• Aucun résultat trouvé

Des délimitations fermées

L’évolution des délimitations des sanctuaires s’est faite vers une fermeture. Dans certains sanctuaires, à l’époque archaïque, des éléments temporaires ont pu être mis en place,

1

STURGEON 1987, no 1, p. 14-54 ; ETIENNE, MÜLLER et PROST 2006, p. 126-127, fig. 24.

2

Pausanias, VIII, 10, 3 : μίτον δέ διατείνουσιν ἐρεοῦν, ils « tendirent à travers un fil de laine ». JOST 1985, p. 132-133 ;1992b, p. 115.

3

LSCG 158, l. 3-4 [trad. LE GUEN 1991, p. 56] ; HERZOG 1928, no 13.

4

Bailly, s. v. Sophocle, Antigone, 1021 en parlant du cri favorable d’un oiseau.

5

64 comme des barrières de bois1. Elles pouvaient durer quelques années, voire quelques dizaines d’années et étaient d’un coût moins élevé que l’élévation de véritables murs. Se pose la question de la hauteur, que l’on ne peut évaluer, ce qui ne permet pas de préciser si elle marquait aussi une limite visuelle, interdisant par exemple aux personnes extérieures de suivre le déroulement des cérémonies. Ces barrières n’ont généralement pas laissé de traces à cause du matériau utilisé. De plus, elles ont été remplacées, dès que les communautés pouvaient financer cet effort, par des murs de pierre. Dans l’exemple de Métaponte, les premières bornes qui marquaient la limite des espaces consacrés ont été remplacées ultérieurement par un mur de pierre, appelé péribole2, dont on ignore la hauteur.

Dans quelques cas, des bornes ont été trouvées dans les fouilles en avant d’un péribole. À Athènes, un petit sanctuaire de forme triangulaire a été découvert lors des fouilles de l’Agora pendant la campagne 1966-1967, près de la fontaine du sud-ouest. Le mur conservé date du Ve siècle et entoure tout l’espace interdisant d’y pénétrer. Les portions nord

du mur en place ont une élévation d’1,10 m. C’était un abaton, un espace dans lequel il est interdit de pénétrer. En avant de l’angle nord-est, face à la rue, une borne in situ a été dégagée ; elle mesure 77 cm de haut et est fichée en terre sur une profondeur de 30 cm. Deux autres socles ont été repérés aux autres angles du mur ; ils devaient vraisemblablement recevoir d’autres bornes. Cette position leur assurait une grande visibilité vis-à-vis des passants3. Dans ce cas, mur et bornes étaient complémentaires et se spécialisaient dans les fonctions pour le premier de délimitation, pour les secondes d’affichage et d’appropriation.

Les murs qui entouraient les sanctuaires étaient de matériaux divers, pierres ou briques le plus souvent. Dans l’île de Naxos, au sud-ouest de la cité, un téménos trapézoïdal datant de la fin du VIIe siècle est dédié à Aphrodite ou peut-être à Héra : un péribole le délimitait sur les

côtés sud, ouest et nord ; il a été élevé grâce à la technique polygonale en usage de la fin du

VIIe siècle au milieu du VIe siècle4.

À Thasos, les fouilles ont mis au jour un mur de péribole délimitant le sanctuaire d’Héraclès : sa portion occidentale mesure encore 70 cm de haut et devait être plus importante pour assurer une fonction de soutien du remblai, ainsi qu’au temple de Poséidon5. De même, le sanctuaire de Dionysos à Thasos était entouré d’un péribole : celui-ci était conçu en assises régulières constituées de blocs de marbre, et datait probablement du IVe siècle. Si les

1

Suggestion de JOST 1992b, p. 115 pour Olympie, mais nous ne comprenons pas sur quelle source elle s’appuie.

2

Voir p. 60.

3

LALONDE 1968. D’autres cas sont connus : à Délos : COURBY 1912, p. 97-102 (n. v.) ; à Athènes, près de la Middle Stoa : THOMPSON 1966, p. 48-49 ; LALONDE 1968.

4

PELAGATTI 1964, p. 155-160 ; 1972, p. 215-218 ; 1981, p. 295-303 ; BERGQUIST 1992, p. 111-112.

5

65 archéologues ne peuvent pas donner d’indication certaine de sa hauteur, ils font des propositions et suggèrent qu’il atteignait une hauteur importante d’environ 4 m (fig. 7 et 8)1 : si l’on suit cette hypothèse, qui n’a pas reçu de confirmation, le mur avait pour fonction de séparer le sanctuaire de son environnement.

À Délos, le sanctuaire d’Apollon était également délimité par un mur de péribole daté du troisième quart du IIIe siècle : l’originalité tient à sa composition dans sa partie orientale de

carreaux de granit alternant avec des assises de gneiss (fig. 9). Sa hauteur primitive n’est pas connue, mais dans les endroits les mieux conservés, elle s’élève encore à 2,5 m au-dessus du sol du téménos, et l’on ne peut exclure qu’il pouvait être plus haut ; du côté de la rue, l’élévation était moindre, car le sanctuaire se situait en contrebas de celle-ci2. Ce mur délimitait un espace sacré, marquait la limite de l’emprise du dieu ; il exprimait également sa puissance et le choix esthétique d’alterner des matériaux, à la fois mats et brillants. Ce mur était fait pour être vu, mais en raison de la situation du sanctuaire en contrebas par rapport à l’espace environnant, il n’avait pas pour fonction de dérober au regard ce qui se déroulait à l’intérieur.

Dans quelques sanctuaires, un premier mur apparut tardivement, sans autre type de délimitation repérable auparavant. Ainsi, à Olympie, le mur de péribole date de la fin du IVe

siècle, sans qu’il semble avoir été précédé par des bornes3. On ne sait pas comment était faite la délimitation avant cette date, peut-être l’habitude, l’usage courant suffisaient-ils.

La mise en place d’une clôture fermait l’espace sacré, « faisant ainsi visiblement du ἱερόν un τέμενος, c’est-à-dire un lieu circonscrit, séparé, coupé des terrains voisins » pour J. Rudhardt4. Les murs marquaient ainsi les frontières entre l’espace consacré et l’espace profane, ils avaient donc une fonction de délimitation des différents espaces. Mais ils assuraient aussi une fonction de fermeture : ils permettaient d’enclore l’espace du sanctuaire, et de le fermer aux regards de toute personne qui n’y était pas entrée.

L’enceinte d’un sanctuaire n’était pas toujours constituée de murs : des portiques pouvaient assurer la fonction de délimitation entre le monde extérieur et l’espace sacré. Ainsi, lorsque la cité de Priène est reconstruite au IVe siècle5, le sanctuaire d’Asclépios, sur le côté

est de l’agora, est borné par une série de portiques qui fermèrent l’espace (fig. 10)6. De même,

1

DAUX et LAUMONIER 1923, p. 332-336 ; SALVIAT et BERNARD 1959, p. 288-298 ; Guide de Thasos, p. 92-93.

2

BIZARD 1907, p. 475-479 ; Guide de Délos, no 24, 26, 29.

3

BERGQUIST 1967, p. 39-41 ; MALLWITZ 1972, p. 121-122 ; TOMLINSON 1976, p. 57.

4

RUDHARDT 2001, p. 181

5

BOTERMANN 1994 ; DEMAND 1986 ; SCHIPPOREIT 1998, p. 195, 210-236.

6

66 le sanctuaire d’Asclépios à Pergame était entouré de portiques qui jouaient sur les effets de symétrie et d’alignement pour rehausser la beauté de cet espace sacré (fig. 11)1.

La partie ouverte à colonnes était tournée vers l’intérieur du sanctuaire, tandis que le portique présentait vers l’extérieur la partie murale fermée. Ces portiques avaient une double fonction, de fermeture vers le monde extérieur, et d’usages divers du côté du sanctuaire : ils pouvaient accueillir des pèlerins, les abriter, leur offrir de quoi se reposer, s’asseoir, servir de lieux de conservation des offrandes ou de lieux de conversation pour les visiteurs. Ces galeries fermées d’un côté et ouvertes de l’autre par des colonnades sont particulièrement caractéristiques de l’époque hellénistique : ce sont des éléments architecturaux employés pour développer l’axialité, l’orthogonalité et la symétrie utilisés d’abord dans les agoras, puis diffusés dans les sanctuaires2.

Dans la mesure où le côté le plus travaillé se situait à l’intérieur, ne laissant que de simples murs vers l’extérieur, ce type de péribole transformait l’enceinte intérieure du sanctuaire en un écrin pour le temple de la divinité : sa fonction n’était pas seulement de marquer une limite, une fermeture comme tous les murs de sanctuaires, mais de proposer un élément décoratif et parfois fonctionnel pour la vie du sanctuaire, même si les portiques avaient tendance à rendre moins spectaculaire l’architecture du temple.

Ces délimitations ont évolué avec le temps et se sont souvent agrandies avec le succès de la fréquentation des sanctuaires : la fonction des enceintes purent alors évoluer. C’est le cas du sanctuaire d’Apollon à Delphes, entouré d’un mur de péribole plusieurs fois agrandi. Le premier péribole est visible à l’est et à l’ouest du temple d’Apollon, à environ 13 m à l’intérieur du nouveau péribole, il date du VIIe siècle et se composait de murs d’1,25 à 1,3 m en appareil polygonal ancien, petit et non paré (fig. 12)3. Il délimitait le sanctuaire, et servait de mur de soutènement comme en-dessous du trésor V4. Certains édifices s’appuyaient sur le parement intérieur du mur comme le trésor de Cyrène sur le péribole est reconstruit par Agathon vers 334, dont le profil est en escalier avec des marches longues d’1,5 m et hautes de 47,5 cm en moyenne. Le trésor fut construit en partie sur le péribole, qu’il dépassa largement5. Les indications de hauteur sont peu nombreuses, mais le plan proposé par D. Laroche et M.- D. Nenna montre une élévation actuelle et une restitution de celle-ci assez faible (fig. 13)6. L’enceinte finale qui date de la reconstruction du sanctuaire après l’incendie de 548 a une

1

ZLEGENAUS et DE LUCA, 1968 ; 1975 ; RADT 1988. GINOUVÈS et al. 1998, pl. 15.

2

MARTIN 1987, p. 549-579 ; HELLMANN 2006, p. 196-199, 212-216 ; 2007, p. 164-167 (agoras). Autres exemples : l’Artémision de Magnésie du Méandre ; Asclépeion de Messène.

3

HANSEN 1960, p. 423-424 ; Guide de Delphes, p. 93-94 ; BOMMELAER 2011, p. 14-19.

4

HANSEN 1960, p. 423-433 ; Guide de Delphes, p. 126-127, no 216.

5

BOUSQUET 1952, p. 26-29 ; LAROCHE 1988, p. 293, 296 ; Guide de Delphes, p. 155-158.

6

67 même forme de trapèze, mais agrandie, dont le côté le plus long dans le sens de la pente mesure 192 m, et couvre environ 2 ha. Elle est composée d’un bel appareil polygonal de la fin du VIe siècle, tandis que les réparations du IVe siècle sont en appareil isodome1. L’absence

d’indication précise de hauteur ne permet pas de tirer de conclusion, mais le fait que des bâtiments appuyaient leur élévation sur ce mur, ainsi que la pente signifiaient une simple délimitation de la propriété du dieu.

Ainsi, la généralisation des aménagements formels contribua à modifier la perception de l’espace. En effet, ceux-ci soulignèrent la place du sanctuaire dans l’espace et sa séparation d’avec les autres activités collectives. La mise en place de murs exprime une stabilisation du culte et un enracinement du rituel dans le sol, amenant une vision clairement orientée de l’espace2. Néanmoins, si Chr. Sourvinou-Inwood indique que le passage de bornes à des murs ne signifie pas un changement de mentalité concernant l’espace sacré, ni une différence symbolique, il n’en résulte pas moins un changement visuel important pour les visiteurs, changement d’autant plus important avec les pratiques urbanistiques de l’époque hellénistique dans de nombreux sanctuaires.

Les sanctuaires où se déroulaient des cultes à mystères présentaient la particularité d’être souvent entourés de murs d’enceinte dont la fonction première était de fermer l’accès du sanctuaire ; ils servaient aussi à fixer les limites de son territoire. Les auteurs anciens ont utilisé un vocabulaire particulier pour désigner ces enceintes. Strabon utilise pour le sanctuaire d’Éleusis l’expression μυστικὸς σηκός, « enceinte des mystères »3, dans laquelle le terme σηκός signifie « enceinte sacrée » : dans la langue homérique, le σηκός désignait un parc à mouton, puis le terme a pris une acception plus large pour qualifier toute enceinte, et plus particulièrement celle d’un sanctuaire4. Le σηκός qualifie une fermeture de l’espace, avec une idée de protection : le σηκός maintient ce qu’il contient tout en délimitant l’espace. Dans la description qu’il fait du centre d’Athènes, Pausanias est sur le point de décrire l’Éleusinion, mais un songe l’en détourne. À Éleusis, il emploie le mot τεῖχος :

τὰ δὲ ἑντὸς τοῦ τείχους τοῦ ἱεροῦ τό τε ὄνειρον ἀπεῖπε γράφειν, καὶ τοῖς οὐ τελεσθεῖσιν, ὁπόσων θέας εἴργονται, δῆλα δήπου μηδὲ πυθέσθαι μετεῖνά σφισιν, « Ce qui se trouve à l’intérieur du mur du sanctuaire, un songe m’a détourné d’en rien écrire ; et ceux qui n’ont pas reçu l’initiation n’ont même pas le droit, c’est bien évident, d’avoir des informations sur tout ce dont la vue leur est interdite »5.

1

HANSEN 1960, p. 430-433 ; Guide de Delphes, p. 92-101 ; BOMMELAER 2011, p. 19-22.

2 POLIGNAC 1995a, p. 35-36. 3 Strabon, IX, 1, 12. 4 HELLMANN 1992, p. 368. 5 Pausanias, I, 38, 7.

68

Le τεῖχος désigne d’abord un mur de ville, des murailles, des fortifications et a donc un sens défensif, en particulier dans le domaine militaire : il a pour fonction de permettre la défense de l’espace intérieur, et de laisser au-delà le reste de l’espace à l’attaquant. C’est d’ailleurs le terme qui désigne les Longs Murs reliant Athènes au Pirée1. Quand Pausanias utilise le mot τεῖχος pour désigner l’Éleusinion, il souligne sa fonction défensive, ce que les fouilles du sanctuaire ont révélé en mettant au jour une puissante muraille : sa hauteur conservée est à certains endroits d’1,6 m et à d’autres de 7 m ; elle semble avoir une double fonction de défense et de protection de l’enceinte2 ; sa hauteur en fait un élément de dissimulation ; dans les faits, une telle construction cachait les mystères qui se déroulaient dans l’espace sacré.

Un dernier terme désigne le mur d’enceinte de l’Éleusinion : c’est le mot péribole, mentionné dans une inscription attique, en rapport avec des rites liés à l’éphébie :

ἤραντο δὲ καὶ τοῖς μυστηρίοις τοὺς βοῦς

ἐν Ἐλευσῖνι τῆι θυσίαι καὶ αὐτοὶ ἐβουθύτησαν ἐν τῶι περιβόλωι τοῦ ἱεροῦ,

« ils désiraient offrir en sacrifice lors des mystères à Éleusis des bœufs et les sacrifier à l’intérieur du péribole du sanctuaire »3.

Le περιβόλος marque la séparation nette entre le dedans et le dehors du sanctuaire, et a pour fonction de cacher des regards extérieurs les rituels et donc d’empêcher les profanes de pénétrer dans l’enceinte : une anecdote d’époque romaine rapporte qu’en 200 au moment de la guerre entre Athènes et Philippe V de Macédoine, deux jeunes Acarnaniens ont été tués pour être entrés dans le sanctuaire sans avoir été initiés4.

Les fouilles archéologiques confirment l’existence de ce mur d’enceinte et précisent même qu’il a fait l’objet de divers réaménagements : on ignore tant par l’archéologie que par les références littéraires si le Télestérion possédait à l’époque de Solon un mur de péribole ; un autre type de marquage suffisait à marquer les limites de l’espace sacré. Au cours du VIIe

siècle, le sanctuaire était entouré d’une enceinte, et celle-ci a été ultérieurement englobée par l’agrandissement de la terrasse5. Les premiers archéologues D. Philios et K. Kourouniotes ont mis au jour une muraille qui date de l’époque des Pisistratides : elle avait une fonction défensive pour le sanctuaire et pour la ville tout en les séparant6, marquant ainsi la différence entre l’espace urbain et l’espace consacré aux dieux. Ces constructions accompagnèrent

1

Bailly ; DELG, s. v.

2

FOUCART 1900, p. 132 ; 1914, p. 226, 346 ; évocation par ROUSSEL 1930, p. 51 ; MYLONAS 1972, p. 64, 136- 137.

3

IG, II², 1028, l. 10-11 [trad. GD]. Voir IG, II², 1008, l. 8-9 (mot restitué) ; 1029, l. 7-8.

4

Tite Live, XXXI, 14, 6-9. Voir HABICHT 2000, p. 217-219.

5

MYLONAS 1961, p. 64.

6

69 l’appropriation politique et spatiale du sanctuaire d’Éleusis par Athènes1 et se traduisirent dans l’adjonction d’espaces au sanctuaire : ces ajouts entraînèrent la construction d’un nouveau mur de péribole à l’époque de Cimon (F6). Les travaux continuèrent aux Ve et IVe

siècles : un mur prolongé entre les tours I11 et I14 du temps de Périclès ; un mur dit lycurgéen avant le milieu du IVe siècle à l’est et à l’ouest2. À l’époque impériale, est construite une

dernière muraille à l’est (fig. 14)3. On peut émettre l’hypothèse que toutes ces extensions ont eu également pour fonction de dérober au regard l’ensemble des espaces qui se sont agrandis avec le temps et qui étaient consacrés au culte à mystères en l’honneur de Déméter.

Deux autres sanctuaires présentent des caractéristiques proches, même si elles sont moins connues, faute de sources : le sanctuaire de Despoina à Lykosoura était enclos par un mur dont on perçoit des fragments in situ au nord et à l’est4. Nous n’avons pas suffisamment d’indications pour aller plus loin et connaître l’élévation des murs, et ainsi avoir des informations sur la volonté de cacher. À Troie, l’identification récente d’un culte à mystères des dieux de Samothrace, de Cybèle et de Dardanos repose en partie sur cette notion de clôture : l’un des arguments d’identification du sanctuaire ouest proposée par Ch. B. Rose est la présence à l’angle nord-est du téménos du sanctuaire haut d’un mur élevé de près de 3,75 m. que le temps a en partie préservé ; le mur de téménos du sanctuaire bas n’a pas été conservé, mais ses larges fondations suggèrent une hauteur importante. Cela implique un espace retranché du reste du territoire, qui rendrait difficile l’observation5.

Au contraire, à Thèbes, le sanctuaire des Cabires ne semble pas avoir de barrière construite : le site, installé dans le creux de plusieurs collines qui l’entourent formait un amphithéâtre naturel, une cuvette naturellement protégée des regards, ce qui explique l’absence de toute enceinte alors que s’y pratiquaient des cultes à mystères. Il semble qu’une pierre à usage de borne ait peut-être été installée à la fin du Ve ou au début du IVe siècle6.

Le mur d’enceinte a pour fonction première de délimiter l’espace du sanctuaire. Il ferme et unifie les contours de l’espace sacré. Dans quelques cas, lorsque l’élévation du mur d’enceinte est très importante, comme à Éleusis, il est probable qu’elle avait une fonction de dissimulation des rituels qui se déroulaient à l’intérieur du sanctuaire et qui étaient réservés à

1

L’entrée du sanctuaire se situait du côté sud, à l’opposé d’Athènes ; Pisistrate change l’entrée pour l’orienter vers Athènes et rendre évident que le culte était bien associé à la cité. Voir MYLONAS 1961, p. 103-105.

2 FOUCART 1900, p. 129-132 ; MYLONAS 1961, p. 109, 124, 132-133. 3 FOUCART 1900, p. 132. 4 ΚΟΥΡΟΥΝΙΩΤΗΣ 1906, p. 121 ; ORLANDINI 1969-70, p. 343 ; JOST 1985, p. 173. 5 ROSE 1998, p. 87 ; LAWALL 2003, p. 93. 6

70 des initiés. Néanmoins, même dans les cas de murailles qui fermaient complètement le sanctuaire, les portes constituaient des éléments d’accès à l’intérieur du sanctuaire.