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Le massacre d’Ijemo

Dans le document La notion d'Indirect rule (Page 105-107)

a Sud-Est

3. Le massacre d’Ijemo

En 1914, suite à des émeutes, Lugard décida d'abroger le traité d’indépendance Egba et commanda une fusillade, connue sous le nom du massacre d'Ijemo.

Young, qui était le représentant Britannique en charge du royaume Yoruba, travaillait de manière relativement indépendante à Egba, où il représentait l'autorité172. Mais Lugard n'était pas content de lui, ni de la façon dont les choses s’étaient déroulées en son absence, notamment la mise en place de la décentralisation. Il souhaitait qu'à l'avenir les résidents n'agissent qu’avec son accord. Lugard annonça donc à Harcourt que la situation à Egba demandait une reprise en main en s'appuyant sur des arguments douteux. En 1913, il exprima son souhait de voir le royaume Egba devenir une partie du Nigeria.

Toutefois, il convient de noter quelques problèmes en lien avec ce projet. Le gouvernement d'Edun rencontrait des difficultés à se faire respecter par les chefs de la société

171LUGARD, Rapport annuel de 1919, cité dans PERHAM, Margery, Lugard; The years of authority, 1898- 1945, Collins, 1968, p. 470 : « Ce système est clairement uniquement adapté dans son application la plus complète dans les communautés sous le gouvernement centralisé d’un chef prépondérant, avec une organisation administrative à sa disposition et trouve sa meilleur exposition dans les communautés musulmanes du nord. Néanmoins, ses principes sous-jacents sont appliqués aux diverses étendues auxquelles il est possible dans chaque cas de les appliquer, même aux communautés les plus primitives dans le nord. Le premier pas consiste à tenter de trouver un homme d’influence afin d’en faire un chef, et de grouper sous son autorité autant de villages ou de districts que possible, de lui enseigner à déléguer ses pouvoirs, et à s’intéresser à son « native treasury » afin de supporter son autorité, ainsi que de lui inculquer le sens des responsabilités. »

172GAILEY, Harry A., Lugard and the Abeokuta uprising : The Demise of Egbas Independence, Routledge, 1982, p. 50

Oboni dont il avait pris une partie du pouvoir. En particulier un petit chef Ijemo à Ajura nommé Shobiy Ponlade qui avait entre soixante-quinze et cent ans. Ponlade était un homme buté, refusant de reconnaître la nouvelle autorité. Mais, en raison de son grand âge, ainsi que de son état de santé, son remplacement n'était plus qu’une question de temps.

En janvier 1914, une dispute éclata à la frontière entre le royaume Egba et l'Ijebu. Edun, Jo Georg (le président de la native court), et Young se rendirent sur place. Ils firent une remarque à Ponlade sur l’état de la route, ce à quoi se dernier leur rétorqua qu'il prenait ses ordres de l'Alake. Edun ordonna alors son arrestation pour insubordination le 17 juin 1914. Emprisonné, Ponlade subit de mauvais traitements et mourut le 1er juillet 1914.

Certaines personnes parmi celles ayant reçu une éducation occidentale y virent l'occasion de se débarrasser d'Edun. Comme Lugard était alors au Royaume-Uni, c'est à son lieutenant Boyle qu'il revint de gérer la situation. Young savait qu'il se devait de saisir d'une telle occasion pour faire pression sur l'Alake afin que celui-ci renonce à son indépendance. Mais le 12 juillet, la tension n'était toujours pas redescendue et l'Alake refusa de capituler. Young demanda alors l'envoi des troupes et rentra à Lagos. Il avait beau savoir qu’Egba aurait pu régler ça, il ne pouvait manquer une telle occasion. A son retour, le calme était revenu sans arrestation, et les troupes purent rentrer.

Le 28 juillet, le major Moorhouse visita Young et l'Alake, et refusa de considérer la pétition d'Ijemo. Il pressa l'Alake d'accepter la provincial courts ordinance, et celui-ci demanda du temps pour examiner la demande. Le 5 août, l'Alake envoya une lettre demandant le soutien de la Grande-Bretagne pour maintenir l'indépendance. Ijemo demanda une mise au clair de l'affaire Ponlade et renvoya Edun.

Le 7 août, une centaine de femmes Ijemo, dont la fille de Ponlade, se rassemblèrent au palais de l'Alake et lancèrent des pierres sur le bureau d'Edun. Lugard déclara que Young était menacé. De plus, on dénombra quelques incidents, dont celui d'un homme européen jeté de sa bicyclette, ce qui mit le feu aux poudres. Les troupes furent à nouveau envoyées. Pendant ce temps, le chef Ogboni demanda à l'Ijemo d'arrêter les troubles en échange de leur soutien. L'Alake disposait de trois jours pour démettre Edun, sous peine d’être lui-même déposé. Les Britanniques ne furent pas avertis de cette négociation de paix.

L'Alake et les Britanniques désiraient une démonstration de force. Le 8 août, une troupe composée de soixante-neuf hommes arriva. Ils arrêtèrent vingt-deux meneurs. Une foule de mille cinq cent personnes se réunit, aboutissant à des échauffourées, des personnes tuées, et

des maisons détruites. On dénombra une quarantaine de morts. Lugard était alors au Royaume-Uni.

A la mi-août, on nota un retour au calme à Abeokuta. Mais l'Alake avait besoin des Britanniques, ce que Boyle refusa, sauf s'il dénonçait le traité d'indépendance. L'Alake fut alors forcé d’accepter. Le nouveau traité fut signé le 16 septembre 1914 par Lugard et l'Alake. Suite à ces incidents, Lugard rédigea un rapport qui ne satisfit pas le Colonial Office173. En avril 1915, le gouverneur désigna une commission d'enquête, sans résultat.

Suite à ces événements, le mécontentement augmenta. Le peuple éprouva à la fois de la peur et de la rancœur envers le gouvernement.

Dans le document La notion d'Indirect rule (Page 105-107)