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Synthèse du chapitre

Section 2 : Le débat conceptuel et théorique

3.2 L’entreprise sociale, différentes visions

3.2.3 La conception de l’entrepreneuriat social en France et au Sénégal

En France, l’entreprise sociale s’inscrit dans l’économie sociale et solidaire (ESS), c’est-à-dire le tissu composé des associations, des coopératives, des mutuelles et des fondations. Cependant, la loi du 31 juillet 2014 ouvre le cadre législatif dans lequel évoluent les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) aux sociétés commerciales dès lors que s’appliquent les principes de l’ESS : utilité sociale, gouvernance participative, lucrativité limitée (AVISE28,

2016). Par conséquent, l’entreprise sociale peut revêtir un statut associatif, coopératif, SAS, SA, SARL mais se doit de répondre aux 4 principes énoncés précédemment si elle adopte un statut de société commerciale. Elle pourra ainsi, par cette loi dite « Hamon », recevoir

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l’agrément préfectoral « entreprise solidaire d'utilité sociale » (ESUS) et de pouvoir bénéficier d'avantages fiscaux. Dans notre étude, nous avons des cas qui ont choisi le statut de société commerciale (SAS) et des statuts de l’ESS (association).

Au Sénégal, l’émergence récente d’un mouvement de l’entrepreneuriat social n’a pas permis de sortir une définition qui fait consensus (Ndour et Alexandre, 2015). En effet, chaque acteur donne sa propre définition inspirée plus ou moins des approches européennes ou américaines. C’est le cas du consortium africain pour l’entrepreneuriat social qui définit l’entreprise sociale comme « une entreprise qui s’impose une double exigence de rentabilité économique et de responsabilité sociétale et environnementale, chaque exigence étant aussi importante l’une que l’autre (...) » (Ndour et Alexandre, 2015). Néanmoins, Ndour et Gueye (2015) évoquent deux tendances dans la conception de l’entrepreneuriat social. D’une part, les nouveaux entrepreneurs de l’économie numérique, de l’économie circulaire, de l’économie collaborative, de l’économie verte, etc. qui proposent des solutions à une problématique sociale et se définissent comme des entrepreneurs sociaux. Cette conception renvoie à divers modèles d’organisation notamment des organisations hybrides, du social business voire des associations. D’autre part, les organisations traditionnelles qui s’inscrivent dans l’économie sociale et solidaire comme les IFD (systèmes financiers décentralisés), les groupements économiques de femmes (GEF), etc.

Pour conclure, on peut noter à l’instar de Nicholls (2010) deux dyades : celle qui utilise des logiques narratives (logique de l’entrepreneur héros et logique de l’entrepreneuriat dans la communauté) et celle qui utilise des modèles organisationnels types (type de l’entreprise marchande et type du changement social). En définitive, nous pouvons définir l’entreprise sociale comme une organisation qui poursuit une finalité sociale/et ou environnementale en développant un projet économique viable dont l’intérêt des investisseurs est encadré quel que soit le statut juridique adopté (définition inspirée de Alexandre-Leclair, 2010 ; Defourny et Nyssens, 2010 et AVISE, 2016).

Synthèse du chapitre 2

L’objectif du chapitre était d’analyser la littérature pour construire notre cadre théorique et conceptuel sur le concept d’entrepreneuriat social. Ainsi, ce chapitre a permis de revenir sur

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l’émergence du concept d’entrepreneuriat social qui a connu un engouement à la fin des années 90 aux Etats-Unis puis en Europe. Néanmoins, des auteurs soutiennent que les pratiques sont anciennes. Nous sommes revenus sur des exemples historiques d’entrepreneuriat social à travers le monde avant d’étudier les différentes approches de l’entrepreneuriat social et de l’entreprise sociale. Ce qui permet de les distinguer des autres notions proches. Face aux différentes définitions et approches du concept d’entrepreneuriat social, nous avons proposé de les classer en trois approches principales.

Une première approche met en avant l’entrepreneur social porteur d’innovations sociales.

Elle définit l’entrepreneuriat social en mettant avant l’individu, l’entrepreneur social, qui grâce à des innovations sociales peut résoudre ou atténuer des problèmes sociaux et catalyser une transformation sociale.

Une deuxième approche de l’entrepreneuriat social renvoie à divers modèles d’organisation.

Cette conception est associée à la notion d’organisation ou d’entreprise sociale. Les approches qui s’inscrivent dans ce courant sont appelées « l’école des ressources marchandes » (Defourny et Nyssens, 2010). Ces derniers auteurs distinguent deux générations d’entreprises sociales:

• Dans la première génération, l'entrepreneuriat social se définit comme les initiatives à but non lucratif à la recherche de stratégies alternatives de financement ou des systèmes de gestion afin de créer de la valeur sociale (Austin et al, 2006).

• La deuxième génération d’entreprises sociales s’élargit aux organisations hybrides recherchant ouvertement le profit dans le cadre d’une activité répondant à un besoin social (Defourny et Nyssens, 2010). Cette dernière est très caractéristique des entreprises sociales du numérique et particulièrement des startups sociales étudiées dans notre recherche.

Une troisième approche est l’approche Bottom of the pyramid (BoP) dans la perspective du

« social business » dans les pays du Sud. Dans l’hémisphère Sud, l’entrepreneuriat social vise principalement à développer des activités économiques avec les pauvres: le social business initié par Muhammad Yunus et le concept de BoP introduit Coimbatore K. Prahalad illustrent bien cette perspective. Dans cette conception, l’entrepreneuriat social considère les pauvres simultanément comme un objet social et comme une opportunité économique.

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Ces différentes visions de l’entrepreneuriat social renvoient à divers modèles d’organisation qui sont associés à la notion d’organisation ou d’entreprise sociale. Nous définissons l’entreprise sociale dans le cadre de cette recherche comme une organisation qui poursuit une

finalité sociale/et ou environnementale en développant un projet économique viable dont l’intérêt des investisseurs est encadré quel que soit le statut juridique adopté (définition

inspirée d’Alexandre-Leclair, 2013 et de Defourny et Nyssens, 2010).

Notre classification des approches de l’entrepreneuriat social reste encore très générale et comporte évidemment des limites car elle regroupe des visions qui peuvent être éloignées théoriquement. Cependant notre objectif dans cette étude n’est pas de discuter les approches de l’entrepreneuriat social mais d’avoir un cadre théorique, avec une variété d’approches, pour aborder notre terrain et étudier le business model des entreprises sociales.

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Figure 7 : plan d’avancement de la thèse (chapitre 3)

Conclusion générale

Troisième partie : Présentation des résultats et discussion

Chapitre 7 : l’approche mixte pour

étudier l’évolution du business model social

Chapitre 8 : concilier l’économique et le social et l’influence de l’écosystème

entrepreneurial

Chapitre 9 : Synthèse et discusion des résultats

Deuxième partie :cadre épistemologique et méthodologique

Chapitre 5 : démarche épistémologique et méthodologique de

la recherche

Chapitre 6 : présentation des entreprises sociales sénégalaises et françaises

Première partie : cadre conceptuel et théorique

Chapitre 1 : entrepreneuriat,

une analyse de l’évolution du concept et des travaux

Chapitre 2 : L’entrepreneuriat social, cadre conceptuel et

théorique

Chapitre 3 : cadre théorique du business model de

l’entreprise sociale

Chapitre 4 : cadre théorique sur l’évolution du business

model social

Introduction générale

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Chapitre 3 : cadre théorique du