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Baisse à long terme du cours mondial du coton et volatilité du marché mondial

Dans le document ORGANISATION MONDIALE (Page 58-66)

SÉANCE V: SÉANCE DE CLÔTURE Président: Secrétariat de l'OMC

ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE

M. Shangnan Shui

2. Stratégies pour accroître les contributions du coton à l'économie et à la sécurité alimentaire

2.3 Baisse à long terme du cours mondial du coton et volatilité du marché mondial

Le cours mondial du coton a régulièrement baissé pendant ces dernières décennies. En valeur réelle, le prix actuel se situe à environ 20 pour cent du prix du début des années 50. De nombreux autres produits agricoles de base ont connu une évolution similaire. En même temps, le marché mondial a été volatil. Un exemple récent a été la chute de 46 pour cent du cours mondial du coton entre 1995 et 2000, suivie d'une hausse de 72 pour cent entre le début de 2001 et la fin de 2003.

Afin d'examiner les stratégies susceptibles de permettre aux pays africains producteurs de coton de faire face à ces difficultés et d'accroître la prospérité à long terme de leur industrie cotonnière, nous avons utilisé un modèle informatisé d'équilibre général pour simuler les mesures et les politiques susceptibles d'accroître les rendements et les exportations de textiles et de vêtements en Afrique. Nous fixons deux objectifs. Le premier est d'amener le rendement moyen de l'industrie cotonnière en Afrique au niveau de la moyenne mondiale et le deuxième est d'augmenter les exportations de textiles et de vêtements de 200 pour cent sur dix ans. Ensuite, nous modifions plusieurs variables du modèle, y compris l'augmentation de la main-d'œuvre qualifiée, l'expansion du secteur chimique, la réduction de la marge commerciale dans le commerce du coton, l'accroissement de l'investissement public et la fixation du taux de change. Nos résultats préliminaires donnent à penser que tous ces facteurs contribueraient de manière significative à ces deux objectifs.

Les résultats préliminaires de la simulation de la FAO donnent à penser que pour atteindre le niveau du rendement moyen mondial en 2002, il faudrait que les pays africains accroissent leur main-d'œuvre qualifiée de 24 pour cent, les investissements publics de 16 pour cent, et le secteur chimique de 12 pour cent, ce qui revient à dire que les pays africains devraient avoir plus d'agriculteurs formés dans le secteur du coton, un plus haut niveau d'investissement dans la recherche et la vulgarisation et des approvisionnements plus importants en intrants, en particulier en engrais.

Les effets de la mise à niveau de la productivité seraient très importants, ce qui permettrait aux pays africains d'augmenter la production de coton de presque 90 pour cent sur dix ans sans accroître les surfaces à planter. Une productivité accrue permettrait aussi aux pays africains de concurrencer les autres exportateurs sur le marché mondial du coton. En conséquence, les pays africains augmenteraient leurs exportations de coton de 140 pour cent sur les dix ans.

Pour accroître les exportations de textiles et de vêtements de 200 pour cent, les pays africains devraient accroître la main-d'œuvre qualifiée de 32 pour cent et les secteurs des textiles et vêtements devraient connaître une expansion d'au moins 300 pour cent par rapport à la base. Un effet intéressant de l'accroissement des exportations de textiles et de vêtements serait qu'il induirait une augmentation de 35 pour cent de la production cotonnière mais entraînerait une croissance plus lente des exportations de coton. L'accroissement des investissements et de la main-d'œuvre qualifiée serait la clé de l'expansion des secteurs des textiles et vêtements.

L'une des conclusions intéressantes tirées de nos simulations est que la réduction de la marge commerciale dans le commerce du coton aurait des conséquences importantes sur la compétitivité et le revenu des producteurs de coton. En prévoyant une réduction de 50 pour cent de la marge commerciale, ce qui revient à supposer que les producteurs de coton africains auraient une part du prix similaire à celle des producteurs de coton indiens, les pays africains producteurs de coton verraient leurs recettes d'exportation augmenter de 14 pour cent du fait de l'amélioration de leur compétitivité sur le marché mondial du coton, et le revenu des agriculteurs augmenter de 37 pour cent. Actuellement, quelques sociétés commerciales multinationales ou les gouvernements d'un grand nombre de pays africains détiennent le monopole des exportations de coton. Des réformes seraient nécessaires pour accroître l'efficience et la transparence du système de commercialisation du coton et permettre aux exploitants de tirer un plus grand avantage de la production de coton.

Les simulations dans le cadre du modèle ont également révélé qu'une expansion des secteurs des textiles et vêtements en Afrique entraînerait des changements importants dans la structure de son commerce du coton. Il y aurait un accroissement du commerce interrégional du coton mais les exportations à destination du marché mondial augmenteraient à un rythme beaucoup plus lent.

En résumé, ces simulations donnent à penser que pour résoudre les problèmes rencontrés par les pays africains producteurs de coton, l'amélioration des productivités et la création/l'expansion des secteurs des textiles et vêtements seraient la clé de la prospérité à long terme de l'industrie cotonnière.

Dans la mesure où plusieurs autres experts présents à l'atelier feront des présentations détaillées sur les mesures techniques comme l'amélioration des pratiques agricoles et des méthodes de sélection, l'amélioration de l'irrigation, l'utilisation d'intrants de bonne qualité, l'adoption du coton issu de la biotechnologie, le renforcement de la recherche et de la vulgarisation, et sur les réformes institutionnelles comme la rationalisation du système de commercialisation et d'approvisionnement en intrants, la participation des agriculteurs aux progrès de l'industrie cotonnière pour améliorer la productivité de la culture du coton et la compétitivité des exportations de coton dans les pays africains, je n'examinerai pas ces questions ici. Toutefois, je souhaiterais seulement souligner que la FAO, l'institution spécialisée du système des Nations Unies chargée de l'agriculture, a la capacité de fournir de l'assistance technique aux pays africains pour améliorer la productivité dans ce secteur. En effet, plusieurs projets visant à accroître l'efficacité de la production cotonnière sont en cours dans quelques pays africains producteurs de coton.

Il est essentiel pour créer/développer les secteurs des textiles et vêtements dans les pays africains d'améliorer la compétitivité de leur industrie sur les marchés mondiaux des textiles et vêtements. Il ne fait aucun doute que les marchés mondiaux des textiles et vêtements sont très concurrentiels. Avec la mise en œuvre de l'ATV et l'accession de la Chine à l'OMC, la concurrence s'est fortement intensifiée. Alors que les pays comme la Chine, l'Inde et le Pakistan, où la main-d'œuvre est abondante et les salaires peu élevés, et où les secteurs des textiles et vêtements sont bien établis, sont très compétitifs sur les marchés mondiaux, les pays africains ont leurs propres atouts. Dans le commerce mondial des textiles et vêtements, la compétitivité réside dans bien des aspects et pas seulement dans le coût de la main-d'œuvre. Du point de vue des importateurs, les avantages comparatifs dans l'industrie des textiles et vêtements consistent en de nombreux aspects, dont les délais, l'échelle, la qualité, le service et la stabilité et pas seulement le bas niveau des prix.

Ainsi, pour améliorer la compétitivité dans les exportations mondiales de textiles et de vêtements, il faudrait adopter une stratégie systématique.

Les pays africains, en particulier ceux qui disposent de matières premières abondantes, devraient prendre des mesures concrètes pour améliorer leur compétitivité sur les marchés mondiaux des textiles et des vêtements pour tirer avantage de la libéralisation du commerce de ces produits, car disposer des matières premières est important pour assurer la livraison du produit en temps voulu.

Dans l'histoire du commerce des textiles, l'émergence de nouveaux exportateurs compétitifs évinçant les anciens gros exportateurs a été un processus continu au cours des dernières décennies. Le Japon était le premier exportateur mondial de textiles et de vêtements dans les années 50, mais il a été remplacé par plusieurs autres pays et régions de l'Asie de l'Est dans les années 60. Dans les années 80, la Chine, l'Inde et le Pakistan sont devenus les principaux exportateurs du monde.

Pour terminer, les exportations de coton ont constitué pratiquement l'unique source de recettes d'exportation du secteur agricole pour quelques pays africains producteurs de coton. Étant donné que le cours mondial du coton est en baisse depuis fort longtemps et que le marché est volatil, ces pays devraient prendre, outre des mesures de gestion du risque, des mesures pour diversifier leurs sources de recettes d'exportation. Le fait de dépendre de manière excessive des exportations d'un seul produit de base rend les recettes d'exportation vulnérables face aux fluctuations du marché. Le développement d'une industrie textile permettrait une certaine diversification des recettes d'exportation tout en procurant aussi les avantages d'une activité à valeur ajoutée.

Conclusion

La production et le commerce du coton ont joué un rôle important dans le développement des économies nationales, en générant des recettes d'exportation, en couvrant le coût des importations de produits alimentaires et en créant des emplois dans les pays africains producteurs de coton, ce qui a largement contribué à la sécurité alimentaire de ces pays. Dans la perspective du développement, ces pays sont confrontés à des problèmes importants faisant obstacle à la prospérité à long terme de leur industrie cotonnière. Pour résoudre ces problèmes, ces pays devraient s'employer à améliorer la productivité de la production cotonnière, à créer ou développer leurs secteurs des textiles et vêtements, et à diversifier leurs recettes d'exportation.

Tableau 1. Augmentation de la production et des exportations de coton en Afrique de l'Ouest

Tableau 2. Importance du coton pour le PIB

Valeur de la production de coton Part de la valeur du coton dans le PIB Pays

Note: Les valeurs du coton sont estimées sur la base de la valeur unitaire moyenne à l'exportation de chaque pays.

Source: FAOSTAT, FMI et autres estimations de l'auteur.

Tableau 3. Contribution du coton au total des recettes d'exportation de produits agricoles

Tableau 4. Contribution à la couverture du coût des importations de produits alimentaires

Pays Valeur des

Tableau 5. Contribution de l'emploi dans la production de coton au total de l'emploi

Pays Emploi directement lié à la production de coton cotonnière dans le total de la

population active

1 Les grosses exploitations ne sont pas incluses.

Source: FAOSTAT et estimations de l'auteur.

Tableau 6. Variation de la production et du rendement cotonniers de certains pays africains Production Surface

Tableau 7. Productivité par rapport au monde

Pays Rendement moyen

1988-1992 (kg/ha)

Rendement moyen 1988-1992

(kg/ha)

Accroissement du rendement

(%)

Monde 550 578 5,1

Australie 1 455 1 550 6,5

Afrique de l'Ouest 366 392 7,3

Bénin 490 400 -18,3

Burkina Faso 369 422 14,6

Côte d'Ivoire 561 549 -2,1

Ghana 356 368 3,4

Guinée 538 534 -0,6

Mali 564 411 -27,1

Nigéria 173 270 56,4

Sénégal 416 300 -27,9

Togo 466 369 -20,7

Tchad 266 218 -17,9

Zimbabwe 298 301 1,2

Autres pays d'Afrique 362 361 -0,4

Tableau 8. Valeur des exportations mondiales de coton, de textiles et de vêtements en 2002

Unité: milliards de dollars EU Monde

Valeur des exportations

Afrique Valeur

Part dans le monde (%)

Coton 5,93 1,2 20,24

Textiles 152 3,2 2,11

Vêtements 201 1,15 0,57

Valeur du coton par rapport à la valeur totale des textiles et des vêtements 1,68 Source: Textile Asia, novembre 2003 et estimations de l'auteur.

Tableau 9. Bénin, balance commerciale des textiles de coton en 2002

Quantité exportée (tonnes)

Quantité importée (tonnes)

Balance commerciale

(tonnes)

Valeur exportée (Millions de $EU)

Valeur importée (Millions de $EU)

Balance commerciale

(Millions de $EU)

Total 221 7 129 -6 909 7 54 -48 Fil de coton 0 0,5 0 0 0 0 Tissus de coton 196 6 116 -5 920 7 48 -41 Vêtements en coton 7 780 -773 0 5 -5 Coton, autres produits

manufacturés

18 233 -215 0 1 -1

Source: Estimations de l'auteur sur la base de la bande d'enregistrement des données des pays de FAOSTAT.

Importance de la production et du commerce du coton et stratégies visant à renforcer la contribution de ce produit à l'économie

et la sécurité alimentaire en Afrique Shangnan Shui

Division des produits et du commerce international, FAO

Expansion rapide de la production et du commerce du coton en Afrique de l'Ouest

Pays Production

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