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METAMEMOIRE AUPRES DE SUJETS DYSEXECUTIFS

BADS 6 / MCST SET

6. E XPERIENCE 2d : C OMPARAISON ENTRE LES DIVERSES MESURES DE METAMEMOIRE

6.1. Procédure

Dans l’expérience 2d, nous avons vérifié les liens entretenus entre nos différentes mesures métamnésiques.

Le modèle de Nelson et Narens (1990) suggère un lien spécifique entre le niveau cognitif (object-level) et le niveau métacognitif (meta-level) et ainsi une relation dynamique entre monitoring et control (monitoring-affects-control hypothesis, Nelson & Leonesio, 1988). Quant à Koriat et al. (2006), ils postulent l’existence de deux relations possibles entre monitoring et control, la première (« Story One ») soutient l’idée que les processus de monitoring précèdent la mise en place de mécanismes de control (Koriat & Goldsmith, 1996 ; Nelson, 1996), la seconde (« Story Two ») postule l’idée inverse, à savoir que les processus de control précèdent ceux de monitoring. Même si l'objet de notre étude n'est pas d'analyser l'ordre d'implication de ces mécanismes, ces hypothèses de travail témoigent d’un lien entre processus de monitoring et de control. Cependant, Leonesio et Nelson (1990) précisent que les mesures de métamémoire n’évaluent pas les mêmes phénomènes métamnésiques. C’est d’ailleurs ce que nous avons déjà trouvé dans notre étude préliminaire (Expérience 1). Nous allons ainsi juger de ces phénomènes dans cette expérience et essayer de vérifier les liens ou l’absence de liens entretenus entre ces mesures.

L’hypothèse principale que nous souhaitons examiner peut être résumée de la manière suivante :

Les différents paradigmes métamnésiques ne sont pas tous liés les uns aux autres, qu’ils évaluent les mêmes processus métamnésiques ou non (monitoring ou control).

Nous avons donc procédé à des analyses corrélationnelles unidirectionnelles qui apparaissent dans le tableau 6.11. Pour cela nous avons conservé les 8 mesures de monitoring

qui étaient suffisamment discriminantes entre nos 2 groupes de sujets et nous avons fait le choix d’ajouter d’autres indices (*) afin d’explorer l’influence de ces mesures sur les autres mesures exécutives et plus particulièrement ce qui relève de mesures de précision : l’indice de prédiction, l’indice de postdiction, le JOL moyen *, le JOL Gamma, le JOL Hamman *, le JOL absolu, le FOK moyen, le FOK absolu, le FOK Gamma *, le FOK Hamman *, le SC rappelés * et le SC reconnus.

Afin d’évaluer les liens existants entre les mesures de control et les autres mesures de métamémoire, nous avons conservé les temps moyens et l’indice d’ajustement pour rendre compte de la mesure d’allocation du temps d’étude.

Par ailleurs, les mesures indépendantes ont été analysées à partir du score de QAM et du score total du MIA.

6.2. Résultats

Les résultats de ces analyses sont regroupés dans le tableau 6.11. Nous n’avons conservé dans ce tableau que les mesures qui présentaient des corrélations significatives. C’est pourquoi, le score de MIA, certaines mesures du JOL (indices Gamma et Hamman), du FOK (indices Gamma et Hamman), et la mesure du sentiment de confiance pour les mots rappelés n’apparaissent pas dans le tableau.

Ces résultats indiquent que toutes les mesures métamnésiques ne sont pas liées entre elles. Il existe cependant un certain nombre de liens, les principaux sont les suivants :

- En phase d’acquisition des informations en mémoire, certaines mesures de JOL et de

temps d’étude sont corrélées significativement.

- En phase de récupération des informations en mémoire, certaines mesures de FOK et

de sentiment de confiance sont significativement corrélées entre elles.

- Au niveau du monitoring, un certain nombre de mesures de prédiction sont liées entre

elles par contre, les mesures de précision ne sont pas corrélées significativement. - Les mesures indépendantes ne sont pas corrélées avec la plupart des mesures

Tableau 6.11 : Corrélations entre les scores métamnésiques.

Préd. Post. JOL FOK Sentiment de confiance Temps étude QAM Indice Indice Moy. Abs. Moy. Abs. R. Rec. Abs. Tps

ajust. Score Indice Pred. .58*** .78*** -.33* Indice Post. .58*** .41** .39* JOL Moy. .39* .54** .55** -.39* JOL Abs. .78*** .41** FOK Moy. .39* .62*** .36* .60*** FOK Abs. .62*** SC R. .36* SC Rec. -.33* .54** .60*** SC Abs. .55** Tps Ajust. -.39* QAM .39*

Note : Pred. = Prédiction ; Post. = Postdiction ; Abs. = précision absolue ; Moy. = Moyenne ; R. = Rappel ; Rec. = Reconnaissance ; Tps ajust. = Temps d’ajustement ; les données figurant dans le tableau correspondent aux coefficients de corrélation obtenus au test non paramétrique de Spearman ; * = p <.05 ; ** = p <.01 ; *** = p <.001.

6.3. Discussion

Dans cette étude nous souhaitions vérifier les liens entretenus entre les mesures de différents paradigmes métamnésiques, qu’ils soient proposés en phase d’acquisition ou de récupération de la mémoire, qu’ils analysent le processus de monitoring ou de control et enfin suivant leur mode de passation, à savoir comme mesure indépendante ou concourante. Pour cela nous avons procédé à des analyses corrélationnelles entre les diverses mesures proposées.

Nous n’avons pas retrouvé de travaux qui avaient mené ce type d’analyse auprès de patients cérébro-lésés frontaux, hormis l'étude que nous avons réalisée (Pinon et al., 2005) à partir des paradigmes de JOL et de jugement FOK sur l’indice Gamma. Nous n’avions alors retrouvé aucune corrélation significative entre ces deux mesures de précision.

Les données collectées laissent apparaître tout d’abord qu’aucun paradigme de métamémoire n’est lié avec tous les autres paradigmes et qu’aucune mesure n’est corrélée avec toutes les autres mesures évaluant le même paradigme métamnésique.

Ensuite, nous relevons un lien entre certaines mesures évaluant des paradigmes en phase d’acquisition et en phase de récupération des informations en mémoire. C’est ce qu'indique la corrélation significative entre l’indice d’ajustement du temps d’étude (mesure du control métamnésique) et la moyenne des JOL (mesure du monitoring métamnésique). Ainsi, nos patients se comportent de la même manière que des sujets sains, à savoir que le temps alloué au traitement des couples de mots est lié au jugement qu’ils font sur la réussite ou non d’un

rappel différé (Nelson & Leonesio, 1988 ; Mazzoni & Cornoldi, 1993 ; Dunlosky & Connor, 1997). Cependant, nous ne retrouvons pas de lien entre la précision des jugements d’apprentissage (indices de précision relative et absolue) et le temps moyen alloué aux couples de mots comme le suggéraient Son et Metcalfe (2000). Selon ces auteurs, les sujets sains régulent leur temps d’étude des items sur la base de leurs JOL, ils passent plus de temps à étudier les items associés à un faible JOL qu’à un fort JOL, nous ne retrouvons pas ce comportement chez les patients de notre étude.

En outre, dans l’analyse des mesures réalisées en phase de récupération, on relève un lien entre la moyenne des jugements FOK et le sentiment de confiance moyen pour les mots rappelés et reconnus, ces 2 types de mesures renvoyant à des données sur la prédiction des données accessibles en mémoire. Ces résultats nous apparaissent assez cohérents car plus les items semblent accessibles en mémoire (jugements FOK élevés) plus les patients sont sûrs de leurs réponses effectives. Nous ne retrouvons par contre pas de lien entre les mesures de précision dans ces paradigmes.

Pour ce qui concerne les mesures évaluant le processus de monitoring, certaines des mesures de prédiction sont liées entre elles, ce qui n’est pas le cas des mesures de précision. Ce qui signifie que le comportement de réponse des patients face aux informations à traiter est lié d’un paradigme métamnésique à l’autre alors que la qualité des réponses ne l’est pas. Par exemple, en ce qui concerne le JOL et le jugement FOK, plus les patients jugent un couple de mots difficile à apprendre, plus ils vont le juger difficile à reconnaître, mais la qualité de la réponse effective n’est pas liée entre un traitement métamnésique réalisé en phase d’encodage et en phase de récupération. Ces données sont compatibles avec les résultats de Leonesio et Nelson (1990). Pour ces auteurs, l’explication de l’absence de corrélation entre les mesures de précision de ces paradigmes suggère que le JOL et le jugement FOK n’évaluent pas les mêmes phénomènes métamnésiques. En outre, dans un même paradigme, évalué avec différentes mesures, nous ne retrouvons pas de corrélation significative, ces mesures étant sensées évaluer les mêmes processus. Ce questionnement fera l’objet de l’Expérience 4. Ces différents arguments tendent à confirmer notre hypothèse générale qui postulait que toutes les mesures évaluant un même processus métamnésique n’étaient pas liées entre elles. Les informations relatives aux mesures indépendantes confirment ce que nous avons déjà trouvé dans notre Expérience 1, à savoir que les mesures indépendantes ne sont pas liées aux mesures concourantes alors même qu’elles évaluent ce que l’on entend par métamémoire. Toutes ces données révèlent donc l’existence de liens entre certaines mesures métamnésiques. Cependant, il est impossible de généraliser à un fonctionnement unitaire et global de la métamémoire. Ces paradigmes évaluent des propriétés spécifiques mais différents de la

métamémoire. Dans la pathologie frontale, ces mesures ne sont pas toujours liées les unes avec les autres. Nous allons d’ailleurs vérifier ces données avec l’expérience 2e comme nous l’avons déjà fait dans notre expérience préliminaire (Expérience 1) en analysant la présence de profils spécifiques de dysfonctionnement au sein de la métamémoire.

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