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Conclusion sur les problèmes et les solutions en matière de retraite

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Chapitre 1 Problématique de la recherche

1.5 Conclusion sur les problèmes et les solutions en matière de retraite

Avant de poursuivre, il serait pertinent de récapituler les problèmes en matière de retraite auxquels font face le Québec et le Canada ainsi que les solutions potentielles que pourraient adopter les gouvernements de ces deux juridictions.

Il ressort, en premier lieu, que les régimes de retraite au Canada ne sont pas en péril. En effet, les quatre paliers formant l‘architecture de retraite répondent plutôt bien, pour l‘instant, aux objectifs de prévention de la pauvreté chez les aînés et de redistribution des revenus entre les citoyens et entre les différentes étapes de la vie. De plus, la pérennité des quatre régimes semble assurée. D‘une part, les régimes sont viables à long terme. D‘autre part, les élus et la population tiennent à leur sauvegarde.

Toutefois, on ne peut ignorer les importants changements démographiques qui surviendront dans les prochaines années. Le vieillissement de la population et l‘augmentation de l‘espérance de vie mettront certainement des pressions sur les divers régimes. Face à cette situation, les gouvernements fédéral et québécois peuvent maintenir le statu quo. Il en résulterait possiblement un risque à la viabilité des régimes et/ou une diminution de la protection. Les gouvernements peuvent également procéder à certaines réformes. Il appert que cette deuxième voie est privilégiée à en juger par les projets de loi proposés et par les groupes de recherche mis sur pied pour mieux comprendre la problématique des retraites.

Ces projets de loi et groupes de recherche fournissent des solutions pour pallier les problèmes reliés au vieillissement de la population et à l‘allongement de l‘espérance de vie. Tel que vu précédemment, ces solutions peuvent être de quatre ordres : réformes paramétriques, changement de logique des régimes, développement de certains paliers de retraite au détriment d‘autres et l‘allongement de la vie active.

Mais tout n‘est pas possible, certaines solutions semblent s‘imposer plus que d‘autres. Par exemple, il semble peu probable qu‘on procède à d‘autres réformes paramétriques étant donné que les taux de cotisation à certains régimes ont déjà été relevés récemment et qu‘il

serait difficile de réduire davantage l‘indexation des régimes. Autres exemples, le passage des régimes d‘employeur à prestations définies vers les régimes à cotisations définies se fait beaucoup plus lentement qu‘ailleurs dans le monde et la privatisation des régimes publics n‘est pas envisagée. D‘autres types de réformes, par contre, semblent favorisés, l‘augmentation de l‘offre de travail notamment. Cette option semble d‘autant plus probable que des modifications en ce sens ont été appliquées aux régimes d‘assurance-emploi et d‘aide sociale dans les années 1990. Nous verrons au chapitre cinq présentant les résultats si les réformes anticipées ont effectivement été adoptées. Mais, peu importe les réformes adoptées, on constate que les institutions, les acteurs et les précédents influencent les options possibles. Cela se reflète d‘ailleurs dans les orientations diverses qui sont retenues par différents pays confrontés à des enjeux similaires.

Même si certaines tendances se profilent à l‘horizon, on ne peut tenir pour acquis aucun développement. En tant que spécialistes des relations industrielles, nous sommes interpellés par les décisions que prendront les gouvernements, car leurs répercussions se feront sentir sur le marché du travail, dans les milieux de travail ainsi que dans d‘autres sphères de la vie. Ainsi, le fait d‘agir promptement ou non, le fait de favoriser un palier plutôt qu‘un autre, d‘inciter les travailleurs et les employeurs d‘agir d‘une manière plutôt qu‘un autre auront des conséquences variables quant à l‘efficience et l‘équité des marchés. Il est donc pertinent pour les chercheurs en relations industrielles de se pencher sur l‘évolution des politiques publiques de retraite et de comprendre les facteurs qui influencent ces politiques. Telle est notre préoccupation de recherche.

On peut même se demander si c‘est possible d‘anticiper l‘existence et le sens des réformes plutôt que se limiter à en évaluer les conséquences comme c‘est souvent le cas en relations industrielles. Quelles stratégies peuvent permettre aux différentes parties prenantes d‘infléchir les politiques publiques? Une telle analyse serait tout à fait pertinente pour tous

ceux qui s‘intéressent au marché et aux milieux du travail. Pour répondre à cette question, nous croyons important de savoir ce qu‘en pensent les acteurs qui exercent une influence sur les politiques publiques de retraite. Il faut connaître leurs priorités et leurs stratégies pour atteindre leurs objectifs (Royer 2006: 71). Or, les théories traditionnelles en relations industrielles ne permettent pas de comprendre adéquatement l‘évolution des politiques publiques de retraite. Il faut donc élargir nos balises théoriques afin d‘étudier ce phénomène (Morissette 2006: 551).

Le cadre théorique devrait également laisser de la place à tous les acteurs susceptibles d‘influencer l‘évolution des politiques. La section du chapitre relatant les solutions a fait ressortir l‘implication de plusieurs intervenants. Certes, les différents organes de l‘État, les syndicats et les regroupements d‘employeurs sont des acteurs qui influencent les politiques publiques de retraite, mais les opinions des chercheurs et des organismes supranationaux et même du public semblent aussi pris en compte.

L‘élargissement des balises théoriques et de la notion d‘acteur sera traité dans le prochain chapitre portant sur la recension documentaire. Pour l‘instant, développons notre question de recherche.