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La constitution des groupes et le choix des interviewés

Au courant de notre semaine d’immersion dans le Pôle de handball, nous avons réalisé des entretiens avec les deux entraineurs et le kinésithérapeute présent au Pôle plusieurs heures par semaine. Nous avons renouvelé ces entretiens avec l’entraîneur en charge du Pôle. Puis, nous sommes revenus une semaine en mai et nous avons réalisé cinq entretiens avec des joueurs. Le groupe étudié comptait 26 joueurs âgés de 15 à 18 ans, présentant une grande homogénéité raciale (tous blancs) et une petite mixité sociale (la plupart étant issus de classe moyenne et supérieure). Le choix des cinq joueurs interviewés s’appuie sur divers éléments. Tout d’abord, le cas de deux joueurs a été spontanément beaucoup plus abordé lors des échanges avec l’entraîneur, du fait des caractéristiques morphologiques de ces joueurs (la taille s’avère être un élément important dans la sélection des joueurs pour le haut niveau). Le poste occupé sur le terrain, ainsi que l’âge des joueurs, et leur niveau de classe sont également des éléments retenus. Enfin, la réussite ou l’échec dans la structure constituent aussi des éléments intéressants, par exemple dans le cas d’un joueur dont l’expérience au Pôle va s’achever.

En rugby, le groupe du Pôle Espoir est composé de 25 joueurs âgés de 15 à 18 ans évoluant dans des clubs d’Île-de-France et sélectionnés pour leur niveau de performance sportive ainsi que sur leur dossier scolaire. Ces joueurs sont le plus souvent blancs, issus des classes moyennes et supérieures, mais le groupe présente une certaine mixité raciale72. Nous avons mené 11 entretiens avec des joueurs et aussi interviewé les deux entraineurs. Le choix des joueurs est le produit d’un ensemble de critères. Ils ont un emploi du temps chargé et disposent de très peu de temps libre pendant la semaine. Nous nous sommes d’abord entretenu avec des joueurs disponibles, c’est-à-dire blessés. Parmi ceux-ci, nous avons cherché à avoir une diversité d’ancienneté dans le dispositif, de postes sur le terrain, et une diversité raciale-phénotypique. En nous appuyant sur les travaux de Pociello (1981, 1983) nous avons posé le postulat que le recrutement de classe des joueurs trouverait une certaine cohérence avec les postes occupés sur le terrain c’est-à-dire que les avants seraient recrutés dans des milieux moins munis de capital culturel ou scolaire que les arrières.

En boxe française, le groupe du Pôle France compte une quinzaine d’athlètes majeurs, âgés de 20 à 23 ans, deux athlètes ayant la trentaine. Certains boxeurs ne sont présents que très ponctuellement aux entraînements du Pôle pendant l’année. Une dizaine d’athlètes constituent le noyau du groupe. Ils sont internes au CREPS pour la plupart. Leurs familles vivent en métropole (Île-de-France, Reims), à la Réunion et la Guadeloupe pour deux d’entre eux. Durant les périodes d’observation, nous avons vu quatre filles (dont une à quatre reprises en 2012). Le reste du temps, les séances se déroulent entre hommes. Les athlètes sont largement non blancs (maghrébin, noir africain ou antillais) et issus de classe populaire à l’exception d’un d’entre eux issus de classe moyenne. Nous avons réalisé 13 entretiens, avec onze athlètes et les deux entraineurs. Tous sont français et évoluent au plus haut niveau national et cinq au niveau international.

En patinage, du fait de la dispersion des espaces de pratique le nombre d’athlètes est réduit dans chaque groupe et le nombre d’entraineurs est en proportion beaucoup plus important que dans les autres disciplines. Ceux-ci suivent prioritairement deux ou trois

72Le groupe compte 3 joueurs de type noirs africains et 5 joueurs "colorés" c'est-à-dire non blancs de

athlètes sur la glace. Les entraineurs sont au minimum deux par séance. Il n’est pas rare de voir trois ou quatre intervenants (entraineurs sportifs, chorégraphes, danseurs sur glace) au cours d’un entrainement.

Un Pôle France regroupe six athlètes des deux sexes évoluant en catégorie individuelle ou en couple. Le groupe présente une mixité sexuée, sociale (des athlètes de classe populaire, moyenne et supérieure) et raciale : une patineuse en catégorie individuelle est noire africaine, un patineur en catégorie individuelle est maghrébin, et une athlète en catégorie couple est noire. La première année d’enquête, ce Pôle est entraîné par une femme et un homme, spécialisé dans l’entrainement des couples. Ce dernier part à la retraite la deuxième année. Il est remplacé par une femme.

L’autre Pôle France présente une plus grande homogénéité de recrutement. Il regroupe cinq athlètes garçons âgés de 14 à 21 ans. L’un d’eux est d’origine mexicaine, accueilli en Pôle France. L’entraîneure en chef de ce Pôle est une femme blanche quinquagénaire. Elle est assistée par deux hommes. L’un est employé par la Fédération et intervient régulièrement aux entrainements en donnant des consignes aux athlètes sur la glace. L’autre est employé par la ville et travaille au club de la patinoire où se déroule l’entrainement. Il assure la logistique (musique, film, matériel) de l’entrainement.

Les patineurs interviewés en France évoluent tous au plus haut niveau national, et trois au niveau international. Nous avons réalisé onze entretiens avec ceux qui étaient les plus présents à la patinoire durant les périodes d’observation et qui ont accepté notre requête. Nous avons essuyé deux refus d’entraineurs par manque de temps.

Au Québec, trois entretiens approfondis ont été réalisés avec des patineurs évoluant au plus haut niveau canadien. Nous avons pris contact avec eux par l’intermédiaire d’une collègue étudiante à l’université qui suit ces athlètes comme coach-psychologue. Les patineurs étaient les seuls garçons évoluant au plus haut niveau national dans leur groupe de travail, le plus souvent entouré d’athlètes filles plus jeunes.

Au total, nous nous appuyons sur 48 entretiens (8 en handball, 14 en patinage, 13 en rugby, 13 en boxe française), d’une durée moyenne de 70 minutes.73