• Aucun résultat trouvé

Brèves remarques sur l’imaginaire

3.3 Explorations inspirées par la sociologie compréhensive

3.3.1 Brèves remarques sur l’imaginaire

Dans le cadre de leur travail Sociologie de l’imaginaire (2006), d’abord Patrick Legros, Fréderic Monneyron, Jean-Bruno Renard et Patrick Tacussel, indiquent que « La sociologie de l’imaginaire n’est pas un champ spécifique de la sociologie, défini par un objet (…) Elle est un point de vue sur le social : elle s’intéresse à la dimension imaginaire de toutes les activités humaines. C’est pourquoi cette sociologie investit transversalement la société » (Ibid. p.1). Ensuite, que cette sociologie est étroitement liée à d’autres disciplines (Histoire, Anthropologie et Psychologie) qui ont contribué à sa légitimation, à la reconsidération de ses notions, et avec lesquelles elle partage des intérêts de recherche, comme les représentations sociales, les croyances, les mythes, les idéologies, entre autres61.

Pour sa part, Enrique Carretero (2006) expose que la considération théorique de l’imaginaire social implique un positionnement critique par rapport à la modernité et au projet des Lumières, en deux sens : quant à la saturation du programme rationaliste et positiviste, et quant à la crise des méta-récits d’un ensemble social face aux micro-mythologies des réalités multiples. Ainsi, nous trouvons dans la perspective de Carretero une cohérence avec celle exposée par Legros et al (2006) à propos des antécédents du développement de la sociologie de l’imaginaire. Ces derniers nous disent que « Aux définitions négatives, en creux, données par la tradition philosophique occidentale – l’imaginaire, c’est l’inexistant, le faux, le mensonger ou l’irrationnel – le courant de l’anthropologie de l’imaginaire, initié par Jung, Eliade, Bachelard, Durand, oppose une définition positive, ‘pleine’ : !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

61 À ce sujet, Gilbert Durand dit que « l’imaginaire n’est pas une ‘discipline’, mais un tissu conjonctif

‘entre les disciplines’ (Durand, 1996a :215) et ainsi, « l’interdisciplinarité d’où a émergé historiquement la notion d’imaginaire – sans être la notion ‘pas excellence’ – est cependant la notion la

l’imaginaire est le produit de la pensée mythique62 » (Ibid. p. 2), une pensée différente,

mais pas inférieure à la pensée rationnelle. Alors, « affirmer un pluriel à la vérité, c’est non seulement bouleverser la logique, mais suppléer à la transparence du logos par l’épaisseur et la complexité du mythos » (Durand, 2010:669)

Il est certain que, à la base du débat sur la légitimation des études de l’imaginaire, il y a une mauvaise compréhension qui distingue entre l’imaginaire, la rationalité et la réalité. En ce qui concerne la distinction entre imaginaire et réalité, le philosophe Jean-Jacques Wunenburger remarque que, même si cette distinction se produit pour des raisons méthodologiques, « il faut pas oublier que la plupart du temps, la réalité commence par un rêve, un projet, avant de devenir quelque chose de concret, visible, dont la présence physique fera partie de l’imaginaire social » (Wunenburger, 2008:7), en nous renvoyant à la discussion sur le rapport entre imaginaire et situation que nous traiterons plus loin pour le cas des migrations. Toutefois, Michel Maffesoli va plus loin de l’avertissement d’un oubli, pour nous dire que la distinction entre l’imaginaire et la réalité reste impertinente et qu’elle est seulement le produit d’un regard réductionniste sur le présent et l’avenir. À ce sujet, selon lui, « La fonction imaginale n’est pas cette folle du logis, selon l’expression classique, dont il faut se protéger, ou, ce qui revient au même, qu’il faut valoriser et abstractiser, c’est une fonction où s’exprime au mieux l’imbrication organique du banal et du fantastique, du quotidien et du fictionnel » (Maffesoli, 2008 :779).

Cette fonction est bien montrée dans le dernier travail de Molly Andrews (2014) sur l’imagination narrative dans la vie quotidienne, où elle indique qu’une fois unies notre capacité de narrer et notre capacité d’imaginer63, les récits peuvent être

envisagés comme des manifestations de notre liberté créative et de nos désirs, !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

62 Selon les auteurs, cette pensée se caractérise comme « une pensée concrète qui, fonctionnant sur le

principe de l’analogie, s’exprime par des images symboliques organisées de manière dynamique. Elle détermine des perceptions de l’espace et du temps, des constructions matérielles et institutionnelles des mythologies et des idéologies, des savoirs et des comportements collectifs » (Legros et al, 2006 :2)

63 D’abord, il faut avoir à l’esprit que ce travail est rédigé en anglais, langue dans laquelle il n’existe

pas de traduction précise pour le mot ‘imaginaire’. Ensuite, que selon Molly Andrews (2014), dans la notion ‘monde imaginaire’, l’adjectif imaginaire fait référence à « cet extra que nous apportons à notre perception » (Ibid. p. 4). Toutefois, sa compréhension de la capacité d’imaginer dépasse l’idée d’une faculté psychologique, pour envisager l’existence d’une ‘imagination sociale’. Nous faisons cette précision en raison de l’avertissement de Legros et al (2006) sur la confusion entre ‘imagination’ et ‘imaginaire’, à propos de laquelle les auteurs indiquent que l’imagination « est à la fois une ‘représentation’ (…) et un ‘imaginaire’ en acte » (Ibid. p.83). Cela étant dit, la représentation sera l’acte de « mettre en ‘image mentale’ soit une réalité perceptive absente, soit une ‘conceptualisation’ » (Loc.cit.) Et l’imaginaire « un dépassement de la simple reproduction générée par la représentation, en une image créatrice » (Loc.cit.).

puisqu’ils constituent des expressions de notre regard sur ce que nous connaissons de la réalité et de la considération de ses possibles transformations. Donc, selon Andrews, le ‘réel’ et l’‘irréel’ n’agissent pas comme des éléments opposés, mais dans un lien qui met en tension nos référents quant au temps et à l’espace. Si d’une part nous pouvons considérer des résolutions alternatives quant au passé et évaluer que les faits du présent ne correspondent pas nécessairement avec les limites du possible, d’autre part notre notion de l’espace, spécialement d’ailleurs, peut être étroitement liée au vécu sensible et affectif, et aux gestes créatifs face au caractère indirect de la présence. D’après Andrews (2015), à travers notre imagination narrative nous sommes, en même temps, ancrés et transportés.

Par ailleurs, quant à la distinction entre imaginaire et rationalité, Michel Maffesoli nous expose que « On peut dire que ce qui est non logique n’est pas illogique, ou que ce qui est non rationnel n’est pas irrationnel, mais peut avoir sa logique ou sa rationalité propre » (Maffesoli, 1993a :129). Cela nous renvoie à l’influence de la contribution d’Emile Durkheim à la notion d’imaginaire social64,

particulièrement à partir de son élaboration sur les « représentations collectives », qui commence à se dévoiler dans Les Règles de la méthode sociologique (1895), continue dans Représentations individuelles et collectives (1898) et est formulé plus concrètement dans Les Formes élémentaires de la vie religieuse (1912) (Carretero, 2006). Ainsi, les travaux de Durkheim nous conduisent vers l’autonomie des représentations sociales sous-jacentes à toute société.

D’abord, nous trouvons que « la conscience collective est autre chose qu’un simple épiphénomène de sa base morphologique, tout comme la conscience individuelle est autre chose qu’une simple efflorescence du système nerveux. Pour que la première apparaisse, il faut que se produise une synthèse sui generis de consciences particulières. Or, cette synthèse a pour effet de dégager tout un monde de sentiments, d’idées, d’images qui, une fois nés, obéissent à des lois qui leur sont propres. Ils s’appellent, se repoussent, fusionnent, se segmentent, prolifèrent sans que toutes ces combinaisons soient directement commandées et nécessitées par l’état de la réalité sous-jacente » (Durkheim, 2002a : 399-400). Il ajoute : « Si l’on peut dire, à !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

64 À ce sujet, le travail de Legros et al (2006) souligne également la contribution des autres précurseurs

de la discipline sociologique aux études de l’imaginaire et à la reconnaissance de l’importance de la dimension de l’imaginaire pour comprendre la vie sociale; dont: Karl Marx, Friedrich Engels, Alexis de Tocqueville, Gustave Le Bon, Gabriel Tarde, Vilfredo Pareto, Max Weber et Georg Simmel (pp. 17- 57).

certains égards, que les représentations collectives sont extérieures aux consciences individuelles, c’est qu’elles ne dérivent pas des individus pris isolément, mais de leur concours » (Durkheim, 2002b :17). Ainsi Émile Durkheim a posé l’idée d’une entité immatérielle, la « conscience collective », qui naît dans la société et y retourne pour consolider la vie sociale (Grassi, 2005).

La pensée de Michel Maffesoli65 nous indique de façon globale que

l’imaginaire n’est pas quelque chose de rationnel ou de psychologique, l’imaginaire est une dimension environnementale, une atmosphère, « perceptible, mais non quantifiable » (Maffesoli, 2001 :75). Selon le sociologue, « La polysémie des situations et la polysémie des mots entrent dans un ballet sans fin, renvoient sans cesse l’une à l’autre, et s’insèrent en fin de compte dans un vaste tableau scénique qui n’est pas autre chose que ce que l’on peut appeler au sens fort du terme un imaginaire social » (Maffesoli, 2008:901). Donc, « L’accent mis sur l’imaginaire, d’une part montré très bien la priorité de la structure globale sur les différents éléments qui la composent, et d’autre part, l’impossibilité de privilégier un de ces éléments » (Maffesoli, 1993a :8)

Par ailleurs, l’imaginaire dépasserait la personne et, même face à des énonciations telles que ‘mon’ imaginaire ou ‘ton’ imaginaire, on retrouverait des correspondances avec l’imaginaire d’un groupe dont elles font partie. L’imaginaire serait toujours un état d’esprit de groupe et comme tel, il établirait des liens. Bien sûr, l’imaginaire a des conséquences au niveau des individus, car « chaque sujet est capable de lire l’imaginaire avec une certaine autonomie » (Maffesoli, 2001:80). Toutefois Maffesoli observe que « lorsqu’on examine attentivement la question, je le répète, on voit que l’imagination d’un individu est très peu individuelle ». Quant à ce rapport entre la dimension de l’individu et la dimension de la société, le sociologue nous dit que d’après le travail de Gilbert Durand – ancien élève de Gaston Bachelard et maitre de Michel Maffesoli –, l’imaginaire « est cette relation entre les intimations objectives et la subjectivité » (Loc.cit.) dont ces intimations objectives seraient les limites que la société impose à chaque personne, mais qu’en mettant en valeur cet ‘entre’, nous pouvons identifier « un va-et-vient entre les intimations objectives et les subjectivités. Les unes ouvrent des lacunes dans les autres » (Loc.cit.).

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

65 Celui-ci intègre des influences des sciences sociales riches et diverses parmi lesquelles se trouvent

les travaux de Émile Durkheim, Max Weber, Georg Simmel et Vilfredo Pareto, mais aussi de Karl Jung, Gaston Bachelard, Henry Corbin et Gilbert Durand.

En continuant avec cette dernière référence théorique, il faut mentionner que l’œuvre de Gilbert Durand, dont nous soulignons particulièrement Les Structures

anthropologiques de l’imaginaire (1960) et L’Imagination symbolique (1964), est une

contribution fondamentale dans les études de l’imaginaire en général, et notamment dans le travail de Michel Maffesoli. Par rapport à cette dernière œuvre mentionnée, l’auteur indique que « La conscience dispose de deux manières pour se représenter le monde. L’une directe, dans laquelle la chose elle-même semble présente à l’esprit, comme dans la perception ou la simple sensation. L’autre indirecte lorsque, pour une raison ou pour une autre, la chose ne peut se présenter ‘en chair et en os’ à la sensibilité (…) Dans tous ces cas de conscience indirecte, l’objet absent est re- présenté à la conscience par une image, au sens très large de ce terme66 » (Durand,

2008 :7-8). Le symbole fait partie de ce deuxième processus. Par ailleurs, nous serions face à l’imagination symbolique quand « le signifié n’est plus du tout présentable et que signe ne peut se référer qu’à un sens non à une chose sensible » (Ibid. p. 10)67.

Alors, une conception symbolique de l’imagination « postule le sémantisme des images, le fait qu’elles ne sont pas des signes, mais contiennent matériellement en quelque sorte leurs sens » (Durand, 1969 :60)

Les travaux de Gilbert Durand font partie d’un projet qui interroge la place consignée à la dimension symbolique et à l’imaginaire, par la pensée rationaliste et iconoclaste. Par conséquent, nous trouverons chez lui une remise en question de cette distinction, dans la mesure où il affirme : « il n’a pas de coupure entre le rationnel et l’imaginaire, le rationalisme n’étant plus, parmi bien d’autres, qu’une structure polarisante particulière du champ des images » (Durand, 2008 :88). Selon lui la fonction imaginaire se comprendrait comme ‘transcendantale» (non réductible à la capacité perceptive), mais cependant soumise à des configurations. Ainsi, dans Les !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

66 À cet égard, des images textuelles ou visuelles.

67 Toujours dans L’Imagination symbolique, Durand indique que dans le structuralisme de Lévi-Strauss

et la psychanalyse de Freud (herméneutiques réductives), nous pouvons reconnaître des avances de récupération de statuts pour l’imaginaire et pour le symbolisme, mais ces lectures sont encore évaluées comme limitées. Elles « ne découvrent l’imagination symbolique que pour essayer de l’intégrer dans la systématique intellectualiste en place, que pour tenter de réduire la symbolisation à un symbolisé sans mystère » (Durand, 2008 :43). Par ailleurs, il existerait les possibilités d’une ‘herméneutique instaurative’ à partir de Cassirer, Jung et Bachelard, qui laissent de côté l’exercice de déchiffrement du symbolique, mais qui continuent d’une certaine façon à renforcer la distinction entre la dimension de l’imaginaire et du rationnel, et qui aussi peuvent élargir encore leur regard sur les différentes manifestations de l’imaginaire, au-delà de la rêverie. Au moment de la sixième édition de L’Imagination symbolique, Durand diagnostique un avancement dans cette ‘remythification’ du monde, que l’auteur lie aux travaux des multiples figures de la pensée, dont ceux de Michel Maffesoli.

Structures anthropologiques de l’imaginaire, Durand nous présente deux polarités,

deux régimes de représentation du monde : diurne (de l’antithèse) et nocturne (de l’euphémisme) : « des attitudes, des comportements, qualitatifs véritablement premières – ou derniers » (Durand, 2010 :508), « recouvrant les trois grands orients structuraux » (Loc.cit.) caractérisés, très grosso modo, par des logiques de séparation, logiques d’agglutination et logiques synthétiques. Donc nous pourrions comprendre leurs configurations des images à partir d’une lecture de leurs transformations68. À ce

propos, la notion de ‘bassin sémantique’ est très importante, car elle fait référence aux « constellations d’imaginaire » (Durand, 1996a :222) à l’intérieur des ensembles culturels qui, sans disparaître, subissent des transformations, et dont l’auteur a essayé de distinguer les phases69. D’autre part, la conception du ‘bassin sémantique’ implique

l’incorporation de la perspective diachronique à la perspective synchronique quant aux structures. Ainsi, la notion « fait intervenir à la fois la permanence et le changement (Durand, 1996b : 129). Finalement, il faut souligner que d’après Gilbert Durand « La raison et la science ne relient les hommes qu’aux choses, mais ce qui relie les hommes entre eux, à l’humble niveau des bonheurs et des peines quotidiennes de l’espèce humaine, c’est cette représentation affective parce que vécue, et qui constitue l’empire des images » (Durand, 2008 :124).

Alors, compte tenu de ses référents, Michel Maffesoli se concentre dans la compréhension du rôle de l’imaginaire dans la vie quotidienne. À ce propos, il nous parle de l’importance de la dimension créative de l’imaginaire et de la vitalité que celui-ci apporte à la vie de chaque jour. Dans le cadre des différentes formes de la socialité, laquelle « repose sur la trame d’images partagées » (Maffesoli, 2006: 86), l’imaginaire sera très important au moment de créer et recréer, par exemple, le sentiment d’appartenance. Cependant, de même qu’il a un rôle dans la légitimation et la durée de certaines formes d’organisation, de même il participe à des processus instituant de nouvelles formes de vivre ensemble. Ces deux potentialités sont liées à la dynamique entre subjectivités et intimations objectives, où la verticalité et les impératifs sont déplacés par le mouvement, le va-et-vient et la relation. Donc, comme !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

68 À ce propos il faut avoir à l’esprit que pour le philosophe, anthropologue et sociologue, la structure

implique (…) un certain dynamisme transformateur » (Durand, 1969 :65), elle est «une forme transformable, jouant le rôle de protocole motivateur pour tout un groupement d’images, et susceptible elle-même de groupement en une structure plus générale que nous nommerons Régime » (Ibid. p.66).

69

En l’occurrence: ruissellements, partage des eaux, confluences, au nom du fleuve, aménagement des rives et épuisement des deltas (Durand, 1996b :80-129).

les imaginaires peuvent participer à la détermination de la vie en société (Maffesoli, 1993a), aussi « les pratiques conditionnent la construction de l’esprit » (Maffesoli, 2001 :77).

Bien sûr, parmi les auteurs qui contemplent l’existence d’un imaginaire individuel et d’un imaginaire social, cette première configuration est directement liée aux grands symboles et récits, qui auraient une incidence sur les représentations du territoire, du pouvoir institutionnel et de la transformation sociales, entre d’autres (Wunenburger, 2008). Cependant, il est crucial de considérer que l’imaginaire est plein de petites histoires et de micro-situations où sont exprimées des formes alternatives de compréhension de l’espace, du temps, et l’influence créatrice du sujet (Maffesoli, 2008). À ce propos le phénomène migratoire n’est pas exempt de cette dynamique et, par exemple, « Les catégorisations construites de l’altérité s’élaborent à divers niveaux: celui des interactions sociales quotidiennes, celui des représentations sociales, celui des institutions étatiques » (Rea et Tripier, 2008:58). Alors, il faut garder présent, que l’imaginaire, comme atmosphère, n’est pas insufflé par une seule sphère du social ou par certains sujets spécifiques, et que, en continuant avec l’exemple de la migration et la notion de altérité, nous pouvons trouver une clé en comprenant la bilatéralité des processus de signification. Ces derniers, comme exercice créatifs, sont un mouvement où se conjuguent des personnes, des liens, des corps, des émotions, des récits, des lieux etc. et tous simultanément, pour configurer des imaginaires à propos de la migration et des migrants, mais également des imaginaires des migrants, à propos de leurs expériences et leurs possibilités.