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Recensement et classement typologique du patrimoine baroque des Hautes

II.3 Définition de typologies structurelles

II.3.2 Définitions des critères

Grâce à la campagne de relevés nous avons rempli la fiche descriptive décrite au paragraphe II.2.2.a. À partir de ces fiches, nous avons constitué une base de données concernant les 200 édifices, récapitulée en annexe B.

a Des typologies différentes pour les églises et les chapelles

Nous ne proposons pas la même typologie pour les églises et les chapelles, même si certains critères structuraux de classification sont communs. En effet, ces édifices diffèrent sur plusieurs points modifiant leurs comportements statique et dynamique.

Taille. Les différences sont très marquées entre la petite chapelle de hameau et l’église de fond de vallée. Même si la chapelle était un modèle réduit de l’église, leur comportement dy-namique serait différents à cause des effets d’échelle. La résistance d’un matériau avec défauts variant inversement à la taille de l’échantillon, il faudrait que les chapelles soient construites soigneusement avec des éléments proportionnels à leur taille. Or la taille des éléments dépend de la zone géographique et de l’altitude plus que du type de bâtiment. Enfin la raideur des édifices plus petits sera plus grande et le comportement de type boîte plus naturel sous séisme.

Mise en œuvre. Elle est beaucoup plus rustique pour les chapelles que pour les églises. La maçonnerie est grossière, abondamment enduite d’un mortier jeté à la truelle. On ne trouve quasiment jamais de chaînage d’angle constitué de pierres appareillées, et les quelques tirants sont tous visiblement d’époque plus tardive. Dans quatre cas nous avons noté la présence de tirants en bois noyés dans la maçonnerie, sans pouvoir déterminer si c’était la règle.

Couvrement, charpente et couverture. La plupart des couvrements des chapelles, quelle que soit la vallée, sont en lambris stuqués ou plâtrés. La nef d’une ou deux travées est couverte d’un plafond ordinaire, d’un lambris plus ou moins cintré ou d’une ou deux voûtes d’arêtes. Les charpentes sont des simplifications à l’extrême de la charpente à poteaux traditionnelle (Cf section II.2.2.b). Les ébauches de ferme triangulée sont rares et visiblement plus tardives (chapelle du Bay, Saint Gervais). Le transfert des charges de la couverture, de la charpente et de la neige ne se fait donc pas de façon optimisée dans la maçonnerie. Enfin, les couvertures sont principalement en tôle, engendrant des charges différentes de celles supportées par les églises.

Campaniles et clochetons. Alors que toutes les églises possèdent des clochers-tour, les cha-pelles sont coiffées de campaniles variés. Ils s’ajoutent à la charge en toiture mais n’ont pas les mêmes effets sur l’emplacement du centre de torsion du bâtiment que le clocher qui engendre une dissymétrie importante dans l’édifice.

Façade. Les chapelles présentent deux façades d’entrée structurellement originales illustrées en figure II.29. En Maurienne, 42% des chapelles présentent une avancée importante des murs gouttereaux et de la toiture en façade principale formant un porche (Saint Claude, Bessans). Ces murs ne sont reliés entre eux que par les chevrons posés sur la panne faîtière et constituent donc un point de faiblesse. L’autre façade présente un grand arc en cintre surbaissé sur presque toute sa largeur, ce qui constitue une faiblesse très importante puisque la quasi totalité du mur est supprimée. 8 chapelles sur 36 sont concernées en Tarentaise, 13 sur 30 en Beaufortain.

Pente du sol. Elle est souvent plus prononcée pour les chapelles que pour les églises sur des replats aménagés. Les chapelles sont construites dans des pentes parfois fortes, le chœur voire parfois la nef se retrouvant de fait semi-enterrés (Grand-Gondon, Bourg-Saint-Maurice).

b Critères retenus de fragilité structurelle vis-à-vis du séisme

Nous nous sommes basés sur les macro-éléments et les mécanismes de rupture décrits en section I.2.2, les critères de la typologie EMS-98 et ceux de la méthode Vulnéralp, plus adaptés à la situation de sismicité modérée française (Cf I.4). Dans un premier temps, nous avons étudié la répartition des différentes caractéristiques : type de plan, de façade, de pente, de toit etc. Ceci nous a permis de distinguer des tendances par zones géographiques mais aussi des combinaisons récurrentes. Par exemple, les plans en croix latine sont associés dans moins de 30% des cas à un chœur de même largeur que la nef. Nous avons ainsi sélectionné 5 critères pour les églises et 4 pour les chapelles, qui permettent de toutes les décrire pour évaluer leur résistance au séisme.

b.1 Critères pour les églises - Voir annexe C

a) b) c)

Fig. II.24 Type de plans. a) Thomas-Beckett, Avrieux : plan rectangulaire. b) Pierre, Coise-Jean-Pied-Gauthier : plan en croix latine d’origine, homogène. c) Saint-Etienne, Aiguebelle : plan en croix latine par adjonction de chapelles latérales au XVIIIe.

1) Type de plan - Figure II.24. Dans un plan en croix latine, la rigidité n’est pas répartie de façon homogène et le bâtiment est par nature beaucoup moins symétrique, même en omettant le clocher, que les édifices de plan rectangulaire (Cf II.24a). D’autre part les bâtiments en croix latine sont composés d’un plus grand nombre de macro-éléments (transepts), ce qui multiplie les mécanismes de ruine possibles et les interactions entre éléments si ceux-ci sont mal assemblés, cas probable ici vu la qualité médiocre de la maçonnerie. Nous avons souligné lors du relevé les nombreuses fissures au niveau des transepts (Cf fig II.24b). Enfin, surtout dans les bâtiments transformés par l’ajout de chapelles latérales, la maçonnerie est souvent beaucoup plus rustique dans ces "transepts" que dans la nef, amplifiant les dommages possibles (Cf fig II.24c).

2) Discontinuité entre la nef et le chœur - Figure II.25. Un chœur plus étroit que la nef multiplie les macro-éléments et augmente le risque d’interactions conduisant à la ruine. De plus dans un plan sans changement de largeur, la toiture en bâtière couvre tout le volume d’un seul tenant (Cf fig II.25a). En cas de changement de section, soit une partie moins large de la toiture de la nef vient couvrir le chœur (Passy, Hauteville-Gondon, Feissons-sur-Isère), ce qui ne modifie que la charpente ; soit le chœur est recouvert de sa propre toiture, en pavillon ou en bâtière. Dans ce cas la jonction entre la nef et le chœur peut être du second-œuvre en bois et bardage

a) b) c)

Fig. II.25 Discontinuité entre la nef et le chœur. a) Saint-Thomas, Esserts-Blay : continuité en plan et élévation. b) Saint-André, Doucy, La Léchère : discontinuité en plan, pan de mur en second-œuvre. c) Saint-Sauveur, Héry-sur-Ugine : discontinuité en plan et élévation.

a) b) c)

Fig. II.26 Nombre et forme des nefs. a) Martin de Tours, Rognaix : nef unique. b) Saint-Pierre, Nâve-Fontaine, La Léchère : église-halle. c) Saint-Georges, Saint-Georges des Hurtières : collatéraux boutants et fenêtres hautes.

ou un pan de mur maçonné. Cette solution crée un point de faiblesse important car ce pan de mur triangulaire ne repose que sur les murs en retour entre la nef et le chœur (Cf fig II.25b).

D’autre part cette différence en plan se lit en élévation car les murs du chœur sont souvent beaucoup plus bas que ceux de la nef, ce qui crée une différence localisée de raideur, avec un pan de mur très exposé pour la couverture (Cf fig II.25c). Ce changement de géométrie indique très souvent la jonction de deux parties d’époque différentes, chœur d’époque gothique et nef baroque. Les deux maçonnerie seront donc différentes dans leurs caractéristiques mécaniques comme dans leur morphologie, modifiant le comportement dynamique de l’ouvrage.

3) Nombre et forme des nefs - Figure II.26. Les rangées de colonnes séparant les nefs sont moins raides que les murs gouttereaux, notamment dans la direction longitudinale. Alors que les modes de rupture par sollicitation dans le plan se produisent tardivement, les arcs doubleaux longitudinaux se déforment même sous faible sollicitation (CfI.2.2). Les voûtes sont donc d’avan-tage exposées, déjà fragiles de par leur mise en œuvre (Cf fig II.26b). Mais dans les structures à simple nef, la portée des voûtes est souvent plus importante, ce qui conduit à des voûtes plus épaisses et plus pesantes. Le nombre de nef joue donc un rôle très important dans la vulnérabilité de l’ouvrage (Cf fig II.26a). D’autre part, dans le cas des églises à collatéraux boutants, comme le nom l’indique, les collatéraux rigidifient la nef centrale, mais créent un point de fragilité en tête des murs de la nef. En effet ceux-ci sont courts, avec un risque de "coup de fouet", d’autant plus marqué que cette partie des murs est percée de baie (Avrieux) (Cf fig II.26c).

a) b) c)

Fig. II.27 Tribune. a) Saint-Martin, Chamoux-sur-Gelon : absence de tribune. b) Saint-Grat à Conflans, Albertville : sur la première travée des trois nefs. c) Sainte Agathe, Queige : en U sur la première travée des nefs avec retour sur les collatéraux.

a) b) c)

Fig. II.28 Forme du chevet. a) Notre-Dame de la Gorge, Les Contamines-Montjoie : chevet plat de la même époque que la nef. b) Saint-Jean-Baptiste, Megève : chœur à pans du XIVe. c) Saint-Sigismond, Albertville : chœur hémi-circulaire XVe.

4) Tribune - Figure II.27. La présence (Cf fig II.27a) ou l’absence ainsi que la forme et la superficie de ces structures influent sur le comportement de l’ouvrage. En effet, entre une église sans tribune et les églises du Beaufortain où la tribune couvre 50% des nefs et est supportée par des colonnes supplémentaires, la raideur générale n’est pas la même (Cf fig II.27c). Les tribunes jouent un rôle de diaphragme, souvent localisé à la travée d’entrée (Cf fig II.27b).

5) Forme du chevet - Figure II.28. Le chevet plat, arrondi ou à pans change la rigidité du macro-élément chœur et sa résistance géométrique. Cela influe donc aussi sur les interactions possibles entre le chœur et le reste de l’édifice. D’autre part, nous l’avons souligné lors du recen-sement, la forme des chevets est un indicateur du type de structure, construite ou transformée à l’époque baroque. Cette différence d’époque conduit à des maçonneries différentes, donc à des risques de dommage sous séisme.

b.2 Critères pour les chapelles

1) Type de façade - Figure II.29. Deux types de façades semblent nettement plus vulnérables que la façade type d’église : celle avec avancée des murs gouttereaux et celle à claire-voie. Vu la taille réduite des chapelles, ces modifications structurelles rendent ce critère capital.

a) b) c)

Fig. II.29 Type de façade. a) Saint-Pantaléon, Grand-Gondon, Bourg-Saint-Maurice : façade symétrique de type église. b) Etienne, Bessans : avancée des murs gouttereaux. c) Saint-Bernard de Menthon, Annuit, Hauteluce : large baie plein cintre surbaissée ouverte.

a) b) c)

Fig. II.30 Type de clocheton. a) Saint-Ours, Adray, Arèche : pas de clocheton (clocher hors œuvre). b) Sainte-Marie-Madeleine, les Vincendières, Bessans : clocheton pesant en façade. c) Sainte-Anne, Le Mont, Sallanche : campanile appuyé sur la charpente.

2) Discontinuité entre la nef et le chœur Cf. description pour les églises.

3) Type de clocher - Figure II.30. Nous avons expliqué plus haut les spécificités des clochetons et campaniles des chapelles. En fonction du type adopté, les charges sur l’édifice sont fortement modifiées. Un petit clocheton maçonné ne pèsera pas autant qu’un grand campanile à bulbe. D’autre part la répartition de la charge n’est pas la même : les clochers murs ou clochetons maçonnés sont situés en façade, avec une descente des charges verticales directe, alors que les campaniles, simples ou complexes sont situés plus en retrait et se reportent sur la charpente.

c Description des typologies d’églises et de chapelles - Bâtiments-type

La démarche pour les églises, illustrée en figure II.31 est la suivante. Nous classons d’abord les églises par type de plan, puis dans une seconde étape, pour chaque catégorie, en fonction de la continuité entre la nef et le chœur, puis nous prenons en compte le nombre de nefs et enfin la présence de tribunes. La forme du chevet ne sert pas à définir de nouvelles catégories mais à donner des informations supplémentaires pour le modèle numérique futur. Pour les chapelles, la démarche est la même avec dans l’ordre le type de façade, la continuité entre la nef et le chœur, et le type et la position du clocheton.

Cette démarche nous a permis de classer l’intégralité des églises en 8 types et des chapelles en 4 types. Seules 2 églises sont uniques. Celle de Chamousset, décrite plus haut, est la seule représentante en zone 4 d’un neuvième type comprenant les églises sur plan centré, tri ou qua-drilobé. L’église de Flumet est unique de par son histoire mouvementé qui l’a rendu totalement

Fig. II.32 Répartition géographique des différents types d’églises et de chapelles.

dissymétrique et composite. Nous verrons au chapitre III que ce type d’églises pourra tout de même être étudié indépendamment grâce aux facilités de maillage et de construction de modèle proposées.

Les caractéristiques de chaque type sont décrites ci-dessous, pour les églises puis pour les chapelles. Nous indiquons aussi le bâtiment retenu comme bâtiment-type. Pour plus de détails sur ces édifices, on se reportera à l’annexe B pour une description générale et pour leurs caracté-ristiques structurelles. Le nombre d’églises indiqué par type correspond uniquement aux églises de l’ensemble étudié. Toutefois, pour s’assurer de la pertinence d’un type, nous avons vérifié qu’il était cohérent avec les églises en zone 3 à proximité (Moyennes Tarentaise et Maurienne).

Typologie des églises - Figure II.32

Fig. II.33 type 1

4 églises : Haut Faucigny, Val d’Arly.

plan en croix latine, chœur plus étroit que la nef, une seule nef, tribune sur la première travée de nef, chevet plat.

Église-type : Saint-Sauveur, Héry-sur-Ugine

Fig. II.34 type 2

14 églises : Haut Faucigny, Bas du Val d’Arly, Basse Maurienne. plan en croix latine, chœur de la même largeur que la nef, une seule nef, tribune sur la première travée de nef, chevet plat ou à pans.

Église-type : Saint-Nicolas, Saint-Nicolas-la-Chapelle

Fig. II.35 type 3

5 églises : Basse Tarentaise et Basse Maurienne.

plan rectangulaire, chœur de la même largeur que la nef, une seule nef, pas de tribune, chevet plat.

Église-type : Thomas Becket de Cantorbéry, Saint-Thomas les Esserts, Esserts-Blay

Fig. II.36 type 4

2 églises : Basse et Moyenne Maurienne.

plan rectangulaire, chœur de la même largeur que la nef, nef à collatéraux boutants, tribune sur la première travée de nef, chevet plat.

Église-type : Saint-Philibert, La Chapelle

Fig. II.37 type 5

10 églises : Faucigny, Val d’Arly, Basse Tarentaise, Combe de Savoie.

plan rectangulaire, chœur plus étroit que la nef, une seule nef, tribune sur la première travée de nef, chevet plat ou hémicir-culaire.

Église-type : ND de la Gorge, Les Contamines-Montjoie

Fig. II.38 type 6

5 églises : Haute Tarentaise, Haute Maurienne.

plan rectangulaire, chœur plus étroit que la nef, nef à colla-téraux boutants, tribune sur la première travée de nef, chevet plat.

Église-type : Saint-Thomas Becket de Cantorbery, Avrieux

Fig. II.39 type 7

10 églises : Haute Tarentaise, Haut Faucigny, Val d’Arly, Combe de Savoie.

plan rectangulaire, chœur plus étroit que la nef, église-halle, tribune sur la première travée de nef, chevet plat.

Église-type : Notre-Dame-de-l’Assomption et Saint-Grat, Conflans, Albertville

Fig. II.40 type 8

4 églises : Beaufortain, Moyenne et Haute Tarentaise.

plan rectangulaire, chœur plus étroit que la nef, église-halle, tribune sur la première travée de nef et retournée sur les col-latéraux, chevet plat.

Typologie des chapelles

Fig. II.41 type 1

Type de "fond de vallée" ou de lieu accessible : Haut Faucigny et Val d’Arly.

Façade avec une large baie à claire-voie, plan rectangulaire à chevet plat de même géométrie, clocheton maçonné mur ou à base carrée en façade. Ce type de chapelle comprends habituel-lement 1 voire 2 travée(s) et un grand auvent en façade. Chapelle-type : hameau de Champ-Gilbert, la Poyat à Queige

Fig. II.42 type 2

Type de haut de vallée : Haute Maurienne et Haute Tarentaise. Façade avec murs gouttereaux formant porche, plan rectangu-laire à chevet plat de même géométrie, pas de clocheton. Ce type de chapelle comprends habituellement 2 voire 3 travée(s) et la pente du toit est faible.

Chapelle-type : Saint-Etienne, Bessans

Fig. II.43 type 3

Type "chapelle d’alpage" ou chapelle la plus commune : toute la zone étudiée.

Façade fermée composée symétrique, plan rectangulaire à che-vet plat de même géométrie, pas de clocheton maçonnée : soit petit campanile ouvert sur la charpente soit rien. Ce type de chapelle comprends habituellement 2 travée(s), avec un débord en façade.

Chapelle-type : Saint-Donat, Les Chattrix, Saint-Gervais-les-Bains

Fig. II.44 type 4

Type de chapelle plus travaillée : moyenne montagne ou ha-meaux de taille importante. Quelques unes de ces chapelles ont une origine plus ancienne, sans qu’il soit possible de déter-miner si le chœur est plus ancien.

Façade fermée composée symétrique, plan rectangulaire à chœur plus étroit, chevet à pan ou plat, campanile de taille importante. Ce type de chapelle comprends habituellement 2 ou 3 travées, avec un important débord en façade.

Chapelle-type : Saint-Barthélémy, La Thuile de Vulmix, Bourg-Saint-Maurice

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