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5.6.1) Charte du Parc Naturel Régional du Haut-Languedoc (charte PNR HL)

Le territoire

Créé en 1973, le PNR Haut-Languedoc est à cheval sur les départements du Tarn et de l’Hérault (initialement dans deux Régions distinctes, Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées) et sur deux grands bassins hydrographiques (Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée Corse). Il se compose de 121 communes, s’étend sur plus de 3 000 km2 et accueille environ 90 000 habitants (cf. Figure 69). La densité de population y est faible (30aine d’habitants / km2), donnant un caractère « rural » au territoire. Les milieux forestiers occupent une superficie importante du Parc (61%) ainsi que les milieux ouverts et semi-ouverts (prairies « naturelles », landes, pelouses – 19% ; milieux agricoles – 14%).

Figure 69 : Territoire couvert par le PNR Haut-Languedoc.

Le projet général pour les CE

La préservation de la biodiversité est au cœur des missions d’un PNR et diverses actions sont déjà mises en œuvre dont un Programme agri environnemental et climatique (PAEc) en 2015, l’acquisition de connaissances sur les habitats semi-naturels et les espèces, des analyses paysagères de communes, etc.

La charte PNR-HL de 2011 est à horizon 2023. Parmi ses programmes majeurs se trouve l’identification de la trame écologique du territoire pour la protéger et la restaurer (programme d’actions). Les CE ne sont donc pas identifiées dans la charte de 2011 et ne sont pas opposables. Une carte synthétique présente les principales connexions (forestières, milieux ouverts et aquatiques) et les principaux couloirs de migration de l’avifaune (cf. Figure 70). Par ailleurs, le plan de parc cartographie déjà certains éléments qui seront repris dans la trame écologique. Ces éléments sont par exemple les « espaces d’intérêt écologique majeurs » (bénéficiant de protections réglementaires ou de dispositifs de gestion), les « espaces d’intérêt écologique sensibles » (ne bénéficiant pas de protection réglementaire), les cours d’eau « réservoirs biologiques », les espaces de respiration des fonds de vallées, les milieux prioritaires tels que les pelouses sèches ou ZH.

Figure 70 : Carte des CE sur le territoire couvert par le PNR-HL (extrait charte PNR-HL, 2011). NB : EIE signifie Espace d’intérêt écologique.

En 2015, comme prévu dans la charte de 2011, le PNR-HL a réalisé un diagnostic des CE au 1/25 000eme, localisant et hiérarchisant les enjeux liés aux CE. Cela doit permettre d’accompagner les collectivités dans la « grenellisation » de leurs documents d’urbanisme.

Huit sous-trames ont été identifiées et, pour chacune d’elles, les quatre « composantes éco- paysagères » ont été précisées. Ces composantes sont les cœurs de biodiversité, les zones relais (« secteurs ne présentant pas suffisamment de caractéristiques écologiques pour être considérés

Pour distinguer les « cœurs de biodiversité » des « zones relais », le potentiel en terme d’intérêt écologique des classes d’occupation du sol a été évalué selon une analyse multicritères propre à chaque sous trame (indicateurs et pondération différentes).

Pour identifier les corridors écologiques, la méthode par « simulation de dispersion d’espèces autour des zones nodales » (i.e., cœurs de biodiversité et zones relais) a été utilisée. Les déplacements de trois espèces (ou groupes d’espèces) « modèles » pour chacune des sous-trames ont été simulés (trois espèces pour trois capacités de dispersion faible, moyenne et forte). Les corridors ont été hiérarchisés via la théorie des graphes qui a déterminé « le poids mathématique d’un corridor donné

au sein du réseau en étudiant son niveau de connectivité via l’Indice Intégral de Connectivité (dIIC) »

(extrait Livret TVB, 2015, www.parc-haut-languedoc.fr).

Figure 71 : Légende de l’atlas du diagnostic des fonctionnalités écologiques (extrait Livret TVB, 2015, www.parc-haut-languedoc.fr).

5.6.1.1) Gouvernance

Le syndicat mixte du PNR-HL est le garant de la mise en œuvre de la charte du Parc 2011-2023, approuvée par les conseils régionaux Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées, l’Etat, les départements du Tarn et de l’Hérault, les communes et intercommunalités situées (tout ou partie) dans le périmètre du PNR-HL.

Le syndicat mixte du PNR-HL s’appuie sur les travaux des cinq Commissions thématiques. Celle traitant de la TVB traite également d’urbanisme, de paysage, des véhicules motorisés et des inventaires naturalistes. Le syndicat s’appuie aussi sur son Conseil scientifique et prospectif.

Le diagnostic en 2015 d’identification d’une trame écologique s’est réalisé au niveau de quatre PNR90 et a été confiée au bureau d’études BIOTOPE. Les quatre PNR ont acquis une cartographie d’occupation du sol de 2010 au 1/25 000ème, en adaptant et en précisant Corine Land Cover et, en ajoutant un niveau 5 relatif aux étagements de la végétation (avec 70-80% de fiabilité – com. pers. technicien). Un Comité Technique et Scientifique commun aux quatre PNR a été mis en place pour valider les étapes. Des groupes de travail territoriaux, garants de la démarche de participative sur

chaque PNR, ont été créés. Un livret de sensibilisation à l’usage des collectivités territoriales a été rédigé sur la TVB, ainsi qu’un guide technique pour l’entretien et la réhabilitation de la valeur agro écologique du linéaire bocager. Ce diagnostic n’est pas intégré au Plan de Parc et n’est donc pas opposable. La question de son intégration lors de la prochaine charte se posera, mais pour le syndicat du PNR-HL « c’est un très gros travail mais ça reste de la modélisation, et, sur le terrain je

trouve que ça peut être dangereux que ce soit opposable » (com. pers. technicien).

La mise en place d’actions en faveur de la biodiversité est compliquée sur le territoire et il a été convenu entre le PNR-HL, l’Etat, la Région Occitanie et les Départements que des actions « à l’opportunité » étaient possibles, même s’il ne s’agissait pas des parcelles les plus prioritaires (com. pers. technicien). Les actions proposées par BIOTOPE suite au diagnostic sont nombreuses, plutôt génériques et une priorisation est prévue pour guider le travail du PNR-HL (com. pers. technicien).

5.6.1.2) Dimension écologique

Dans le diagnostic de 2015, la Trame verte et distinguée de la Trame bleue.

Les concepts issus de l’écologie du paysage sont repris dans le diagnostic de 2015 et sont à la base de la définition des indicateurs. Les références bibliographiques portant sur les distances de dispersion des espèces choisies pour les modélisations sont précisées. Plusieurs critères de caractérisation des cœurs de biodiversité et des zones relais concernent :

- la superficie et la compacité : « Plus un milieu est vaste et compact plus il est susceptible

d’accueillir une diversité biologique importante. De plus, un espace compact est moins soumis aux perturbations environnantes ». Dans l’application de l’indice intégral de connectivité

(dIIC), la superficie est prise en compte en considérant que « plus un cœur de biodiversité est

grand, plus sa contribution au réseau est potentiellement élevée du fait de son emprise ». La

superficie des habitats semi-naturels a permis de distinguer les « zones relais » des « cœurs de biodiversité » également (com. pers. technicien) ;

- l’hétérogénéité : « Plus un CBP [cœur de biodiversité potentiel] est hétérogène dans sa

structure, plus le potentiel de biodiversité sera élevé » ;

- la distance entre cœurs de biodiversité et la connectivité : « Plus un CBP donné est connecté

(à proximité) à un ou plusieurs CBP riverains, plus ce dernier aura un potentiel d’accueil d’espèces élevé » (extrait Livret TVB, 2015) ;

- la densité des éléments de la sous trame concernée (e.g., pour la sous trame espaces agricoles : densité de plantes messicoles, densité de cultures bocagères, densité de réseau de chemins, etc.) ;

- la fragmentation et la perte d’habitats : densité d’éléments fragmentant un « cœur de biodiversité » potentiel.

L’entrée privilégiée est l’occupation du sol à partir de laquelle (i) des indices ont été calculés pour les « cœurs de biodiversité » et les « zones relais » et (ii) le chemin de moindre coût a pu être calculé pour les corridors. Les huit sous trames représentent la diversité des milieux présents sur le territoire : les forêts (milieux boisés de plaine et d’altitude), les landes et pelouses calcicoles, les landes et pelouses acidiclines, les prairies, les milieux agricoles cultivés, les milieux humides, les milieux rocheux, les cours d’eau. La sous trame cours d’eau est traitée différemment et ne s’appuie pas sur des indicateurs issus de l’écologie du paysage mais davantage sur des classements effectifs dans le cadre de la Directive cadre sur l’eau. Le PNR-HL établit comme priorité le maintien des pelouses sèches et des zones humides.

Les espèces ont également été une entrée pour identifier les corridors. Le choix des espèces est critique. Ces dernières doivent (i) être sensibles à la fragmentation des habitats semi-naturels, (ii) avoir une capacité de déplacement compatible avec la superficie de l’aire d’étude et la précision cartographique et (iii) disposer d’une connaissance sur leur écologie. Ces espèces correspondent à des groupes d’espèces « ordinaires » ou « remarquables » (e.g., Criquets des genres Chorthippus/Euchortippus /Arcyptera/Stenobothrus ; Campagnols genre Microtus ; Hermine). Les

corridors sont représentés selon un gradient relatif à la capacité de dispersion des espèces, depuis les zones accessibles à celles très accessibles (gradient de perméabilité). Toutefois, aucune vérification de terrain n’a été menée et ces espèces guident la modélisation (com. pers. technicien). Dans le cadre de l’analyse de la perméabilité des milieux, sont identifiées les « perturbations directes

(infrastructures, zones urbanisées..) et indirectes (secteurs périphériques aux perturbations directes représentant des zones de dérangement pour les espèces, liées au bruit, aux mouvements, trafic…). A l’inverse, les ouvrages permettant la reconnexion (type passage à faune) aux abords d’une infrastructure, sont également pris en compte » (extrait Livre TVB, 2015). La pollution lumineuse est

également abordée mais pas les pratiques (plus ou moins intensives) sur les espaces.

Un croisement entre intérêt écologique et éléments fragmentant/obstacles est réalisé, permettant de hiérarchiser les corridors. Pour le PNR-HL, des vérifications terrain seront à mener.

Le nouveau périmètre du PNR-HL s’est notamment appuyé sur l’intégration d’ensembles biologiques cohérents, en particulier pour les CE.

5.6.1.3) Multifonctionnalité

Pour le PNR-HL, l’entrée par les paysages et le cadre de vie est plus facile avec les élus que l’entrée par les espèces et les habitats semi-naturels.

L’importance de maintenir la qualité du cadre de vie, les paysages sont soulignés dans la charte de 2011, mais le diagnostic de 2015 développe une méthode centrée sur les fonctions écologiques des CE. Néanmoins, les mesures de gestion des CE proposées suite au diagnostic s’appuient sur la multifonctionnalité des espaces.

La notion de « services rendus » par la nature est soulignée dans les documents (cf. Figure 72).

Figure 72 : Les services écosystémiques associés aux principaux éléments du paysage (extrait Livret TVB, 2015, www.parc-haut-languedoc.fr).

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