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L’archéologie de la cordillère sud-orientale : bilan des connaissances

3.4.1 LE BASSIN DU YANAMA

3.4.1.1- Le versant Yuraq Mayu

Sur le versant sud de la quebrada Yuraq Mayu, se trouvent les sites de Pinchaunuyuq et Pajonal, à trois heures de marche de Choqek’iraw. Le premier correspond à un système de terrasses, s’étendant sur plus d’un hectare, associé à trois bâtiments inkas à l’architecture finement élaborée. Non-loin, le site de Pajonal recèle les vestiges d’une soixantaine de structures circulaires à l’architecture grossière, installés dans la pente à mi-versant. L’occupation de ces deux sites est sans doute liée au palais inka dont ils constituaient vraisemblablement des établissements satellites (Paz et Alccacontor, 2003 ; Valencia, 2004).

80 Cette structure a été découverte de façon fortuite lors de travaux de restauration des terrasses de la partie haute de Pikiwasi en septembre 2005, si bien qu’elle n’a pas encore été fouillée dans son intégralité. Néanmoins, le dégagement du couronnement des murs a permis d’identifier sa forme rectangulaire et ses dimensions d’approximativement huit mètres par cinq (Gallegos, 2005). Cette découverte évoque celle des structures rectangulaires qui se trouvaient sous les vestiges inkas de Huillca Raqay et qui ont été datés de la fin de la Période Intermédiaire Récente (Kendall, 1994).

3.4.1.2- Le complexe du cerro Victoria

Localisé en plein centre du bassin du Yanama, le cerro Victoria abrite un vaste complexe archéologique inka, dénommé Qoriwayrachina. Il est composé de douze sites, dispersés entre le sommet, couronné d’une plateforme cérémonielle, et le pied de la montagne, où est installé un petit tampu81 à la confluence du Yanama et de la quebrada Yuraq mayu. Le complexe est très étendu et recèle une grande variété de ses vestiges architecturaux82. Au vu de l’architecture des bâtiments inkas83, il ne fait pas de doute que Qoriwayrachina entretenait une relation étroite avec Choqek’iraw qui se situe à une petite journée de marche. Plusieurs dizaines de structures circulaires sont dispersées dans le complexe.

Les études réalisés sur plusieurs de ces sites en 2001 et 2002, signalent une possible occupation pré-inka, comme à Choqek’iraw (Bejar, 2002 ; Frost, 2003 Ms). Deux dates radiocarbones associées à du matériel céramique inka, situent son occupation entre 1295 et 1445 apr. J.-C. Outre le matériel céramique Inka local, les chercheurs signalent la présence de Killke et d’un style non-peint de l’Intermédiaire Récent caractérisé par ses décors plastiques84. Enfin, les fouilles ont avéré, comme à Choqek’iraw et Huillca Raqay, l’existence de murs à près d’un mètre et demi de profondeur sous les édifices inkas.

3.4.1.3- La haute vallée du Yanama

Dans sa section supérieure, le Yanama s’écoule dans une vallée en auge au climat froid d’altitude. Valencia (2004) y a identifié vingt-trois sites archéologiques. La plupart d’entre eux sont constitués de grands enclos en pierres des champs qui pourraient avoir abrité de grands troupeaux de camélidés. Les sites de structures circulaires sont peu nombreux et présentent généralement moins de cinq structures de maçonnerie rustique et mal conservée. Plusieurs sites pourraient constituer les vestiges de petits établissements miniers de l’époque coloniale ; c’est, rappelons-le, au pied du Saksarayuq que se situent la plupart des gisements miniers exploités ces cinq derniers siècles (voir supra, 1.1.3.4). Sur le versant sud de la vallée du Yanama, au pied du Yanaqucha, le site de Negruyoq est orné de peintures rupestres figurant des personnages anthropomorphes et des camélidés, ainsi que des motifs circulaires concentriques.

81 Deux arguments suggèrent la fonction de tampu. Situé dans le fond de vallée, cet établissement inka se trouve au cœur d’une zone de culture yunga qu’il a dû administrer. Par ailleurs, il semble que le site se situe sur un axe de circulation qui traverse le bassin du Yanama dans le fond de vallée (Valencia, 2005 ; Valencia dans Frost, 2003 Ms).

82 Un aqueduc, long de plus de 7 km, alimente le site en eau qui est captée au pied du glacier Yanaqucha. Dispersées sur les hauteurs, quatre plateformes aménagées offrent des points de vue sur le cirque de glacier du bassin du Yanama. Les structures rectangulaires sont, pour la plupart, de forme irrégulière. Il existe plusieurs dizaines de structures circulaires regroupées dans les différents sites, ainsi que de grands systèmes de terrasses. Qoriwayrachina forme également un bon exemple de l’architecture funéraire de Vilcabamba. Les sites funéraires sont constitués de tombes en puits empierrés et de deux chullpa (Frost, 2003 Ms). 83 Dans l’ensemble, la forme et la maçonnerie des édifices, ainsi que le matériel céramique observé en surface et présentée dans le rapport de Bejar (2002) rappellent fortement la culture matérielle de Choqek’iraw.

84 Comme à Choqek’iraw, une applique en croissant constitue l’attribut le plus courant de ce style local. Par ailleurs, Bejar (2002) attribue deux tessons de col ornés d’un visage modelé, à l’Intermédiaire Ancien. Cependant, il convient de signaler que la représentation de visage sur le col des vases est une caractéristique courante des traditions stylistique de l’Intermédiaire Récent, dont il existe plusieurs exemples dans le département d’Apurimac.

3.4.1.4- Les versants ouest et nord

Couverte d’une végétation dense, cette zone du bassin du Yanama est encore mal connue. Sur le versant ouest, Silva (2003) a identifié quatre petits sites dans un état de conservation précaire, avec des vestiges de structures circulaires, dont il ne subsiste que l’empreinte au sol.