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3.3. Limites des mesures concourantes

3.3.4. Corrélations entre les différentes mesures concourantes

Dans cette partie, nous ne ferons pas un inventaire exhaustif des résultats obtenus dans les diverses études réalisées en métamémoire mais seulement un survol de ceux qui nous paraissent intéressant pour positionner notre questionnement.

Selon Leonesio et Nelson (1990), les mesures de JOL et de jugement FOK n’évaluent pas les mêmes phénomènes métamnésiques. En effet, ces auteurs n’ont pas mis en évidence de corrélation entre ces mesures. Selon eux, les distinctions théoriques relatives aux trois sortes de jugements de métamémoire (EOL, JOL, FOK) auraient été moins nécessaires si de solides effets avaient été rapportés, comme par exemple, si les jugements EOL avaient solidement déterminé le JOK (judgment-of-knowing) et/ou si le JOK avait solidement déterminé les jugements FOK.

Par ailleurs, des études ont été menées afin d’évaluer les liens entre les 2 composantes du processus métamnésique (monitoring et control). La première étude sur la question a été réalisée par Nelson et Leonesio (1988) ; elle avait pour objectif d’analyser les liens entre jugement EOL, FOK, et le temps d’étude ainsi que de vérifier que les processus de régulation (control) sont affectés par les processus de surveillance (monitoring). Les auteurs ont mis en évidence une corrélation significative entre les jugements EOL ou les jugements FOK et le temps d’étude. Pour ces auteurs, ce résultat signifie que plus un sujet estime un item comme difficile, plus il lui consacre du temps, que ce soit pour une tâche de mémoire épisodique (rappel libre, d’apprentissage de couples de mots) ou de mémoire sémantique (questions d’information générale). Ce résultat confirme l’hypothèse d’une influence, modérée, des processus de régulation sur les processus de surveillance ou contrôle. Dans une autre étude, Leonesio et Nelson (1990) se sont intéressés aux relations entre jugements EOL, jugement de connaissance ou estimation de la maîtrise d’un item (JOK) et jugement FOK. Les auteurs ont

trouvé des corrélations modérées entre ces trois types de jugements ; la corrélation avec EOL est supérieure pour le JOK par rapport au jugement FOK, parce que ce dernier est, selon les auteurs, plus éloigné de la période d’apprentissage. En raison de relations modérées, les auteurs estiment que ces jugements reposent sur une structure multidimensionnelle. En effet, il apparaît que le JOK ne se fonde pas uniquement sur la perception de la facilité d’apprentissage et que le jugement FOK se baserait plutôt sur le souvenir d’un apprentissage précédent.

Chez l’adulte, il a été montré que le temps d’étude employé lors de l’apprentissage est fonction du degré d’apprentissage estimé précédemment (JOL). Généralement, les items considérés comme mal appris (qui ont une plus faible chance d’être retrouvés) seront étudiés plus longuement (Mazzoni et Cornoldi, 1993 ; Mazzoni, 1999). En réalité, la relation entre monitoring et control est plus complexe et dépend à la fois des objectifs du sujet (maîtriser parfaitement le matériel à apprendre), de sa motivation (importance accordée aux informations) et des délais impartis pour l’apprentissage (Son et Metcalfe, 2000).

De même, les études sur le jugement FOK montrent qu’un fort sentiment de savoir s’accompagne d’une recherche en mémoire plus longue ; l’impression de connaître la réponse se présente donc comme un régulateur des efforts de recherche (Nelson et al., 1984) et possède une utilité fonctionnelle pour un rendement cognitif optimal (Miner et Reder, 1994).

En ce qui concerne la mémoire, comme le suggèrent Koriat et Goldsmith (1996) et Nelson (1996), la performance en mémoire dépend des processus métamnésiques de monitoring et de control. Un certain nombre d’études ont essayé de vérifier ces liens. Par ailleurs, selon plusieurs auteurs, le contrôle métacognitif peut être lié à sa propre connaissance de la performance mnésique. En particulier, un certain nombre d’éléments indique que les jugements métacognitifs, utilisés pour évaluer la connaissance du sujet de sa performance mnésique (JOL et FOK), influencent la stratégie suivante d’allocation du temps d’étude, suggérant que le contrôle métacognitif puisse dépendre de la difficulté objective de l’item (Nelson & Leonesio, 1988 ; Mazzoni & Cornoldi, 1993 ; Dunlosky & Connor, 1997).

De plus, la sélection de stratégies et la modification de celles-ci peuvent être déterminées par la perception de la difficulté de la tâche. Mazzoni et Cornoldi (1993) ont montré que les sujets étaient capables de différencier leur stratégie d’allocation du temps en relation avec les différentes tâches. Ils ont observé que le temps global d'étude utilisé était, en général, plus faible pour le test de reconnaissance que pour le test de rappel. Le même type de résultat a été observé par Murphy, Schmitt, Caruso et Sanders (1987) et prolongé à la

répétition d’items. Dans cette étude, les sujets se sont avérés étudier plus longtemps et se préparer plus quand la difficulté augmentait.

Par ailleurs, des études ont montré que la précision du JOL n’est pas influencée par la longueur du temps d’étude (Nelson & Dunlosky, 1994 ; Nelson & Dunlosky, 1991).

Dixon et Hertzog (1988) ont avancé ce même état lorsqu’il est question des liens entre mémoire et métamémoire. Pour ces auteurs, ces processus ne seraient peut-être pas unitaires, mais ils seraient plutôt multidimensionnels et le pattern de résultats dépendrait ainsi des indicateurs choisis pour mesurer l’une ou l’autre.

L’hypothèse selon laquelle la métamémoire aiderait à comprendre le fonctionnement mnésique n’est pas confirmée, puisque quand des liens sont mis en évidence statistiquement, ils sont modérés. De plus, les études ne font pas apparaître de résultats cohérents.

Cavanaugh et Perlmutter (1982) proposent plusieurs explications à la faiblesse des corrélations trouvées :

- un premier problème méthodologique est lié au fait que ces études incluent une seule

mesure de métamémoire, habituellement un compte-rendu verbal.

- un second problème est lié au fait que la plupart de ces études examinent la relation sur une seule tâche mnésique.

Ces remarques ne sont plus tout à fait d’actualité car dans les études récentes, les auteurs tendent à diversifier non seulement les mesures de performance, mais aussi les mesures de métamémoire. Le problème qui se pose alors est la difficulté de reproductivité et de comparaison des études en raison de la diversité des méthodologies appliquées (questionnaires s’appliquant à l’auto-évaluation de la mémoire ou avec des questions multidimensionnelles reprenant les classifications de Flavell (1979) et mesures concourantes avec des modes d’évaluations différents) et ce en fonction de l'hypothèse expérimentale testée. Par ailleurs, le problème dépend aussi du choix des épreuves mnésiques utilisées investiguant tour à tour la mémoire épisodique (rappel libre, indicé, reconnaissance, encodage de couples de mots, encodage de listes de mots avec ou sans lien sémantique…) ou la mémoire sémantique. Ceci étant dit, un des problèmes de fond de la non reproductivité et des variations dans les résultats en métamémoire est la définition même qui est faite du concept de métamémoire dans ces études : « One unresolved issue is that the term « metamemory » is not consistently defined accross studies. » (Pannu et Kaszniak, 2005).

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