• Aucun résultat trouvé

4.2 Les applications de lecture

4.2.1 Adobe Reader et le format PDF

Le Portable Document Format est un standard cr´ee par Adobe en 1993. Il est bas´e sur les travaux du Dr. Warnock (Warnock, McCoy, Cohn & Padgett 1997), cofondateur d’Adobe, qui propose `a la fois un format de fichier et un ensemble de logiciels pour assurer un acc`es `a l’identique `a tout contenu num´erique. Son ap-proche repose sur le standard PostScript, un langage de description de pages pour imprimantes propos´e lui aussi par Adobe et largement impl´ement´e dans l’indus-trie informatique. Il s’agit de combiner un sous-ensemble de ce langage avec des m´ecanismes d’inclusion de polices de caract`ere dans le fichier, afin que ce dernier contienne toutes les ressources n´ecessaires au rendu graphique du contenu. C’est ainsi que, quels que soient le syst`eme d’exploitation ou les p´eriph´eriques ´equipant un ordinateur, le fichier PDF permet d’obtenir un rendu identique. Cette parti-cularit´e va tout d’abord ˆetre exploit´ee comme un gage d’impression `a l’identique alors que l’interop´erabilit´e entre syst`emes n’est pas encore satisfaisante. Le PDF est dans un premier temps un format pour ce que l’on veut in fine imprimer. Cependant, la stabilit´e qu’offre le format est une qualit´e rare dans le paysage do-cumentaire num´erique et cette sp´ecificit´e va int´eresser les chaˆınes de production documentaire o`u un contrˆole du rendu et de l’acc`es `a des contenus est recherch´e. Les ´editeurs d’ouvrages litt´eraires mais aussi de revues scientifiques font partie des int´eress´es, ainsi que les administrations. Le PDF va ainsi proposer une alter-native `a la publication papier en offrant un vecteur de distribution de contenus num´eriques contrˆol´e par le cr´eateur d’un fichier. Les ´evolutions du format vont en ce sens, la version 1.7 du format d’Adobe permet de r´ealiser des formulaires, d’annoter, de commenter, de d´efinir des droits d’utilisation (DRM), cryptage, etc. tout en d´efinissant lors de la cr´eation du fichier les op´erations qui seront effectivement autoris´ees `a la lecture.

Avec plus de 200 millions de fichiers au format PDF en ligne1

, le succ`es du format PDF est ind´eniable. La strat´egie de distribution adopt´ee par Adobe, en offrant gratuitement un lecteur et en commercialisant les applications de produc-tion, a certainement particip´e `a cette r´eussite. Le PDF se pr´esente ainsi comme le format d’exploitation par excellence des publications ´edit´ees par une institution2

. La stabilit´e de ce format en fait un candidat pour l’´edition des livres ´electroniques, c’est pourquoi nous allons nous int´eresser aux fonctionnalit´es propos´ees par le lec-teur gratuit d’Adobe. Celui-ci, dans sa version 8.1, propose l’application la plus

1. D’apr`es www.adobe.com (juillet 2007).

2. Bien que beaucoup d’institutions continuent `a diffuser des contenus directement dans des formats de cr´eation, tel que le format de Microsoft Word.

aboutie pour la lecture de fichiers PDF. Comme tous les lecteurs de fichiers PDF, Adobe Reader propose un rendu du fichier sur des pages virtuelles. Le lecteur voit le contenu expos´e sur des pages tel qu’il serait imprim´e, avec la possibilit´e de zoomer ou d’ajuster l’affichage de la page pour augmenter le confort de lecture `a l’´ecran. Si le cr´eateur d’un fichier PDF l’a permis, le lecteur peut exploiter les fonctions d’annotation et de r´evision incluses dans le lecteur pour r´ealiser une lecture active (cf. figures4.1 et 4.2).

Figure 4.1 – Les fonctions d’annotation dans Adobe Reader 8.1...

Figure 4.2 – ...et la repr´esentation graphique d’une lecture active.

Nous avons par cons´equent, avec Adobe Reader 8, en termes de fonctionna-lit´e pour la lecture `a l’´ecran (en assumant que le fichier PDF offre un contenu satisfaisant notre d´efinition de document num´erique) :

– Lecture mono-document : un seul document est consid´er´e `a la fois. Le lec-teur peut certes en ouvrir plusieurs et le leclec-teur peut mˆeme effectuer des recherches sur tous les documents ouverts, mais chacun d’entre eux est consid´er´e ind´ependamment. Toutes les fonctions de lecture active ne s’ap-pliquent qu’au document en cours de lecture.

– Annotations : le lecteur dispose d’un ensemble riche de fonctionnalit´es d’an-notations lui permettant de dessiner sur le document, `a main libre ou avec des formes pr´ed´efinies, de surligner un texte et aussi d’ajouter des blocs avec des contenus textuels. L’ancrage de ces ´el´ements dans le document est spatial, tirant profit du codage de la page propre au format PDF. Le lec-teur ne peut pas r´ealiser une typologie de ses annotations si ce n’est par le contenu mˆeme de celles-ci. Enfin, les annotations portent toujours sur un document. Les annotations sont repr´esent´ees par une icˆone sur le document sur laquelle il faut cliquer pour qu’une fenˆetre pop-up apparaisse avec le contenu de l’annotation.

– R´evision : des fonctionnalit´es sont fournies par le reader afin de permettre un travail de relecture ou de r´evision, avec par exemple la possibilit´e de r´epondre `a des commentaires cr´ees par d’autres lecteurs et d’apporter des modifications au texte. Adobe propose ´egalement un service en ligne payant pour qu’`a partir du Reader un lecteur puisse se joindre `a une s´eance de r´e-vision d’un document avec plusieurs utilisateurs en synchrone.

Nous ne reviendrons pas sur les autres outils d´edi´es `a la visualisation de fichiers PDF, tous proches d’Adobe Reader sans r´eellement l’´egaler en termes de fonc-tionnalit´es. Par contre nous allons pr´esenter rapidement une nouvelle application d’Adobe destin´ee sp´ecifiquement aux livres ´electroniques : Digital Editions. Cette application, distribu´ee `a partir de juin 2007, se pr´esente comme un gestionnaire de biblioth`eque personnelle, regroupant l’ensemble des ouvrages ´electroniques dans une seule et mˆeme interface (4.3).

Digital Editions permet donc d’avoir une repr´esentation graphique d’un fonds documentaire – sa biblioth`eque personnelle de livres ´electroniques – et de dispo-ser d’une interface de lecture mimant encore plus le livre qu’Adobe Reader (cf. figure 4.4). Compar´e `a ce dernier, les fonctions d’annotation de Digital Editions sont en de¸c`a car seule une fonction marque-page est disponible. Celle-ci permet de s´electionner une partie du texte et d’y adjoindre un marque-page avec une ´etiquette d´efinie par le lecteur. Malgr´e la gestion d’une biblioth`eque personnelle, Digital Editions ne propose aucune fonction transversale tirant profit du regrou-pement des ouvrages dans un mˆeme logiciel. L’application se pr´esente au final comme une interface de lecture encore plus contrˆol´ee qu’Adobe Reader, r´epon-dant certainement `a la demande d’´editeurs d’applications verrouill´ees pour une distribution commerciale de livres ´electroniques.

Le PDF propose ainsi un format d’exploitation avec une stabilit´e satisfaisante pour la production d’alter ego num´eriques des documents administratifs, l’´edition d’ouvrages litt´eraires ou encore d’articles scientifiques. Sa forte popularit´e et sa reconnaissance par les dispositifs de lecture du type e-book en font un support pertinent pour l’´edition ´electronique. En 2000 par exemple, la version PDF du

Figure4.3 – Digital Editions est l’offre logicielle d’Adobe pour l’organisation et la gestion d’une collection de livres ´electroniques.

livre «Riding the Bullet» de Stephen King a ´et´e t´el´echarg´ee 400000 fois en 24 heures, totalisant plus de copies que les ventes de la version papier durant le premier jour de sa commercialisation3

. L’histoire ne nous dira pas si toutes ces copies ont ´et´e lues `a l’´ecran mais en tout cas l’exemple illustre l’acceptation du format par le grand public. Un inconv´enient majeur reste selon nous le blocage des fonctionnalit´es de lecture active d´etermin´e par le cr´eateur du fichier. Limiter la sauvegarde des traces de lecture uniquement au cas de la r´evision coupe court `a l’explicitation de la lecture faite `a l’´ecran.