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Les réseaux de promoteurs de l’éducation physique du sapeur-pompier Logiques de diffusion, 1914-

B. Une codification distinctive d usages gymniques de l’officier de « valeur »

IV. L’introduction d’un modèle alternatif : le soldat du feu athlète complet

6. Les déterminants sociaux du projet diffusionniste fédéral de éducation physique

C est un agent fédéral se particularisant avec des investissements pour moderniser les services de lutte contre les incendies communaux. Il s’approprie au niveau de cette institution, dès 1926, la question de l’organisation intercommunale et départementale des services de lutte contre l’incendie, et conduit des études et publie des rapports spécialisés et avertis sur le sujet. De même, vis-à-vis de l’instruction des officiers et des sapeurs-pompiers, il n’est pas hostile à la logique de la qualification, mais marque sa préférence à l’organisation de cours et de centres de formation, au lieu d’instaurer un examen ou diplôme d’entrée, par crainte de nuire aux souscriptions volontaires.

Interpellé sur le rôle incitatif fédéral de la pratique de l’éducation physique, sa position n’est pas spontanément acquise à ce programme, mais pas non plus fermée. Elle va évoluer et passer d’une posture mitigée à motrice. C’est ainsi, qu’en réponse à l’appel du commandant Marcel Mazouaud, il lui rappelle, en octobre 1936, avant tout des obstacles à l’investissement des agents occasionnels au regard de leur style de vie interventionnel597

. Les chefs de Corps rencontrent des difficultés à réunir l intégralité de leur personnel, lors de la séance dominicale mensuelle de la manœuvre, de deux heures En outre, cette instruction du service prend tout le temps disponible, difficile d y adjoindre des exercices supplémentaires598. Il entrouvre la porte, en tablant sur de nouveaux créneaux d instruction possibles, au regard de l intégration éventuelle des sapeurs- pompiers civils dans le plan de la défense passive. Cette inclusion permettrait, pourquoi pas, de planifier dans ces réunions additionnelles, un entraînement aux exercices physiques.

La ligne directrice bouge en juin 1938, lors du 53e congrès organisé à Lyon. L’appropriation de la nouveauté se réalise en intégrant, pour la première fois, dans cette manifestation classique, des épreuves d’aptitudes et d’entrainement physique. C’est un succès, plus de quatre vingt Corps participent à l’évènement. Au-delà du renouveau des concours institutionnels amené par ces exercices neufs, et introduits originellement dans un lieu de pratique propice, à Lyon, où œuvrent des administrateurs pionniers et rompus dans la gestion de ce type d’évènement, des propriétés détenues par Jules Lerondeau peuvent éclairer l’ouverture fédérale.

En effet, celui-ci n’est pas étranger à l’instruction gymnique et à des projets en éducation physique au cours de sa trajectoire sociale. Dès 1881, il fonde une société de gymnastique, d’escrime et de tir à Paris. En 1886, il est sous-lieutenant au Corps des sapeurs-pompiers de Montereau, où une section de gymnastique est créée la même année. Il participe pleinement, tout au long de son parcours, à l administration de sociétés civiles d éducation physique et de préparation militaire599.D ailleurs, il plébiscite l' invention du portique Daragon, dans l’organe

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« Mais actuellement, en tant que Sapeur-Pompier nous craignons que seuls les corps ayant pu constituer une section permanente soient susceptibles de cultiver les exercices physiques. En tous cas, nous serons toujours prêts à encourager tous les efforts faits dans le but d’étendre ces exercices. », Jules Lerondeau, président de la Fédération

nationale des sapeurs-pompiers français, « De l’entraînement physique », Le Sapeur-pompier, 48e année, n° 455, 15 octobre 1936, pp. 358-359.

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Jules Lerondeau, ibid., pp. 358-359.

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« Il a consacré sa vie avec un dévouement absolu non seulement aux corps de sapeurs-pompiers et à toutes les œuvres s’y rattachant, mais aussi à toutes les œuvres d’éducation physique et de préparation militaire. Grâce à ses intelligentes et généreuses initiatives, la vieille société de tir "L’Arquebuse Soissonnaise" a pris un remarquable développement. En raison d’un rôle très important qu’il a joué depuis 22 ans dans les organisations de sociétés d’éducation physique et de préparation militaire, M. Lerondeau a été appelé à la présidence de la Fédération des Sociétés de tir de l’arrondissement de Soissons et de la Fédération de l’Aisne des sociétés de tir et de préparation militaire. », « Renseignements produits à l’appui d’un projet de décret tendant à nommer M. Lerondeau, Inspecteur

fédéral de presse, en 1934, mais à ses yeux, l appareil est réservé exclusivement aux agents permanents600.

Bien entendu, cette "sensibilité" ne suffit pas à expliquer l intérêt institutionnel à ce programme. L’intégration de l’éducation physique est un enregistrement résultant d’expériences réussies et confortées en dehors de son emprise, avec les concours de Pierre-Bénite, l’Arbresle, et au niveau national à Brive-la-Gaillarde. C’est une initiative prise en main par des officiers civils, appartenant à la famille corporative, pour des sapeurs-pompiers communaux, spécialement des volontaires, requérants auprès de leurs représentants fédéraux, l’instauration de ce nouvel exercice d’instruction.

Ce n’est pas de la gymnastique, nécessitant des investissements de structures et d agrès particuliers, ainsi que des aptitudes spéciales, il s’agit d’épreuves de course, de grimper, de sauts, de porter, de lancer, permettant une application transférable et répondant à des mouvements familiers exécutés par les sapeurs-pompiers au cours des interventions. C’est un modèle concret de l’athlète complet versus le pompier-gymnaste, plus abstrait, correspondant mieux aux schèmes d’actions et d’appréciation de cette catégorie d’agents. Jules Lerondeau, entre pleinement dans le courant promotionnel, dès qu’il perçoit une modalité de pratique en éducation physique, applicable, et susceptible de s’accorder au sens pratique, et aux conditions d instruction des sapeurs-pompiers occasionnels601.

départemental des Sapeurs-Pompiers, adjoint au maire de Soissons Officier de la Légion d’Honneur », signé le préfet, Laon le 26 juin 1933, Archives nationales. Base Léonore, dossier : LH/1603/88. Fondateur (1903), secrétaire (1903-1920), puis président (dès 1921) de l’association des officiers de réserve de la région de Soissons. Président de la fédération départementale des sociétés de tir et de préparation militaire de l’Aisne. Auteur Histoire des milices

471 à 1924. Arc, Arbalète, Arquebuse, Tir. Archives nationales. Base Léonore, dossier : LH/1603/88. Alors sous-

lieutenant d’infanterie territoriale, il entre officier de tir le 18 mai 1903 à La Vedette soissonnaise, puis en 1906 en devient le président. La société fusionnera avec L’Arquebuse soissonnaise. Discours de M. Waendendries, vice- président de L’Arquebuse lors des obsèques du commandant Lerondeau.

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« Mais pour les corps, qui comprennent des permanents, corps qui, avec le développement des organisations départementales vont devenir de plus en plus nombreux, il y a intérêt à occuper les permanents pendant les heures où ils ne travaillent pas aux réparations et à l’entretien du matériel, en les entraînant à des exercices de gymnastique. », « Bâtiments et portiques », Le Sapeur-pompier, 46e année, n° 398, 1er juin 1934, p. 199.

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« Le 53e Congrès de la Fédération aura lieu à Lyon en 1938. Lyon que nous avons souvent cité comme possédant l’un des meilleurs corps de sapeurs-pompiers professionnels organisé de façon remarquable, qui, sous les commandements successifs de notre ami le Commandant Pégout et de son successeur, notre excellent camarade le Commandant Rossignol, a donné maintes preuves d’une valeur qui ne saurait être dépassée. Au cours de ce Congrès, un gros effort de propagande sera fait en faveur de l’Education physique dans les corps de Sapeurs-Pompiers. Cette question de l’entraînement physique est très en honneur dans le Centre et, l’an dernier, une manifestation gymnique eut un gros succès à Pierre-Bénite. Quand on parle de ces exercices, il vient tout naturellement à l’esprit de nos officiers communaux qu’il s’agit d’exercices fort intéressants certainement, mais ne pouvant s’exécuter dans les corps communaux. On ne voit et on ne pense qu’aux magnifiques exercices présentés par les Sapeurs-Pompiers du régiment de Paris, par certains corps de la Seine, par le corps de Lyon ou de Grenoble, pour ne parler que de ceux qui se sont fait applaudir au cours de nos Congrès où ils constituaient le numéro spectaculaire sensationnel. Mais en applaudissant et en admirant ces exercices, on pense que cela peut être obtenu partout où il y a des professionnels casernés dont l’emploi du temps, en dehors des incendies et des manœuvres de la pompe, comporte plusieurs heures de gymnastique aux agrès. Rien à faire donc pour les communaux qui n’ont pas de salle de gymnastique ni d’agrès et qui ne peuvent prélever sur la pauvre manœuvre mensuelle de 2 ou 3 heures le temps nécessaire à cet entraînement gymnique. C’est une grosse erreur, et je suis convaincu que le Congrès de Lyon modifiera beaucoup de convictions à ce sujet. Il est indéniable qu’il y a nécessité absolue à conserver la souplesse, l’énergie des Sapeurs aussi longtemps que possible. Cet axiome étant admis, il nous sera démontré au cours du Congrès de Lyon qu’on peut faire de l’entraînement physique sans salle de gymnastique et sans agrès. L’échelle à crochet, les cordages, la marche, le saut sont des exercices suffisants et lorsque nos camarades auront vu manœuvrer des corps à ces exercices spéciaux, ils n’hésiteront pas, en attendant de faire mieux, de consacrer à chaque manœuvre une bonne demi-heure à cet entraînement. Et quand, aux manœuvres d’extinction, nous ajouterons dans nos concours une section d’exercices simples, faciles mais remplissant les conditions utiles pour le développement physique, tous les

Et également, à la vue de l intégration de la communauté pompière communale dans le dispositif militaire de la Défense passive, se précisant en mai-juin 1938. Ce système prévoit des séances supplémentaires d entraînement. En outre, Jules Lerondeau, a une appétence envers la préparation militaire, composée d une double formation, comprenant de l éducation physique et l inculcation de codes soldatesques, traduite dans son implication gestionnaire de ce type de sociétés civiles.

L’enregistrement d’épreuves d’éducation physique dans la manifestation institutionnelle, n’est pas ponctuel. L’initiative est prolongée lors du 54e congrès fédéral à Colmar en juin 1939602, et dépasse ce cadre puisque ce programme d’instruction s’entérine avant la seconde guerre mondiale, avec l’écriture officielle d’un thème original du manuel du sapeur-pompier civil, réservé à l’éducation physique. Exactement le 25 mars 1939, l’intention est exprimée par le nouveau président de la fédération, Paul Geoffroy suite au décès de Jules Lerondeau, lors de la réunion des inspecteurs départementaux des services d’incendie et de secours, en réponse à la demande du commandant Trottet, de Lannion (Côtes du Nord)603. Les données biographiques sur cet officier ne permettent pas de préciser son appétence pour ce type de programme. Ce qui est connu, c est qu il recommande la pratique de la gymnastique et d exercices physiques pour façonner « le sapeur-pompier modèle »604.

C est Antoine Rossignol605, qui prolonge dans la sphère institutionnelle, la promotion de l’éducation physique de son prédécesseur Marcel Daragon. C’est un héritier de cet entrepreneur.

corps tiendront à préparer 5 ou 6 Sapeurs pour prendre part à cette compétition nouvelle. Elle intéressera tout le monde et sera profitable aux exécutants. Nous n’en parlons aujourd’hui que d’une façon volontairement imprécise, dans l’espoir que beaucoup voudront se renseigner et, ceux qui le pourront, voir de leurs yeux ce nouveau chapitre du service des Sapeurs-Pompiers. », Lerondeau Jules, « 53e congrès de la Fédération nationale des Sapeurs- Pompiers français », Le Sapeur-pompier, n° 474, décembre 1937, p. 317.

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« Au cours de ce Congrès aura lieu également un concours régional de manœuvres et un concours d’aptitude et d’entraînement physique, combiné avec un concours individuel pour le championnat de France. », « 54e

Congrès de la Fédération. Grand Concours National. Colmar les 2, 3, et 5 juin 1939 », Le Sapeur-pompier, 51e année, n° 491, mai 1939, p. 114. Le concours de sections comprend un préliminaire imposé, la manœuvre de l’échelle à crochets, le lancement de commande, une course d’escalade avec exercice d’équilibre, exercice de porter et de grimper. Pour le concours individuel et le championnat de France, est demandé en plus des épreuves du concours de section, un préliminaire libre, un exercice libre à la barre fixe et aux barres parallèles, lancement du poids, saut en hauteur, lever du poids de 45 kilogrammes. Un classement spécial est réservé pour les sapeurs-pompiers professionnels.

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« Réunions des inspecteurs », Le Sapeur-pompier, 51e année, n° 491, mai 1939, p. 107. En réponse au souhait du Commandant Trottet, de Lannion (Côtes-du-Nord), « tendant à ce que les exercices physiques soient rendus obligatoires dans tous les corps de Sapeurs-Pompiers. Que, dans les concours organisés par la Fédération des Sapeurs-Pompiers Français, il soit demandé aux concourants d’exécuter quelques mouvements d’assouplissement (à leur choix). Que le concours soit terminé par un mouvement d’ensemble, très simple, de tous les concourants. Le commandant Geoffroy fait connaître que tel est également l’avis de la Fédération qui a l’intention de consacrer de nombreuses pages du nouveau manuel complet à l’Éducation Physique. Dans cette intention, il a même demandé au Ministre de l’Intérieur de nommer dans la commission chargée de la refonte du manuel, le Commandant Rossignol, de Lyon, dont le corps de Sapeurs-Pompiers est particulièrement entraîné à cette éducation. Naturellement l’application de ce nouveau chapitre ne pourra être demandée dans les concours de 1939, mais presque certainement dans ceux de 1940. ».

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Commandant Trottet de Lannion (Côtes-du-Nord), extrait du discours prononcé lors d une démonstration de gymnastique dans le cadre d une réunion départementale des sapeurs-pompiers, « Les sports », L’Alarme, n° 103, juillet 1936, p. 1752.

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16/06/1883, Grézieu-la-Varenne (Rhône) - 18/01/1974, Dijon (Côte-d’Or). Son père, Antoine Rossignol, est

propriétaire et blanchisseur. Depuis 1894, sous-lieutenant volontaire des sapeurs-pompiers de Grézieu-la-Varenne.

Sa mère, Fleurie Brun, est ménagère. Jean Rossignol, exerce le métier de blanchisseur. En 1912, il devient officier professionnel des sapeurs-pompiers lyonnais. Carrière pompière. 26/12/1909, engagé volontaire à Grézieu-la- Varenne. 21/11/1912, admis sous-lieutenant professionnel au corps de Lyon.

09/12/1930, chef de bataillon en remplacement de Jean Pégoud. 1945-1954 : inspecteur départemental des services d’incendie du Rhône. 18/11/1954, nommé lieutenant-colonel à titre honorifique. Expériences en éducation physique.

Entré en qualité de sous-officier professionnel chez les sapeurs-pompiers lyonnais en 1912, il a été le témoin direct du mouvement de rénovation physique impulsé par ce promoteur. Devenu chef de bataillon en décembre 1930 en remplacement de Jean Pégoud, il se positionne publiquement pour cette entreprise, lors du concours de l’Arbresle, tenu au cours de la réunion des corps de la région lyonnaise en 1937, en déclarant l’impératif d’inscrire cette pratique d’instruction dans le travail d’ordonnancement des gestionnaires de la corporation606

. Il a intériorisé pour être sapeur-pompier, l’incorporation de ressources physiques pour être consacré.

Issu du réseau des sapeurs-pompiers lyonnais607, appartenant à une organisation considérée spécialisée et en avance dans ce domaine, inséré dans le jeu institutionnel608, élu au Conseil

supérieur des sapeurs-pompiers, membre du conseil d’administration de la Fédération nationale

depuis le mois d’août 1936, il est reconnu comme une personne ressource par les administrateurs fédéraux. Il se voit confier le pouvoir de rédiger les normes fédérales du nouveau chapitre relatif à l’éducation physique dans le projet de refonte du manuel du sapeur-pompier609

. Sa conférence faite au 54e congrès fédéral, à Colmar, en juin 1939, précise et reproduit les orientations de Marcel Daragon, initialement exprimées en 1927 devant les membres de l’Association

Technique. Sont diffusés, dans le canevas de l éducation physique pompière, les exercices

pratiques et utilitaires de la méthode naturelle de Georges Hébert610.

1934, membre du Comité central de la Fédération de gymnastique du Sud-Est605. Juin 1939, il fait une conférence, copie conforme de celle de Marcel Daragon, sur l’éducation physique chez les sapeurs-pompiers, au 54e congrès fédéral, à Colmar605. 1939, membre de la commission chargée de la refonte du manuel complet des sapeurs- pompiers communaux, labellisé par le ministère de l’Intérieur. Il est nommé responsable de la rédaction du nouveau chapitre « éducation physique ». Sources. Archives privées de Jacques Perier, Chazey-sur-Ain ; « Le Commandant Rossignol », Le Sapeur-pompier, 43e année, n° 322, 1er avril 1931, pp. 114-116 ; « « Le commandant Rossignol. Un grand pompier, un grand chef, un brave homme, par Pierre PERRIN », Le Feu & L’Alarme, n° 20, avril 1950, p.10. « Hommage au Lieutenant-Colonel ROSSIGNOL », Le Sapeur-pompier, n° 665, juillet-août-septembre 1974, p. 362. Le livre d’Or des gymnastes du Sud-Est 1884-1934, Les fêtes du Cinquantenaire, Lyon 1er et 2 septembre 1934, Fédération des sociétés de gymnastique de la région du Sud-Est, par B. Foyolle, p. 87.

606

Cours d’instruction technique », « Union des Corps de Sapeurs-Pompiers de la Région Lyonnaise. Assemblée Annuelle et Concours Régional », L’Alarme, 6e série, n° 11, novembre 1937, p. 256.

607

« Le Commandant Rossignol trouve qu’il doit être tenu compte des aptitudes physiques pour la nomination des officiers. C’est une question de sécurité d’abord et de prestige pour la Corporation. », « Conseil supérieur des sapeurs-pompiers. », Le Sapeur-pompier, 51e année, n° 496, octobre-novembre-décembre 1939, p. 253.

608

Investissement institutionnel. Secrétaire général de l’Union des sapeurs-pompiers de la région lyonnaise depuis le 10 janvier 1910. Membre du Conseil supérieur de la Protection civile. Inspecteur-adjoint départemental (18/02/1935). 1945-01/08/1954, Inspecteur départemental des services d’incendie. Devient président d’honneur de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers français.

609

« Commission technique chargée d’établir le nouveau Manuel des Sapeurs-Pompiers Communaux », Le Sapeur-

pompier, 51e année, n° 492, juin 1939, p. 135.

610

« Conférence par le Commandant Rossignol, de Lyon : l’Éducation physique chez les sapeurs-pompiers », 54e congrès fédéral à Colmar, juin 1939, Le Sapeur-pompier, 51e année, n° 493, juillet 1939, p. 177 à 181.

Conclusion

Les logiques de diffusion de l éducation physique et sportive du sapeur-pompier

Le champ des sapeurs-pompiers se configure par une seconde poussée de professionnalisation, agencée selon des principes d’opposition hérités du processus de division segmentaire. Ces logiques de démarcage produites par le système de relations entre les collectifs pompiers se déterminent dans des valeurs disjointes de pratiques, des conceptions divergentes d en être et d exercer, et s’affirment dans les discours de promotion et de défense d’intérêts. Se paramètrent des espaces-temps sociaux différenciés, dans lesquels le soldat du feu fait figure de devancier. Le modèle du sapeur-pompier de métier, ou en voie de l’être, se fait plus visible, affirmé, il s’étend et gagne en territoire matériel et symbolique. Cette densification de la référence professionnelle distance d’autant plus le modèle de l’agent occasionnel, accentuant une mise en relief de son style de vie interventionnel décalé, figé, désuet. Il paraît être toujours à la traine, et en récupération tardive d’évolutions technologiques, techniques et organisationnelles.

Si ce jeu de démarcation est la résultante d’une interaction dynamique entre les représentants de cultures du pompier, dans lequel sont investis des jetons typiques et différenciant (capitaux), il s’agit de questionner la production de ces porte-paroles dans le travail de distinction sociale. Si ce mécanisme de séparation s élabore par des mises en œuvre opérationnelles, à l état pratique, dessinant un style de vie secouriste alternatif, la construction d écarts matériels et symboliques se réalise aussi dans une fabrique discursive, objectivée, pensée par les entrepreneurs des modèles du pompier. Ce travail se construit et s active dans des contextes situés. En particulier, à l état des discours, où la parole s inscrit dans une situation d enjeu de pouvoir et de reconnaissance sociale pour dire ce qu il convient de faire, ce qui caractérise le "bon" pompier, sa formation et son organisation de référence. Les prises de position en faveur de son modèle se manifestent dans des tribunes parlementaires d appartenance et "politisées".

Lorsque Georges Guesnet lance une campagne de modernisation des équipements des corps volontaires, il poursuit un objectif de réduction des écarts matériels et symboliques des agents occasionnels et bénévoles avec les sapeurs-pompiers de métier. L enjeu est de préserver, par ces campagnes de rénovation, la légitimité sociale du volontariat, en s appropriant des produits et références culturelles de la lutte contre les incendies et les secours, codifiant et renforçant sa professionnalité et son image sociale.

Dans ce jeu de distanciation et de rapprochement des collectifs pompiers, se révèlent des logiques de propagation et d appropriation de l objet "éducation physique".

L’état du champ des sapeurs-pompiers 1914-1939 Capital prestige + Ministère de l’Intérieur Civil Capital prestige -

Fédération nationale des sapeurs- pompiers français Journal : Le Sapeur-pompier

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