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La structure pyramidale de type taylorien tend à disparaître, en partie sous l'influence des NTIC. La diminution du nombre de niveaux hiérarchiques accompagnée de la disparition de plus en plus fréquente de la catégorie des cadres intermédiaires transforme la structuration des organisations de type pyramidal. Cependant, les transformations organisationnelles de ce type ne sont pas toujours en rapport direct avec l'introduction de NTIC. Pourtant, l'utilisation de technologies telles que la messagerie, intranet ou internet permettent le développement d'échanges transversaux qui n'étaient pas ou peu autorisés dans les organisations pyramidales. Par ailleurs, les contraintes liées au temps et à la distance tendent à être abolies ou du moins atténuées. Certaines formalités quasiment imposées par un minimum de rigueur et de correction semblent céder la place à des échanges informationnels plus concis et substantiels. Les NTIC sont de plus en plus utilisées pour intégrer des entités distantes et gérer des opérations réparties sur plusieurs sites. C'est cette catégorie d'organisation « nouvelle » qui pourrait être qualifiée d'emblée de virtuelle. Cependant ce n'est pas si simple, car dans la littérature les nombreux auteurs qui se sont intéressés ces dernières années au concept de l'entreprise virtuelle ne s'accordent pas sur une définition universelle de ce que représente cette organisation. Car selon quels critères est-il envisageable d’affirmer qu'une entreprise est virtuelle ? Meissonier (2000)40 fait une revue de la littérature des différents auteurs s'intéressant aux entreprises virtuelles pour connaître les caractéristiques de cette NFO, et présente ces contributions dans le tableau ci-dessous :

Tableau 7. Illustrations de travaux portant sur la notion d'entreprise virtuelle

39 Cornet consacre sa thèse de doctorat à une étude approfondie de ce projet de changement et de son opérationnalisation avec la volonté d'observer ce que la mise des préceptes énoncés dans les ouvrages managériaux donnait dans la réalité.

Idées principales Appellations rattachées Auteurs

Entreprise virtuelle Davidow et Malone (1992), Ettigoffer (1992), Hardwick et al. (1996), Bartoli (1996), Gebauer (1996), Lebrun (1996), Favier et Coat (1997), Venkatraman (1999)

Corporation virtuelle Malone (1992),Davidow et Malone (1992), Miller, Clemons et Row (1993), Byrne (1993), Semich (1994), Powell et Gallegos (1998), Christie et Levary (1998)

Industrie virtuelle Upton et McAfee (1996), Hardwick et Bolton (1997)

Compagnie virtuelle Goldman et Nagel (1993), Shields (1994)

La fabrication d'un produit est réalisée par un réseau d’entreprises utilisant les NTIC pour se coordonner et

« optimiser » les processus de

production (CAO, PAO, automatisation, etc.)

Usine virtuelle Kiosur (1996)

Réalisation d'un projet par une équipe (dont les membres peuvent appartenir à plusieurs organisations) qui utilise les NTIC (Groupware par exemple) pour réaliser leur travail en commun.

Equipe virtuelle Favier et Coat (1997, 1999), Mayère et Monnoyer (1997), Perlo et Hills (1998)

Remise en cause du lieu de travail par le travail à distance via les NTIC

Bureaux virtuels Berger (1996), Davenport et Pearlson (1998)

Commercialisation d'une activité via les NTIC (internet en particulier : notion de « cybermarché »)

Organisation imaginaire (ou « cyberentreprise »)

Hedberg, Gatrski, Baumard (1998)

Plus qu'une opposition réelle, ce tableau fait apparaître une complémentarité entre les différentes caractéristiques prises en compte pour définir les entreprises qualifiées de virtuelles.

Dans le même article cité précédemment, Meissonier41 offre par la suite une liste de définitions proposées dans la littérature relative aux entreprises virtuelles.

Tableau 8. Quelques définitions de l'entreprise virtuelle

Auteurs Définitions

Goldman et Nagel (1993) « (…) groups of agile manufacturing enterprises. » Bleeker (1994) « Par l'utilisation intégrée d'ordinateurs et de technologies

de communication, les entreprises seront de moins en moins définies par des murs concrets ou par un espace physique, mais par des réseaux de collaboration reliant des centaines, des milliers et même des dizaines de milliers de personnes ensemble. »

Upton et McAfee (1996) « (…) une communauté de douzaines voire de centaines d'entreprises, chacune concentrée sur ce qu'elle sait faire le mieux, toutes reliées par un réseau électronique qui leur permet d'opérer de façon flexible et non onéreuse, sans se soucier de leurs emplacements respectifs. »

Gebauer (1996) « (…) au moins deux organisations indépendantes ou unités organisationnelles, formant une relation coopérative afin d'atteindre un but commun. »

Travica (1997) « VO42 refers to a temporary or permanent collection of

geographically dispersed individuals, groups, organizational

41 Meissonier (2000), en s'appuyant sur les travaux de Becheikh et Su (2000) propose la définition suivante : « l'organisation virtuelle est une firme technologisée en NTIC, voire une cyberentreprise, dispensée

géographiquement, dont la durée d'existence peut n'être que temporaire et rattachée à l'exploitation d'un projet. »

units – which do or do not belong to the same organization – or entire organizations that depend on electronic linking in order to complete the production process. »

Kiosur (1997) « Une organisation virtuelle est une entité composée de

membres géographiquement dispersés, qui partagent le même travail et communiquent exclusivement par le biais de l'électronique, les rencontres physiques quasiment, voire totalement supprimées. »

Bultje et Van Vijk « A virtual organization is primarily characterized as being a network of independent geographically dispersed

organization with a partial mission averlap. (…) Further, a virtual organization is secondarily characterized by a single identity with loyalty being shared among the partners and the co-operation based on trust and information technology. »

Sieber (1998) « (…) I define a virtual organization as any institutionalized

form of the ability to provide its products and services more time and location independent than its competitors. »

Burn (1998) « Virtual organizations are electronically networked

organizations that transcend conventional organizational boundaries, with linkages which may exist both within and between organization. »

Ceci nous donne des informations complémentaires sur ce qu'il est admis d'appeler dans la littérature « la virtualité ». Cependant, certains des auteurs nuancent leurs propos en avançant que la totalité de l'organisation n'est pas forcément virtuelle. Et que cette virtualité peut s'établir à différents niveaux de l'organisation : au niveau local, au niveau organisationnel et au niveau interorganisationnel. Ce qui peut être présenté partiellement dans le tableau suivant43 :

Tableau 9. Les différents niveaux de virtualité d'une entreprise

Niveaux de virtualité Fonctions associées à l'utilisation des NTIC

Applications

Local Processus de communication à distance autour de la réalisation d'une opération commune

Conception d'un nouveau produit par une équipe virtuelle via un système de groupware ou un système de messagerie électronique Organisationnel Coordination des tâches pour la

réalisation de la ou des activités concernées

Intégration des processus de commande, livraison de produit via un système workflow ou EDI Inter-organisationnel Soutien à la coopération avec les

organisations extérieures partenaires Soutien d'un système extranet au partage de connaissances entre différentes entreprises

Ces organisations virtuelles, plus qu'un type d'entreprise particulier, relèvent plutôt d'une évolution d'une structure déjà en place. Il s'agit pourtant bien d'une NFO, mais elle n'est pas créée indépendamment d'une structure plus traditionnelle fonctionnant préalablement à l'utilisation des NTIC.