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CHAPITRE 2. Cadre théorique

2.2 L’écoute compassionnelle selon The Compassionate Listening Project

2.2.2 Une approche relationnelle et spirituelle pour la paix

À la lumière de la littérature scientifique, Schirch (2008) explique que le terme construction de la paix peut signifier différentes choses pour différentes personnes selon : les résultats visés, les processus empruntés, les acteurs impliqués et leurs rôles au sein des divers cycles de la violence, les capacités requises au moment où l’intervention prend place et le type de relations en jeu pouvant inclure la guérison du trauma, la médiation, le dialogue, la justice réparatrice et de transition (Schirch, 2008). Elle propose une définition sur ce que fait la construction de la paix (p. 6): « Peacebuilding seeks to prevent, reduce, transform, and help people recover from violence in all forms, even structural violence that has not yet led to massive civil unrest ». Une définition de la construction de la paix en contexte contemporain est

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tous les mécanismes qu’une société développe afin de promouvoir une plus grande compréhension et coopération vers la paix (Merdjanova & Brodeur, 2009, p. 24). Bâtir une compréhension mutuelle et œuvrer en collaboration sont des thèmes récurrents dans la littérature alors que la paix est vue comme n’étant pas que l’absence de la guerre mais l’établissement de valeurs et de structures sociales positives qui affirment et renforcent la vie où la paix et le bonheur sont : « the most longed-for human condition » (Barash & Webel, 2002, p. 3 et 4). Afin de mieux situer l’ÉC de TCLP dans ce créneau, examinons ce en quoi consiste le qui, où, quand, quoi et comment pouvant en définir les contours.

Le ‘qui’. On réfère en général à deux stratégies globales pour la construction de la paix. La première est interventionniste et multidimensionnelle, liée aux Nations Unies, une organisation transnationale qui implique l’appui de tierces parties dans des efforts de réconciliation, construction institutionnelle et transformation politique et économique (Bertram, 1995 ; Jakobsson Hatay, 2005 ; Paris, 2004, cités dans Oetzel et al., 2006). Cette approche coexiste avec une deuxième stratégie qui implique divers acteurs et activités associatives sur le terrain, allant jusqu’à celles connues comme Grassroots peacebuilding and coexistence efforts (Schirsh, 2008, p. 13). TCLP se situe à ce deuxième niveau et fait figure de tierce partie vue comme (Ramsbotham, Woodhouse & Miall, 2016, p. 213) : « Third parties are often essential in contributing to issue transformations. They typically help the conflicting parties by putting them in contact with one another, gaining their trust and confidence, setting agendas, clarifying issues and formulating agreements ». Bien que des sessions d’écoute lors des délégations de TCLP peuvent comprendre à la fois les deux parties impliquées, en général, un seul des parties est présent et raconte son vécu. Les délégués peuvent se sentir plus d’affinités avec un côté du conflit que l’autre et se trouvent aussi sensibilisés tel que visé par Green, vu plus haut. Ceci dit, l’ÉC a été utilisée à quelques occasions comme menant à des ententes avec les deux parties d’un conflit présent, dont au sein de petites communautés en Alaska dans un conflit entre pêcheurs et résidents locaux (Hwoschinski, 2002).

Les délégués au sein des délégations sont en majorité Nord-américains bien que certains viennent d’Europe. Selon Pace (2005, p. 4): « The citizens that go on these trips are just that, they are ordinary citizens, who somehow care enough about the Israeli-Palestinian conflict to travel there to listen, look and learn ». C’est ce que j’ai constaté et un profil plus détaillé sera offert dans le chapitre 5 sur ceux ayant participé à cette étude. Les invités aux sessions d’écoute viennent de tous les milieux et peuvent œuvrer à tous les niveaux au sein du continuum entre les initiatives formelles et celles sur le terrain pour la construction de la paix, ou ne pas œuvrer dans ce domaine du tout. Ils peuvent être autant des représentants d’autorités et de gouvernements et des chefs religieux que des bénévoles et simples

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citoyens. Ils viennent parler en principe en leur nom personnel pour raconter leur vécu et histoire personnelle en lien avec le conflit dans la région.

Le ‘où’. Les activités de construction de la paix peuvent prendre place autant au niveau local que global, régional, national, international et entre nations. Les conflits prennent place autant au sein des familles et communautés que dans les officines gouvernementales et les institutions locales et internationales. En ce qui a trait aux délégations de TCLP, la majorité (28) ont pris place en Israël-Palestine, deux en Allemagne et deux également au Guatemala. La formation sur l’ÉC a lieu principalement aux États-Unis (quelques- unes au Canada, Europe et continent africain). L’ÉC est utilisée par les facilitateurs dans les milieux de travail, écoles, au sein des gouvernements et autres endroits selon leurs champs d’expertise et peut être combinée avec d’autres approches.

Le ‘quand’. La construction de la paix peut englober des activités préventives donc avant que le conflit éclate, lorsqu’il est en cours et suivant sa résolution afin de prévenir son retour. Le terme important ici est ‘conflit’. Les conflits sont des dynamiques et peuvent se développer et changer lentement ou rapidement. Leur gestation peut s’étendre sur une longue période et leur éruption en violence ouverte se faire soudainement (Ramsbotham et al., 2016, p. 14). C’est pourquoi ce domaine porte une attention particulière sur une série d’éléments, processus, méthodes et pratiques selon des phases progressant de l’escalade du conflit à sa transformation et résolution jusqu’à ce que le cycle recommence. On parlera alors de guerre, cesser le feu, ententes et normalisation des dynamiques et des relations entre les parties et tous les éléments ci-haut comportent un corpus littéraire en soi et impliquant une panoplie de domaines et disciplines (ex. sciences politiques, affaires internationales, sociologie, éthique, etc.). En ce qui a trait à la pratique de l’ÉC, elle peut être exercée ou utilisée à tous les stages du conflit car son action principale est de créer un espace d’écoute et de dialogue pour ceux concernés par tout conflit. Ses pionnières la voient précurseur d’un dialogue véritable en ce sens qu’il est important de pouvoir apprendre à s’écouter avant même que commencent les négociations (Manousos, 2003). Force est de constater que même des négociations formelles n’empêchent pas tout conflit de fomenter et d’escalader à nouveau, donc le conflit est vu comme changeant en soi. Le conflit israélo-palestinien quant à lui fait partie de ceux vus comme intractable, c’est-à-dire sévère, prolongé (plus d’une génération) et comprenant un niveau de violence important (Bar-Tal, 1998 ; Coleman, 2006, cités dans Bar-Tal & Halperin, 2011 p. 219) : « The most difficult, prolonged and violent intergroup confrontation over major disagreements between the two (or more) parties about existential goals and interests ». Des auteurs consacrent une attention particulière à ce type de conflit sur lequel nous reviendrons plus loin.

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Le ‘quoi’. L’institut Multi-Track Diplomacy31 identifie trois types de construction de la paix. D’abord

celui politique avec les ententes et problématiques légales et les négociations formelles. Ensuite celui structurel touchant les infrastructures tels les systèmes économiques, militaires, sociaux et culturels qui soutiennent une culture de la paix. Finalement, celui social avec les relations entre ceux concernés et qui inclue une prise en compte des émotions, attitudes, opinions, croyances et valeurs à travers des processus de dialogue, d’activités de développement communautaire et de formation. TCLP agit à ce troisième niveau et fait partie des initiatives de construction de la paix qui visent l’amélioration des relations entre les parties dans un conflit et la transformation culturelle et contextuelle afin de mener à sa résolution. Il s’agit d’une vision de la paix positive définie comme : « A stable social equilibrium in which the surfacing of new disputes does note escalate into violence and war » (Haugerudbraaten, 2003, cité dans Oetzel et al., 2006). La paix positive demande la création de nouvelles relations entre des personnes dites « ennemis » qui visent à dépasser la violence structurelle et culturelle. Ce qui demande que la légitimité et la justice soient prises en compte. La paix négative quant à elle réfère à la cessation de la violence directe sans que ces éléments se retrouvent à être nécessairement adressées (Galtung, 1990, in Ramsbotham et al., 2016, p. 13). La démarcation quant à la présence ou non de la violence, qu’elle soit directe ou non, est en jeu.

Le ‘comment’. Ce qui est au cœur de problématiques précises au sein des conflits et l’identification du potentiel de transformation et d’alternatives vers la paix sont examinés de près dans le domaine de la construction de la paix, ce qui demande de se pencher sur le contexte, l’historique, les parties impliqués et les dynamiques de pouvoir entre eux, ainsi que les buts et potentiels de résolution (Wher, 1979, cité dans Ramsbotham, 2016, p. 103). Ici encore, on retrouve une panoplie de perspectives et positions. Pace voit TCLP et la méthode de l’ÉC comme faisant partie des centaines d’interventions non officielles dans le conflit israélo-palestinien qui visent le consensus, se disent apolitique, non partisane et n’adoptent pas de position négative ou oppositionnelle dans les conflits (Lofland, 1993, cité dans Pace 2005 ; Kuriansky, 2006, 2007)32. Les délégués y figurent comme des activistes de la paix autoproclamés (self-anointed

31 Cette information provinet du site de cet organisme, consulté le 28 avril 2018 à 13h00 : https://www.imtd.org/.

32 Pace explique que cette perspective de tiers partie (Ury, 1999) a ceci d’unique d’inclure et de considérer les divers parties et entités au sein du conflit, tant les individus que les collectivités et les intérêts internes qu’externes. Ses origines viennent du mouvement idéaliste populaire (people to people) de la tradition diplomatique citoyenne datant des années ’80 lors de la période de la guerre froide entre les États-Unis et la Russie et dont Gene

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peacemakers) ayant pour objectif d’écouter avec compassion tous les côtés en lien avec le conflit israélo- palestinien. Pace considère l’ÉC comme une approche hybride qui combine une diplomatie citoyenne33

avec une technique d’intervention en situation de conflit. Son respect sur le terrain vient du fait que l’intention est d’écouter plutôt que de donner des conseils, ce qui crée un climat conducteur pour la construction de la paix selon elle. A cet égard, Green affirme qu’aucun invité n’a refusé de participer aux sessions d’écoute (Pace, 2005, p.17). Selon Pace, ce qui distingue TCLP parmi d’autres initiatives semblables sur le terrain est son emphase sur l’écoute et le processus de guérison.

La littérature de TCLP indique que l’ÉC contribue au conflit par le pouvoir de guérison apportée par l’écoute, ce qui supporte sa résolution (Pace, 2005 p. 7 et 12). En ce sens cette méthode est un outil pour la réconciliation et pour créer des ponts (Idem, p. 10). Une approche qui peut sembler simple selon Pace mais qui s’avère être plus complexe qu’envisagé a priori. Ceci est dû au contenu des sessions d’écoute et de l’impact au niveau identitaire pour les personnes qui sont présentes. C’est ce que nous continuerons à explorer et démontrer en cours d’étude.

TCLP fait partie de la vague d’évolution dans le domaine de la construction de la paix qui a vu naître l’importance de la dimension relationnelle dans la construction de la paix suivant celles portant sur le partage de matériel et l’amélioration des communications seulement. On s’est rendu compte que les conflits sont indivisibles du contexte relationnel dans lequel ils prennent place. Vu comme son épicentre, le contexte relationnel peut diminuer, alimenter ou créer de la violence et des guerres34 :

If we want to bridge differences durably and respectfully, we cannot use a strategy centred in problem solving or in improving communication alone. We have to begin by acknowledging that our logic and common sense about how to communicate arise from our own ways of knowing –

Knudsen Hoffman fut partie prenante. Des citoyens voulaient alors jouer un rôle constructif pour contribuer à la construction de la paix et participer à la transformation des conflits.

33 Le principe ici est que les citoyens ont un rôle important à jouer dans l’arène des conflits sociaux récurrents (protracted). Selon des académiciens, leur implication fait une différence positive dans ce type de contexte, dont de lutte ethnique tel qu’en Israël-Palestine selon Pace (2005). Le principe est que des acteurs en dehors des hautes sphères des gouvernements et des autorités ont un rôle à jouer et ce type de participation citoyenne a dès lors été reconnue comme importante dans le champ de la construction de la paix (Winer, 1998 ; Rasmussen, 1997 ; Rothman, 1997 ; Lederach, 1997 ; Saunders, 1991, cité dans Pace 2005 ; Lindner et al., dans Kuriansky 2007). 34

Dans l’évolution du domaine de la construction de la paix, LeBaron identifie trois vagues jusqu’en 2002 (année d’ouvrage) : 1. la compétition pour des ressources et matériel et dont le but est de trouver des solutions gagnant-gagnant ; 2. une plus grande emphase sur la communication entre les parties dont sur les inégalités de pouvoir car le conflit n’émerge pas dans un vacuum et peut être dû à une mauvaise communication. 3. la prise en compte de la dimension relationnelle au sein des conflits tel qu’expliqué dans cette section du chapitre.

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the ways we make meaning of our lives. These ways are influenced by culture, personality, context and a whole system of knowing called our worldview. Along with cultural and personality differences, our worldviews are present in conflict, even when everyone at the table looks the same and apparently comes from a shared context. (LeBaron, 2002, citée dans Pace, 2005, p. 8-9)

Dans cette phase relationnelle pour la construction de la paix, la façon dont les diverses parties structurent leurs pensées, sentiments et perceptions selon les messages culturels qu’ils véhiculent est vu comme étant souvent à la base des échecs dans les pourparlers. Ou encore ils immobilisent les conflits dans un engrenage sans solution véritable. La prise en compte des visions du monde est devenue essentielle pour comprendre et connaître l’autre : ses multiples identités et dynamiques conflictuelles en jeu. Elles sont souvent tributaires des perceptions issues de diverses cultures et façons de voir le monde (Idem).

Les approches prônant le dialogue, la coexistence et la réconciliation ont fait éclosion dans cette vague relationnelle pour la paix et TCLP s’y inscrit avec l’emphase sur l’écoute profonde de l’autre pour mieux le connaître, ainsi que sa perspective, son angle de vérité et ses espoirs en lien avec le conflit (Pace, 2005, p.6). Des théories et pratiques impliquant des tierces parties tels que TCLP et contribuant des stratégies de communication telles l’écoute active, la reformulation et le recadrage ont été développées. On y retrouve notamment la méthode de communication non-violente de Rosenberg (1999), fondateur de l’approche de la communication non-violente qui est largement répandue dans ce domaine. Rosenberg dit de son approche qu’elle fait appel à la bienveillance et à la générosité en vue de pallier à des lacunes au niveau de la communication. Rosenberg souligne que la manière dont nous avons été éduqués à penser et à communiquer est une source énorme de violence sur la planète et une attention est portée sur l’intention dans la communication. Il est temps dit-il d’acquérir une conscience et un langage qui soit réellement celui de la communication et dont le but est que chaque besoin de chaque individu soit rencontré avec paix (RTBF, 2004).

Dans la phase relationnelle de la construction de la paix, les approches de résolution de conflit « basées sur le cœur » telles que l’ÉC, visent l’intégration de diverses façons de connaître (ways of knowing) qui combinent à la fois des dimensions intuitives et cognitives, la science avec l’art et les techniques avec l’humanité (LeBaron, 2002). On priorise le retour à une dimension interne dans la responsabilité sociale envers les autres tout en adressant des facteurs de connexion, de sens et d’identité. Selon la perspective relationnelle, la nature humaine peut être comprise dans sa dimension spirituelle, incluant des formes d’expression de la connexion avec soi, les autres et toute forme de transcendance selon le choix de l’individu selon Marian de Souza (2003). La spiritualité est vue comme une qualité qui va au-delà des affiliations religieuses et qui vise l’inspiration, la révérence, l’émerveillement, le sens et la raison ; même

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pour celles et ceux qui ne croient pas en Dieu selon elle. Lorsqu’une dimension spirituelle ou religieuse fait partie du dialogue pour la construction de la paix, cela offre la possibilité d’amener le processus au- delà d’une discussion où la compétition et l’aspect légal règnent et d’aller au cœur du problème selon Abu-Nimer, Khoury et Welty (2007, p. 342). Une « éthique globale spirituelle » peut émerger, ainsi qu’une forme d’expansion de la conscience, de l’esprit et du cœur, au-delà de frontières identitaires nous séparant des autres affirment ces experts dans ce domaine.

Les deux sources de motivation pour Hoffman pour développer l’approche de l’ÉC viennent d’Adam Curle de la Société religieuse des amis (Quakers) et Thich Nhat Han, moine bouddhiste vietnamien et prix Nobel de la paix. Au cœur de la mission de Hoffman (1991) se trouve l’appel à tous de voir le mystère de l’esprit et de Dieu à l’intérieur de chaque personne car elle porte en elle une part de vérité, et de tenter de voir qu’en chaque personne se situe le mystère :

The call, as I see it, is for us to see that within all life is the mystery: God. It is within the contra (opponent of the Sandinista government in Nicaragua), the Nazi, the Afrikaner, the Israeli, the Palestinian and the American. By compassionate listening we may awaken it and thus learn the partial truth the other is carrying, for another aspect of being human is that we each carry some portion of the truth. To reconcile, we must listen for, discern and acknowledge this partial truth in everyone. (Hoffman, 1991, cité dans Manousos, 2003, p. 10)

On reconnaît ici l’importance de « voir la lumière divine en chacun » de la Société religieuse des amis (Quakers) fondée par George Fox au milieu du 17ème siècle (Barash & Webel, 2002, p. 32) et dont Adam

Curle est une figure connue. Ancien directeur des études pour la paix à l’université Bradford et ayant terminé sa carrière académique en 1978, il a participé à des missions de médiation dans des zones de conflits en Inde, Pakistan, Rwanda, Afrique du Sud, Irlande du Nord, Sri Lanka et les Balkans au nom de la Société religieuse des amis ou avec leur soutien. Admirateur et ami du Dalai Lama, cette notion que Dieu est dans chaque personne et le concept de pensée universelle (universal mind)35 représente de sa

part une vision inclusive du domaine de la religion et de la métaphysique qui ont influencé ses travaux et son activisme pour la paix sur le terrain. Dans la quatrième édition de l’ouvrage classique dans le domaine de la résolution de conflit en 2016 : Contemporary Conflict Resolution, Oliver Ramsbotham, Tom Woodhouse et Hugh Miall établissent une grande partie du développement de la notion même de

35 Il s’est de plus intéressé à la notion d’inconscient collectif de Jung et l’idéalisme utopien de Dimitrije Mitrionivić et les théories sur le mysticisme.

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construction de la paix à des groupes religieux qui œuvrent à préserver et cultiver des cultures de la paix là où des conflits armés font rage. Ils commentent la mise en place d’un centre de paix, non-violence et droits humains36 par Curle dans les années 1990 à Osijek (Croatie) :

The wars in former Yugoslavia, for example, provided challenging situations for local peacemakers, and approaches were developed representing what Fetherston (1998) called anti- hegemonic, counter-hegemonic and post-hegemonic peacebuilding projects, and what Nordstrom (1992:270) referred to ’counter-lifeworld constructs’ that challenge the cultures of