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3.3. Limites des mesures concourantes

3.3.1. Les conditions de validité des jugements

Certains phénomènes ont été identifiés comme déterminants de la validité des jugements de métamémoire. Ces facteurs tiennent essentiellement à la méthodologie utilisée, au matériel considéré, et aux types de jugements effectués par les sujets (pour revue voir Combe- Pangaud, 2001).

Le nombre de choix de réponses possibles d’un test influence l’exactitude des jugements : en effet, plus il y a de choix de réponses (le cas extrême est le rappel libre), plus les relations entre jugements et performances sont élevées. Ce résultat provient de la probabilité moins grande de trouver la bonne réponse par le simple fait du hasard et n’est pas nécessairement lié aux mécanismes métacognitifs sous-jacents.

Les corrélations entre jugements et performances peuvent être diminuées s’il existe peu de variabilité dans les réponses individuelles (restricted range) dans l’une ou l’autre mesure. Par exemple, si tous les items testés sont faciles (réussis par la plupart des sujets – e.g., un test de reconnaissance dans lequel les distracteurs seraient totalement éloignés du domaine de la question), la faible variabilité dans la performance aboutira à un manque de validité des jugements, même si ces derniers permettent de différencier les items en terme de sentiment de savoir. Le problème majeur de ce phénomène réside dans la possibilité d’attribuer une différence d’exactitude de la métamémoire alors que les faibles corrélations viennent simplement d’une répartition différente des réponses individuelles dans les 2 groupes.

Les jugements relatifs (classement des différents items en terme de FOK, Nelson & Narens, 1990) sont plus exacts que les jugements absolus (utilisation d’une même échelle de jugement pour chaque item, Krinsky & Nelson, 1985).

Le type de matériel utilisé pour les mesures de jugement et de performance peut également donner lieu à des différences d’exactitude. Leur homogénéité et leur difficulté normative sont des variables particulièrement déterminantes pour la validité des jugements. Des ensembles plus homogènes donneront lieu à des corrélations jugement / performance plus faibles. Koriat (1995) montre que le niveau de FOK dépend de l’accessibilité des informations partielles liées à la cible, indépendamment de leur exactitude (i.e., les questions qui activent un grand nombre de réponses en rappel, vraies ou fausses, donnent lieu à des jugements de FOK plus élevés) ; toutefois, la validité du jugement dépend essentiellement de l’exactitude de ces réponses (i.e., les corrélations entre jugement et performance sont fortes et positives pour les items qui précipitent essentiellement des réponses exactes lors du rappel et sont nulles ou négatives pour les items qui induisent beaucoup d’erreurs de réponses).

Les résultats d’exactitude seront différents selon que le sujet doit émettre ses jugements sur l’ensemble des items présentés ou uniquement sur les erreurs d’omission et les mauvaises réponses (erreur de type fausses alarmes) ; Izaute, Larochelle, Morency et Tiberghien (1996) plaident pour une plus grande validité des jugements sur l’ensemble des items présentés. En outre, si les sujets savent qu’ils doivent émettre leurs jugements uniquement sur des réponses erronées ou absentes lors du rappel, les coefficients d’exactitude sont plus élevés que dans le

cas où ils émettent leur jugement sur tous les items et que l’on ne considère que les réponses erronées dans le calcul du coefficient. Les informations fournies au sujet sur la nature du test futur et sur la procédure expérimentale influencent ainsi leurs stratégies de réponse.

Les jugements subjectifs sont plus valides lorsqu’ils sont émis après la production d’une réponse mnésique qu’avant ; la certitude est mieux corrélée à la performance que le jugement FOK (Costermans, Lories et Ansay, 1992 ; Izaute et al., 1996). Les sujets disposent en effet de plus d’informations pour juger l’exactitude de leurs réponses dans le premier cas. Ils sont plus enclins à des inférences lors d’un jugement d’anticipation de la performance (par exemple, prédire la performance en fonction de ce qu’ils devraient savoir plutôt que de ce qu’ils savent réellement).

Le jugement d’apprentissage (JOL) est plus exact lorsqu’il est différé plutôt que juste postérieur à la présentation du matériel à retenir (Nelson et Dunlosky, 1991). Les sujets doivent juger leur degré de connaissance après une phase d’apprentissage de paires de mots, le jugement étant effectué à partir du premier mot de chaque paire. Dunlosky et Nelson (1997) montrent que l’explication de cet effet en terme de « transfer-appropriate-monitoring » (ressemblance entre l’indice donné au moment du JOL et l’indice donné au moment du test) ne tient pas. En effet, lorsque le test est un test de reconnaissance des paires de mots présentées (les leurres sont des paires avec le même indice et une cible issue d’autres items présentés), l’effet du JOL différé est plus fort lorsqu’il est émis face à l’indice seul que face à la paire d’items à retenir ; l’exactitude est donc meilleure malgré la différence de contexte. Le JOL différé réalisé sur le stimulus seul est plus exact car les sujets retrouvent ou non les cibles associées, ce qui est un bon prédicteur de la performance future. Dans ce cas, le JOL ressemble plus à un jugement de confiance sur la performance qu’à un jugement de prédiction (les évaluateurs utilisent davantage les extrêmes de l’échelle).

Les jugements d’apprentissage ne prennent pas en compte les indices que Koriat (1997) qualifie d’extrinsèques (propres aux situations d’apprentissage) mais privilégient les indices intrinsèques (propres au matériel) et internes (propres aux mécanismes cognitifs du sujet). Aussi, les jugements sont-ils moins exacts (résolution moins bonne) lorsque les conditions expérimentales font varier des facteurs extrinsèques, qui ont une influence globale sur la performance en affectant moins les jugements. De plus, les jugements sont plus exacts lorsqu’ils reposent sur des indices internes, reflets de l’expérience passée (voir Koriat, 1997) : JOL différé, évaluation de la certitude…

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