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Recensement et classement typologique du patrimoine baroque des Hautes

II.2 Recensement du patrimoine cultuel baroque savoyard

II.2.2 Campagne de relevés in situ : connaissance et description des édifices

a Objectif et méthode de la campagne de relevé

Seuls 20 bâtiments sur 200 étaient documentées, par des documents graphiques de nature et de qualité très variées. Mettre au point une méthode de relevé efficace était donc impératif afin de réunir le maximum d’informations pertinentes sur ces nombreux ouvrages, avec des moyens limités. Les données collectées doivent permettre de remplir une fiche descriptive par bâtiment que nous avons élaborée à partir des fiches du code italien pour le diagnostic de niveau LV2 (Cf I.4.3.a), des indices proposés par Lourenço et al. (Cf I.4.1), des critères envisagés par Sepe et al. (2008) pour les tours et des critères de l’EC8. Cette fiche comprend six parties :

1) Référencement et valeur patrimoniale.

- Administratif : nom de la vallée, de la commune, du lieu dit

- Type de bâtiment : église ou chapelle, propriété de l’état, de la commune ou privé - Titulature

- Dates importantes de l’édifice : construction, agrandissement, modifications structurelles, in-cendies ou avalanches

- classement ou protection de tout ou partie de la structure, fiches de référencement dans la base Mérimée

- fresques ou patrimoine mobilier protégé, référencement dans les bases Mérimée ou Palissy 2) Site.

- altitude

- environnement : distance des voisins les plus proches, lieu d’implantation : village, bord de route, cimetière, bord de chemin - pente : pourcentage de la pente la plus forte entre deux points de l’édifice

- surplomb et soutènement : bâtiment en surplomb ou non, bâtiment partiellement construit dans le rocher ou non (Saint-Piat, Feissons sur Isère), présence d’un mur de soutènement quand l’emplacement de l’église a été creusé dans la montagne (Saint-Sigismond, Albertville)

- type de sol : rocheux ou meuble en fonction du type d’environnement, présence à proximité de mines (très fréquentes notamment en Maurienne) ou carrières, glissement de terrain avérés proches (Saint-Nicolas-la-chapelle, Val d’Arly ou Les Chapelles, Maurienne). Si possible, conclu-sions des études du BRGM les plus proches.

3) Dimensions et renforts visibles.

- grandes dimensions : largeurs et hauteurs des différents macro-éléments

- épaisseurs : en tête de murs, dans chaque ouverture et aux changements d’épaisseurs visibles, par exemple dans le clocher et dans les combles sur les murs pignons ou au dessus des voûtes. -renforts : nombre de tirants, chaînages et contreforts. Préciser s’ils sont d’origine ou non. Dévers structurel des murs établis dès la construction pour contrer la poussée des voûtes.

4) Description structurelle du gros-œuvre.

- Plan : type de plan, régularité, nombre de nef(s), nombre de travée(s) de nef, chœur et transept - Couvrement : plafond ou voûtes, type de voûtes, mise en œuvre : maçonnerie ou lattis plâtré - tribune : forme, accès, type de support : plancher ou voûte, sur piliers ou encastrée dans les murs gouttereaux.

- Façades : régularité, type et nombre d’ouvertures, symétrie des murs en vis-à-vis dans le chœur et la nef, pour les chapelles : façade symétrique comme les églises et/ou murs gouttereaux en avancée, grande ouverture hémi-circulaire et claire-voie.

- clocher : position, nombre de murs en commun avec l’église. nombre d’étage(s), présence de planchers ou de voûtes. nombre et type des ouvertures.

5) Description du second œuvre, charpente et couverture.

- charpentes de la nef, du chœur et de la flèche : type, description sommaire

- jonction avec la maçonnerie : présence de poutre de chaînage en béton (cf I.2.3), jours entre la sablière et le mur

- jonction entre la nef, le chœur et le clocher en cas de hauteurs différentes : vides laissés ouverts (Saint-André, Domancy), second-œuvre (Saint-Nicolas, Combloux) ou maçonnerie (ND de la Gorge, Contamines)

- couverture : matériau utilisé, étanchéité

6) État de conservation de l’édifice. - Fissures : relevés et description. Date des témoins s’il y en a. - humidité : relevé des zones, description des dommages (pourriture des pannes sablières, épaufrures et perte des décors...)

Afin de compléter au mieux cette fiche descriptive, nous avons procédé au relevé de chaque édifice en suivant la méthode en 4 étapes :

– Description photographique large, cf II.2.2.b

– Relevé manuel (pointeur laser et mètre) des plans et des coupes, cf II.2.2.c – Relevé photographique de détail, cf II.2.2.d

– Prélèvement de pierres et de mortier dans 18 églises en vue de tests en laboratoire, cf II.2.2.e

b Description photographique d’ensemble

Cette première étape a pour but principal de décrire les grandes volumétries de l’ouvrage et de les mettre en rapport avec l’historique de l’ouvrage préalablement établi. Ces photos d’ensemble doivent permettre de comprendre comment les éléments, parfois d’époques très différentes, s’as-semblent. De plus les jonctions repérées de macro-éléments sont des zones où concentrer les investigations futures, particulièrement quand il s’agit de parties d’époques différentes.

L’église Saint-Jean-Baptiste de Megève est un bon exemple de l’intérêt de cette première étape. Elle a été construite en 1443 dans un style gothique tardif. Puis la nouvelle église est construite de 1687 à 1692 et seuls le chœur à chevet polygonal et la base du clocher de l’ancien édifice sont conservés (cf Fig. II.14a). En 1728, un incendie détruit le clocher, la toiture, ainsi qu’une partie du chœur et de la sacristie. En 1754, le clocher brûle de nouveau. Au moment de la Révolution en 1794 il est partiellement détruit. Le clocher est reconstruit, avec un bulbe, pendant la restauration (cf Fig.II.14b). En 1871-72, la nef est allongée d’une avant-nef de style néoclassique sarde (cf Fig.II.14c).

c Relevé manuel et laser : description des géométries

Les archives du CRMH et de l’ACMH nous ont permis d’obtenir les plans et certaines coupes et/ou élévations de trois églises et une chapelle classées. D’autre part, pour les édifice PRNP, les archives des mairies m’ont permis de retrouver sur place des plans complets ou partiels. Quant aux chapelles, les plans sont quasiment inexistants sauf dans les communes de Beaufort, de Queige et de Bourg-Saint-Maurice où certains relevés avaient été effectués à des fins de mise en valeurs : Vulmix ou Grand-Gondon à Bourg, La Frasse et Les Curtillets à Beaufort, Outrechenay et Bonnecine à Queige.

a) b) c)

Fig. II.14 Différents éléments de l’église Saint-Jean-Baptiste de Megève. a) Chœur gothique tardif, 1443, double étage de baies du clocher b) Nef baroque, 1692, et jonction avec l’avant-nef. c) Avant-nef néo-classique, 1872, et clocher à bulbe, construit dans les années 1850

Pour tous les autres ouvrages, nous avons procédé au relevé des plans intérieur et extérieur, ainsi qu’à celui de coupes transversale et longitudinale du gros-œuvre. Nous n’avons pu entrer que dans 30 combles d’églises où nous avons sommairement décrit la charpente : type de charpente, nombre de fermes dans la longueur, nombre de pannes sur un pan, état de conservation. Pour les chapelles, à deux exceptions près, nous n’avons pas pu entrer dans les combles, souvent fermés ou trop encombrés. Nous avons tout de même pu prendre des photos dans 90 d’entre elles. Cette étape nous a permis de noter un certain nombre de caractéristiques propres aux églises de l’ensemble étudié. Elles sont particulièrement importantes pour comprendre le fonctionnement structurel des ouvrages, notamment sous séisme. Nous les listons ci-après, et le lecteur pourra se reporter à l’annexe B pour une description exhaustive de chaque élément structurel église par élise, ainsi qu’aux planches de comparaison morphologique de l’annexe C.

c.1 Les plans

Ils sont assez variés mais ne sont pas strictement répartis selon un type propre à chaque vallée, comme récapitulé dans le tableau II.1.

- 19 églises sont sur plan en croix latine, une est à plan centré. Dans le bas des vallées, on trouve de nombreux édifices où la nef unique d’origine a été complétée par ajouts successifs au fil de l’élargissement de la communauté. Ces chapelles latérales semblent plantées sans règle et détachées du reste de l’édifice, comme à Petit-Cœur, La Léchère ou dans l’église gothique d’Aiguebelle, à l’entrée de la Maurienne, dont la nef et le clocher ont été remaniés au XVIIe.

- les 183 autres édifices sont sur plans rectangulaires et présentent trois grandes caractéris-tiques, qui se combinent différemment selon les vallées :

1) Plus on monte vers le Nord et plus la nef unique est systématique. Dans le cas le plus simple, l’église comporte un chœur étroit d’une ou deux travées, dont la voûte d’arêtes se com-plique souvent d’un réseau de liernes et tiercerons, et d’une nef de 2 à 5 travées. Elle est plus large que le chœur, sauf en Maurienne, ce qui permet l’aménagement de retables secondaires. Seules deux églises du Faucigny présentent 3 nefs, Passy et Saint Gervais, communes riches d’ins-tallation ancienne. Un seul édifice de l’ensemble est sur plan quadrilobé, Chamousset. Parmi les édifices de zone 3, on trouve 4 autres églises qui pourraient y être comparées, toutes situées en Tarentaise ou Maurienne (ND des Vernettes, ND de Beaurevers) et toujours isolées.

2) Les églises de plan rectangulaire extrêmement simple de Haute Maurienne, et de Moyenne Maurienne comme nous l’avons constaté sur les églises "hors panel" (Avrieux, Aussois, Sardières), se distinguent par une coupole sur le chœur. Ces coupoles ont été soit conçues en même temps que le reste de l’église, soit adjointes à une nef préexistante. À Avrieux où la coupole a été

construite en 1660, le passage du chœur carré simple à l’octogone de la coupole se fait grâce à des pendentifs abondamment stuqués. La coupole ne possède pas de lanternon mais dépasse les voûtes de la nef de plusieurs mètres ce qui apporte un éclairage supplémentaire tout en introduisant une rupture de l’espace caractéristique de ces églises.

Le narthex précédant la nef est une autre caractéristiques des églises de Maurienne. Il couvre la totalité de la largeur de la nef, souvent en trois travées voûtées, et s’élève sur deux niveaux, le deuxième donnant en tribune sur la nef. Il joue aussi le rôle de sas car le portail habituel dans l’axe de l’église sur sa façade Ouest est mal adapté aux vents dominants qui s’enfilent dans la vallée. Cette solution permet d’ouvrir l’église au Nord, sans en modifier l’orientation liturgique. 3) L’église halle ou assimilée est très fréquente en Tarentaise et Beaufortain. Le chœur est droit, d’une ou deux travées et la nef sans transept. Celle-ci est accostée de collatéraux de même hauteur percés de fenêtre hautes. Ils sont fermés par des murs droits auxquels sont accolés les retables secondaires. Les colonnes séparatrices sont placées dans le prolongement des murs latéraux du chœur, et sont de forme cruciforme, avec un entablement toscan sans chapiteau. Pour expliquer ces plans, Oursel (1975) évoque la filiation italienne et celle des églises jésuites construites en France notamment à Dole et Orgelet.

Type de plan

Croix latine Centré Rect. simple halle ou 3 nefs Rect. + coupole et / ou narthex Nombre 19 - 0 1 - 0 15 - 124 19 - 0 6 - 0 Zone HF, VA, BM BM, T, CS BM, BT, HF BM, HM, HT, HF, CS HM, BM Exemple Argentière, Chamoux, Aiton

Chamousset Petit Coeur, Saint-Léger, Rognaix Pussy, Ar-gentine, Combloux Avrieux, Aiguebelle

Table II.1 Récapitulatif des caractéristiques des plans d’églises (nombre 1) et chapelles (nombre 2) : exemples illustratifs.

c.2 Les chevets

Ils sont de trois types, dans les églises comme dans les chapelles. Le plus courant est un chevet à fond plat, sur lequel vient s’appuyer un retable. Dans un tiers des églises, c’est par ce chevet que l’on accède à la sacristie qui est accolée au chœur, par une porte souvent contenue dans le retable (Saint-Pierre, Naves Fontaine). Les chevets à plan polygonal sont issus dans 6 cas sur 8 du chœur de l’ancienne église gothique qui a été conservé lors de la transformation à la période baroque : Coise-Saint-Pied-Gauthier, Megève. Les 20 chapelles présentant un chevet polygonal datent toutes du début de la période qui nous intéresse (Les Curtillets ou La Pierre à Beaufort, La Grange de Hauteville à Bourg Saint Maurice). Dans ce cas, le pan du fond est nettement plus large que les deux pans en biais ce qui permet d’y adosser le retable. En revanche, les 6 églises et 5 chapelles sur 7 présentant un chevet hémicirculaire (Saint-Léger, Coise) ont été construites entièrement à la période baroque et présentent donc systématiquement un chœur plus étroit que la nef pour placer des retables. Le tableau II.2 récapitule les caractéristiques des chevets des églises et des chapelles, notamment leur largeur égale ou inférieure à celle de la nef.

c.3 Les ouvertures

De façon générale, toutes les ouvertures sont exiguës, comme dans les habitations, sans ébrasement extérieur. Les fenêtres plein cintre, rectangles ou au linteau légèrement cintré, sont percées haut dans les murs pour être protégées par le toit qui déborde largement (Les Plagnes, Passy, Saint-Martin, Sallanche), sauf en Haute Maurienne où le poids de la couverture ne le permet pas. L’éclairage n’est pas plus généreux dans le chœur que dans la nef. La luminosité intérieure des églises vient de leurs peintures et leurs dorures.

Type de

chevet Plat Polygonal Hémicirculaire Mêmegeur lar- Plus étroit Nombre 44 - 112 8 - 20 6 - 7 26 - 110 35 - 31 Zone partout B, HT, BM, VA BM, HT partout partout Exemple Beaufort, Venthon, Sallanches Hauteluce, Aiguebelle, Megève Saint Léger,

Coise, Albertville Chamoux,Esserts-Blay, Ugine

Queige, Avrieux, Doucy

Table II.2 Récapitulatif des caractéristiques des chevets d’églises (nombre 1) et chapelles (nombre 2) : exemples illustratifs.

c.4 Les tribunes

De trois types comme récapitulé dans le tableau II.3, elles caractérisent l’ensemble des églises : sur les 61 églises relevées, seules 6 n’en possèdent pas, et il s’agit soit d’églises remaniées au XIXe (Ugine) soit d’églises plus anciennes et très modestes, situées en basse Maurienne. En Faucigny et dans toutes des églises de Tarentaise situées en zone 4, elles couvrent la première travée de la nef, au dessus de l’entrée. Dans le Beaufortain et la plupart des églises tarines hors zone d’étude, ces tribunes se poursuivent sur tout ou partie des collatéraux. Dans ces deux cas, les tribunes des églises les plus cossues reposent sur des voûtes d’arêtes tandis que les autres sont portées par des solives transversales. Des arcades en plein cintre créent souvent un portique intérieur qui fait transition avec l’extérieur. En Maurienne, les tribunes sont associées au narthex. La balustrade, en courbes de bois ou en redents et saillie de stuc, rompt toujours avec la sécheresse du plan.

Type de tribune Sans Travée d’entrée U Narthex Nombre 6 - 114 43 - 25 6 - 2 6 - 0

Zone BM partout B, T HM, VA

Exemple Aiton,

Chamous-set, Chamoux Marthod,Contamines, Les Grand-Nâves

Queige, Villard,

Hauteluce Avrieux,Megève Passy,

Table II.3 Récapitulatif des caractéristiques des tribunes d’églises (nombre 1) et chapelles (nombre 2) : exemples illustratifs.

c.5 Les charpentes

Nous avons décrit les différentes configurations trouvées grâce à (Hoffsummer, 2002) et (Bon-nel, 1985). Toutefois de nombreuses charpentes ont été visiblement modifiées à plusieurs reprises. Les configurations actuelles ne sont donc pas forcément d’origine, notamment les charpentes moi-sées et boulonnées (Veroce, Cordon). Le lecteur trouvera en annexe A les principaux termes de charpente traditionnelle. Sur les 30 charpentes d’églises que nous avons pu décrire, deux types se détachent et traduisent l’évolution des techniques. Ils dépendent du type de nef, de la hauteur relative des collatéraux et de la largeur de l’église :

- Charpentes à poteaux - Fig II.15. C’est la technique traditionnelle dans la région jusqu’à la fin du XVIIIe (Roland et al., 2006). Les charpentes à poteaux reportent le poids de la couverture sur une série de poteaux alignés par rangées, comme schématisé en figure II.16a. Nous en avons compté de 3 à 7 selon la largeur de l’église. Ils travaillent en compression et leur base repose sur la "gitte", poutre en chêne de section supérieure à 25cm. Dans les cas qui nous intéressent, trois solutions ont été adoptées. 1) La gitte repose uniquement sur les deux murs gouttereaux (Conflans). Elle est alors de section supérieure à 40cm et des moisages permettent d’atteindre la longueur requise. 2) La gitte repose sur des poteaux de maçonnerie correspondant aux piliers de la nef (Saint-Gervais Saint-Protais). 3) Dans 2 églises cas sur les 30 relevées, la gitte repose sur les voûtes en milieu de nef. Dans certains cas, un poinçon remplace le poteau central (Cf fig.

a) b) c)

Fig. II.15 Charpentes à poteaux. a) Saint-Grat, Conflans, Albertville : gitte sans support inter-médiaire. b) Saint-Gervais Saint-Protais Saint-Gervais-las-Bains : gitte reposant sur les piliers de la nef, poteau du milieu tronqué par deux faux-entraits. c) Saint-Pierre, Villard-sur-Doron : adaptation pour passer la voûte de la nef.

II.15b). Il s’appuie alors sur un faux-entrait qui ressemble à un entrait retroussé dans les fermes traditionnelles et relie les poteaux situés de part et d’autre du faîte (Saint-Gervais). Les charges se transmettent toujours verticalement (Cf fig. II.15a). Le contreventement transversal et longi-tudinal des poteaux est assuré par des pièces horizontales, faux-entraits, ou obliques, arbalétriers et liens, perpendiculaires ou parallèles au faîtage. Les faux-entraits, placés en contrebas pour assurer une meilleure stabilité à l’ensemble (Conflans), ne reçoivent pas de pannes, ce qui permet d’en diminuer le nombre.

Cette solution a été adaptée aux églises à collatéraux où la toiture en bâtière est d’un seul tenant (Cf fig. II.15c). Le faux entrait libère de l’espace pour les voûtes de la nef, tandis que la gitte est interrompue et repose sur les murs gouttereaux et les piliers ou murs de la nef (Avrieux, Villard). Ce type de charpente, relativement simple à exécuter, réduit la charge reportée sur les murs extérieurs et peut être aisément modifié, mais exige une grande quantité de bois. En Maurienne où la pente des toits est faible et la couverture pesante, les pannes sont très nombreuses et reposent parfois directement sur les poteaux.

a) b)

Fig. II.16 Schémas de principe des deux types de charpentes principaux. a) Charpente à po-teaux. b) Charpente triangulée. d’après (Roland, 2008)

- Charpentes à structure triangulée - fig II.17, soit à fermes et pannes. Ce type de charpentes reporte le poids de la couverture sur les murs extérieurs de la construction, comme schématisé en figure II.16b. Plus savantes que les charpentes à poteaux, elles réapparaissent dans le Nord de la France au XVe (Hoffsummer, 2002) et au XVIe dans le genevois (Roland, 2008). Nous les avons trouvées essentiellement dans les églises les plus tardives et dans les deux églises à fausse coupole (fermes d’origine de Veroce et Cordon). La quasi-totalité des églises utilise des fermes triangulaires avec un faux-entrait retroussé pour empêcher le fléchissement des arbalétriers. Des jambettes dans la partie inférieure de la ferme empêchent le fléchissement de la base des arbalétriers (Servoz, Les Contamines).

a) b)

Fig. II.17 Charpentes à structure triangulée. a) Saint-Germain, Grand Nâves, La Léchère : ferme complète. b) Saint-Loup, Servoz : entraits retroussés et deux étages de poinçons.

Les charpentes des chapelles sont souvent sommaires (Cf fig II.18). Dans 90 cas au moins il manque l’entrait ou la gitte, reportant le poids de la couverture sur les pannes encastrées dans les pignons (Cf fig II.18a). Dans 18 cas au moins, une adaptation de la charpente à poteau fait reposer un poteau directement sur les voûtes, au risque de la poinçonner. Cela concorde avec un affaissement de l’arc doubleau. Dans 53 cas au moins, ce poinçon repose sur une gitte simplement posée sur les murs gouttereaux, sans lien avec les chevrons ou la panne sablière. La maçonnerie au droit de cet appui et des pannes est toujours dégradée.

a) b)

Fig. II.18 Charpentes des chapelles. a) Saint-Sauveur, Le Revers, Hauteluce : charpente sans poteau ni ferme. b) Saint-Vincent Sainte-Barbe, Granville, Bourg-Saint-Maurice : charpente avec gitte reposant sur les murs gouttereaux et partiellement sur les voûtes.

c.6 Les clochers et campaniles

Les clochers. Toutes les églises ont des clochers-tours de base carrée. Trois églises présentent aussi un campanile au-dessus de la façade d’entrée. Seule celle des Plagnes à Passy ne présente pas de clocher car il s’agit d’une "dépendance" de l’église paroissiale, construite en 1760 à cause des dangers courus par les habitants pour traverser l’Arve. Les deux emplacements les plus fréquents sont le long de la nef ou le long du chœur. On trouve 6 exemples de configuration romane ou

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