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3.4 La calculabilit´e

3.4.2 Ing´enierie documentaire

Alors que le calcul ouvre les portes `a la manipulation automatique de don-n´ees, le num´erique apporte ´egalement sa r´evolution ´economique avec des coˆuts de conception ´elev´es mais des coˆuts de production et de diffusion quasi-nuls. Cela va bousculer l’ing´enierie documentaire qui doit se d´etacher des paradigmes du support papier pour proposer des informatisations qui tirent profit des caract´e-ristiques du num´erique. Les pratiques ne sont pas stabilis´ees, mais ´etant donn´e les sp´ecificit´es du num´erique, la strat´egie adopt´ee par l’industrialisation du secteur consiste `a enrichir l’information `a la conception11

pour d´eriver un produit selon des gammes et des march´es. Dans un premier temps l’ing´enierie documentaire se concentre sur l’optimisation de la production documentaire. La distinction entre l’informatisation `a la conception et la d´eclinaison d’un produit en plusieurs gammes nous am`ene `a consid´erer deux familles de formats pour les contenus nu-m´eriques. Cette dichotomie correspond au principe de la s´eparation fond/forme. Il s’agit de rendre explicite la structuration logique des contenus num´eriques, rep´erant leurs ´el´ements constitutifs par leur rˆole ou signification. Par exemple, lorsqu’une phrase dans un texte est importante, plutˆot que de la mettre en ca-ract`eres gras on indique de mani`ere explicite qu’elle est importante (typiquement par un syst`eme de balisage comme le XML). Quand le texte devra ˆetre affich´e ou imprim´e, le syst`eme informatique appliquera une mise en forme automatique, affichant en gras tous les extraits de texte identifi´es comme importants. Cette d´emarche permet de passer d’un format sp´ecifique `a un support, o`u la pr´esenta-tion et l’informapr´esenta-tion sont confondues, `a un format g´en´erique, o`u la pr´esentation peut ˆetre calcul´ee a posteriori adaptant l’information au support sur lequel elle doit ˆetre exprim´ee. Prenons l’exemple d’un polycopi´e de cours : s’il est r´ealis´e sous forme num´erique en respectant le principe de la s´eparation fond/forme, son affichage `a l’´ecran peut ˆetre configur´e pour utiliser des polices de caract`ere de taille satisfaisante par rapport `a la r´esolution de l’´ecran et des polices de tailles diff´erentes peuvent ˆetre utilis´ees pour son impression. Nous avons ainsi, grˆace `a l’utilisation d’un format logique, la possibilit´e de projeter un mˆeme contenu sur diff´erents supports d’appropriation en adaptant sa pr´esentation aux sp´ecificit´es de chacun d’entre eux.

Mais les avantages d’un format logique ne se limitent pas au param´etrage de la pr´esentation, il permet ´egalement d’augmenter les possibilit´es de manipula-tion des contenus. Reprenons l’exemple du polycopi´e : afin de le rendre en partie consultable sur un t´el´ephone portable, une publication s´elective pourrait ˆetre ef-fectu´ee en ne conservant que les d´efinitions et th´eor`emes du cours. Cette version all´eg´ee du contenu serait d´eriv´ee automatiquement `a partir du format logique. Ces manipulations automatiques de la mise en forme et du contenu permettent

de mettre en œuvre une production documentaire de type multi-supports, i.e. plusieurs formats sont publi´es automatiquement `a partir d’un mˆeme format lo-gique utilis´e en production (cf. fig.3.4, un exemple de publication multi-supports de contenus p´edagogiques dans le cadre du projet SCENARIsup12

).

Figure 3.4 – Exemple de publication multi-supports d’apr`es un unique format logique de cr´eation.

Nous avons par cons´equent deux grandes cat´egories de formats pour les conte-nus num´eriques :

– Format de cr´eation : utilis´e en production pour la conception de contenus. Il r´eifie la structuration logique des contenus (leurs d´ecoupages en parties, qui ont des introductions, des chapitres. . .) et explicite le rˆole des ressources documentaires mobilis´ees (identifie un paragraphe comme une d´efinition, un exemple, un th´eor`eme. . .). Il n’est pas con¸cu pour ˆetre lu tel quel mais n´ecessite un traitement informatique qui lui associe une mise en forme : la publication. La figure 3.5 donne un exemple de contenu stock´e dans un format de cr´eation en XML. L’objectif de ce format est d’optimiser la manipulation des contenus.

– Format d’exploitation : destin´e aux utilisateurs finaux des contenus, il est lisible sans aucune manipulation suppl´ementaire (si ce n’est son ouverture 12. http://scenari.utc.fr/scenarisup/(derni`ere consultation : novembre 2007)

par une application cible tel un navigateur, lorsque applicable). Les formats num´eriques HTML, PDF ou encore RTF ainsi qu’une impression papier sont des formats d’exploitation. L’objectif de ces formats est d’optimiser l’uti-lisation des contenus. La figure 3.6 illustre une mise en forme possible du contenu pr´esent´e dans la figure3.5.

Figure 3.5 – Exemple de format de cr´eation d´ecrivant un contenu de mani`ere logique grˆace `a un langage XML.

La mise en place d’une logique de production documentaire avec des formats de cr´eation et de formats d’exploitation correspond au principe de chaˆıne ´edi-toriale. Il s’agit d’un dispositif technique et m´ethodologique d´evelopp´e dans un contexte de production documentaire industrielle,i.e.une production massive de contenus. Une chaˆıne ´editoriale int`egre les outils et m´ethodologies de production allant de la r´ealisation de mod`eles documentaires `a la production des contenus logiques les respectant et leur publication dans des formats d’exploitation. Les chaˆınes ´editoriales instrumentent la production des contenus num´eriques d’apr`es des mod`eles documentaires13

grˆace auxquels un contrˆole uniforme des contenus est assur´e et leur publication automatique est rationalis´ee. Les formats de cr´eation fournissent ainsi un contenu plus mall´eable, adressables en utilisant les mod`eles documentaires. Le format de cr´eation joue par cons´equent le rˆole de pivot : il n’est pas destin´e `a ˆetre lu tel quel mais `a ˆetre transform´e dans le format d’exploi-tation le plus appropri´e. La production d’un format d’exploid’exploi-tation `a partir d’un format de cr´eation est un processus partag´e pour tous les contenus respectant le mˆeme mod`ele documentaire, ce qui permet de r´eduire les efforts de maintenance 13. Qui peuvent ˆetre explicit´es grˆace `a des formalismes comme les DTD ou les sch´emas pour du XML.

Figure 3.6 – Exemple de format d’exploitation obtenu `a partir d’un format de cr´eation XML.

des contenus : lorsqu’un nouveau format d’exploitation doit ˆetre utilis´e, il suffit de cr´eer le processus de transformation correspondant et tous les contenus sont imm´ediatement utilisables dans ce format. De mˆeme, quand un contenu doit ˆetre mis `a jour, seul le format de cr´eation doit ˆetre chang´e, tous les autres formats ´etant automatiquement produits `a partir de celui-ci.

L’ing´enierie documentaire nous permet donc de faire une premi`ere distinction entre les formats possibles pour l’informatisation de contenus. D’une part nous avons les formats de cr´eation, qui explicitent l’organisation logique des contenus et, d’autre part, les formats d’exploitation. Ces derniers peuvent ˆetre obtenus par la manipulation automatique des premiers, ce que nous allons ´etudier plus en d´etail dans le point suivant.