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Un caractère sublime :

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 36-42)

Dans le Coran, le Prophète Muhammad est décrit comme un être au

"caractère sublime"17 Voici deux dires du Prophète qui nous éclairent sur ce qu'est ce "caractère sublime":

Ne vous rabaissez jamais en disant que si les gens vous traitent bien, vous les traiterez bien et que s'ils vous blessent, alors vous leur ferez pire. Habituez -vous plutôt à être bons envers ceux qui sont bons envers -vous et ne pas faire de mal à ceux qui vous blessent.18

Tendez la main à ceux qui rompent les liens avec vous, pardonnez à ceux qui vous font mal et soyez bons envers ceux qui vous blessent.19

Le sublime caractère décrit ici était- dans sa forme la plus noble- incarné par le Prophète lui-même. Un tel caractère est facultatif pour les musulmans ordinaires mais pour le Prophète, c'était un requis de base.

Il existe deux niveaux de caractère : un niveau ordinaire et un niveau supérieur. Un caractère ordinaire a pour base le principe suivant : "Agis comme on a agi envers toi". Un tel caractère peut être qualifié de caractère au "réflexe rotulien" car ceux doté de ce caractère offrent des réponses réflexes (automatiques) au traitement des autres. Ils stoppent toute relation avec ceux

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18 Hadith cité dans Michakt al-Masaih (la niche des lumières)

19 Haditn de Razin

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qui rompent avec eux, ils agissent mal envers ceux qui agissent mal avec eux, et ils blessent ceux qui les blessent.

Mais le niveau supérieur est basé sur le principe suivant : "Agis comme tu souhaiterais qu'on agisse avec toi" Ceux dotés de ce caractère se conduisent avec l'ami ou l'ennemi de la manière énoncée plus haut, ne tenant pas compte de la façon dont ils ont été traités. Ils aiment à se réconcilier même avec ceux qui rompent les liens avec eux. Ils sont miséricordieux même avec ceux qui cherchent à les blesser et ils sont patients même avec ceux qui leur font du mal.

Le philosophe français Voltaire (1694-1778) a dit : "Personne n'est un héros pour son valet". Ceci s'explique par le fait qu'un valet a accès à la vie privée de son maître, et, en privé, personne n'est parfait. Ceux qui vivent très proches d'une personne ne la tiennent pas généralement dans une aussi haute estime que ceux qui en vivent éloignés. C'est pour cela qu'ils ne peuvent le considérer comme "un héros". Mais ceci n'est pas vrai pour le Prophète Muhammad.

L'histoire nous montre que plus on vivait près de lui, plus on était impressionné par la finesse de ses vertus.

Un jour, des membres de la tribu des Banû Qayn Ibn Jasr attaquèrent le camp des banû Ma'an, une branche de la tribu des tay'. Durant le pillage, ils capturèrent un jeune garçon de huit ans nommé Zayd, qui fut par la suite vendu comme esclave à la foire de Ukaz. Il fut acheté par Khadija qui le mit au service de Muhammad, après leur mariage. La famille de Zayd n'avait cessé de chercher après l'enfant. Le père et l'oncle du garçon finirent par savoir où il se trouvait et ils vinrent à la Mecque le récupérer et le ramener avec eux à la maison. Ils rencontrèrent le Prophète et proposèrent de donner la compensation et dit que si Zayd souhaitait s'il leur restituait l'enfant. Le Prophète refusa toute compensation et dit que si Zayd souhaitait partir avec eux, il le pouvait. Il appela

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Zayd et lui demanda s'il connaissait ces gens. Zayd répondit par l'affirmative en reconnaissant son père et son oncle. "Ils veulent t'emmener avec eux".

-"Je ne te quitterai pas pour aller où que ce soit" répliqua Zayd. Son père et son oncle furent furieux d'entendre cela : "Comment ? Tu préfères l'esclavage à la liberté ? Demandèrent-ils. Veux-tu abandonner ta propre famille pour vivre parmi des étrangers ?" –Je ne peux préférer personne à Muhammad, dit-il. Pas après avoir vu toutes ses qualités." Ils n'eurent donc d'autre choix que de retourner chez eux sans lui, mais réconfortés de savoir Zayd entre de bonnes mains. Tel était donc le charisme du Prophète.

Cet incident qui survint avant le début de la mission du Prophète révèle la tendresse qui était inhérente à sa nature. Le Coran réfère à cette caractéristique de son tempérament dans les termes suivants :

"C'est par un effet de la miséricorde de Dieu que tu es si conciliant envers les hommes, car si tu te montrais rude, le cœur dur envers eux, ils se seraient tous éloignés de toi"20

Cette magnanimité du Prophète lui donnait le pouvoir d'attirer le cœur des gens : plus on était à son contact, plus on était conquis par la noblesse de son caractère.

Le Prophète dis un jour: "Honorer les liens avec vos proches ne signifie pas honorer vos liens avec ceux qui honorent leur liens avec vous mais plutôt honorer vos liens avec ceux qui rompent les liens avec vous."

Le cas bien connu de Aïcha, épouse du Prophète et fille d'Abû Bakr, accusée d'adultère, est la parfaite illustration de ce principe.

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Cette accusation absolument calomnieuse fut portée contre Aîcha alors que, de retour de l'expédition contre les Banû al-Mustaliq (an 6 H), elle avait été accidentellement laissée en arrière. Elle fut recueillie par un jeune compagnon du Prophète, Safwan Ibn al-Mu'attal. Cet épisode, devenu célèbre dans l'histoire islamique, est connu sous le nom de "l'affaire de la calomnie". L'une des personnes responsables d'avoir fabriqué et propagé cette calomnie était un cousin d'Abu Bakr nommé Mistah. Quand Abû Bakr apprit que Mistah était de ceux qui avaient diffamé sa fille innocente, il coupa l'allocation qu'il versait à Mistah, considéré comme un cousin nécessiteux. Quand Abû Bakr prit cette décision, Dieu révéla ce verset du Coran au prophète :

"Que les gens honorables et fortunés d'entre vous ne jurent point qu'ils ne viendront plus en aide à leurs parents, aux pauvres et à ceux qui se sont expatriés pour la cause de Dieu ! Qu'ils se montrent, au contraire, indulgents et cléments ! Vous-mêmes, n'aimeriez-vous que Dieu vous absolve ? Dieu est infiniment Clément et Miséricordieux"21

Ainsi une personne dans le besoin ne devrait-elle pas être privée d'assistance financière à cause de sa mauvaise conduite. Il faudrait plutôt lui pardonner et continuer à l'aider.

Un Homme vint un jour vers Abû Bakr et l'insulta alors qu'il était assis avec le Prophète. Abû Bakr écouta sans répondre. L'homme continua à l'invectiver.

Abû Bakr continua à garder son calme, mais devant l'acharnement de l'homme, Abû Bakr ne put se contenir et fini par répondre. En entendant cela, le Prophète se leva aussitôt et partit. "Pourquoi t'es-tu levé, Prophète de Dieu ?" demanda Abû Bakr- "tant que tu gardais le silence, Abû-Bakr, un ange de Dieu répondait

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pour toi. Mais dès que tu as éclaté de colère, l'ange est parti, répondit le Prophète." Ainsi, le Prophète montra que Dieu venge un mal fait à quelqu'un tant que l'on ne se venge pas soi-même. Dieu ne prête pas l'oreille à celui qui cherche à se venger. Il est évident que la rétribution sera bien plus complète si elle est laissée à Dieu.

Le Prophète emprunta un jour de l'argent à un savant juif. Après quelques jours, le juif vint demander le paiement de la dette. "En ce moment, je ne suis pas en mesure de te rendre ton argent, lui dit le Prophète". "Je ne te laisserai pas partir tant que tu ne m'auras pas payé, rétorqua le Juif". Il resta donc là, retenu captif par le juif du matin jusqu'au soir. A cette époque, le Prophète était déjà le gouverneur de Médine ; il avait donc le pouvoir de prendre des mesures contre le juif. Ses compagnons voulurent réprimander l'homme et le chasser. Mais le Prophète leur interdit d'entreprendre toute action. "Cet homme te retient captif"" dit l'un d'entre eux- "C'est vrai, répondit le Prophète, mais le Seigneur nous a interdit de faire du mal à qui que ce soit." La nuit passa et avec les premières lueurs de l'aube, l'homme ouvrit les yeux. Il fut si profondément touché par la tolérance du prophète, malgré son pouvoir de prendre des mesures contre lui, qu'il embrassa l'islam. Ce juif, qui était un homme riche, avait détenu le Prophète la veille pour quelques sous, mais la noble conduite du Prophète eut un tel impact sur lui qu'il était alors prêt à offrir toute sa richesse au Prophète en lui disant : "Dépense la comme il te plaît".

Un jour, Abduallah Ibn Abi al-Hasma était en train de négocier une affaire avec Muhammad qui était alors un jeune garçon. Ils n'avaient pas encore fini leur transaction quand il dut retournez chez lui pour une affaire urgente. "Attends-moi ici, dit-il à Muhammad. Nous règlerons cette affaire dès mon retour." Quand il arriva chez lui, il fut pris par tellement de tâches qu'il en oublia sa promesse. Il

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ne s'en souvint que trois jours plus tard et retourna au même endroit où il trouva Muhammad encore en train de l'attendre. Tout ce qu'il dit à Abdullah Ibn Al-hasma fut : "Tu m'as donné beaucoup de soucis ; je t'attends là depuis trois jours." Une telle conduite a un magnétisme puissant auquel la personne la plus opiniâtre ne peut résister.

Un jour, un groupe de rabbins vint voir le Prophète. Lorsqu'ils entrèrent, au lieu de saluer comme de coutume en disant as-salâm' alaykom (que la paix soit sur toi), ils dirent as-sam 'alaykom (que la mort soit sur toi). En entendant cela, Aïcha ne put se retenir : "Que la mort soit plutôt sur vous, leur dit-elle. Que Dieu vous maudisse !" Le Prophète demanda alors à Aïcha de ne pas répondre de cette manière : "Dieu est doux et il aime la douceur en toute chose, lui dit-il"

En vérité, il n'y a pas de méthode plus efficace pour gagner le cœur de quelqu'un de lui retourner de douces paroles contre la dureté de ses propos. Il est possible de contenir une attaque armée mais une noble conduite est une force à laquelle personne ne peut résister. Elle est sûre de l'emporter dans toute situation.

Quelle terrible chose cela a dû être pour un homme tel que le Prophète, lorsqu'à la nuit tombante, les gamins des rues de Ta'if le chassèrent de la ville en lui lançant des pierres. Ta'if était la ville où l'aristocratie du Hijaz avait l'habitude de passer l'été et le Prophète avait fait un voyage 80 Kilomètres depuis la Mecque pour les appeler à l'Islam. Mais les seigneurs de Ta'if n'écoutèrent pas sa bonne parole ; Ils lancèrent sur lui les gamins des rues qui le pourchassèrent jusqu'à ce que la nuit jetât son voile entre eux et le Prophète de Dieu.

Son corps était couvert des blessures. Saignant de la tête aux pieds, harassé, il trouva refuge dans un vignoble. Même pour l'homme le plus ordinaire, une telle expérience est traumatisante. D'ailleurs, le Prophète dit un jour à sa jeune épouse Aïcha que c'était la pire nuit de toute sa vie. Mais, même dans ce

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moment le plus pénible, le Prophète ne souhaita pas de mal à ses ennemis et fit cette prière : "Seigneur, guide-les car ils ne savent pas ce qu'ils font". Tel était le noble caractère du Prophète et c'est cette même noblesse qui lui permit de venir à bout de ses opposants et d'amener l'ensemble de l'Arabie dans le giron de l'islam. La force de cet esprit sublime suffisait à conquérir tout sur son passage.

Aucun préjudice, antagonisme ou opposition ne put résister à la puissance du bien incarné par le Prophète.

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 36-42)