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1.2.1.a. Des partenariats structurants

L’élargissement des partenariats commence en 1999, avec l’association de la FCSF à la Fondation de France dans le cadre du concours « Alliance des âges », ouvert à des projets locaux contribuant à : « modifier le regard d’une génération sur l’autre et de contribuer à restaurer le lien social ». Cette association est renouvelée entre 2002 et 2004, avec une convention partenariale avec la Fondation de France portant sur : « vieillir dans son quartier, dans son village, des aménagements à inventer ensemble » (cité dans Galand 2019). En plus d’une association sur le dispositif, les Centres Sociaux sont aussi parmi les structures primées par ces concours ou retenues dans les appels à projets.

Entre 2006-2008, ce partenariat fait l’objet d’un accord-cadre. Il porte sur l’accompagnement et la formation des délégués fédéraux locaux autour de la question du vieillissement et du développement social local (DSL). Cela conduit à la mise en place du projet fédéral national « Les Centres Sociaux accompagnent le vieillissement dans une démarche de développement social local participatif ». Il s’agit de soutenir les acteurs des Centres Sociaux et de construire une action fondée sur la pratique des centres, via le développement des diagnostics dans des démarches de DSL. Cette démarche aboutit à la constitution par la FCSF d’un réseau régionalisé de projets accompagnés (Colombani 2012), ainsi qu’à la mise en place de la commission nationale DSL et vieillissement (DSLV).

En octobre 2009 une convention avec la caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) est signée. La circulaire de la CNAV, suivant ce conventionnement précise que le développement de ce partenariat repose sur :

« la nécessité de contribuer au renforcement d’une offre de service en matière d’actions collectives de prévention sur les territoires, organisées avec des partenaires locaux en direction des retraités en situation de fragilité relavant des GIR 5 et 6 » (Direction nationale de l’action sociale 2011).

Le guide référentiel méthodologique publié l’année suivante pour accompagner la mise en place de partenariats entre les fédérations locales et les Carsat (caisse d’assurance retraite et de la santé du travail – émanations régionales de la CNAV) précisent que les Centres Sociaux apportent « leurs savoir- faire dans le champ du développement social local » (CNAV et FCSF 2012, p.6). Ce guide spécifie l’approche et les enjeux des Centres Sociaux vis-à-vis du public vieillissant. Celle-ci est caractérisée comme (CNAV et FCSF 2012, p.6) :

- L’accueil au quotidien des habitants retraités dans un lieu non stigmatisé « personnes âgées » : répondre à la problématique du vieillissement en considérant les personnes âgées comme habitants d’un territoire et acteurs de leur projet de vie, c’est les reconnaitre dans leur diversité, dans leur trajectoire de vie, c’est prendre en compte leurs attentes et leur expérience et les

intégrer dans le territoire en tenant compte ses particularités, dans l’échange et la réciprocité avec toutes les générations.

- La mobilisation des habitants retraités eux-mêmes.

- L’observation partagée des réalités locales tant du point de vue des publics, des caractéristiques du territoire que des ressources existantes ainsi que le repérage des personnes retraitées en situation de fragilité.

- La mobilisation des acteurs locaux dans un souci de développement de coopérations décloisonnées entre acteurs sociaux et gérontologiques, la recherche de complémentarités entre l’intervention généraliste du Centre Social et les acteurs spécialisés.

- Le développement de projets adaptés à chaque contexte local, la diversité des actions développées, la transversalité et la mise en relation entre elles.

Les conventions régionales entre les Carsat et les fédérations régionales ou départementales des Centres Sociaux couvrent, en 2018, toutes les régions de France métropolitaine à l’exception des Pays de la Loire.

1.2.1.b. De la mise en place de l’action au sens de l’action

Il y a un glissement dans la construction du positionnement fédéral. Le vieillissement était sujet d’actions. Il devient l’objet d’une théorisation qui fait perdre le sens concret de l’action. Les premières initiatives (avec la Fondation de France) portaient sur des projets locaux, des actions existantes dans les Centres Sociaux. On passe, sur le second appel à projets, à la promotion du « vivre ensemble » déjà plus abstrait en termes d’activités concrètes.

Cela reste basé sur une pratique du « local ». C’est sa dimension d’acteur du DSL que le Centre Social met en avant dans les partenariats. Ils proposent une méthode, une manière de « faire avec » et de considérer les habitants plus qu’un « savoir-faire sur » les publics de plus de 60 ans. Il s’agit de l’affirmation des principes de l’action générale des Centres Sociaux, précisés ici pour le public retraité. Il y a d’ailleurs très peu d’éléments spécifiques à la question des personnes âgées dans ces principes. Si on remplace le champ lexical de la vieillesse par celui de la jeunesse, on obtient les principes de l’action des Centres Sociaux envers le public jeune : offrir un accueil dans un lieu non réservé aux jeunes, les considérer comme des acteurs, prendre en compte leurs besoins et envies, les impliquer au projet, etc. Pour Henri Colombani (2012), l’évolution de ces partenariats montre qu’« on est passé d’une approche par activités à une conception sociétale du “vivre ensemble à tous les âges de la vie”, qu’il convient d’approfondir et de défendre contre les nouveaux risques de spécialisation et de segmentation par cibles ». Dans le discours, l’approche des Centres Sociaux des plus de 60 ans repose effectivement sur une considération « décloisonnée » des publics, sans spécification d’âge, de handicap ou de niveau de précarité. Pourtant cette approche s’est fondée au travers de partenariats sur des actions spécialisées et segmentées. En effet, les actions partenariales avec les Carsat sont à « direction des retraités en

situation de fragilité relevant des GIR 5 et 6 » (Direction nationale de l’action sociale 2011), soit sur un critère d’âge, un critère de handicap et un critère de vulnérabilité.