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Le nombre d’associations sur un territoire est-il un facteur explicatif de l’implantation des Centres Sociaux ? Une des fonctions des Centres Sociaux est le soutien à la vie associative. En 2016, les Centres Sociaux des Pays de la Loire accueillent 2 943 associations, soit une moyenne de 21 associations par Centre Social. Ils se situent au-dessus de la moyenne nationale (11 associations accueillies). Cela semble a priori contradictoire avec ce que présente la carte 10. Les Pays de la Loire ne sont pas une région particulièrement riche en associations, quatre des cinq départements présentent même un nombre d’associations pour 10 000 habitants inférieur à la moyenne nationale (243). L’idée d’un rapport inverse entre le nombre d’associations et le nombre de Centres Sociaux se retrouve quand on compare la carte 10 avec la carte 1(présentant le nombre de Centres Sociaux par départements). Les départements les mieux dotés en Centres Sociaux ne sont pas ceux présentant le plus grand nombre d’associations (à

l’exception du Rhône et des Bouches-du-Rhône). Cette tendance se retrouve à l’intérieur de la région des Pays de la Loire où le département qui présente le moins des Centres Sociaux, la Vendée, est celui qui a le nombre le plus élevé d’associations pour 10 000 habitants.

Carte 10 : Nombre d’associations pour 10 000 habitants

Sources : Recherches et Solidarités 2018 ; IRDES 2016 ; réalisation Juliette Michel 2019

2.2.3.a. Implantation de l’ESS dans les Pays de la Loire

Afin d’approfondir ce questionnement, on peut se tourner vers l’économie sociale et solidaire (ESS), dans laquelle s’inscrivent, par leur statut50, les associations et donc la majorité des Centres Sociaux. La région

des Pays de la Loire est un contexte particulier quant à la question de la structuration de l’ESS sur son territoire (Bioteau, Fleuret et Glémain 2015 ; Skinner et Fleuret 2011). L’ESS s’y est structurée au travers de dynamiques agricoles, de mouvements comme les associations de l’aide à domicile en milieu rural (ADMR), le réseau Familles rurales. De plus, la prégnance de l’Église catholique est une composante majeure de l’ESS dans l’ouest de la France, notamment en Bretagne et dans les Pays de la Loire.

Pour ce qui est du nombre d’établissements et de la part de l’ESS dans l’emploi, les Pays de la Loire sont, avec la Bretagne, les régions de France où l’ESS est la plus importante (Bioteau, Fleuret et Glémain 2015). Pour les besoins de la comparaison avec les Centres Sociaux, on ne s’intéressera pas ici

50 L’ESS se définie, depuis 2014 et la Loi relative à l’économie sociale et solidaire (2014) autour des statuts juridiques des

au poids de l’ESS dans l’emploi, mais plutôt au nombre des établissements et leurs localisations physiques. Cette présence de l’ESS en nombre d’établissements ne se décline pas de la même manière sur toute la région (voir carte 11). On distingue d’un côté la Loire-Altantique, le Maine-et-Loire et la Vendée, avec une présence significative des établissements issus de l’ESS et de l’autre, la Mayenne et la Sarthe, où cette présence et moins marquée.

Carte 11 : Établissements employeurs dans l’ESS par EPCI (2009)

Source : Bioteau, Fleuret et Glémain 2015 p.20

Cette répartition peut correspondre à la carte des Centres Sociaux. L’importance d’établissements de l’ESS dans un large quart sud-ouest du Maine-et-Loire se superpose bien avec la couverture territoriale des Centres Sociaux dans le Choletais et les Mauges. Néanmoins, ce cas de figure semble plus être une exception qu’une règle. La densité des établissements de l’ESS en Vendée, au sud de la Loire-Altantique, ou encore leurs concentrations autour du Mans pour la Sarthe semblent à l’opposé de la répartition des Centres Sociaux.

2.2.3.b Une inscription dans l’histoire de la région

La prégnance de l’Église catholique est un élément important. Elle se retrouve dans le monde agricole via, entre autres, Jeunesse agricole catholique, le Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) ou la jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). De plus, de nombreuses associations sportives, culturelles ou solidaires se sont créées au sein des paroisses.

Dans une étude de 1997, Isabelle Bouju propose une lecture de la répartition spatiale de l’action catholique via la diffusion de la presse publiée par les mouvements à destination de leurs militants. Cette étude repose sur les fichiers d’abonnés des deux publications : « Témoignage ACO » (Action catholique ouvrière) et « Courrier ACI » (Action catholique des milieux indépendants). À l’échelle nationale, l’étude

de la distribution de ces mouvements montre une implantation forte de l’ouest de la France et notamment en Loire-Atlantique et dans le Maine-et-Loire.

Carte 12 : Nombre d’abonnés aux revues « Témoignage ACO » et « Courrier » par communes en 1995

Source : Bouju 1997 p.285

Les cartes 12 permettent un regard plus fin sur les distributions locales. Ces cartes et particulièrement celle sur « Témoignage ACO » montrent une répartition des mouvements catholiques extrêmement proche de celle des Centres Sociaux. On retrouve :

- Pour la Loire-Altantique, la bipolarité Saint-Nazaire/Nantes.

- Pour le Maine-et-Loire, l’importance d’Angers et une densité dans les Mauges et le Choletais. - Pour la Mayenne, une visibilité particulière pour les communes de Château-Gontier, Laval et

Mayenne.

- Pour la Sarthe, une concentration sur Le Mans et une présence dans les quarts nord-ouest et sud-est.

- Pour la Vendée, une présence particulière dans le sud du département, autour de Fontenay-le- Comte et sur le littoral (Noirmoutier, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, etc.).

La géographie des Centres Sociaux est plus proche de celle de l’ACO que de l’ACI ce qui s’explique par l’histoire des Centres Sociaux leur proximité la question ouvrière.

L’implantation des Centres Sociaux dans les Pays de la Loire traduit à la fois une dimension d’outil à une problématique sociale localisée et un héritage des dynamiques locales. On retrouve la tension entre

dimension endogène et exogène. Le Centre Social est une structure « apposée » sur un territoire quand il semble pertinent pour se saisir de certaines problématiques. En même temps, un Centre Social est une structure dont l’histoire l’ancre dans des dynamiques locales particulières. Ce n’est pas anodin que la géographie des Centres Sociaux se rapproche de celle des abonnés de l’ACO. De la même manière, il parait normal que les Centres Sociaux urbains interviennent principalement dans des quartiers politiques de la ville. Comme c’était le cas pour le choix d’une définition du Centre Social (I.1.1.1.4), la question n’est pas ici de savoir si le Centre Social est plus un outil d’intervention ou la traduction d’une dynamique locale. Il est les deux, suivant les Centres Sociaux et leurs histoires particulières.

Les Centres Sociaux et la question du vieillissement des