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PÉRIODE CONCERNÉE PAR L’ÉTUDE ACTUELLE

2.2 Délimiter le parti pris de recherche

2.2.5 Quatre terrains d’étude et quatre igures d’ambiance

2.2.5.1 Le Caire Fatimide

Localisation : Le Caire Fatimide est le noyau autour duquel la ville du Caire est sédimentée. Il tient aujourd’hui un emplacement central au sein de la capitale. Le quartier est bien limité par l’enceinte des murs qui enveloppent le quartier. Nous bornons notre champ d’étude à la limite spatiale du Caire Fatimide délimité au nord par le mur, à l’est par le parc al-Azhar, au sud l’avenue de Mohammed Ali, et à l’ouest par l’avenue Port Saïd. La partie nord du quartier entre le boule- vard al-Azhar et l’enceinte nordique nous a paru plus importante du fait de l’existence d’un projet de patrimonialisation de cet endroit par l’Unesco, ce qui nous semble intéressant du point de vue du palimpseste puisqu’il ajoute une couche sur le palimpseste du territoire (Fig. 2-8).

Cadre temporel : la forme urbaine initiale qui a élaboré ce modèle remonte à son origine médiévale dont il reste quelques traces aujourd’hui. Le Caire Fatimide a été construit en 969, ce qui lui donne mille ans d’épaisseur dans lesquels la ville continue d’évoluer. Malgré les limites spatiales de ce quartier bien déinies par l’enceinte des murs, celui-ci, en termes d’ambiance, n’est pas détaché de son entourage. L’ambiance déborde les limites spatiales pour couvrir les quartiers voisins. Cette partie de la ville constitue le Caire ancien qui englobe : Le Caire Fatimide, Bab al-Sherya, al-Daher, al Darb al-Ahmar, la citadelle, al-Khalifa, et jusqu’à al-Fûstat, qui ont tous plus ou moins la même ambiance. Parmi les quartiers qui représentent ensemble le Caire ancien, nous avons Le Caire Fatimide car cette partie a été soumise à un projet de réhabilitation de l’Unesco en 1990. NOUVEAU CAIRE LE CAIRE Al Régab C Héliopolis 1905 Le Caire Fatimide 969 Choubrah 1809

Fig. 2-8 : La localisation du quartier du Caire Fatimide par rapport à la ville du Caire (en haut à droite) et les limites du quartier, et la zone choisie par l’étude (à gauche). (Crédit : Noha SAID)

Figure de l’ambiance : le quartier est également connu pour représenter « le Caire traditionnel » dans les coutumes, les habits, les voix, les odeurs, les corps, les formes urbaines (Fig. 2-9).

Modèle urbain : la ville a une forme organique avec un tissu compact dont la forme urbaine est constituée d’un entrelacs complexe de pleins et de vides (Fig. 2-9). L’urbanisme est fait à l’envers, la masse bâtie domine avec des bâtiments cohérents, et les espaces sont intério- risés dans les bâtiments.

Forme urbaine des rues : les rues sont propices à l’intimité et sont à l’échelle du corps: ruelles et impasses. La ville représente le mode du bâti dans les zones arides et les concepts des villes arabo-islamiques (Fig. 2-10).

Fig. 2-9 : Le tissu organique du Caire Fatimide

Fig. 2-10 : Les ruelles et les impasses. (Crédit : Noha SAID)

2.2.5.2Choubrah

Localisation : Choubrah est situé au Nord du Caire, proche des terrains agricoles du Delta. Le quartier marque des frontières très nettes par rapport à son entourage, délimité par les lignes ferroviaires de l’est et du sud. Le Nil limite le quartier de l’ouest, et le canal d’Ismailiya celui du Nord. Les limites nord semblent plus loues car l’extension urbaine au-delà de cette limite semble véhiculer une ambiance similaire. Par ailleurs, ce quartier nommé Choubrah al-Khéima ne doit pas être confondu avec Choubrah. Étant donné l’étendue du quartier, nous nous sommes surtout concentrés sur « Dawaran Choubrah », l’endroit le plus connu de Choubrah (Fig. 2-11)..

Cadre temporel : fondé en 1809 par Mohamed Ali, Choubrah marque une déviation très

nette dans son urbanisation issue de la modernisation du Caire avec une volonté de rupture avec l’ère précédente. Le quartier a commencé par être une banlieue de luxe, puis s’est développé petit à petit pour arriver aujourd’hui, deux siècles de transformations plus tard, à un quartier populaire.

Figure d’ambiance : Choubrah représente un autre visage de la ville qui est « Le Caire populaire ». Le terme « populaire » incarne l’imaginaire d’une ambiance populeuse, encanaillée, pauvre, foisonnante de touches de misère, et délabrée. La plupart des habitants des quartiers

populaires sont des villageois qui ont immigré au Caire durant la deuxième moitié du XXe

siècle. En fait le quartier de Choubrah est un cas typique car il englobe plusieurs contradictions dans des coutumes, des racines variées, des riches et des pauvres, des citadins et des villageois, etc. Toutes ces contradictions que le quartier a subies dans un temps relativement long ont parti- cipé à construire le caractère choubrien bien connu au sein de la capitale.

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Fig. 2-11 : La localisation du quartier de Choubrah par rapport à la ville du Caire (en haut à droite) et les limites du quartier, et la zone choisie par l’étude (à gauche). (Crédit : Noha SAID)

Fig. 2-13 : Les rues canyon. (Crédit : Noha SAID)

Modèle urbain : le tissu urbain de Choubrah se fait sur un tracé agricole et des découpages du sol suivant la division de terres agricoles dans une dynamique informelle qui est une morphologie typique de l’urbanisme au nord du Caire. Ce modèle s’est propagé en couvrant presque toute la partie nord de la capitale, surtout pendant la deuxième moitié

du XXe siècle. Ce phénomène de l’extension

urbaine sur les terres agricoles est, comme le dit P. Panerai en 1997, loin d’être marginal mais au contraire majoritaire dans la production du logement ; et il devient un mode d’urbanisation spontanée, surtout sur les périphéries nord du Caire. Le produit d’un tel modèle d’urbanisation est un tissu très dense où le coeficient d’occu- pation du sol est très élevé. Les habitants du quartier souffrent d’un vrai manque d’espace et d’aération malgré la base de terrains agricoles et la proximité du Nil (Fig. 2-12).

Forme des rues : cette dynamique d’urbanisme s’est mise en place à travers des rues-canyons. Dans ce système les rues rempla- cent les anciens canaux d’irrigation, et les bâtiments sont construits sur les terres agricoles qui se remplissent peu à peu dans le temps. Les rues sont relativement étroites, par rapport à la hauteur des bâtiments (Fig. 2-13).

Fig. 2-12 : Le tissu urbain qui suit la division des terrains agricoles à Chourah.

2.2.5.3Héliopolis

Localisation : Héliopolis se trouve à l’est du Caire. C’est le premier quartier qui a été construit sur des terres désertiques. Les terrains d’étude prennent une forme carrée délimitée par de larges boulevards : Al-Oroubra à l’est, Abou Bakr al-Sedik au nord, al-Hégaz à l’ouest, al-Marghnie au Sud (Fig. 2-14).

Cadre temporel : Héliopolis représente le Caire moderne construit en 1905 à l’initiative

du Baron Empain qui va s’attacher à un projet global de développement de la ville qui fait écho au modèle européen, tout en utilisant des dispositifs et motifs arabes. De plus, la ville a été construite dans sa conception urbaine en se basant sur le tramway comme nouveau mode de déplacement introduit au sein de la ville. La deuxième raison est que cette ville proite de certaines activités et événements culturels qui visent à mettre en valeur son héritage moderne.

Figure d’ambiance : le quartier montre une partie du Caire métissée, où les traits de luxe et de popularité se mêlent dans un contexte sensible particulier. Il y a le reste des classes aristo- cratiques avec leurs coutumes et la classe populaire qui se rencontrent dans la classe moyenne qui domine Héliopolis.

Fig. 2-14 : La localisation du quartier de Héliopolis par rapport à la ville du Caire (en haut à droite) et les limites du quartier, et la zone choisie par l’étude (à gauche). (Crédit : Noha SAID)

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Fig. 2-15 : Le tissu urbain de Héliopolis

Modèle urbain : basé sur le modèle cité- jardin, il prend la igure d’un réseau linéaire courbé. La forme des rues met en valeur le carac- tère linéaire qui sert au mouvement qui gouverne

la forme des villes du XIXe siècle. Cette forme

correspond au modèle « réseau » que Chelkoff a introduit dans sa thèse (Chelkoff, 1996). Le terme «réseau» est lié à cette igure de linéarité parce que les différentes lignes relient des points et forment ainsi un diagramme. Les lignes de dépla- cement sont favorisées dans ce modèle généré par le mouvement et le temps dans le sens où ceci se sent à partir du cheminement continu (Chelkoff, 1996, p. 80). Le tissu urbain se compose de rues larges qui sont ponctuées et qui se croisent dans des espaces verts, le mobilier urbain formant ainsi des nœuds. Ce modèle contient des parcs et planta- tions qui constituent un système respiratoire (Fig. 2-15).

Forme des rues : la linéarité introduit des artères qui sont des boulevards. Ils sont formés par l’alignement des bâtiments, et aussi par la présence du végétal, surtout des arbres qui sont également alignés le long des rues. L’échelle des rues est beaucoup plus vaste pour assurer la luidité du déplacement. Elle implique une logique de changement d’échelle des voies et édiices qui correspond au plan d’occupation des sols. Par exemple, les axes principaux sont surtout bordés de bâtiments qui accueillent des activités publiques : administrations, commerces, palais de justice, postes de police, etc. Mais les bâtiments résidentiels sont alignés le long des rues plus étroites. Les rangées d’arbres sur les deux côtés des boulevards et l’implantation de l’éclairage public renforcent la linéarité de ces axes et font partie de leur coniguration spatiale (Fig. 2-16).