporteur Mme Michèle MONTE, Professeur des Universités,

Université de Toulon

Membre du Jury M. Philippe SCHEPENS, Professeur des Universités,

Université de Franche-Comté

Rapporteur Mme Agnès STEUCKARDT, Professeur des Universités,

Université de Montpellier 3–Paul Valéry

Directrice de thèse M. Stefano VICARI, Professore associato,

Università di Genova

Membre du Jury Logo ETABLISSEMENT

Analyse des discours de Barack Obama sur

la question environnementale

et de leur réception dans la presse

européenne francophone

(2008-2013)

Tome 1

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À mon fils, À mes parents,

Pour limiter son empreinte écologique, ce travail de thèse a été imprimé en recto-verso.

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Avant toute chose, je souhaiterais exprimer mes plus vifs remerciements à ma directrice de thèse qui m’a accompagnée tout au long de ce travail, mais aussi durant mon master de sciences du langage. S’il est des personnes capables de motiver et remotiver encore un étudiant en analyse de discours, le professeur Agnès Steuckardt, toujours présente et bienveillante, appartient résolument à cette catégorie d’enseignants-chercheurs. Mes mots resteront peu de chose par rapport au soutien qu’elle a su m’apporter durant toutes ces années tant au niveau disciplinaire qu’humain. Je lui suis profondément reconnaissante pour sa grande patience, pour tous les conseils qu’elle a pu me prodiguer afin de m’aider et de me guider, mais également pour toutes les connaissances et autres éléments de culture qu’elle a constamment cherché à m’apporter.

Je tiens également à remercier Giancarlo Luxardo, Ingénieur de Recherche de Praxiling, qui a vraiment beaucoup facilité le début de mes analyses en m’aidant à installer le logiciel TXM sur mon ordinateur et en m’expliquant les bases de son fonctionnement. Cette aide fut particulièrement précieuse pour la mise en œuvre de l’analyse quantitative du corpus.

Je remercie vivement les enseignants qui ont participé à mes comités de suivi de thèse : Mme Béal, M. Bres et M. Diwersy. Ces étapes de bilan ont contribué à l’avancement de ce travail grâce aux questions ou remarques qui m’ont alors été adressées.

D’une manière générale, je souhaiterais dire merci à tous les membres de l’équipe Praxiling pour l’accueil chaleureux dont j’ai eu la chance de bénéficier, malgré mon statut de doctorante à distance, à l’occasion de chacun de mes déplacements. Je crois pouvoir affirmer que ce fut pour moi une chance inouïe de rencontrer les divers membres de cette équipe. Mes pensées se tournent plus particulièrement vers les doctorantes avec lesquelles j’ai partagé certains moments forts de ce parcours, et je souhaite donc remercier plus personnellement Marie Chandelier, Lavie Maturafi et Nathalie Matheu, mais aussi et surtout Ivana Didirkova que j’ai rencontrée dès la préparation du master Dimip.

Dans un registre plus familial, je remercie mes parents sans l’aide de qui ce travail aurait eu peu de chances d’aboutir : qu’il me soit permis ici de leur exprimer ma profonde gratitude pour avoir fréquemment gardé ou occupé mon fils afin de me libérer des plages de travail nécessaires à l’élaboration et à la rédaction de cette thèse. De même, je remercie mon fils, Benjamin, de m’avoir laissée travailler plutôt intensément sur mon ordinateur au cours des dernières semaines, malgré ses féroces envies de jouer et de faire une foule de choses qu’il estimait certainement bien plus prioritaires du haut de ses 8 ans.

Enfin, je souhaite remercier les différents professeurs, à savoir Mme Béal, Mme Monte et M. Vicari, qui ont accepté de participer à mon jury de thèse, malgré la charge de travail et le

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déplacement que cela implique pour eux. Je remercie particulièrement M. Mayaffre et M. Schepens qui ont accepté la tâche supplémentaire de rapporteur.

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Introduction

Dans la vie de tous les jours, les discours se croisent et s’entrecroisent. Tout énoncé prononcé est susceptible d’être mis en circulation, c’est-à-dire que tout énoncé peut faire l’objet d’une répétition, ou plutôt d’une reformulation par un autre énonciateur. Ces représentations de discours en seconde main se font d’autant plus spontanément lorsque l’énonciateur est une personnalité publique, connue et médiatisée. Bien souvent, le texte de presse propose des représentations d’énoncés politiques pour rendre compte de discours tenus. Une série de déformations du discours initial peut alors être observée. Bien que les différences restent généralement subtiles, elles témoignent de l’influence que le texte de presse exerce sur les énoncés d’origine.

À travers l’analyse d’un corpus de 32 discours de Barack Obama et de 125 articles de presse européenne francophone rendant compte de ces discours politiques, ce travail de thèse propose l’observation d’une circulation de discours inscrivant la question dialectique du même et de l’autre. Cette contribution aux recherches menées dans le cadre de l’analyse de discours sur la circulation de discours se concentre donc sur un exemple d’observable linguistique particulier, la renommée de l’orateur impliquant une représentation certaine de ses discours au niveau international. Ce phénomène discursif où un discours de première main se voit soumis à un parcours transférant le dire d’un discours à un autre soulève de nombreux problèmes : si cette question se trouve par nature implicitement sous-tendue par la notion de discours rapporté mettant en avant les relations entre locuteur citant et locuteur cité, elle suppose également un champ d’analyse élargi résultant de la mise en abyme de fragments discursifs voyageurs.

La parole rapportée pose déjà elle-même de nombreuses interrogations : on notera l’abondance des travaux de recherche sur le sujet, allant par exemple des problèmes de point de vue et de représentation du discours (Rabatel, 2003) à la recontextualisation du discours (Johansonn, 2000), tout en passant par l’exposition des problèmes stylistiques (Rosier, 1993) ou l’exploration de la dimension dialogique du discours rapporté (Bres & Vérine, 2002 ; Vérine, 2010). Tout en s’appuyant sur ces approches, l’étude de la circulation de discours prend en compte la notion de parcours suivi par le discours. Elle s’intéresse à la notion de passage auquel se trouve soumis le discours en circulation.

Pour mener l’étude d’un tel processus circulatoire, cette recherche s’est donc dirigée vers les discours de Barack Obama sur la question environnementale et leur réception dans la presse européenne francophone de 2008 à 2013. Si cette formulation simple du sujet met en avant le parcours suivi par le discours américain jusqu’au texte de presse, elle soulève diverses questions et

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appelle à justification. Quel intérêt présente donc l’étude de cette circulation ? Au niveau discursif, la réception du discours américain par la presse européenne francophone suppose le passage d’une langue à une autre, mais aussi le passage d’un genre de discours à un autre : les fragments discursifs mis en circulation passent d’un discours politique prononcé en langue anglo-américaine à un discours de presse produit en langue française. Ce constat de départ amène naturellement à se demander dans quelle mesure les cadres prédiscursifs inhérents à chaque langue vont impacter la circulation de discours. Considérant également que les États-Unis sont bien souvent montrés du doigt par la communauté internationale en raison de leur réputation de pollueurs, ce stéréotype peut-il exercer une influence dans les représentations de discours ?

Le choix de l’orateur s’est imposé en raison de l’aura dont il bénéficie sur la scène médiatique internationale : si son parcours en tant qu’homme politique a de quoi surprendre, il est renommé pour ses discours et se trouve rapidement qualifié de nouveau Cicéron par la presse américaine (Higgins, 2008). L’homme lui-même intrigue. Fils d’une mère blanche originaire du Kansas et d’un père noir kenyan, il naît à Honolulu. Ses parents se séparant, il grandit au sein d’une famille monoparentale qui l’élève sur l’île d’Hawaii. Après une expatriation de quelques années en Indonésie, il met finalement le pied sur le continent américain à l’âge de seize ans. Malgré des études brillantes à Harvard, il fait le choix d’une carrière dans le domaine social à la suite d’une proposition de poste à Chicago. Il entre en politique en 1996 et devient sénateur de l’Illinois pour trois mandats successifs. Reconnu pour ses prestations oratoires, il est choisi pour ouvrir la Convention démocrate à Boston en 2004. La qualité et la portée de son discours propulsent alors sa carrière politique. Sa déclaration de candidature aux présidentielles le 10 février 2007 aboutit à son élection et à son investiture en tant que chef d’état de la nation américaine.

Ce parcours à la fois brillant et inattendu suscite l’intérêt des médias au niveau international. L’homme fascine par l’engouement et l’enthousiasme qu’il suscite à l’occasion de ses discours : les médias parlent alors d’obamania. De plus, il s’impose par les idées qu’il promeut. Apôtre de l’espoir, il plaide en faveur d’un changement et d’un renouvellement de « l’audace d’espérer » aux États-Unis, incarnant lui-même la réussite portée par le rêve américain. Armé de sa carrière d’animateur social à Chicago, il s’intéresse particulièrement à l’humain, aux questions d’ordre social et à la restauration de la compétitivité des États-Unis. À première vue, il ne s’intéresse guère aux questions environnementales, ou du moins cette thématique ne fait pas partie de ses premières préoccupations. La lecture de ses deux autobiographies (Obama, 2007 & 2008) ne témoigne d’ailleurs pas d’une sensibilité ou d’un intérêt particulier pour la question. Néanmoins, il aborde cette thématique en discours à l’occasion de la campagne présidentielle. Peut-être peut-on y voir une prise de conscience de l’échéance climatique dont les effets risquent de porter de lourdes conséquences à

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l’humain, sujet de prédilection de l’orateur. Toujours est-il que ses déclarations sur la thématique environnementale bénéficiant d’une forte médiatisation par la presse, l’étude d’une telle circulation de discours s’avère prometteuse.

Précisons tout de suite que le statut spécial de cet orateur, que ce soit dans sa qualité de candidat à la présidentielle américaine ou de chef d’état élu, doit être pondéré : l’homme politique dispose d’une équipe de speechwriters, c’est-à-dire de plumes. Considérant que les divers collaborateurs participant à la rédaction du discours déclarent tous que l’homme politique révise lui-même les discours qui lui sont proposés et les réécrit parfois lui-même dans leur intégralité, on le regardera ici comme l’auteur des discours qu’il prononce.

Le traitement de la question environnementale par un orateur américain constitue un terrain propice à l’observation de la circulation de discours. La thématique environnementale présente un lexique riche et une rhétorique particulière, adaptés aux préoccupations de la société contemporaine dont elle résulte. Les travaux autour de cette question sont nombreux, même aux États-Unis où l’ecospeak (Killingsworth & Palmer, 2012), autrement formulé sous la forme greenspeak (Harré, Brockmeier & Muhlhausler, 1999), fait l’objet de nombreuses publications de recherches.

Bien que les milieux universitaires et scientifiques américains accordent de l’intérêt à la question environnementale, la communauté américaine offre une perception fracturée des enjeux environnementaux et du crédit à apporter au réchauffement climatique. On remarquera des exemples extrêmes de manifestations et de réactions réfractaires à ces notions de la part des climatosceptiques assumés : les adeptes du rolling coal1, s’opposant aux mesures environnementales

mises en place par Barack Obama, sont notamment prêts à payer des sommes extravagantes pour trafiquer les moteurs de voitures afin de polluer plus. D’une manière générale, l’idéologie climatosceptique pose problème aux États-Unis : fondée sur une doctrine pseudo-scientifique, elle renie l’évidence scientifique du changement climatique, s’insinue dans l’éducation et dans les milieux du pouvoir dès qu’elle le peut. Comme Philippe Schepens le fait remarquer :

Il existe des discours institutionnels qui tendent à chacun de nous le miroir d’une idéologie de fausse reconnaissance, et l’analyse du discours ne peut que suivre d’aussi près que possible, la praxis sociale qui en conteste la pertinence et les effets afin d’étayer cette contestation. Ainsi l’analyse du discours se fera-t-elle théorie critique.

(Schepens, 2011 : §67)

1 Littéralement « charbon roulant », cette pratique qui existait déjà bien avant l’élection de Barack Obama a connu un fort développement à la suite des mesures mises en place par le président américain sur les normes de consommation des automobiles.

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Dès lors, une question s’impose à l’esprit : comment un orateur américain peut-il construire une argumentation en faveur de la cause environnementale dans un pays où une part de la population, influencée par l’idéologie climatosceptique, fait preuve d’une hostilité plus ou moins marquée envers tout traitement de la question climatique ? Notre analyse vise à mettre en évidence la spécificité de l’argumentation développée par Barack Obama.

Que l’on puisse présumer d’une rhétorique particulière ou non, l’analyse de la circulation de discours permettra de comprendre les mécanismes discursifs entourant et régissant la réception du discours de Barack Obama par la presse européenne francophone. Les cadres de production du discours de presse et du discours politiques étant sensiblement différents et leurs finalités discursives aussi, on peut envisager une potentielle altération du dire de Barack Obama dans sa représentation journalistique. Gardant cette hypothèse à l’esprit, on aboutit à formuler les questions suivantes : comment les journalistes procèdent-ils pour représenter le discours du président américain sur la question environnementale ? Dans quelle mesure leurs représentations coïncident-elles avec la réalité du discours prononcé par Barack Obama ? Si l’analyse cherche à mettre en évidence le traitement journalistique du discours du président américain sur la question environnementale, elle vise aussi à distinguer quelques différences inhérentes au système langagier de chacun des corpora.

Ce travail s’articule autour de trois grandes parties composées de plusieurs chapitres assortis chacun d’une synthèse intermédiaire.

La première partie est consacrée à la présentation des approches théoriques et méthodologiques régissant l’analyse. Elle s’appuie sur des grandes notions entourant l’analyse de discours, tant au niveau de l’analyse quantitative que qualitative. Pour construire cette partie, des exemples génériques sont empruntés à divers travaux afin d’établir une réflexion générale sur ce qui anime notre étude, mais des exemples relatifs à notre propre étude sont également exposés et développés.

Le premier chapitre de cette partie a pour objectif de procéder à une présentation générale du corpus d’étude : quelles hypothèses préalables ont conduit à la constitution des deux corpora qui le composent ? Quelles modalités de l’analyse conviennent pour le traiter ? On présente l’outil choisi pour mener l’enquête quantitative : le logiciel TXM et, tout en soulignant les diverses limites de l’analyse menée, on pose quelques observations générales préliminaires à l’analyse qualitative du

corpus, qui s’appuie sur les outils de l’analyse argumentative.

Le corpus réuni traite la thématique de l’environnement : existe-t-il des particularités inhérentes à la rhétorique de l’environnement ? Dans le second chapitre, on s’attache tout d’abord à considérer les cadres et les procédés de l’argumentation, en envisageant tour à tour le statut de l’orateur, celui de l’auditoire, les fondements de l’argumentation, puis les différentes techniques

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argumentatives. On apprécie ensuite la dimension lexicale de cette rhétorique de l’environnement en exposant les spécificités des mots de l’environnement avant de déterminer la méthode d’analyse des mots de l’environnement du corpus.

Le troisième chapitre se focalise sur la circulation de discours, et donc par conséquent sur le texte de presse : dans quelle mesure s’agit-il d’une circulation de discours spécifique ? Quelles sont ses caractéristiques ? En quoi réside son originalité ? La construction particulière du texte de presse, puis la problématique de l’identité du texte de presse sont envisagées avant d’observer les spécificités du corpus d’analyse. Considérant la nature polyphonique du texte de presse, on s’intéresse également aux modalités de la citation en présentant diverses notions relatives au discours rapporté et à la paraphrase.

Le quatrième chapitre propose quelques réflexions sur les avants du discours, c’est-à-dire sur les prédiscours et les cadres prédiscursifs. Quels éléments peuvent-ils être pris en compte dans l’étude de cette circulation de discours ? Tout d’abord, quelques remarques préliminaires concernant la mise en perspective des deux corpora sont effectuées : on rappelle l’importance des liens entre l’homme, le langage et la langue et on explique les problèmes linguistiques liés par le passage d’une langue à une autre. On évoque ensuite les particularités socio-historiques du traitement de la question environnementale aux États-Unis : la relation des Américains à leur environnement est présentée dans une perspective historique, puis quelques évolutions de la politique environnementale de ce pays sont rappelées, enfin, on s’intéresse à la typologie des discours sur l’environnement. Après avoir observé les évolutions historiques du discours sur l’environnement, on prend en considération une typologie des discours sur l’environnement suivant laquelle quelques genres particuliers de discours peuvent être déterminés selon le point de vue régissant l’appréhension de la question environnementale, sous-tendant alors l’argumentation développée ainsi que le lexique employé en discours.

La seconde grande partie de l’analyse s’intéresse au traitement de la question environnementale de Barack Obama et présente donc plus particulièrement les résultats de l’analyse du corpus de discours. Le discours source étant de langue anglo-américaine, l’analyse propose des traductions des extraits de discours avec un rappel des propos originaux en notes de bas de page pour chaque citation. Lorsque cela s’impose pour les besoins de l’analyse, un retour direct aux mots ou aux fragments discursifs en langue source est opéré. L’analyse se réfère également ponctuellement aux remarques formulées par divers chercheurs à l’égard des différentes problématiques discursives abordées.

Quelles sont donc les particularités du discours de Barack Obama sur l’environnement ? Le premier chapitre de la seconde partie étudie notamment le positionnement de son discours en

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expliquant la singularisation de son discours à travers une analyse discursive et sémantique de son emploi des marqueurs temporels et de quelques adjectifs. On s’intéresse également à la manière dont procède l’orateur pour lier la question environnementale au traitement d’autres problématiques du pays en procédant à l’analyse de divers extraits de discours consacrés à la notion de clean energy

economy, à savoir l’économie de l’énergie propre et à la mise en relation des notions d’énergie et

d’économie. On présente ensuite quelques fondements doxiques du discours de Barack Obama sur la question environnementale, parmi lesquels un recours fréquent à la science et un appel à la morale se remarquent. L’analyse de ces fondements permet de dévoiler divers ressorts argumentatifs tout en prenant la mesure de quelques différences de portée sémantique entre la langue française et la langue anglo-américaine.

Le second chapitre est dédié à la construction argumentative du discours de Barack Obama sur l’environnement. Comment le président américain organise-t-il son discours ? En quoi celui-ci se distingue-t-il ? Pour répondre à ces questions, le fonctionnement discursif et sémantique des trois arguments majeurs invoqués dans le discours, que constituent l’indépendance énergétique, la relance de l’industrie et la place des États-Unis, est exposé. Pour prendre la mesure de la technique oratoire déployée par l’homme politique, on observe ensuite la mise en œuvre de deux procédés discursifs particuliers, à savoir le recours à la représentation imagée conférant une certaine force au discours ainsi que l’utilisation rhétorique des chiffres participant d’une stratégie discursive élaborée. Enfin, le discours de Barack Obama se trouve caractérisé par la création d’une problématique environnementale compatible avec l’esprit américain : le fonctionnement des références dialogiques opérées par l’homme politique dans son discours est mis en évidence, ainsi que l’émergence d’un lexique conceptuel propre à l’orateur qui lui permet d’introduire la question environnementale sous un angle novateur tout en s’inscrivant dans la perpétuation d’un état d’esprit américain.

Un discours se composant de mots, le troisième chapitre s’intéresse à la construction lexicale du discours : l’emploi des différents vocables relève-t-il d’une stratégie oratoire précise ? Dénote-t-il un traitement particulier de la question environnementale ? Pour le savoir, on étudie les mots de l’environnement dans le discours de Barack Obama, et plus particulièrement des mots de l’énergie ainsi que des mots relatifs au traitement de la question environnementale, en se focalisant sur l’emploi de ce lexique en discours : cela permet de comprendre l’emploi qui est fait du lexique relatif à l’environnement, mais aussi de mettre en avant le traitement lexical opéré par l’orateur autour de ces diverses notions.

La troisième grande partie de l’étude est consacrée à la réception des discours de Barack Obama par la presse européenne francophone. Quelles conséquences et quels mécanismes de cette circulation de discours peuvent-ils donc être mis en évidence ? La représentation des discours

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supposant une réception de ces mêmes discours par des professionnels de l’information, cette partie vise à analyser d’une part les représentations journalistiques et à distinguer d’autre part les effets subis par les fragments discursifs mis en circulation. Pour ces raisons, un retour au discours source est ponctuellement effectué.

Comment la forte altérité induite par la circulation de discours, tant au niveau de ses indices que des effets qu’elle produit, peut-elle être constatée et dévoilée ? Le premier chapitre de cette partie débute avec les problèmes liés à la représentation de l’orateur dans le discours de presse : ceci implique de déterminer comment l’identité de l’orateur est construite dans le texte de presse, comment il est mis en scène, mais aussi comment et dans quel but le cadre spatio-temporel de l’orateur se trouve représenté lui aussi. On s’attache ensuite à analyser la présentation de la réception du discours et à comprendre en quoi et pour quelles raisons cette réception peut être contextuelle ou évaluative. Enfin, la nature de la mise en rapport du texte de presse avec le discours d’autrui est étudiée, tant au niveau contextuel qu’au niveau du discours politique lui-même.

Le second chapitre développe l’analyse de la circulation et de la réception du discours autre. Quelles modalités de représentation du discours politique de Barack Obama sur la question environnementale peuvent-elles être repérées dans le corpus d’articles ? L’étude des références au discours présidentiel américain et de la représentation des fragments discursifs mis en circulation permet d’évaluer la variété des représentations élaborées et d’en saisir les particularités. Les enjeux qui sous-tendent la représentation du discours de Barack Obama dans la presse européenne francophone sont ensuite abordés afin de comprendre les motivations de cette circulation de discours ainsi que les fluctuations du processus circulatoire.

Le troisième chapitre s’intéresse aux variations lexicales et discursives perceptibles à l’occasion de la circulation de discours et observables entre les deux corpora. Comment les problèmes liés au passage d’une langue à l’autre à l’occasion de la réception du discours politique se matérialisent-ils linguistiquement ? L’analyse de trois lexies particulières illustre diverses situations d’infléchissement de sens et d’appréhension des notions entre les deux systèmes langagiers : tout d’abord, on définit l’emploi du calque lexical énergie propre sur le modèle de clean energy, puis on expose la différence de point de vue induite par la lexie voiture propre et son équivalent anglo-américain fuel-efficient car et on se préoccupe de l’emprunt de la lexie all-of-the-above au discours américain. Enfin, une dernière étape de l’analyse envisage les escapades discursives du texte de presse que constituent le détournement discursif de la titraille et les quelques jeux lexicaux proposant des représentations symboliques du discours politique.

Au final, notre analyse espère dévoiler d’une part les particularités discursives du traitement de la question environnementale de Barack Obama, mais aussi quelques caractéristiques de la

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représentation des propos politiques de cet orateur dans un autre cadre de culture et de communauté langagière. L’analyse de la réception du discours de Barack Obama dans la presse européenne vise donc à mettre en évidence quelques spécificités de la circulation de discours par l’observation de la circulation d’un discours public fortement médiatisé.

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Partie 1 Approches théoriques et méthodologiques

Avant d’analyser le traitement de la question environnementale dans les discours de Barack Obama puis leur réception dans la presse européenne francophone, on présentera les théories et méthodologies mises en œuvre pour constituer cette étude. Dans un premier temps, on exposera les attentes et objectifs de l’analyse qui ont régi la construction des deux corpora, mais aussi les modalités d’analyse ainsi que les limites de celle-ci. Dans un second temps les caractéristiques inhérentes à la rhétorique de l’environnement seront considérées sous l’angle argumentatif puis lexical. Ensuite, certains principes relatifs à la circulation des discours et au texte de presse seront mis en évidence, notamment en ce qui concerne les spécificités du discours de presse et les modalités de la citation qui participent à la circulation des discours. Enfin, les notions de prédiscours et de cadre prédiscursif seront abordées afin de mieux saisir leur importance au cours de la mise en perspective des deux corpora ainsi que les particularités du cadre socio-historique entourant le traitement de la question environnementale et la production de discours sur ce sujet.

Chapitre 1 Présentation des hypothèses et du corpus d’étude

Construire un corpus revient à proposer une « matrice » d’analyse (Mayaffre, 2005 : 3) et à délimiter les contours d’un « observé vivant, dynamique dont la description doit aboutir à une

connaissance a posteriori, à des modèles sémantiques à découvrir, à des typologies à inventer »

(Mayaffre, 2005 : 3). Dans le cadre de notre analyse, il se divise en deux corpora de textes de genres différents, le premier étant constitué de discours politiques et le second de discours de presse, afin d’observer la circulation de la parole politique depuis son orateur jusqu’à la représentation journalistique qui en est donnée. La mise en perspective de ces deux matérialités discursives de la parole politique d’Obama sur la question environnementale constitue l’objet de recherche, la construction de ces deux corpora tacitement liés l’un à l’autre fondant les prémisses de l’analyse. La présentation du corpus d’étude dans son ensemble requiert donc de fournir quelques explications sur les attentes et les objectifs de l’analyse, la construction des deux corpora ainsi que sur les modalités de celle-ci, avant d’évoquer les limites du corpus, et par conséquent de son analyse.

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1. Attentes et objectifs

Au cours de nos travaux de recherche de master, nous nous étions intéressées à l’ethos de Barack Obama, puis plus particulièrement aux facettes familiales et patriotiques de cet ethos. Cette étude s’inscrit donc dans un prolongement de l’étude de cet orateur. Les recherches précédentes ont constitué l’occasion de constater que Barack Obama présente dès juillet 2008, dans son discours produit à Berlin, un intérêt particulier envers l’environnement à travers la notion d’héritage. Il évoque notamment la notion de patrimoine à léguer aux futures générations. Ce souci affiché envers la sauvegarde et la préservation de la planète est inhabituel dans le discours politique américain produit sur la scène internationale. En effet, les précédents présidents ont plutôt marqué les esprits par leur volonté accrue de protéger un mode de vie considéré comme particulièrement pollueur et nocif au regard des considérations et des inquiétudes écologiques actuelles. La communauté internationale s’était particulièrement émue de la déclaration de Georges Bush Senior au Sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992, celui-ci estimant que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable » et balayant alors d’une simple phrase tout espoir de négociation climatique. Par la suite, la signature du protocole de Kyoto par Bill Clinton en 1997 s’était soldée par un refus de ratification du Sénat à l’unanimité.

Selon le stéréotype communément admis, les États-Unis comptent parmi les deux pays les plus pollueurs de la planète avec la Chine en matière d’émissions de gaz à effet de serre et la question environnementale occupe donc peu de place en règle générale dans le discours politique américain. S’il est vrai que cette perception stéréotypée des États-Unis comme pollueur majeur et massif s’appuie sur des faits tels que les émissions, elle présente aussi une certaine excessivité, ignorant et même reniant les quelques efforts du pays en matière d’environnement. L’analyse du corpus de 32 discours de Barack Obama peut-elle confirmer cette représentation ou au contraire l’infirmer ? Peut-être pourra-t-elle Peut-être au moins nuancée à travers notre étude. Comprendre comment l’homme politique appréhende le sujet face à ses divers auditoires et construit ses discours constitue un premier pas en ce sens.

Afficher un intérêt personnel pour la question environnementale comme l’a fait Barack Obama peut, à première vue, paraître un pari risqué pour un homme politique américain candidat aux élections présidentielles. Néanmoins, cette attention à la sauvegarde de l’environnement n’a pas empêché le candidat démocrate de remporter les élections de 2008. Si la communauté internationale n‘a pu que percevoir d’un bon œil ce revirement discursif en faveur de la question environnementale, ce changement suscite quelques questions. Comment un orateur peut-il faire adhérer les esprits américains à une thèse impliquant un changement du mode de vie pour préserver l’environnement ?

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Quels procédés oratoires met-il en œuvre pour parvenir à ses fins ? Le discours purement écologique existe aux États-Unis, mais il n’est que faiblement représentatif de la scène politique américaine et ne rassemble que peu de fidèles autour d’une cause perçue comme une trop forte contrainte, voire parfois comme une atteinte préjudiciable aux droits du peuple américain ainsi qu’aux valeurs qui ont contribué à son essor et à son histoire. Comment un homme politique américain peut-il donc aborder la thématique environnementale pour rallier l’esprit américain à la cause écologique ? L’étude espère apporter une réponse, sans prétention d’exhaustivité, à cette question grâce à l’analyse du corpus de discours, tout en gardant à l’esprit que le discours politique de Barack Obama n’est qu’un exemple parmi la multitude de discours existants.

Enfin, l’analyse du corpus d’articles et du lien qui l’unit au premier corpus de discours aspire à déterminer si la presse européenne francophone rend fidèlement compte des discours de Barack Obama sur la question environnementale. La construction des deux corpora a constitué l’occasion de constater que la presse donne à voir une représentation choisie de ces discours. La multiplicité des modalités de traitement et de représentation du discours source requiert une attention toute particulière au sein de notre analyse. Les éventuelles modifications subies au cours de la circulation depuis le discours politique source jusqu’au discours de presse sont-elles imputables au cadre prédiscursif des deux discours ou aux différences des systèmes linguistiques de chaque corpus ? Cette question qui s’impose en tant que fil conducteur de l’analyse soulève nombre de questionnements sur l’image que l’orateur souhaite construire et transmettre de lui et sur ce que la presse donne à voir de lui, ainsi que sur l’argumentation qu’il développe, ce que la presse en retient et en représente au final à l’attention d’un lectorat étranger à ce discours source. Ainsi, cette étude espère mettre à jour et présenter les spécificités discursives qui régissent cette circulation de discours afin de mieux comprendre ce processus circulatoire et les représentations qui en résultent.

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2. Construction des deux corpora

Pour mener l’analyse concernant le traitement discursif de la question environnementale effectué par Barack Obama et sa réception dans la presse européenne francophone, deux corpora différents ont été constitués, soit un corpus de discours et un corpus d’articles de presse. Comme le signale Charaudeau, la construction d’un corpus « dépend du positionnement théorique à partir

duquel on l’envisage » (Charaudeau, 2009 : 37). Un des objectifs de l’étude consistant en une analyse

de la circulation du discours politique et de sa représentation dans le texte de presse, trouver des discours qui abordent la question environnementale tout en étant relayés dans la presse européenne francophone a posé la condition sine qua non d’inclusion des productions discursives dans le corpus de discours. De fait, si cette contrainte a exclu tous les discours produits par Barack Obama avant l’annonce de sa candidature aux élections présidentielles américaines et la forte médiatisation de sa parole politique en Europe, la construction des deux corpora s’inscrit dans une démarche empirique et la date choisie pour la clôture de chaque corpus s’avère moins évidente.

Ainsi, la sélection des articles de presse représentant la parole de Barack Obama au sujet de la thématique environnementale a constitué la première étape de construction du corpus. Le recensement des divers articles a été effectué grâce à la base de données Europresse en utilisant les fonctions usuelles de recherche par l’intermédiaire de mots-clefs tels qu’environnement, climat,

marée noire associés à Obama. La recherche a été restreinte à quelques organes de presse dits de

référence. En ce qui concerne la presse française généraliste, les articles extraits du Monde, du Figaro et de Libération ont été retenus afin d’obtenir un corpus proposant des représentations marquées par diverses orientations politiques. Les articles publiés dans Les Échos, quotidien de référence d’une presse plus spécialisée en matière d’économie et de finance, ont également été sélectionnés étant donné que les discours de Barack Obama se trouvaient fortement repris et représentés dans ce quotidien. La sélection des articles de presse francophone a constitué l’occasion de découvrir que Le

Temps, quotidien suisse, partageait en grande partie son contenu rédactionnel avec Le Soir, quotidien

belge, tout en offrant plus d’articles relatifs à notre sujet de recherche. Pour cette raison, les articles du Temps ont été retenus. Enfin, le corpus de presse comporte également des articles extraits de 24

Heures, le premier quotidien de Suisse romande en tirage, afin d’obtenir une meilleure visibilité des

représentations européennes francophones non-françaises du discours de Barack Obama sur la question environnementale.

L’élaboration de ce corpus de presse, que nous appellerons notre second corpus dans la mesure où les articles de presse ont été produits postérieurement aux discours politiques, a permis d’identifier toute une série de discours de Barack Obama se posant à l’origine de la circulation

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discursive constituant le sujet d’étude. Retrouver ces discours sources n’a pas toujours été une tâche facile en raison de divers soucis d’identification, les discours n’étant pas toujours cités explicitement ou parfois d’une manière approximative susceptible de prêter à confusion. De plus, certains articles font quelquefois référence à plusieurs discours de Barack Obama. Sa parole politique n’est donc pas représentée à l’occasion d’un moment discursif unique, mais parfois recomposée à travers plusieurs moments donnés à voir au lecteur de presse. Enfin, bien que la question environnementale soit notamment représentée dans les articles de presse, elle constitue rarement la thématique exclusive des discours sources de Barack Obama qui ont été retrouvés.

La sélection préalable des 125 articles de presse a permis de recomposer un corpus de 32 discours sources. Les discours composant ce corpus ont été retrouvés sur le site officiel de la Maison-Blanche2 pour les discours produits alors que l’orateur occupait les fonctions présidentielles. Les

discours effectués avant la prise de fonction de Barack Obama ont, quant à eux, été collectés sur le site The American Presidency Project3. Ce site, hébergé par l’Université de Californie présente

l’avantage d’archiver chronologiquement un certain nombre de discours produits par tous les présidents des États-Unis, que ceux-ci aient été émis avant ou après leur prise de fonction officielle.

Les différents discours ainsi collectés pour chaque corpus ont ensuite été enregistrés au format .txt4 afin de pouvoir utiliser l’outil textométrique TXM. Cette opération implique une perte des

documents photographiques des articles de presse, malgré la conservation des différentes légendes.

2 Les discours officiels d’un président en fonction sont usuellement consultables sur le site gouvernemental

https://www.whitehouse.gov/. A l’occasion des changements de présidents, les discours émis peuvent être retrouvés grâce au moteur de recherche des archives nationales américaines disponible à l’adresse

https://www.archives.gov/research.

3 Ce site est consultable sur http://www.presidency.ucsb.edu/index.php 4 L’intégralité des discours est consultable en annexe.

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3. Modalités d’analyse

Notre étude s’inscrit dans le cadre de l’analyse de discours à la française. Les outils linguistiques nécessaires à l’analyse des corpora sont utilisés tout en prenant en compte le contexte d’énonciation des divers discours. Ce dernier aspect est d’autant plus considérable pour notre approche que l’analyse s’intéresse à la circulation de la parole politique depuis le discours politique source jusqu’au discours de presse. Cette circulation de discours implique le passage d’un genre de discours à un autre, ce qui laisse présupposer de l’importance du contexte relatif à la production des discours de chaque corpus. L’orientation thématique du sujet de recherche se concentrant sur l’analyse de la question environnementale dans les discours de Barack Obama et de sa réception dans la presse européenne francophone invite à tenir compte de connaissances connexes susceptibles d’étayer l’analyse, intégrant par là-même une conception plutôt externaliste, ou pour le moins intégrative, du contexte telle qu’elle est présentée par Marie-Anne Paveau (Paveau, 2012 : 102-105).

L’analyse part d’une enquête quantitative préalable des corpora effectuée grâce à l’outil textométrique TXM. La mobilisation de cet outil aspire à procurer une vue d’ensemble de chaque

corpus tout en permettant de s’intéresser plus particulièrement à certaines formes lexicales. Comme

le signale Damon Mayaffre, synthétisant les propos de Guilhaumou et de Rastier :

[...] l’enjeu de l’analyse du discours est d’objectiver des parcours interprétatifs, ou de proposer des parcours de lecture identifiables, reproductibles, heuristiques. (Mayaffre, 2013 : 75)

Effectuer un traitement statistique des différentes unités composant les discours des deux

corpora offre une réponse, même si celle-ci doit être considérée avec prudence, à ces fins

d’objectivisation de l’étude dans la mesure où l’outil textométrique permet d’appréhender l’ensemble d’un corpus pour en établir un panorama ou encore donner une vision globale de l’emploi d’un mot ou d’une lexie. Ces fonctions ont notamment vocation à aider à mieux saisir les réalités de chaque corpus afin de procéder à une mise en perspective plus factuelle des deux corpora.

De fait, le corpus de 32 discours comptabilise 120 828 mots tandis que le corpus composé de 125 articles de presse en comporte 98 640. Afin de pouvoir mener l’analyse textométrique sous divers angles, différentes possibilités de partitions ont été envisagées et créées. Ainsi, le corpus de discours peut être considéré en fonction des années de production de chaque discours, mais aussi en fonction du type d’auditoire auquel le discours a été adressé ou encore plus simplement en tenant compte de l’unicité de chacun des discours. Le corpus d’articles de presse peut être envisagé selon l’année de publication du journal, selon l’identité de l’organe de presse dont il est issu ou bien par le biais de

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l’unicité de chacun des articles le composant. Ces différentes partitions permettent d’obtenir une représentation graphique par analyse factorielle des correspondances (AFC) des ressemblances et des spécificités des divers discours selon des angles d’approche différents. Par exemple, on aboutit à la représentation suivante lorsqu’on effectue cette AFC en tenant compte de l’unicité de chaque discours :

Figure 1. AFC du corpus de discours selon l’identité de chaque discours

Ce graphique montre une forte concentration des discours autour d’un axe suggérant néanmoins quelques différences dans les discours ainsi regroupés. Parmi cette confusion, on remarque que les discours sur l’état de l’union semblent être placés à une relative proximité les uns des autres (dans la partie gauche du graphique inférieure à l’axe horizontal), ce qui suggère un traitement discursif quelque peu analogue à l’occasion de cet exercice annuel. Certains discours se détachent de cette concentration des discours. Le discours du 24 juillet 2008 qui correspond au discours produit à Berlin, celui du 20 janvier 2009 correspondant à la première investiture de Barack Obama, ainsi que celui du 21 janvier 2013, à savoir celui de la seconde investiture de Barack Obama

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se distinguent légèrement de la masse des autres discours. Cela laisse supposer que l’homme politique adopte un style discursif particulier à l’occasion de son déplacement à l’étranger durant sa première campagne électorale, et également lorsqu’il prend ses fonctions de président. Deux discours semblent encore plus isolés sur cette représentation graphique et méritent donc une attention particulière. Le discours du 20 décembre 2008 correspond à l’annonce des nominations de scientifiques à des postes clefs du gouvernement : ce discours occupe effectivement une place particulière dans le corpus dans la mesure où il aborde un sujet spécifique et ne traite que de ces nominations ainsi que de l’importance de la valeur à accorder à la science dans les esprits américains. Le placement des discours des 28 mai, 29 mai, 15 et 16 juin 2010 interpelle, mais s’explique par leur thématique : ils s’intéressent à la marée noire provoquée par l’explosion d’une plate-forme pétrolière. Il semblerait donc que l’orateur adopte un discours particulier et sensiblement différent en raison des circonstances. Le discours le plus à l’écart sur la représentation graphique, celui du 29 mai 2010 présente aussi la particularité d’être extrêmement bref : à l’occasion de son déplacement dans le Golfe du Mexique, Barack Obama y annonce succinctement les dispositions relatives à la prise en charge et au traitement de la marée noire de Louisiane.

Le calcul de l’AFC relative à chaque article de presse aboutit à la représentation graphique suivante :

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Si cette représentation s’avère quelque peu illisible au niveau de la concentration qu’elle donne à voir, elle témoigne d’une certaine cohérence dans le discours de presse. Deux discours se trouvent néanmoins très écartés de la masse des autres. L’article du Figaro publié le 20 janvier 2009 ne se contente pas de rapporter la parole de Barack Obama : il procède à une présentation stylistique du discours de l’homme politique. L’auteur de cet article n’appartient d’ailleurs pas au monde de la presse, mais se trouve être maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Paris : ce constat permet de confirmer que l’écriture journalistique répond à une norme d’écriture particulière. De la même manière, l’article du Figaro du 17 janvier est extrait du supplément du quotidien et présente un article de type reportage en s’appuyant sur les propos du président élu des États-Unis. Si cet article met en circulation le dire de Barack Obama, il le fait selon des modalités différentes.

Alors que les deux corpora sont censés regrouper respectivement des discours de Barack Obama abordant la question environnementale et des articles de presse européenne francophone représentant ces discours politiques, un premier constat issu de l’observation des tables lexicales produites par le logiciel TXM s’impose au sujet de la faible présence du mot environnement lui-même dans le corpus de langue française et de celle plus faible encore de son équivalent anglais

environment. En effet, le corpus de discours comporte 17 occurrences d’environment et le corpus

d’articles 77 occurrences d’environnement. Bien que cette première remarque puisse être surprenante, elle rappelle, comme le précisent Mahé Ben Hamed et Damon Mayaffre dans l’article introducteur d’un dossier consacré aux thèmes et thématiques dans le discours politique, que :

Le thème dans nos corpus est une composition linguistique et il est fait matériellement de mots, mais mots et thèmes ont une relation qui n’est ni automatique ni bijective : tous les lexèmes ne sont évidemment pas des thèmes, et chaque thème pourra être lexicalisé de manière variée, plurielle, ad hoc. (Ben Hamed & Mayaffre, 2015 : 7)

L’outil informatique peut donc dévoiler une certaine réalité de la composition linguistique des

corpora et amener à formuler plusieurs réflexions autour de ce constat de départ. Alors que Barack

Obama aborde cette thématique en ne la nommant que très peu, la presse européenne francophone tend, quant à elle, à redonner un peu plus son nom à la thématique abordée. Pourquoi l’orateur n’évoque-t-il donc pas directement la thématique ? Plusieurs réponses sont envisageables et peuvent s’accorder entre elles : peut-être préfère-t-il convoquer les diverses composantes de cette thématique environnementale pour construire un discours plus ciblé, articulant son discours autour d’un point particulier ou d’un autre, ou peut-être aborde-t-il le sujet sous un autre angle. Notre analyse vise justement à déterminer quel traitement l’orateur réserve à la question environnementale dans ses productions discursives ainsi que leur perception et leur restitution dans

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la presse européenne francophone. L’abondance du mot environnement dans la presse européenne francophone alors que le terme est lui-même peu employé par l’orateur révèle la dimension interprétative que le texte de presse offre à ses lecteurs.

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4. Limites de l’analyse

La composition du corpus d’étude se trouve contrainte par divers paramètres. En effet, si la nature de l’étude impose quelques critères objectifs, d’autres éléments moins neutres ont également été pris en compte à l’occasion de la compilation des divers discours composant les deux corpora. Une certaine subjectivité au cours du regroupement des textes ne peut être totalement évitée comme le souligne Mayaffre :

Ainsi, additionner en matière de corpus signifie de manière problématique avant tout soustraire. Décider de rassembler deux textes, c'est avant tout décider d'écarter tous les autres. Or, répétons-le, comment juger que le rassemblement établi est non seulement nécessaire (ou utile) mais suffisant ? (Mayaffre, 2002 : 3)

Ce constat interroge non seulement la méthodologie mise en œuvre pour réunir les textes, mais aussi les choix personnels au cours de la compilation des discours. Comme notre sujet d’étude s’intéresse à la réception du traitement de la question environnementale dans les discours de Barack Obama dans la presse européenne francophone, le corpus de discours politiques ne peut débuter qu’à partir des discours relayés par la presse. Pour cette raison, les discours d’Obama produits sur le sujet avant sa forte médiatisation internationale ne peuvent être inclus dans ce premier corpus d’étude. Ainsi, le premier discours sélectionné est celui prononcé à Las Vegas en date du 24 juin 2008. Bien que ce choix semble présenter une certaine objectivité, cette neutralité apparente mérite quelques nuances. Ce discours a été sélectionné en raison de l’allusion régulière des textes de presse francophone au contenu des discours de campagne du candidat démocrate à la présidentielle américaine : si ce discours correspond bien aux représentations proposées par les textes de presse, d’autres discours prononcés à la même période auraient tout aussi bien pu être choisis si le flou référentiel porté par les textes de presse est pris en compte. Notre dévolu s’est porté sur ce discours en particulier car il peut être mis en rapport avec plus d’articles de presse que les autres discours politiques prononcés à cette période. Choisir ce discours particulier relève d’un choix personnel répondant certes aux besoins de l’analyse, mais procède également à une mise à l’écart des autres discours qui auraient pu être incorporés.

La clôture du corpus d’étude témoigne d’un choix analytique encore plus empreint de subjectivité. En effet, un grand nombre de discours ont été produits par Barack Obama sur la thématique environnementale depuis 2013 et ceux-ci ont donné lieu à de nombreuses représentations journalistiques. Pour autant que cette date butoir choisie puisse paraître arbitraire, elle répond utilitairement au besoin de clôture du corpus d’étude pour procéder à l’analyse tout en

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ayant été mûrement réfléchie. S’il est certes regrettable de n’avoir pu inclure les dernières productions discursives de Barack Obama, nous avons malgré tout pris soin d’incorporer des discours produits au début du second et dernier mandat électif de l’homme politique à la fonction présidentielle américaine. Cette inclusion s’origine dans la volonté de prendre en compte une parole politique peut-être plus libérée du fait de ses conditions de production. Néanmoins, une plus forte considération des discours produits après la réélection de l’homme politique en 2012 pourrait apporter une dimension supplémentaire et ouvrir des perspectives différentes à l’analyse.

La version écrite des textes collectés pour constituer le corpus d’étude témoigne d’une limite particulière. Pour les discours, la version écrite proposée officiellement par la Maison-Blanche a été prise en considération. Il ne s’agit pas de la version des discours telle qu’elle a été proposée en public, mais de celle qui a été préparée ou de celle que le président américain souhaite donner à voir rétrospectivement. S’intéresser au discours oral lui-même à travers l’étude d’un enregistrement vidéo de la scène discursive s’avèrerait certes intéressant, mais requerrait une analyse trop importante pour les limites raisonnables de cette étude. De ce fait, l’aspect scénographique visuel a été volontairement occulté afin de pouvoir focaliser notre attention sur la circulation de discours entre le discours politique produit et sa représentation journalistique européenne francophone.

De la même manière, l’étude quantitative effectuée grâce à TXM a nécessité de compiler les articles de journaux au format .txt. Cette adaptation du texte de presse implique la suppression des photos accompagnant les divers articles. Toutefois, une trace écrite subsiste de par la légende accompagnant les photographies et autres représentations iconographiques des divers articles. Un retour au document source a parfois été nécessaire et a été ponctuellement effectué pour servir nos fins d’analyse lorsqu’il a permis de mieux appréhender et comprendre la circulation de discours. Ainsi, on peut regretter une certaine perte de la matérialité du journal et des discours prononcés dans la construction textuelle de notre corpus d’étude, bien que celle-ci soit nécessaire pour étudier la circulation de discours entre les deux corpora.

Les différentes limites de l’analyse imposées par la construction du corpus d’étude lui-même constituent autant de possibilités d’ouverture pour de futures recherches. Ainsi, l’imperfection du

corpus amène à réfléchir aux dimensions qui mériteraient un approfondissement certain ou un

traitement différent. De plus, comme l’analyse s’intéresse au discours politique d’un seul orateur, il pourrait être intéressant de comparer son traitement personnel de la question environnementale à celui des discours produits par ses prédécesseurs ou ses successeurs sur le sujet ainsi que la circulation de leurs discours respectifs dans la presse européenne francophone. Une analyse contrastive avec son successeur s’annonce particulièrement riche dans la mesure où les deux hommes affichent des points de vue radicalement différents au sujet de l’environnement.

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5. Synthèse intermédiaire n°1

Nous formulons donc nos objectifs de recherche de la façon suivante :

· comprendre comment Barack Obama traite la question environnementale dans ses discours politiques,

· analyser comment ses discours sont reçus et donnés à voir par la presse étrangère que constitue pour lui la presse européenne francophone, et notamment si cette presse rend fidèlement compte de ses discours et si les éventuelles modifications du discours sont imputables au cadre prédiscursif de chacun des discours, aux différences des systèmes linguistiques ou bien résultent d’autres causes.

Pour mener l’analyse, nous avons constitué deux corpora, certes différents dans le type de discours qu’ils réunissent, mais liés entre eux. Le premier corpus se compose de 32 discours de Barack Obama abordant la question environnementale. Le second corpus consiste en une sélection de 125 articles extraits d’organes de presse européens francophones proposant une représentation d’un ou parfois de plusieurs discours constituant le premier corpus.

Notre travail s’inscrit dans le cadre de la perspective française de l’analyse de discours. L’analyse part d’une enquête quantitative. Pour ce faire, le logiciel d’analyse textométrique TXM est utilisé afin d’obtenir une vue d’ensemble de chacun des corpora étudiés, de distinguer statistiquement les spécificités relatives des discours politiques et des discours de presse ou encore de présenter diverses tables d’occurrences. L’analyse qualitative se fonde sur les résultats de l’enquête quantitative. Les représentations obtenues à partir d’analyses factorielles de correspondances permettent de mettre en évidence les singularités ou les ressemblances des discours de chaque corpus, permettant alors d’établir un vaste état des lieux de chacun des corpora selon les partitions choisies pour procéder à l’AFC. L’étude des tables lexicales a également mis en évidence la faible présence du mot environment dans le corpus de discours de Barack Obama. La plus forte représentation du mot environnement laisse à penser que le discours de presse redonne son nom à une thématique traitée à mots plus couverts dans le discours du président américain.

L’étude se retrouve confrontée à plusieurs limites, dont deux majeures. D’une part, la constitution des deux corpora s’est volontairement contrainte à une période donnée en incluant des discours produits entre 2008 et 2013. Il n’a pas été possible d’intégrer les discours politiques abordant la question environnementale produits avant 2008 dans la mesure où ceux-ci n’ont pas donné lieu à une quelconque réception dans la presse européenne francophone. À l’inverse, Barack Obama a produit divers discours sur la question depuis notre date butoir de 2013, qui ont été fortement relayés dans la presse. L’inclusion de ces discours dans le premier corpus ainsi que des

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articles de presse y faisant référence dans le second corpus aurait pu donner un panorama plus complet du traitement discursif de l’orateur et de la représentation journalistique en résultant. Afin de ne pas occulter les productions discursives émises dans des conditions plus propices à la libération de la parole politique sur cette thématique environnementale, des discours de 2013 ont également été inclus, soit des discours produits à l’occasion de la première année du second et dernier mandat présidentiel de Barack Obama.

D’autre part, l’analyse est menée sur les versions écrites des discours politiques officiellement émises par l’orateur bien que certains aspects ou éléments relatifs à la dimension oratoire in situ y soient occultés. Bien que ce choix puisse sembler trop restrictif, il permet néanmoins de confronter l’image que l’orateur cherche à laisser formellement dans les mémoires à celle que la presse européenne francophone choisit tout aussi volontairement de représenter.

Ces limites imposées à notre étude constituent tout autant de possibilités d’approfondissement et de perspectives d’ouverture. Une mise en perspective avec le discours du président succédant à Barack Obama et de sa représentation dans la presse européenne francophone sera d’un grand intérêt dans la mesure où, avec ce changement de chef d’état, on assiste à de grands revirements dans le traitement discursif de cette question environnementale.

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Chapitre 2 La rhétorique de l’environnement

Alors que la question environnementale se trouve abordée différemment selon les discours produits, apprécier et comprendre l’emploi des procédés rhétoriques classiques pour évoquer la thématique environnementale revient à identifier et définir les caractéristiques inhérentes à ces productions discursives. Notre analyse ne se contente pas d’une analyse des mots de l’environnement, mais s’intéresse également, et même surtout, à leur mise en discours. La rhétorique, longtemps délaissée en France contrairement aux États-Unis où elle a bénéficié d’un enseignement dynamique constant et d’une certaine aura, propose un vaste cadre théorique. De la rhétorique traditionnelle d’Aristote, elle se définit comme « l’art de persuader par le discours » (Reboul, 2001 : 4). Si l’analyse s’inscrit dans cette perception première de la rhétorique, elle s’appuie également sur la nouvelle rhétorique proposée par Perelman et Olbrechts-Tyteca en ce qui concerne l’argumentation et emprunte divers apports à la pensée structuraliste d’Oswald Ducrot (Ducrot, 1968 : 18), à la conception de la rhétorique de Roland Barthes, mais aussi aux post-structuralistes ou encore aux chercheurs contemporains. En s’appuyant sur ces diverses approches, quels points permettraient d’analyser la rhétorique de l’environnement dans les discours de Barack Obama ? Dans un premier temps, on procèdera à la présentation des cadres et des procédés de l’argumentation, puis on s’intéressera à l’analyse des mots de l’environnement.

1. L’argumentation : ses cadres et ses procédés

Historiquement chacune des dimensions de la triade ethos-pathos-logos a été désignée tour à tour comme dominante structurelle de la rhétorique, Platon la critiquant pour son caractère manipulateur sur le pathos, Aristote privilégiant le raisonnement, soit le logos, et Cicéron mettant en avant l’importance de l’ethos. L’analyse du traitement de la question environnementale dans nos

corpora prend en compte l’importance respective de chacune de ces dimensions. Néanmoins,

l’environnement étant une question discursive sujette à controverse, l’argumentation développée est propre à chacun des orateurs abordant le sujet, même si ceux-ci disposent vraisemblablement d’outils communs et d’arguments partagés. Pour cette raison, les différentes techniques discursives qui permettent de faire adhérer les esprits à la thèse développée par l’orateur sur la question environnementale sont à considérer. Pour ce faire, on s’intéressera tout d’abord aux cadres de l’argumentation ainsi qu’à ses procédés.

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1.1. L’orateur

L’orateur occupe une place centrale dans l’analyse de notre corpus de discours dans la mesure où il est le producteur et l’émetteur des discours. Pour cette raison, il semble utile de rappeler brièvement les différentes définitions et approches du concept d’ethos discursif. La rhétorique traditionnelle articule la construction d’un ethos digne de foi autour de trois qualités mises en avant par Aristote5, à savoir la prudence, la vertu et la bienveillance. En ce qui concerne l’approche

cicéronienne, l’ethos relève de la séduction dont l’orateur peut et doit faire preuve. Pour Roland Barthes qui s’intéresse à cet aspect bien plus tard, il s’agit d’un ensemble de traits de caractère que l’orateur « doit montrer à l’auditoire (peu importe sa sincérité) pour faire bonne impression » (Barthes, 1970 : 212). De la même manière, Oswald Ducrot pense que l’orateur à travers lequel il effectue une distinction entre le « locuteur-L », soit l’énonciateur, et le « locuteur lambda » (Ducrot, 1984 : 201), construit son ethos dans l’acte d’énonciation lui-même, pointant du doigt l’existence et l’importance du second plan de l’énoncé. Enfin, en amont de l’acte discursif, Ruth Amossy (Amossy, 2012 : 94-96) signale l’existence d’un ethos préalable, autrement appelé ethos pré-discursif par Dominique Maingueneau (Maingueneau, 1999 : 79).

Si l’ethos se construit en amont du discours ainsi que dans le discours lui-même, il contribue donc aussi à la construction argumentative. Considérer que les différentes facettes d’ethos développées par l’orateur agissent et réagissent bilatéralement avec l’argumentation tenue laisse alors penser que l’ethos contribue à la force argumentative du traitement de la question environnementale dans le discours d’Obama. En effet, lorsque Barack Obama mène sa première campagne électorale pour les présidentielles en 2008, il se présente comme un homme capable de remédier à la situation économique tout en œuvrant en faveur de l’avenir environnemental de la planète. Dans son discours produit à Elkhart en Indiana le 6 août 2008, il rappelle notamment les actions politiques qu’il a menées en tant que sénateur en matière d’énergie pour promouvoir les énergies renouvelables en insistant sur le caractère historique des mesures entreprises alors afin de mieux pouvoir se présenter comme un sauveur potentiel de l’économie et de l’environnement.

De la même manière, la dimension émotionnelle du discours joue certainement un rôle dans l’argumentation qu’il semble nécessaire de prendre en compte dans notre analyse. Selon l’importance que l’orateur accorde à son auditoire, il lui appartient encore de mettre en avant avec circonspection une certaine capacité à émouvoir cet auditoire. Pour paraphraser Christian Plantin, l’argumentation doit enseigner, plaire et toucher (Plantin, 1996 : 4). Au-delà de la conviction qui peut être gagnée grâce à des qualités rationnelles, il s’agit d’ébranler l’esprit, ou du moins d’atteindre la

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