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l’auto-questionnaire sur la pratique professionnelle (JPAG) correspond à une opportunité du réseau.

L’auto-questionnaire santé – bien être

Le premier outil mis en place suite à la construction du panel est l’auto-questionnaire santé-bien-être. Soulignons qu’il s’agit du premier outil mis en place, car cela vient éclairer certaines limites et biais qu’il comporte. Les premières immersions avaient permis d’avoir une image plus claire de la pratique des Centres Sociaux et de commencer à réinterroger le discours par rapport à la pratique. Certaines formulations de l’auto-questionnaire révèlent que l’émancipation des discours n’était pas encore tout à fait aboutie.

Il était important de mettre en place cet outil assez tôt dans la démarche pour plusieurs raisons. La première est la temporalité du projet. Afin de pouvoir faire un retour annuel aux Centres Sociaux impliqués dans la démarche, il était nécessaire de mettre en place certains outils et méthodes dès la première année. La seconde raison, plus importante, était le choix de la passation de ce questionnaire en 2 vagues. On cherchait à mesurer l’impact de l’inscription dans un Centre Social sur les personnes de plus 60 ans. L’auto-questionnaire SBE ciblait donc les personnes de plus de 60 ans s’inscrivant pour la première fois dans le Centre Social. Un questionnaire leur était passé une première fois afin d’avoir une base et une seconde fois, un an plus tard, pour évaluer de l’évolution des différentes variables. L’échantillon de répondants aux deux vagues reste le même.

80 Les (*) signale des changements dû à l’évolution du découpage communale (fusion de commune en commune nouvelles,

1.2.1.a. Un questionnaire pluridisciplinaire

En plus d’être un outil commun à la sociologie et à la géographie, cet auto-questionnaire est le fruit d’une collaboration avec le Gérontopôle maison de l’autonomie et de la longévité des Pays de la Loire. Le Gérontopôle des Pays de la Loire a été partie prenante dès l’origine du projet I-CARE. L’Union régionale des Centres Sociaux et le Gérontopôle ont organisé, depuis 2010, des rencontres et des colloques entre différents acteurs de l’accompagnement du vieillissement. Cette collaboration a contribué à une meilleure interconnaissance entre les acteurs sociaux, les acteurs du soin et de la santé, les organismes paritaires… Poursuivant cette coopération, les acteurs du Gérontopôle ont construit ce questionnaire avec l’équipe du projet I-CARE. Prenant en compte la dimension pluridisciplinaire de cette recherche, ce support avait pour objet de recueillir des informations pertinentes au regard des attentes de chacun. Le questionnaire a été composé de 37 questions, structurées en 4 blocs : informations générales, l’avancée en âge, engagement et lien social, santé et bien-être (voir annexe 3). Ceux-ci permettent d’interroger différents aspects pertinents pour les différentes disciplines :

- Pour la sociologie : déterminer le profil et le rapport au vieillissement de ces individus via, entre autres, la trajectoire sociale : indicateurs de classe sociale (niveau de vie) ; trajectoire scolaire/professionnelle (diplôme ; CSP) antécédents d’un parcours militant/engagement ; indicateurs de capital social (réseaux sociaux)...

- Pour la médecine : déterminer l’état de santé par des critères de gériatrie : analyse des pathologies du vieillissement, indicateurs de fragilités (physiques, psychiques, environnementaux, sociaux), vieillissement actif (participation), indicateurs du « phénomène de cascade »...

- Pour la géographie : qualifier les espaces de bien-être, comprendre le rapport au territoire (voir I.4.1.2.3)

Les différentes versions du questionnaire ont fait l’objet de tests auprès d’adhérents des Centres Sociaux âgés de 60 ans et plus et de discussions avec des professionnels des Centres Sociaux du panel. Cela a amené à une modification de sa forme. Dans les premiers temps, l’outil était principalement un outil du Gérontopôle, qui proposait une analyse de l’évolution des individus sur une échelle globale de qualité de vie (EQ-5D). L’ajout de questions sociogéographiques et le retour des questionnaires tests ont conduit à modifier cette grille : suppression du test de l’horloge81, formulation des questions à la 1re personne pour

faciliter l’implication, etc.

81 Le test de l’horloge est un outil de détection de difficultés psychométriques évaluant plusieurs fonctions cognitives : fonction

visuo-spatiale, exécutives etc. Il est utilisé pour le dépistage de certains troubles neurocognitifs comme la maladie d’Alzheimer. Il consiste à faire dessiner sur un feuille blanche le cadran d’une horloge, de placer les chiffres indiquant les heures puis d’indiquer 11heures 10 minutes (INESSS, 2015).

Ces modifications ont fait l’objet de nombreuses discussions, car supposant un changement dans la manière de traiter les résultats et donc le volume horaire à financer. Il avait été établi, à la conception du questionnaire que les doctorantes du projet I-CARE traiteraient des aspects socioterritoriaux et que le Gérontopôle prendrait en charge la partie santé. Après la validation du questionnaire par le comité scientifique de la recherche (voir annexe 4) et suite à une interpellation de la CNSA lors de sa demande de financement du dispositif, le Gérontopôle s’est désengagé de la démarche. Nous ne savons pas exactement les raisons et/ou les contenus de cette interpellation, mais cette dernière illustre le poids de la demande d’un financement dans la structuration des partenariats, leur pérennité et les contenus des démarches mises en place. Aujourd’hui, les modalités de traitement de la partie santé ne sont toujours pas fixées.

1.2.1.b. Les référents

L’auto-questionnaire permet d’avoir un nombre plus important de répondants et de diminuer les biais liés à la présence d’un tiers. Néanmoins, cela suppose que la personne sache lire et écrire et cela augmente les risques d’incompréhension des questions. C’est pourquoi nous avons opté pour la mise en place d’un référent dans les Centres Sociaux. Les référents, qu’ils soient professionnels ou bénévoles, ont été désignés par les Centres Sociaux pour faire le lien entre la structure et la recherche. Dans le cadre de la passation des auto-questionnaires, cela supposait un rôle d’accompagnement des répondants si ceux-ci en exprimaient le besoin.

Les référents ont été formés à la passation de ce questionnaire au cours de deux demi-journées en septembre 2016. Celles-ci avaient pour but de leur présenter le questionnaire, d’en expliquer le sens et les objectifs des questions et de souligner le besoin d’avoir des hommes et des plus de 75 ans parmi les répondants.

Figure 15: Auto-questionnaire SBE question n°11 : revenu

Elles ont été l’occasion de retoucher des derniers points sur les questionnaires et de répondre à leurs appréhensions. Ces temps d’échanges, les premiers avec les Centres Sociaux du panel, ont permis de mettre au jour des réticences à la collecte de certaines données, réticences qui seront confirmées par la suite, notamment avec l’étude des fichiers adhérents (voir I.4.1.3.2). La question du revenu était parmi les données sujettes à défiance. La question n° 11 de l’auto-questionnaire « Le revenu mensuel de mon ménage est de » a été l’objet de nombreux remaniements, passant d’une question ouverte à une

question fermée présentant des fourchettes de revenus (voir figure 15), ainsi que de discussions, la question étant jugée trop intrusive.

La reformulation de la question illustre en quoi, au moment de la mise en place de l’auto-questionnaire, nous n’étions pas encore émancipées des représentations des Centres Sociaux. Les Centres Sociaux se présentent comme portant « une attention particulière aux publics vulnérables » (Union régionale des Centres Sociaux des Pays de la Loire 2015), aspect qui nous a été présenté dans les Centres Sociaux observés (entre autres avec la dégression tarifaire basée sur le quotient familial) et lors des échanges avec les professionnels et les référents. C’est pourquoi, au moment de construire les fourchettes de revenu, nous n’avons pas cherché à avoir plus de détails au-delà de plus de 2500 € par mois. Nous avons été amenées à réinterroger cette vision du Centre Social avec le traitement de la première vague de l’auto-questionnaire, les observations ou encore les fichiers adhérents.

La seconde réticence qui a de l’importance pour la suite de nos réflexions concerne le fait d’aborder des questions relatives à la santé. Cette réticence s’est principalement exprimée sur les questions de la section santé — bien-être qui comprenait la reformulation des questions du Gérontopôle. Les questions ont été jugées comme intrusives, délicates à poser et pouvant mettre le professionnel dans une position inconfortable. La « frilosité » des Centres Sociaux à aborder des questions de santé est un point important de notre analyse (voir partie II chapitre 5 – 2.2.1).

1.2.1.c. Interroger les espaces de Bien-être

De nombreuses revues de littérature sur le bien-vieillir et le Successful Aging (Gangbè et Ducharme 2006 ; Martineau et Plard 2018) insistent sur la multiplicité des dimensions qui les composent. Une évaluation, qu’il s’agisse du bien-être ou du Bien-vieillir, doit intégrer des dimensions individuelles et collectives, des aspects de santé physique et morale et l’inscription dans un espace favorable. Plus que l’addition d’indicateurs prédéfinis, il s’agit de sélectionner des indicateurs adaptés au contexte (géographie) et à la population (cible) et de les utiliser dans un cadre opérationnel (Fleuret et Michel 2019).

Il a été choisi de se baser sur les géographies du bien-être et notamment le cadre proposé par Sébastien Fleuret & Sarah Atkinson (2007) (voir partie I chapitre 3 – 3.2) pour la dimension géographie du questionnaire. L’idée de ce cadre n’est pas de proposer une liste d’indicateurs, mais une caractérisation d’un espace de bien-être autour de 4 dimensions jugées plus ou moins propices à l’épanouissement :

- Les espaces de capabilités au travers des interactions entre les espaces sociaux et physiques dans le développement de la réalisation personnelle

o exemple de question : sur une échelle de 1 à 10, j’estime que mon environnement est adapté à mes besoins : ; je me projette et/ou fais des projets sur (durée) ; Dans mon quartier ou mon village, je sais où trouver ce dont j’ai besoin en termes de…

- Les espaces d’intégration et le rôle du réseau social dense de proximité sur plusieurs dimensions du bien-être dont la santé.

o Exemple de question : Je reçois ou suis invité chez des amis/connaissances (fréquences) ; Mes relations de voisinage sont : (qualité)…

- Les espaces de sécurité dans une considération allant des menaces environnementales à la sécurité financière. L’idée est de caractériser des espaces par le niveau de préoccupation que ses différents aspects suscitent.

o Exemple de question : sur une échelle de 1 à 10, j’évalue mon niveau de préoccupation pour chacun de ces thèmes à… ; comparativement aux personnes de mon âge je considère que ma qualité de vie est....

- Les espaces thérapeutiques et le lien entre la réalité des espaces sociaux et la construction de paysages thérapeutiques.

o Exemple de question : quand j’ai un problème de santé je… (consultation, auto médication ou renoncement au soin) ; je trouve que l’ambiance mon quartier ou mon village est :

La première phase de passation a eu lieu de septembre à décembre 2016 dans les 16 Centres Sociaux du panel. Nous avons recueilli 150 questionnaires auprès d’un échantillon dont l’âge moyen est 70 ans et l’âge médian 68 ans et composé à 76,7 % de femmes. Les premiers résultats issus du traitement de cette première vague ont fait l’objet d’une restitution aux Centres Sociaux du panel clôturant la phase préalable (voir I.4.1.3.2.b.). La seconde vague de passation a eu lieu de septembre 2017 à février 2018. Sur les 150 répondants de la première année, 103 ont répondu la deuxième année.