• Aucun résultat trouvé

Une démarche à partir de l’espace d’accueil : Montpellier et Lille en France

Conclusion – De l’intérêt d’explorer les mobilités en géographie à partir des réseaux sociau

1. Localisations spatiales des mobilités étudiantes marocaines

1.2. Une démarche à partir de l’espace d’accueil : Montpellier et Lille en France

La démarche est de présenter le phénomène des mobilités étudiantes sous l’angle du point d’aboutissement des étudiants pour saisir l’ensemble des réseaux de la mobilité. Ainsi, délibérément, le contexte choisi est celui de l’espace d’accueil. L’intérêt de ce positionnement est de comprendre les réseaux de mobilité des étudiants marocains depuis l’étranger, c’est-à- dire de savoir qui ils sont, d’où et comment ils viennent, ce qu’ils font et ce qu’ils projettent.

Le choix de la France s’est imposé par les statistiques puisque la France reste la première destination des étudiants marocains en mobilité internationale et les étudiants marocains sont la première population étudiante étrangère en France. Ce choix est également motivé en fonction des critères historiques, de la connaissance d’une certaine élite marocaine formée en France, l’intérêt étant d’en saisir les évolutions.

La définition des terrains est basée sur des critères statistiques relatifs à la présence des étudiants marocains dans les universités françaises. Les terrains sont entendus comme le lieu privilégié des observations et des enquêtes parmi les différentes destinations des étudiants marocains. Les statistiques nous amènent sur deux terrains : Montpellier et Lille. Ces deux villes sont la deuxième et la troisième ville d’accueil des étudiants marocains. Nous avons évacué la ville de Paris, première ville d’accueil des étudiants marocains, puisque la capitale est la ville qui accueille le plus d’étudiantes et d’étudiants étrangers, toutes nationalités confondues. Nous avons cherché une spécificité par rapport à la population d’étude. Les critères de sélection des terrains sont statistiques mais il est également intéressant de choisir deux terrains bien distincts géographiquement : l’un au nord de la France et l’autre au sud. L’objectif n’est pas dans la comparaison des deux villes, mais plutôt dans la possibilité d’élargir les profils d’étudiants rencontrés, de renforcer des hypothèses ou, au contraire, de les relativiser. Nous pouvons penser que les réseaux étudiants de la mobilité diffèrent d’une ville à l’autre, que la mobilité repose sur des fonctionnements distincts, ou, au contraire, que des points communs apparaissent dans les réseaux de la mobilité. Par le choix de deux villes attractives mais très différentes, nous pouvons penser à une différenciation des réseaux (filières migratoires différentes, raisons du choix différentes, etc.). Les premiers éléments de réponse seront donnés par l’origine des étudiants marocains, puis un approfondissement sera apporté par les entretiens.

Deux terrains au Maroc ont été réalisés pendant la recherche, lors de la première et de la deuxième année, et ceci principalement à Rabat avec deux séjours d’un mois. Plusieurs objectifs ont guidé cette démarche : tout d’abord un travail bibliographique, ensuite la rencontre des chercheurs marocains (pour situer les travaux sur cette problématique et participer à des rencontres scientifiques), puis la rencontre de jeunes étudiants marocains au Maroc pour avoir leur ressenti par rapport aux études à l’étranger. Enfin, ce sont les séjours au Maroc qui nous ont permis de nous imprégner en partie du pays, du mode de vie, des potentiels de travail et de la place des jeunes dans la société.

Pendant toute la durée de la thèse, des carnets de terrain ont été tenus permettant ainsi de suivre le fil conducteur, l’évolution de la pensée. Ces carnets représentent une mine d’informations et de remarques. Ils concernent à la fois le terrain français et marocain, notamment avec le vécu des manifestations quotidiennes des diplômés chômeurs à Rabat devant le Parlement, les rencontres des professeurs marocains, l’apprentissage des codes marocains, etc.

L’expérience du terrain « à la maison »

Par terrain « à la maison », je fais ici référence au fait de mener des enquêtes dans des villes familières : je vis à Montpellier et j’ai vécu à Lille. Les terrains ne sont donc pas ici synonymes de voyage, de lointain, d’inconnu comme dans de nombreux travaux de géographes. Il ne s’agit pas pour autant de les dévaloriser.

L’approche ethnologique sur le terrain moderne participe de la mise en discussion de l’exotique et du normal. Des travaux sur la réflexivité chez les anthropologues des sciences, comme ceux de Steeve Woolgar, avancent que les terrains ne sont plus seulement ceux de Levi-Strauss sur des tribus lointaines mais aussi des terrains « normaux ».

Ces terrains permettent la mise en avant de processus complexes éclairant le fonctionnement des sociétés, d’où la nécessité de les investir. C’est aujourd’hui chose faite dans toutes les sciences sociales.

Le voyage et le lointain se sont invités à domicile.

Par la rencontre des étudiants marocains et la connaissance de leurs pratiques, nous étions toujours un peu là-bas, ici et ailleurs. J’ai pu être initiée à une culture et à une langue par la rencontre de personnes généreuses qui, dans leur statut d’étudiant en mobilité internationale, m’ont ouvert les portes, chez eux, chez moi, à la croisée de lieux communs.

(Im)mobilité de la recherche

Il a fallu m’imprégner de la problématique à tel point qu’elle est devenue l’essence de mes pratiques quotidiennes. Mobile, immobile ? Parfois l’un, parfois l’autre, entre les séjours au Maroc et les périodes d’enquête à répétition entre Lille et Montpellier. La mobilité devient alors une notion complexe vécue, expérimentée, dans une immobilité feinte, apparente.

Outline

Documents relatifs