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4.2 Les applications de lecture

4.2.2 XLibris

XLibris propose un dispositif de lecture de contenus num´eriques compos´e d’une ardoise ´electronique et d’un logiciel d´edi´e (cf. figure 4.5). Le but des tra-vaux du Fuji Xerox Palo Alto Laboratory (FXPAL), groupe `a l’origine de XLibris, n’est pas de remplacer le papier mais d’offrir une alternative plus efficace que le couplage papier et num´erique mobilis´e dans le cadre de lectures intensives et exploratives altern´ees (Price, Golovchinsky & Schilit 1998). `A ce titre, XLibris peut ˆetre aliment´e par des contenus en provenance de ces deux supports : les pa-piers sont num´eris´es et les versions ´electroniques sont transform´ees dans le format

Figure 4.4 – Digital Editions offre un affichage en double page mimant le livre papier.

XLibris grˆace `a une imprimante fictive. Il s’agit bien pour FXPAL de s’attaquer `a la pratique du search & print4

. XLibris a pour objectif d’assurer une lecture continue, sans interruptions dues `a une attente d’impression ou `a la n´ecessit´e de quitter une page papier pour effectuer une recherche sur un ordinateur. L’inclu-sion des annotations dans le support num´erique permet d’exploiter ces traces de lecture pour proposer des aides `a l’utilisateur, ce qui se concr´etise pour le proto-type de FXPAL par la g´en´eration automatique de liens vers les contenus archiv´es sur l’ardoise ´electronique.

La m´etaphore choisie par FXPAL pour son dispositif de lecture est celle du papier. L’utilisation d’une ardoise ´electronique permet de simuler l’espace d’une page et l’application associ´ee propose un affichage du contenu avec une progres-sion page par page, sans barres de d´efilement. L’id´ee sous-jacente est que la page donne une unit´e de d´ecoupage utile pour l’indexation personnelle et la navigation du lecteur (Schilit, Golovchinsky & Price 1998). En pr´eservant une repr´esenta-tion de cette unit´e dans un support ´electronique, le rep´erage du lecteur devrait en ˆetre facilit´e, aid´e par sa m´emoire visuelle. De plus, l’ardoise est tenue par le lecteur, qui peut choisir la distance `a laquelle il la place, l’orientation de l’´ecran par rapport `a la luminosit´e de son environnement et surtout qui peut ´ecrire ses 4. Cherchez et imprimez, r´ef´erence aux pratiques de lecture consistant `a alterner des phases de recherche dont les contenus seront imprim´es pour une lecture approfondie ult´erieure qui pourra g´en´erer `a leur tour des nouvelles recherches, etc.

Figure4.5 – Le dispositif XLibris, combinant un software et un hardware d´edi´es `a la lecture.

annotations directement dans la page avec un stylet. Cette approche permet `a la lecture de contenus num´eriques d’ˆetre un mouvement du corps, sans ´egaler le livre mais n´eanmoins en offrant plus d’implication corporelle du lecteur que le duo ´ecran et souris. Les annotations libres sur toute la page sont assur´ees par un format de fichier propri´etaire qui associe `a chaque page de contenu son texte et sa repr´esentation graphique. Le lecteur peut ainsi surligner, entourer, barrer, dessiner, etc. et le logiciel identifie les portions de texte concern´ees `a partir des coordonn´ees des dessins sur l’image de la page. Grˆace `a cela, la machine peut exploiter le contexte d’une annotation pour assister le lecteur. XLibris propose ainsi (Golovchinsky et al. 1999) :

– Des liens de lectures d’approfondissement propos´es en marge : l’application formule des requˆetes automatiquement `a partir des fragments de texte af-fect´es par une annotation. Si parmi les contenus stock´es dans la machine par le lecteur un autre texte satisfait la requˆete, il est propos´e en marge `a cˆot´e de l’annotation (sous forme de vignette). Seul le texte le plus perti-nent par rapport `a la requˆete est propos´e. Cette fonctionnalit´e vise `a pro-duire un hypertexte adapt´e aux int´erˆets du lecteur et `a lui permettre des d´ecouvertes fortuites dans un corpus documentaire comme c’est le cas lors-qu’on d´ecouvre un ouvrage dans une biblioth`eque alors que l’on cherchait un autre5

.

– Des listes de r´ef´erences en fin de texte : comme les r´ef´erences bibliogra-phiques en fin d’article, XLibris va proposer un ensemble de r´ef´erences en utilisant l’ensemble des annotations du lecteur pour interroger la base do-cumentaire disponible dans le dispositif. Cette liste est dynamique et refl`ete les int´erˆets du lecteur.

– Des navigations transversales des annotations similaires : le logiciel XLibris reconnaˆıt les annotations similaires, grˆace `a des algorithmes de reconnais-sance de formes appliqu´es aux symboles manuscrits, et permet de naviguer `a partir de l’une d’entre-elles vers toutes les autres occurrences.

– Des parcours transversaux des annotations : l’´ecran propose la succession des annotations avec leurs contextes, c’est-`a-dire le texte environnant leur point d’ancrage (cf. figure 4.6). Cette fonctionnalit´e vise `a proposer une alternative `a un cahier de notes synth´etiques o`u le lecteur consignerait les id´ees et commentaires au fil de ses lectures.

Figure 4.6 – Vue synth´etique des annotations sur un contenu dans XLibris.

Le choix de la m´etaphore du papier par XLibris est renforc´e par une interface minimaliste, qui vise `a effacer le syst`eme informatique aux yeux de l’utilisateur. La totalit´e de l’espace d’affichage est utilis´e par la page, sur laquelle se superposent quelques indices de navigation (la pr´esence de liens contextuels, signal´es par une vignette de la page vers laquelle ils pointent, et un indicateur de progression) et un menu ´epur´e dans la partie inf´erieure de l’´ecran. Ce dernier donne acc`es aux outils d’annotations (choix des couleurs d’«encre», gomme, etc.) et aux diff´erentes vues propos´ees par le logiciel (en plus des vues synth´etiques des annotations, une vue de l’ensemble des pages d’un contenu ainsi qu’une vue de l’ensemble de contenus pr´esents dans le dispositif sont propos´ees (cf. figures 4.7 et4.8).

XLibris propose in fine un dispositif qui mime les affordances d’une page de papier dans le but de proposer une lecture active sur support num´erique sans aucun apprentissage. Mais, alors que l’ambition du dispositif est de stimuler la lecture d’un corpus sur un support num´erique, il est n´eanmoins dommage que la m´etaphore de la page ´eclipse celles du bureau ou du dossier, utilis´ees par les syst`emes d’exploitation pour l’organisation des fichiers composant le corpus par exemple. La simple liste `a plat des contenus (cf. figure 4.8), ne donne aucune structuration `a l’ensemble et ne b´en´eficie pas de la fonctionnalit´e, pourtant

so-Figure 4.7 – Affichage de l’ensemble des pages d’un contenu dans XLibris (les annotations sont visibles sur les vignettes).

Figure 4.8 – Affichage de l’ensemble de contenus disponibles sur l’ardoise ´e-lectronique. L’effet d’ombre est proportionnel au nombre de pages de chaque contenu.

phistiqu´ee, de cr´eation de liens hypertextes automatique. Le lecteur est contraint `a rester le nez dans la page.