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CHAPITRE 1. Introduction

1.3 Fondements épistémologiques et le modèle d’enquête

1.3.1 Méthode mixte de recherche et pragmatisme

Les méthodes mixtes en recherche comprennent des phases qualitative et quantitative et sont vues comme le ‘3ème paradigme en recherche’ suivant ceux purement quantitatif et qualitatif (Cresswell & Plano Clark,

2011, p. 22-35). Elles ont connu une phase formative de la fin des années 1950 jusqu’à la fin des années 197017 et leur reconnaissance formelle viendra vers la fin des années 1980 grâce à une convergence de

publications scientifiques à leur sujet, malgré de vifs débats sur la coexistence et l’intégration de ces deux méthodes (qualitative et quantitative). Une phase de consolidation des procédures au sein des méthodes mixtes et leur représentation formelle dans le monde académique a pris place à la fin des années 1990. Elles sont depuis dans une phase d’expansion où on accepte l’idée que différentes méthodes soient associées à différentes visions du monde et philosophies. On recommande par contre, pour les méthodes mixtes en recherche, l’adoption d’un paradigme pragmatique (Tashakkori & Teddlie, 2003, in Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 26), là où la priorité porte sur les questions de recherche plutôt que sur le fait d’adhérer à des principes philosophiques et théoriques sans perspective critique (Locke, 2007 ; Strubing, 2007, cité dans Oktay, 2012, p. 10).

Le pragmatisme provient d’une série d’idées articulées par des figures historiques telles que John Dewey (1922), William James (1842-1910) et Charles Saunders Pierce (1839-1914), de même que des figures plus contemporaines telles que Cherry Homes (1992) et Murphy (1990) (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 43). Ce paradigme recherche « ce qui fonctionne » dans le but de répondre aux questions de recherche (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 42). Le chercheur utilise le modèle et les techniques les plus utiles en lien avec son sujet de recherche au-delà de devoir choisir telle vision philosophique au détriment d’autres visions théoriques et/ou méthodologique. On suggère de laisser de côté l’utilisation de concepts tels que la « vérité » et la « réalité » (Tashakkori & Teddlie,1998, 2003a, in Oktay, 2012, p. 23). Une critique concernant l’utilisation de paradigmes à la fois objectif et subjectif en recherche porte sur le fait que les résultats peuvent présenter des contradictions. Cela n’est pas défavorable pour certains, car cela permet d’examiner et de mettre en valeur le monde social de diverses façons (Sharlene Hesse-Bieber,

17 Dans les milieux académiques on discutait alors de la possibilité d’intégrer diverses sources d’information qualitative et quantitative dans une même recherche (Campbell & Fiske, 1959 ; Campbell, 1974 ; Cronback, 1975 ; Denzin, 1978 ; Siver, 1973 ; Patton, 1980, cités dans Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 25).

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2010). De plus, d’autres diront que des positions divergentes n’ont pas à être conciliées : l’important étant que le chercheur explique comment il prend en considération les paradigmes privilégiés dans sa recherche (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 45). Le fait que divers types de questions peuvent être posées dans les phases qualitative et quantitative demande aussi au chercheur d’être explicite sur la façon d’utiliser les deux phases de la recherche. Il lui revient de décider dans quel ordre prendront place ces phases ou si elles se produiront en même temps ou encore dans un va-et-vient.

Pour cette recherche doctorale, une méthode mixte dite exploratoire séquentielle fut choisie, laquelle se prête bien à des sujets peu documentés dans la littérature (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 86) comme c’est le cas ici. Elle débute par une phase dont le but est d’explorer qualitativement le sujet d’étude (Idem. p. 87), qui est ensuite suivie d’une phase quantitative pouvant être bâtie à partir des premiers résultats qualitatifs. Ce design a comme avantage de permettre le développement d’un instrument (i.e. questionnaire) ou d’un modèle théorique avec les données recueillies lors de la première phase (Greene et al., 1989, cité dans Cresswell & Plano Clark, 2011, p.86). Des aspects d’une théorie émergente ou d’une classification peuvent être testés dans la phase suivante (Morgan, 1998, cité dans Cresswell & Plano Clark, 2011, p 87), ce qui permet au chercheur d’en voir la prévalence dans la théorie émergente comme ce fut mon cas.

Dans ce design de recherche, ce qui est vu comme une phase intermédiaire peut mener à la phase quantitative (Creswell, 1999 ; Cresswell et al., 2004) a l’avantage d’identifier des variables importantes à être analysées quantitativement. Selon Morgan (1998, cité dans Cresswell & Plano Clark, 2011), cela est particulièrement utile lorsque ces variables ne sont pas connues ou qu’il n’y a pas de cadre guide ou théorie associés au phénomène à l’étude comme ce fut le cas avec mon objet d’étude. La phase quantitative a donc permis de vérifier auprès de tous les participants aux délégations de TCLP (1998- 2015) qui ont pu être joints, des données recueillies auprès d’un plus petit groupe (des délégués de la délégation de 2010) et de vérifier des composantes clé du modèle émergeant.

Le chercheur doit déterminer la façon dont les résultats des deux phases sont inters reliés et doivent être interprétés à la lumière des questions de recherche (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 218).18 Dans mon

18 Le chercheur va se demander comment les données de la phase quantitative bâtissent ou apportent une expansion aux données de la phase qualitative et peut procéder par exemple en comptant les deux séries de résultats ; les mettre côte à côte dans un tableau résumé accompagné d’une discussion qui devient le moyen de combiner les données (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 223).

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cas, l’intégration se fait via le modèle théorique et appliqué, découlant des analyses des deux phases de la recherche. La littérature montre qu’au sein des méthodes mixtes de type exploratoire séquentiel il est fréquent de retrouver une perspective épistémologique constructiviste lors de la phase qualitative et une perspective post-positiviste pour la phase quantitative, en plus du fait que la dimension qualitative soit priorisée (Cresswell & Plano Clark, 2011, p. 45 et 87). C’est le cas dans cette étude, qui demeure ancrée dans le pragmatisme.