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5.3 Annotations

5.3.1 Mod`ele d’annotations

Une annotation est d´efinie comme une production d’un lecteur qui vient se superposer au contenu original d’un document, sans se m´elanger `a celui-ci (Bringay, Barry & Charlet 2004). C’est-`a-dire qu’une annotation ne fait pas par-tie du contenu, mˆeme si l’histoire est riche en exemples d’annotations dont le statut a ´evolu´e avec le temps. Les gloses des canons m´edi´evaux, par exemple, ont souvent ´et´e progressivement int´egr´ees au contenu au fil des copies. C’est par cons´equent un moyen pour le lecteur de rendre explicite son interpr´etation d’un contenu ou de faciliter celle-ci3

. L’emplacement de l’annotation dans le contenu est g´en´eralement significatif car il fournit le contexte permettant de la rendre intelligible. Alors que pour le papier il ´etait de facto spatial, dans un contexte num´erique l’emplacement peut ˆetre identifi´e aussi d’apr`es la structure logique du contenu. Lorsqu’il est identifi´e d’apr`es la structure spatiale de la mise en forme du contenu, il est imp´eratif de s’assurer que cette derni`ere soit constante (au risque de perdre tout contexte suite au redimensionnement d’une fenˆetre par exemple). Enfin, le rapport entre la production du lecteur et le contenu peut ˆetre explicit´e. Le standard Annotea par exemple, pr´esent´e dans le chapitre pr´ec´edent, propose une typologie `a cette fin. Nous proposons in fine la d´efinition suivante pour les annotations :

D´efinition

Nous appellerons annotation la production par le lecteur d’une ressource docu-mentaire (un texte, un dessin, un enregistrement vocal, etc.), contextualis´ee dans le contenu de mani`ere structurelle et/ou spatiale et dont la relation au contenu peut ˆetre implicite ou explicite.

Telle quelle, cette d´efinition est assez conventionnelle puisqu’elle est compa-tible avec nombreux travaux sur les annotations ((Bringay et al. 2004), (Wolfe 2002), (Bargeron et al. 2001)). Nous allons toutefois pr´eciser notre position sur la contextualisation des annotations, pour laquelle notre objectif de travail,

tr´e sur la notion de dossier plutˆot que de document, nous impose un mod`ele d’annotation nouveau.

Contextualisation

La contextualisation d’une annotation est, comme nous le r´ev`ele le chapitre pr´ec´edent, g´en´eralement abord´ee par les outils de lecture num´erique comme la d´efinition d’un point d’ancrage unique, qu’il soit structurel, spatial ou les deux. Or la pratique de l’annotation sur papier ou `a l’encre ´electronique montre que les annotations peuvent avoir plusieurs contextes pour un mˆeme contenu (cf. fi-gure 5.1). C’est-`a-dire qu’une mˆeme annotation doit pouvoir r´ef´erer `a plusieurs endroits4

ou `a plusieurs structures du contenu pour pouvoir ˆetre correctement contextualis´ee. Cela correspond aux annotations poss´edant une ancre « multi-cibles» d’apr`es la typologie d´efinie par (Bringay 2006). Dans le cadre de notre dispositif de lecture, comme nous nous int´eressons `a l’herm´eneutique du dossier documentaire, nous proposons que cette pratique d’annotation puisse ˆetre ins-trument´ee entre les diff´erents contenus constituant le corpus d’´etude. Une mˆeme annotation, pour ˆetre contextualis´ee, devra pouvoir ˆetre mise en relation avec dif-f´erents endroits ou ´el´ements structurels de difdif-f´erents contenus. L’annotation du lecteur peut d`es lors op´erer soit sur un contenu pr´ecis, avec un contexte unique ou multiple, soit `a l’´echelle du dossier, avec plusieurs contextes dans des contenus diff´erents.

Relations, ancres et cibles

Avec la possibilit´e d’associer plusieurs contextes `a une mˆeme annotation, celle-ci peut jouer le rˆole d’articulation entre divers ´el´ements d’un mˆeme contenu ou de contenus diff´erents. Annoter devient un moyen pour que le lecteur r´eifie son travail d’interpr´etation ainsi que les relations que ce dernier fait ´emerger des contenus regroup´es dans le dossier. Cette pratique permet par cons´equent d’expliciter la rh´etorique du lecteur, i.e. la construction de son propre discours interpr´etatif. Nous proposons dans cet objectif que chaque annotation puisse ˆetre typ´ee par une relation qui explicite le rapport qu’entretient la production du lecteur avec le contenu d’origine. Mais la simple contextualisation d’une annotation ne nous paraˆıt pas suffisante pour assurer une utilisation des relations qui explicite le travail du lecteur. En effet, dans le cadre d’une typologie d’annotations comme celle propos´ee par le standard Annotea5

les diff´erents contextes d’une annotation 4. Nous utiliserons le terme endroit pour indiquer une position spatiale dans la repr´esentation graphique d’un contenu.

5. Pour rappel : conseil, modification, commentaire, exemple, explication, question et r´ef´e-rence.

auraient le mˆeme rˆole, ce n’est pas le cas pour les relations asym´etriques. Par exemple, si le lecteur d´ecide d’utiliser des relations discursives comme« justifica-tion», il doit pouvoir indiquer par son annotation qu’est-ce qu’une justification et de quoi (cf. la figure5.1pour des cas similaires). C’est `a dire qu’un ou plusieurs contextes vont jouer le rˆole de sujet et un ou plusieurs contextes vont jouer le rˆole de compl´ement. Cette diff´erence de rˆoles entre les contextes articul´es par une relation nous a amen´es `a proposer les distinctions suivantes dans notre mod`ele d’annotation :

– Support : ´el´ement structurel ou endroit o`u l’annotation est rattach´ee au contenu.

– Ancre : pour une relation asym´etrique avec plusieurs supports, ce sont ceux qui ont le rˆole de sujet.

– Cible : pour une relation asym´etrique avec plusieurs supports, ce sont ceux qui ont le rˆole de compl´ement.

Figure5.1 – Un exemple d’annotations o`u des relations entre plusieurs segments d’un texte sont explicit´ees

La distinction faite entre ancre et cible permet ainsi au lecteur de mobiliser des relations asym´etriques pour l’explicitation de son travail herm´eneutique sur le dossier.

La figure 5.2 fournit une vue synth´etique du mod`ele d’annotations que nous proposons d’utiliser dans le cadre de nos travaux. Nous allons pr´eciser maintenant

les fonctionnalit´es qui devront ˆetre propos´ees par notre dispositif afin d’assurer l’op´erabilit´e de ce mod`ele.

Figure 5.2 – Le mod`ele d’annotation propos´e pour l’environnement num´erique de lecture