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J USTIFICATION ET BUT DE LA COLONISATION

Dans le document La notion d'Indirect rule (Page 166-168)

Section I L A PRODUCTION ECRITE DU COUPLE L UGARD

A. J USTIFICATION ET BUT DE LA COLONISATION

Lugard défend tout d’abord l’idée de la colonisation, comme il l’avait déjà auparavant fait dans ses précédents ouvrages :

« We hold these countries because it is the genius of our race to colonise, to trade, and to govern. The task in which England is engaged in the tropics – alike in Africa and in the East – has become part of her tradition, and she has ever given of her best in the cause of liberty and civilisation. There will always be those who cry aloud that the task is being badly done, that it does not need doing, that we can get more profit by leaving others to do it, that it brings evil to subject races and breeds profiteers at home. These were not the principles which prompted our forefathers, and secured for us the place we hold in the world to-day in trust for those who shall come after us.253 »

Il estime donc que l’Angleterre se doit de diffuser ses idéaux de liberté et de civilisation dans le monde, et pointe également la possibilité de profit commercial pour appuyer sa démonstration.

252 LUGARD, Frederick, The dual mandate in British Tropical Africa, W. Blackwood and Sons, 1ère édition, 1922

253 LUGARD, Frederick, The dual mandate in British Tropical Africa, W. Blackwood and Sons, 3ème édition, 1926, p. 619: « Nous tenons ces pays car c’est le génie de notre race de coloniser, de commercer, et de gouverner. La tâche dans laquelle l’Angleterre est engagée dans les tropiques – que ce soit en Afrique ou en Asie – est devenue une part de ses traditions et elle a même fait de son mieux pour la cause de la liberté et le civilisation. Il y en aura toujours pour crier haut et fort que la tâche a été mal accomplie, qu’elle n’est pas nécessaire, que nous pouvons tirer davantage de profit de laisser les autres le faire, que ça apporte le mal d’assujettir des races et nourrir des profiteurs chez soi. Ce ne sont pas là les principes qui incitèrent nos ancêtres et sécurisèrent pour nous les endroits du monde dans lesquels nous bénéficions de confiance aujourd’hui pour ceux qui viendront après nous. »

Dans le premier chapitre de son livre, Lugard donne sa version des étapes par lesquelles le Nigeria s’est retrouvé inclus dans l’Empire Britannique254.

Lugard explique que, selon lui, la colonisation suppose une réciprocité d’intérêts entre le colonisateur et le colonisé :

« Let it be admitted at the outset that European brains, capital, and energy have not been, and never will be, expended in developing the resources of Africa from motives of pure philanthropy; that Europe is in Africa for the mutual benefit of her own industrial classes, and of the native races in their progress to a higher plane; that the benefit can be made reciprocal, and that it is the aim and desire of civilised administration to fulfil this dual mandate255. »

De même, pour Lugard, en raison de l'engouement pour les colonies, la Grande-Bretagne devait en posséder afin de demeurer un superpouvoir et ne pas passer pour faible. Il était donc vital que la Grande-Bretagne gagne le contrôle des territoires libres avant que l'Allemagne, l’Italie ou la France ne s'en saisissent, ainsi que des ressources :

« The vital importance of the control of the tropics for their economic value had, however already begun to be realised by the nations of Europe, and France, Germany and Italy, laying aside their ambitions in Europe, emerged as claimants for « colonies » in Africa.256 »

Il pointe également le fait qu’il existait une demande populaire en faveur de la colonisation, en dépit des réticences gouvernementales :

« The rulers of Great Britain were strongly opposed to extension of our country in Africa, but the popular demand left the Foreign Office no alternative. 257»

Il réalisa qu'il y avait de vastes profits à réaliser grâce à l'exportation de ressources telles que le caoutchouc, et via la taxation des populations locales, aussi bien en sa qualité d'importateur que celle d'exportateur. De plus, ces ressources, ainsi que le travail peu coûteux des autochtones (l'esclavage ayant été aboli par la Grande-Bretagne en 1834) pourvoiraient

254NICOLSON, I. F., The Administration of Nigeria, 1900–1960: men, methods and myths, Oxford:

Clarendon Press, 1969, p. 4

255 LUGARD, Frederick, The dual mandate in British Tropical Africa, W. Blackwood and Sons, 3ème édition,

1926, p. 617 : « Admettons d’emblée que les cerveaux européens, son capital et son énergie n’ont jamais et ne seront jamais consacrés au développement des ressources de l’Afrique pour des motifs purement phi- lanthropiques ; que l’Europe est en Afrique pour le bénéfice mutuel de ses propres classes industrielles, ainsi que celui des races autochtones dans leur progrès vers un niveau supérieur ; que le bénéfice peut être rendu réciproque, et que c’est le but et le souhait de l’administration civilisée que de remplir ce double mandat.»

256 LUGARD, Frederick, The dual mandate in British Tropical Africa, W. Blackwood and Sons, 1ère édition, 1922, p. 10 : « L’importance vitale du contrôle des tropiques pour leur valeur économique avait déjà commencé à être réalisée par les nations d’Europe, et la France, l’Allemagne et l’Italie avaient mis de côté leurs ambitions européennes, et émergées en réclament des « colonies » en Afrique. »

257 LUGARD, Frederick, The dual mandate in British Tropical Africa, W. Blackwood and Sons, 1ère édition,

1922, p. 13 : « Les dirigeants de la Grande-Bretagne étaient fermement opposés à l’extension de notre pays en Afrique, mais la demande populaire n’a pas laissé d’alternative au Foreign Office. »

un carburant vital à la révolution industrielle dans une Grande-Bretagne privée de matières premières, ainsi que d'argent pour les projets de travaux publics.

Dans le document La notion d'Indirect rule (Page 166-168)