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Les réseaux de promoteurs de l’éducation physique du sapeur-pompier Logiques de diffusion, 1914-

B. Une codification distinctive d usages gymniques de l’officier de « valeur »

IV. L’introduction d’un modèle alternatif : le soldat du feu athlète complet

2. Diffusion et appropriation du modèle dans l espace civil des sapeurs-pompiers

C est au sein du réseau de l’Association technique, que l’éducation physique va se former en objet de promotion du « bon pompier ». Une conférence d’ouverture sur le sujet est faite par Marcel Daragon551, officier professionnel lyonnais, membre du collectif, lors du congrès annuel

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Ragaine Étienne, « Introduction de la Méthode Naturelle au Régiment de sapeurs-pompiers », L’Éducation

physique, Année 1958. Numéro spécial. « Hommage à Georges Hébert 1875 – 1957 », p. 110.

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Né le 02/06/1900, Rimaucourt (Haute-Marne) – 30/05/1983, Versailles. Son père Ernest Maigrot, est tourneur

sur métaux. Joseph Maigrot possède le certificat d’études. Il exerce le métier d ajusteur mécanicien. Le 12 juin

1918, il est engagé volontaire (initialement pour 4 ans) chez les sapeurs-pompiers de Paris. Le 14/07/1929 - 01/12/1941, il est, à contrario de son inclination, désigné patron de l’Équipe spéciale de gymnastique par le capitaine Stéfani. Il apporte sa touche aux productions gymniques, avec des mouvements plus amples : par exemple, les chutes en cascade. Retraité au grade d adjudant-chef. Ses investissements "sportifs" Champion militaire du relais 4 x 100. De 1921-1931, sprinter et athlète complet au Racing-Club de France. Le 17 mai 1931, il remporte le troisième parcours d’athlétisme général, à Paris, avec un temps de 2’30’’ 1/5. C est un circuit-épreuves, organisé par la Fédération française d’athlétisme, modèle défendu et promu par le réseau hébertiste, répondant aux principes de formation de l’athlète-complet. Dès 1934, il entraîne la section athlétique au Racing-club de France. De 1942-1968, il est conseiller technique national à l’Institut national des sports. Inspecteur principal de la Jeunesse et des Sports. Et devient entraîneur national de la Fédération française d’athlétisme du sprint, des relais et des haies. À ce titre d’entraîneur national du relais 4 x 100 mètres, l équipe de France glane le record du monde, en 1967 à Ostrava, Tchécoslovaquie. La médaille de bronze aux jeux olympiques de Tokyo (1964) ; et est championne d’Europe en 1966 et 1969. Ses conceptions de l’entraînement et son rapport au haut niveau, sont déterminés par les principes

hébertistes qu’il a incorporés et activés au cours de sa trajectoire sociale, notamment lors de sa carrière chez les

sapeurs-pompiers de Paris. « L’instinct de l’entraîneur joue un grand rôle pour dépister la qualité des athlètes (le mètre et le chronomètre ne sont que des appoints). ». Cette position est explicite et revendiquée dans l’ouvrage collectif en hommage à ses contributions, Merci Joseph !, numéro spécial, Amicale des entraîneurs français

d’athlétisme, Paris, Ateliers d’impression de l’Opéra, 01 janvier 1975. Sources. « Ma vie ? J’ai été comblé… », Merci Joseph !, numéro spécial, Amicale des entraîneurs français d’athlétisme, Paris, Ateliers d’impression de

l’Opéra, 01 janvier 1975. « Une manifestation spectaculaire mais éducative - Le 3e

Parcours d’Athlétisme général (Paris, 17 mai 1931) », L’Éducation physique, 29e année, n° 19, 15 juillet 1931, p. 181. « Sports. Un athlète doit tendre à devenir son propre entraineur », Allo 18, n° 57, novembre 1952, p. 16.

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30/10/1890, à Ambert (Puy-de-Dôme) - 31/12/1953, à Lyon (3e

arr.). Inhumé à Thonon-les-Bains. Fils de Jean- Marie Daragon, menuisier et pompier volontaire à Ambert. Antoinette Roche, ouvrière. Carrière militaire. Engagé volontaire le 01/10/1910 au 99e régiment d’infanterie. Moniteur à l’École militaire de Joinville-le-Pont avant et après la guerre 14-18. En 1920, il instructeur au Centre régional d’Instruction physique de Lyon, rattaché à l’infanterie. 24/02/1912, soldat du feu 2ème

classe au Régiment des sapeurs-pompiers de Paris. Il sera consacré moniteur de gymnastique. Civile. Le 01/03/1922 – 1938 : mis en disponibilité, il est recruté en qualité de sous- lieutenant par le commandant Jean Pégoud, pour rénover l’instruction physique des sapeurs-pompiers

organisé à Lyon, les 8 et 9 mars 1926. C’est un porte parole du modèle du pompier athlète

complet, incorporé lors de son intégration chez les soldats du feu militaires, foyer

d’appropriation de la méthode naturelle552

. Membre du réseau hébertiste553, il la prône en méthode de référence dans le milieu des sapeurs-pompiers civils554. Héritier de la vocation, fils de sapeur-pompier volontaire, ses capacités gymniques sont développées dès son plus jeune âge555. Pratiquant sportif confirmé556, il se particularise par une appétence propagandiste, c’est un entrepreneur avant-gardiste des activités physiques et sportives dans l’armée et le civil, il est à l’initiative des premières manifestations sportives sur le front pour les poilus557

. Après le conflit mondial, il administre, en pionnier, le basket féminin dans la région lyonnaise558. De même, c’est animé par cette forte inclination diffusionniste, qu’il conçoit un portique universel démontable- portatif, testé et accrédité officiellement pour sa commercialisation, par les responsables de

professionnels lyonnais. Le 07/03/1933, nommé capitaine de 1ère classe. En 1939, admis à la retraite. En fin d’activité au bataillon de Lyon, il se reconvertit instructeur à la préparation militaire, et est admis à la retraite en 1940. Il est remplacé par Robert Bornerand le 28 août 1939, provenant de la même source de recrutement, ancien sous-officier du Régiment des sapeurs-pompiers de Paris. Ses expériences "sportives". 1907, membre de la société de gymnastique La Française de Lyon. 1908, moniteur au patronage laïc de Montplaisir. 1914. Champion du concours de l’Athlète complet. Il œuvre aux premières fêtes sportives sur le front 14-18. Après guerre, en parallèle de ses activités militaires, il réorganise des sociétés sportives féminines. 1927. Il invente un portique éponyme démontable et mobile, commercialisé. Depuis 1909, il est membre associé de l’Union des sociétés de gymnastique

de France. Novembre 1933, secrétaire-adjoint, de la Fédération française de gymnastique du Sud-Est. En deviendra

le vice-président. Membre du réseau hébertiste. Porte-parole majeur de l’éducation physique des sapeurs-pompiers communaux. Il fait la promotion de la méthode naturelle de Georges Hébert, et initie les premiers concours d’éducation physique dans la région lyonnaise, pour les corps communaux. Sources. Archives privées de son fils unique Louis Daragon, résidant à Thonon-les-Bains, et de son petit cousin René Rodarie, domicilié à Ambert. Mars- Avril 1928. « Un des Nôtres », Le Gymnaste du Sud-Est, organe officiel de la Fédération des sociétés de

gymnastique de la région du Sud-Est. Fondée le 20 mai 1884, p. 17. Bibliothèque nationale de France. Cote : JO

68810.

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Lieutenant Lucien Daragon du bataillon des sapeurs-pompiers de Lyon, « Éducation physique - Conférence. »,

Journal des sapeurs-pompiers, n° 10, 15 mai 1927, p.114.

553

En mars-avril 1938, il fait partie des membres du comité d’organisation fondateur d’un groupement hébertiste lyonnais. « Á travers les Centres Hébertistes », La Vie hébertiste, Organe de liaison et d’information des amis de la Méthode Naturelle, 1ère année, n° 8, mai 1938.

554

Lieutenant Lucien Daragon du bataillon des sapeurs-pompiers de Lyon, « Éducation physique - Conférence. »,

Journal des sapeurs-pompiers, n° 11, 01 juin 1927, p. 128 à 130.

555

« (…) moi-même j’ai été dégrossi par un cours de moniteurs en 1909, organisé par l’Association de Lyon et du Rhône. », « La religion du corps », Journal des sapeurs-pompiers, n° 21, 1er novembre 1927, p. 250.

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« Cet entraînement a lieu sous la direction du lieutenant Daragon qui fut un de nos meilleurs sauteurs à la perche, ancien instructeur à l’École de Joinville avant et après la guerre, il fut cinq ans instructeur au C.R.I.P. de Lyon. En 1914 il fut l’un de nos meilleurs athlètes qui triompha dans les épreuves du concours de l’Athlète complet ; grimpant 17 mètres de corde lisse et levant 50 fois la gueuse de 40 kilos, performance remarquable accomplie au cours des douze épreuves du concours dans la même journée. Le lieutenant DARAGON fut également fondateur et moniteur de plusieurs sociétés de gymnastique à Paris et dans la région lyonnaise où il s’occupa même après la guerre de la réorganisation des sociétés sportives féminines. », Article du journal En Auto publié in « Pour varier !... Si nous parlions un peu d’éducation physique », Journal des Sapeurs-Pompiers, n° 8, 15 avril 1927, p. 90. L’écrit est présenté par Édouard Wattremez, rédacteur en chef et ancien capitaine-instructeur de gymnastique du Régiment de sapeurs-pompiers de Paris. Nommé à ce poste le 10 décembre 1908.

557

1914-1918 : Le sport à l’épreuve du feu, documentaire T.V. réalisé par Christophe Duchiron et Anne Bettenfeld, Production MFP, 52 mn ; Michel Merckel, 14-18, le sport sort des tranchées : un héritage inattendu de la grande

guerre, Éditions Le Pas d’oiseau, Mars 2012.

558

« L’Éducation physique. L’œuvre et les idées du Capitaine DARAGON apôtre du Sport et de l’Éducation Physique », L’Alarme, 5e série, n° 101, mai 1936, p. 1703.

« En 1919 ancien moniteur à l’École militaire de Joinville, il fut nommé lieutenant-instructeur au Centre Régional d’Instruction de Lyon… où à côté de ses activités en tant que militaire, il réorganise des sociétés sportives féminines, où pour la première fois à Lyon un match de basket fut disputé par des équipes féminines, maman était dans une équipe. », témoignage écrit de son fils unique Louis Daragon éditeur publicitaire à la retraite, en date du 11/05/2005.

l’École de Joinville, les 30 et 31 janvier 1928559

. L invention est présentée dans la presse corporative pompière, et acquise par des groupements citadins de lutte contre les incendies560.

Transfuge du champ militaire des soldats du feu à un espace professionnel civil de la lutte contre les incendies, sa mobilité est déterminée par ses aptitudes « sportives » et « soldatesques », correspondantes aux ressources recherchées par le commandant Pégoud pour réformer l’instruction physique des sapeurs-pompiers professionnels lyonnais. « Le commandant Pégoud voulait une section sportive dans son bataillon et chargea mon père de la créer. »561. Doté à la fois d’une expérience de soldat du feu et de moniteur de gymnastique, il est recruté le 01 mars 1922 au bataillon de Lyon.

Dès son arrivée, il impose une heure d’éducation physique dans le service quotidien du personnel. Il intègre les sapeurs-pompiers lyonnais dans des réseaux organisateurs de championnats civils, gymniques et athlétiques, en affiliant le corps à des instances de gestion nationales et régionales562, afin de susciter l’émulation sportive. Et, deux fois par semaine, par roulement, l’effectif s’entraine à cinq heures du matin au parc de la Tête d’Or. Vers 1925, il fonde une section athlétique composée des moniteurs du bataillon, inspirée de l’Équipe spéciale

de gymnastique des soldats du feu, ambassadrice et garante de l’image sociale de l organisation

lyonnaise563 .

Depuis le 1er décembre de la même année, il aménage, trois fois par semaine, des cours d’éducation physique au gymnase de la caserne pour les enfants des gradés et des sapeurs- pompiers. Ces séances réservées aux fils de sapeurs-pompiers lyonnais, sont conçues pour participer à la construction sociale de la vocation, préparant des héritiers, formés à des habiletés en éducation physique, naturalisées pour en être. Deux groupes sont définis de sept à douze ans et de treize à seize ans. Le contrôle médical est assuré par le médecin du bataillon. En prolongement, il créait La courageuse, en 1935-1936, société d’éducation physique, d’éducation morale et de sauvetage, pour les enfants des sapeurs-pompiers et des policiers de la ville de Lyon564 .

Chaque semestre les sapeurs-pompiers sont soumis à un examen médical d’aptitude et à l’évaluation de leurs performances physiques. Les épreuves comprennent le saut en hauteur sans élan, le saut en longueur sans élan, le grimper à la corde lisse, le lancer du poids, le lever d’une pierre de 40 kg565. Au corps lyonnais, la reproduction des principes hébertistes n’est pas

conforme au sens strict, le lieutenant Daragon a diminué les familles de douze à sept pour le contrôle de la valeur physique.

559

Rapport du Colonel Bonvalot, commandant de l’École normale de gymnastique et d’escrime au ministère de la Guerre, en date du 7 février 1928, labélise l’appareil, « Éducation Physique », Journal des sapeurs-pompiers, 4e

série, n° 9, 1er mai 1928, p. 101.

560

« Éducation physique. Une innovation du lieutenant Darragon, des Pompiers de Lyon. », Journal des sapeurs-

pompiers, n° 14, 15 juillet 1927, p. 160. « Le portique français du Lieutenant Daragon », Journal des sapeurs- pompiers, 15 septembre 1927, n° 18, p. 211.

561

Témoignage écrit de son fils unique Louis Daragon, éditeur publicitaire à la retraite à Thonon-les-Bains, en date du 11/05/2005.

562

L’Union des sociétés de gymnastique de France ; la Fédération des sociétés de gymnastique du Sud-Est ; l’Association de gymnastique de Lyon et du Rhône ; la Fédération française des poids et haltères.

563

Section athlétique des sapeurs-pompiers lyonnais, démonstration d’éducation physique, le 5 juin 1927 à Charbonnières, « Assemblée Générale de l’Union des Sapeurs-Pompiers de la Région Lyonnaise. Concours de Charbonnières », Journal des sapeurs-pompiers, n° 16, 15 août 1927, p. 191.

564

La société semble ne plus avoir d’existence après le départ de Marcel Daragon du corps de Lyon en 1939.

565

Livre d’or du Corps des Sapeurs-Pompiers de la ville de Lyon 1912-1932, Août 1932, Imprimerie Automatique, Lyon, p. 45.

Dans son œuvre promotionnelle de l éducation physique, il indique des orientations pour la mesure de l aptitude physique des sapeurs-pompiers communaux. Cette évaluation doit "marcher de pair" avec le contrôle médical, et se limiter périodiquement au contrôle du poids, du périmètre thoracique à l inspiration et à l expiration, puisque la plupart des services ne sont pas pourvus d appareils tels le dynamomètre, le spiromètre, le cardiographe et le pneumographe566.

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