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Deuxième partie: Les lieux de l’art contemporain en France

Dans le document La géographie de l'art contemporain en France (Page 197-200)

I. Art contemporain et aménagement du territoire

Introduction

Nous avons expliqué comment les nouvelles pratiques des artistes contemporains ont modifié leur rapport à l’espace, et favorisé l’émergence de nouveaux lieux ou leur adaptation. Les politiques culturelles mises en œuvre, notamment à partir de 1982, dans le cadre de la décentralisation ont eu également un effet décisif sur la création des lieux de l’art contemporain. Il est maintenant nécessaire de les décrire et d’analyser leur inscription dans l’espace, à différentes échelles. La question du dénombrement et de la classification pose d’emblée problème. Les sources non institutionnelles sont intéressantes, mais très incomplètes ou au contraire prennent en compte des lieux ne relevant pas réellement269 de l’art contemporain. Les revues spécialisées fournissent des calendriers d’expositions. La revue Beaux Arts publie chaque année un « Guide des expos de l’été»270. Elle proposait 1 000 références en France et à l’étranger pour 2003. Cela permet d’avoir un aperçu ponctuel et sélectif des expositions, même si la distinction entre l’art contemporain et l’art plus ancien n’est pas toujours explicite. Il existe aussi un « Guide des lieux de l’art contemporain en France »271 très sélectif, mais qui présente bien les caractéristiques des 164 lieux retenus, et porte des appréciations à la manière des guides touristiques. Les autres annuaires et guides de galeries d’art ne font pas clairement la distinction entre l’art contemporain et l’art moderne, ils sont également loin d’atteindre l’exhaustivité. Olivier Billiard, auteur du « Bill’art »272, présente 590 galeries d’art moderne et contemporain dans l’édition 2004 de son guide et évalue à près de 6 000 les lieux « ouverts au public ayant vocation à présenter toutes les formes d’art »273.Le nombre important des lieux de

269

Cf introduction générale au sujet des définitions de l’ « art contemporain ».

270

Supplément à Beaux Arts magazine, juillet 2003, 228 p.

271

Philippe Piguet, Paris, Adam Biro, 1998, 224 p.

272 Bill’art 2004 : le guide des galeries art moderne et contemporain, Paris, Dissonances, 2003, 400 p. 273

l’art contemporain et l’ambiguïté de la définition rend l’exhaustivité impossible et le dénombrement aléatoire.

Nous avons donc choisi de travailler à partir d’une source officielle, l’Annuaire de l’art contemporain, qui est réalisé par le Centre de ressources du Centre national des arts plastiques (CNAP). C’est effectivement le seul qui prenne en compte tous les types de lieux, institutionnels ou non, et apporte une validation officielle sur le plan de leur sélection. En 1999 un premier annuaire papier est édité, il comprend 460 lieux. En 2000, grâce au financement obtenu dans le cadre d’un concours sur la réforme de l’Etat, initié par le gouvernement, le Centre de ressources met en place le premier annuaire accessible sur Internet274. En 2001, il présente 1 800 lieux, en 2004, plus de 2 600. Cette croissance du nombre de lieux référencés ne s’explique pas seulement par la multiplication des lieux de l’art contemporain. En effet, le référencement des lieux se fait par l’intermédiaire d’un réseau informel. Ce sont les responsables des lieux nouvellement inscrits qui fournissent d’autres propositions. Cela permet d’élargir la sélection car, auparavant, les responsables des DRAC donnaient surtout des adresses de structures reconnues officiellement par le Ministère. Il n’empêche que le fait de figurer dans cet annuaire, réalisé par un organisme qui dépend du ministère de la Culture, constitue une sorte de validation officielle. Les responsables du CNAP effectuent une sélection parmi les propositions de référencement, et sont bien conscients des enjeux d’une telle reconnaissance.

Dans un premier temps, les galeries commerciales n’ont pas été présentées. Il est difficile, en effet, de distinguer celles qui étaient réellement consacrées à l’art contemporain, avec toute l’ambiguïté liée à la définition. Le problème est le même que pour les autres lieux, mais l’enjeu commercial est ici plus important. Le label « art contemporain » fourni par un site officiel peut se traduire en terme de valorisation de la cote des artistes exposés. Les galeries sont désormais présentes dans l’annuaire, depuis septembre 2002, mais elles doivent préalablement être validées officiellement par des responsables des DRAC ou de la DAP. En ce qui concerne Paris, la sélection semble correcte et peut permettre de réaliser une cartographie fiable des galeries d’art contemporain avec validation officielle. Pour la province, la fiabilité du recensement est très inégale, certaines galeries, pourtant reconnues ne sont pas mentionnées. Nous

tenterons toutefois de les représenter à l’échelle nationale en utilisant la source de l’annuaire du CNAP, qui nous semble la plus fiable, malgré des limites indéniables.

Document 10 : Extrait de l’annuaire du CNAP (http://www.CNAP.culture.gouv.fr/ ,Février 2004)

Nous avons extrait de l’Annuaire de l’art contemporain la liste des « structures et lieux de diffusion » d’« arts plastiques / arts visuels » pour tout le territoire français, écartant ainsi les associations et structures professionnelles275, liées à l’art contemporain, mais ne constituant pas un véritable « lieu »276. Les galeries commerciales277 ne sont pas représentées, mais les salons et foires importants, même temporaires, y figurent. Certains lieux ne sont pas consacrés exclusivement à l’art contemporain, comme des théâtres ou des écoles qui possèdent des galeries d’expositions. Cette liste comprend des lieux institutionnels, des squats illégaux et tolérés, des galeries associatives… Les œuvres installées dans l’espace public et les installations in situ éphémères ne sont pas représentées. Depuis mars 2003, certains lieux ont disparu, d’autres ont été créés, c’est notamment le cas des structures dites « alternatives », dont l’existence est souvent précaire. Toutefois, le nombre total et la répartition entre les différentes villes n’ont pas beaucoup évolué. Après avoir étudié de façon critique la liste des 1101 lieux référencés dans la liste des « structures et lieux de diffusion » d’« arts plastiques / arts visuels » en mars 2003, nous en avons retenus 998278.

1. La répartition des lieux d’exposition de l’art contemporain

La carte représente ces 998 « lieux d’exposition » à la commune de localisation. Elle met en évidence une forte concentration sur Paris, mais aussi dans les grandes villes et aires urbaines. Les régions les moins peuplées sont aussi celles qui disposent du moins grand nombre de lieux d’art contemporain. La fameuse « diagonale du vide » est parsemée de lieux d’exposition, sans qu’il apparaisse de pôles majeurs. A l’échelle de Paris, la répartition des 217 lieux n’est pas homogène et l’on observe une nette concentration dans les arrondissements proches du centre, ce qui correspond à la logique de localisation des autres équipements culturels. Nous établirons ultérieurement une carte des principaux lieux institutionnels parisiens et des quartiers où sont concentrées les galeries.

275

Syndicats, organismes sociaux, associations sans espace ni projet d’exposition ou de création…

276

Cf définition dans notre introduction générale.

277

Dans le document La géographie de l'art contemporain en France (Page 197-200)