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3.1. Mesures indépendantes de la tâche

3.1.1. Des questionnaires

Il existe de nombreux questionnaires d’auto-évaluation de la mémoire (par exemple : Inventory of Memory Experiences de Herrman et Neisser, 1978 ; Memory Questionnaire de Perlmutter, 1978 ; Subjective Memory Questionnaire, de Bennett-Levy et Powell, 1980 ; Metamemory Questionnaire de Zelinski, Gilewski et Thompson, 1980 ; Cognitive Failure Questionnaire de Broadbent, Cooper, Fitzgerald et Parkes, 1982 ; Metamemory in Adulthood de Dixon et Hultsch, 1983, 1984 ; Everyday Memory Questionnaire de Sunderland, Harris et Baddeley, 1983, 1984 ; Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire de Van der Linden, Wyns, Coyette, von Frenckell & Seron, 1989), mais nous avons choisi de n’en présenter que trois dans un soucis de concision. En effet, nous serons amenés à faire référence à certains de ces outils dans le chapitre suivant de notre exposé lorsqu’il sera question des études réalisées auprès de patients cérébro-lésés.

Nous allons ainsi décrire plus longuement le Everyday Memory Questionnaire (EMQ) de Sunderland, Harris et Baddeley (1983, 1984), le Metamemory in Adulthood (MIA) de Dixon et Hultsch (1983, 1984) et le Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM) de Van der Linden et al. (1989).

3.1.1.1. Everyday Memory Questionnaire (EMQ)

Ce questionnaire a été conçu pour tester l’auto-évaluation des patients atteints de troubles de la mémoire. La version de 1984 comporte 27 items évalués sur une échelle de fréquence en 9 points. Dans une étude où Sunderland, Watts, Baddeley et Harris (1986) ont fait passer ce questionnaire à plusieurs reprises ainsi qu’une liste de contrôle sur les échecs mnésiques, les auteurs ont trouvé des corrélations significatives entre les différentes passations (de .31 à .57).

Le EMQ actuel comporte 35 items classés en 5 rubriques :

- Langage (13). Par exemple : « Oublier les noms de ses parents ou de ses amis ou le

appeler par un autre nom »,

- Lecture et écriture (4). Par exemple : « Oublier la signification de mots habituels », - Visages et lieux (6). Par exemple : « Oublier où vous avez rangé quelque chose.

- Actions (6). Par exemple : « Oublier de faire quelque chose d’habituel que vous faites normalement une ou deux fois par jours »,

- Apprentissage de nouvelles informations (6). Par exemple : « Oublier un rendez- vous ».

D’après la taxonomie de Flavell et Wellman (1977), ce questionnaire évalue la variable « sujets ».

3.1.1.2. Metamemory in Adulthood (MIA)

Le MIA est un questionnaire plus spécifiquement adapté au vieillissement. Il est composé de 120 items mesurant 8 dimensions métamnésiques. Nous décrirons dans notre exposé la version réduite de 76 items qui se compose de 7 dimensions. Lors d’une analyse en composante principale sur la version entière et sur la version abrégée, l’auteur a retrouvé les dimensions théoriques du MIA. Dans cette version réduite, la dimension « activités entretenant la mémoire » a disparu parce que considérée comme trop hétérogène.

Les dimensions abordées sont les suivantes :

- Stratégies : connaissance sur l’utilisation de stratégies mnésiques (14 items). Par exemple : « Ecrivez-vous vos rendez-vous sur un calendrier pour vous aider à les retenir ? » (stratégie externe), ou « Quand vous voulez retenir quelque chose, essayez-vous de le relier à quelque chose d’autre, en espérant que cela vous aidera à vous en rappeler plus tard ? » (stratégie interne),

- Tâches : connaissance des processus et tâches de mémoire (13). Par exemple : « Pour la plupart des gens, il est plus facile de se rappeler une information qu’ils ont besoin d’utiliser tout de suite qu’une information qu’ils n’utiliseront pas avant un bon bout de temps »,

- Capacités : connaissance de ses propres capacités (11). Par exemple : « Je me souviens bien des conversations que j’ai eues »,

- Changement : perception et évolution de sa mémoire (15). Par exemple : « Ma mémoire est aussi bonne qu’elle l’a toujours été »,

- Anxiété : mémoire et état d’anxiété (8) . Par exemple : « Je suis anxieux(euse) quand on me demande de me souvenir de quelque chose »,

- Motivation : importance de la réussite à une tâche (8). Par exemple : « C’est important pour moi d’avoir une bonne mémoire »,

- Locus : locus of contrôle dans les aptitudes mnésiques (7). Par exemple : « Aussi longtemps que j’exercerai ma mémoire, elle ne se détériorera pas ».

Il est demandé aux sujets d’estimer sur une échelle de Likert (1932) en 5 points la fréquence (de « jamais » à « toujours ») ou l’accord (de « fortement d’accord » à « vraiment pas d’accord ») de leur propre fonctionnement mnésique et de leur connaissance des processus mnésiques généraux.

Ce questionnaire a été traduit et étalonné par Baillargeon et Neault (1989) et par Boucheron (1995) sur des populations francophones. Il vise notamment à évaluer le degré de plainte et la perception du changement de la fonction mnésique chez les personnes âgées.

D’après la taxonomie de Flavell et Wellman (1977), ce questionnaire est l’un des plus riches existant actuellement car il évalue les variables « sujets », « tâches » et « stratégies ».

3.1.1.3. Questionnaire d’Auto-évaluation de la Mémoire (QAM)

Le QAM a été standardisé et utilisé pour déceler des troubles de mémoire dans différents types de situations de la vie courante. Il comporte 10 rubriques (64 questions) et utilise des échelles de fréquence d’oubli en 6 points (de “jamais” à “toujours”). Les domaines abordés sont les suivants :

- Conversations. Par exemple : « Avez-vous des difficultés à suivre le fil d’une conversation qui se déroule avec une seule personne parce que vous oubliez ce qui vient d’être dit ? »,

- Films et livres. Par exemple : « Avez-vous des difficultés à lire parce que vous oubliez au fur et à mesure ce que vous venez de lire, ce qui vous oblige à relire ? », - Distractions. Par exemple : « Oubliez-vous l’endroit où vous venez juste de déposer

un objet sans plus savoir ce que vous en avez fait ? »,

- Personnes. Par exemple : « Oubliez-vous le nom de personnes connues depuis longtemps et que, par ailleurs, vous fréquentez régulièrement ? »,

- Mode d’utilisation de certains objets. Par exemple : « Avez-vous des difficultés à vous souvenir du mode d’emploi de certains objets ? »,

- Evénements de l’actualité et certaines connaissances générales. Par exemple : « Avez-vous des difficultés à vous rappeler des événements de l’actualité récente ? »,

- Lieux. Par exemple : « Vous arrive-t-il de vous perdre dans des endroits connus depuis longtemps et que, par ailleurs, vous fréquentez régulièrement ? »,

- Actions à effectuer. Par exemple : « Oubliez-vous de faire quelque chose que vous

- Faits relatifs à la vie personnelle. Par exemple : « Oubliez-vous des événements vécus personnellement il y a quelques années ? »,

- Facteurs déclenchant. Par exemple : « Avez-vous davantage de difficultés à apprendre quelque chose lorsque vous êtes fatigué ? ».

De plus, 2 évaluations générales (« Pensez-vous avoir des problèmes de mémoire dans la vie quotidienne ? ») sont proposées en début et fin de questionnaires.

Le protocole comprend un exemplaire pour le patient (auto-évaluation) et un autre pour une tierce personne proche du patient (hétéro-évaluation).

Ce questionnaire permet d'apprécier la conscience des troubles mnésiques et de juger de la présence et de l’importance de l’anosognosie. En effet, les résultats d’un patient pourront être comparés à ceux fournis par un proche ou par un tiers (personnel soignant ou encadrant) (Van der Linden et al. 1989). Van der Linden, Philippot et Heinen (1997) ont effectué une analyse en composante principale qui a permis de mettre en évidence un facteur général expliquant 68% de la variance.

D’après la taxonomie de Flavell et Wellman (1977), ce questionnaire évalue la variable « sujets ».

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