• Aucun résultat trouvé

METAMEMOIRE ET FONCTIONNEMENT EXECUTIF

5. M ODELES CONJOINTS ENTRE METAMEMOIRE ET FONCTIONNEMENT EXECUTIF

Il existe de nombreux modèles explicatifs du fonctionnement ou du dysfonctionnement exécutif (voir Norman & Shallice, 1980 ; Stuss et Benson, 1986 ; Schacter, 1989 ; Shallice & Burgess, 1998…). Nous avons souhaité décrire, dans notre exposé, certains modèles intégrant un lien entre fonctionnement exécutif et conscience. C’est pourquoi nous avons choisi de n’aborder que les modèles de Stuss et Benson (1986), Stuss et Anderson (2004) et Schacter (1989).

5.1. Modèles de Stuss et Benson (1986) et Stuss et Anderson (2004)

Stuss & Benson (1986) ont proposé une organisation hiérarchique des fonctions cognitives où la conscience de soi, liée aux régions préfrontales, serait placée au plus haut niveau. Ils définissent par “self-awareness” ou “self-reflectiveness” la conscience de soi mais aussi la conscience de sa propre position dans le milieu social (c.f. Figure 3.1). Dans la revue de littérature faite par McGlynn & Schacter (1989) sur la conscience des troubles, on note que pour certains auteurs, le défaut de prise de conscience pourrait résulter de lésions des lobes temporaux, pariétaux et frontaux. En fonction de la zone touchée, l’altération de la conscience peut affecter électivement l’adaptation sociale et les relations interpersonnelles pour les

régions frontales, ou le schéma corporel pour la partie inférieure du lobe pariétal (Joseph, Aubin & Le Gall, 1995).

Pour des auteurs comme Stuss & Benson (1986), les lobes frontaux jouent un rôle de synthèse pour les informations en provenance des régions postérieures et basales du cerveau. Comprendre le rôle des lobes frontaux, dans une relation entre le cerveau et le comportement, nécessite le concept d’organisation cérébrale. Ils postulent l’existence de 2 unités complémentaires.

Une unité appelée Organised Integrated Fixed Functional Systems (OIFFS) qui serait localisée dans les régions basales postérieures. Elle concerne de nombreux systèmes fonctionnels communs à tous les sujets, organisés (en unités fonctionnelles subordonnées) et intégrés (les systèmes d’une même fonction sont interconnectés et les fonctions sont interactives) à la base du comportement : l’attention, l’alerte, les habiletés visuo-spatiales, les émotions, la mémoire, la perception, le langage, la motricité, la cognition. Ces systèmes interagissent avec les lobes frontaux.

L’autre unité est organisée en trois niveaux hiérarchiques et correspond aux systèmes fonctionnels frontaux :

- Le premier niveau est composé de 2 noyaux fonctionnels possédant pour l’un, un rôle

de séquençage, sériation et intégration qui permet de sélectionner les informations pertinentes, de les séquencer dans le temps, d’intégrer et de synthétiser diverses sources d’informations ; et pour l’autre, un rôle de motivation, volonté, initiative qui est responsable des comportements volitifs et pragmatiques, de la spontanéité et du désir.

- Le deuxième niveau est celui des fonctions exécutives, lesquelles interviennent quand

la tâche est nouvelle, non routinière. Il comprend les fonctions d’anticipation, de sélection des buts, de pré-planification et de surveillance du bon déroulement des activités.

- Le dernier niveau, la conscience de soi ou « self-awareness », la perception ou intuition de soi ou « self- reflectiveness » (Stuss & Benson, 1986 ; Stuss & Alexander, 2000), est considéré comme étant le plus haut attribut des lobes frontaux. Alexander, Benson et Stuss (1989) nomment ce niveau « self-analysis » pour décrire la capacité à réfléchir sur ce que les composants et processus cognitifs (relatifs aux niveaux inférieurs) signifient pour l’organisme. Dans la révision de ce modèle, Stuss et Anderson (2004) considèrent que ce niveau supérieur implique l'habilité métacognitive à utiliser sa propre expérience des états mentaux, de comportements, d'attitudes et d'expériences pour comprendre les états mentaux des autres (ce qui renvoie à la notion de théorie de l'esprit selon Siegal et Varley, 2002). Sans cette fonction, les auteurs précisent que le monde ne

peut pas être interprété correctement, ce qui peut engendrer des jugements sociaux erronés.

Figure 3.1 – Modèle de Stuss et Benson (1986)

Ce modèle des systèmes fonctionnels cérébraux est en adéquation avec la conception de O’Shea et al. (1994) selon laquelle, la métamémoire serait dissociée des capacités exécutives, elle ne reflèterait pas l’activité de la même composante au sein de l’architecture cognitive du sujet et serait en interrelation avec les fonctions exécutives qui lui seraient subordonnées. Selon ces auteurs, il faut faire une distinction entre les connaissances métamnésiques et les processus stratégiques de sélection et de contrôle de l’activité mnésique en cours.

5.2. Modèle de Schacter (1989)

Schacter (1989) propose un modèle explicatif (DICE, Dissociable Interactions and Conscious Experiences, voir figure 3.2) permettant de différencier les anosognosies pariétale et frontale. Ce modèle neuropsychologique suggère les rapports entre conscience de soi et système exécutif frontal. Les expériences conscientes de perception nécessitent l’activation de systèmes de réponses spécifiques. Ces systèmes sont en interaction avec les modules de connaissance lexicale, conceptuelle, perceptive, réflexive et mnésique. Ces modules sont reliés au C.A.S. (Conscious Awareness System), tous les 2 étant localisés dans les lobes pariétaux inférieurs. Le C.A.S. est également connecté au système exécutif. Des lésions à des niveaux différents sont à l’origine de tableaux différents d’anosognosie. L’anosognosie est pariétale ou modulaire quand le C.A.S. ne reçoit plus les messages pathologiques des modules

de connaissances en état de dysfonctionnement. Il ne peut donc plus informer le système exécutif de ces erreurs qui, à son tour, ne peut pas en rendre compte aux systèmes de réponses. Dès lors, les réponses ne sont pas modifiées. Lorsque la connexion entre le C.A.S. et le système exécutif est atteinte ou quand le système exécutif est directement touché, l’anosognosie est frontale ou supra modulaire.

Figure 3.2 – Modèle DICE de Schacter (1989)

Documents relatifs