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Evolution et non pas révolution

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 68-72)

Le mot arabe "sunna" signifie "un sentier, une voie". Dans la vie religieuse, ce terme a l'acception suivante : "La manière de vivre qui plaît à Dieu et qui a été révélée aux hommes par le biais des Prophètes". Le mot s'applique dans le Coran à toutes les formes que la loi Divine a pu prendre à travers toutes les époques.

Quand Dieu a créé le monde, il a aussi imposé une voie à suivre. Il a imprégné cette loi Divine de manière si péremptoire dans le monde de la nature qu'il est impossible d'en dévier d'un pouce. Mais Dieu n'a pas imposé sa volonté à l'humanité. Il nous a donné la liberté de pensée et d’action : ceux qui suivent Sa voie de leur plein gré auront le Paradis pour récompense. Quant à ceux qui dévient de Sa voie, ils auront pour châtiment le feu de l'enfer.

"Dieu voulait que vous le sachiez et il souhaitait vous guider sur la voie de ceux qui ont vécu avant vous afin de vous prendre en miséricorde. Il est le sage, l'omniscient."29

Les Prophètes de Dieu sont venus au monde pour nous rendre ce chemin clair et évident. Par leurs paroles et leurs actions, ils nous ont montré comment vivre en harmonie avec la volonté de Dieu. C'est cette manière de vivre qui est

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connue en islam sous le nom de "sunna" (ou voie) des Prophètes. Elle couvre tous les aspects de la vie, allant des affaires personnelles à la réforme sociale et la construction d'une nation. Ceux qui cherchent avec conviction à faire partie des serviteurs élus de Dieu doivent suivre la voie de Prophète à tous les égards.

Nul ne peut se considérer libre "d'emprunter une autre voie" dans quelques domaines de la vie que ce soit.

La plus importante pratique dans la vie personnelle du Prophète était de prêcher la parole de Dieu. Une étude de sa vie montre que sa plus grande préoccupation était d'amener les gens sur la voie de Dieu. Que cette préoccupation soit devenue une angoisse pour lui est un fait clairement rappelé dans le verset suivant du Coran :

"Vas-tu te consumer de chagrin parce qu'ils ne sont pas croyants ?"30 Le Prophète a dit que celui qui ne suivait pas sa pratique ne faisait pas partie de sa communauté. De la même manière que cette remarque s'applique à un contrat de mariage ou à d'autres obligations sociales, elle s'applique aussi au devoir d'appeler les gens vers la voie de Dieu. Seuls ont le droit d'être appelés véritablement partisans du prophète ceux qui, outre d'autres obligations enjointes par lui, adoptent aussi cette pratique primordiale.

Un des aspects de la mission publique du Prophète était son approche réaliste, progressive dans tout ce qu'il faisait. Dans son application des normes théoriques, il prenait toujours en considération la réalité politique. Il était toujours très attentif à introduire des réformes sociales progressivement. Dans le jargon moderne, son approche aurait pu être appelée "évolutive" et non pas

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"révolutionnaire" Aïcha, la femme du Prophète, a expliqué ce principe très clairement :

Les premiers chapitres du coran qui furent révélés étaient courts et parlaient du Paradis et de l'enfer. Puis, quand les gens furent prêts à accepter les enseignements de l'islam, les versets traitant du licite et de l'illicite furent révélés. Si des injonctions telles que : "Ne buvez pas de vins" ou "ne commettez pas l'adultère" avaient été révélées en premier lieu, les gens auraient refusé d'abandonner ces pratiques.

Avec la conquête de la Mecque en l'an 8 an H, le Prophète eut le contrôle total de la capitale arabe. Pourtant, il ne cherche pas à appliquer immédiatement les lois islamiques dans la maison de Dieu à la Mecque. Quoi qu'il ait eu à faire, il le fit progressivement. Le gouvernement islamique fut établi dans la ville sainte quand le pèlerinage de l'an 8 H eut lieu ; pèlerinage accompli selon la coutume préislamique ancienne. L'année suivante, le second pèlerinage de l'ère islamique fut accompli par les musulmans avec les idolâtres qui, eux, suivaient leurs propres coutumes. Ce fut seulement la troisième année que le Prophète annonça que le pèlerinage serait accompli entièrement selon les rites islamiques. Ce pèlerinage est connu sous le nom de "hujjat el wadâ": le pèlerinage d'Adieu du Prophète.

Il répugnait naturellement au Prophète de voir les idolâtres venir à la Mosquée Sacrée accomplir le pèlerinage selon leurs coutumes polythéistes.

Pourtant, malgré tout le pouvoir qu'il détenait, il ne s'empressa pas à appliquer la loi islamique. Il s'abstint plutôt d'aller en pèlerinage à la Mecque pendant les deux ans qui suivirent sa conquête. "Je n'aimerais pas aller en pèlerinage alors que les idolâtres s'y rendent et accomplissent les rites du pèlerinage nus" disait- il lorsque la saison du pèlerinage arrivait.

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Quelques musulmans partirent en pèlerinage l'année qui suivit la conquête de la Mecque (an 8H) mais le prophète n'était pas parmi eux. L'année suivante (l'an 9 H), la délégation des pèlerins musulmans était conduite par Abû Bakr. Ce fut après cela que les polythéistes furent interdits d'accomplir le pèlerinage. L'interdiction venait du Coran :

"Ô Croyants, les polythéistes sont impurs. Ne les laissez plus s'approcher de la Mosquée sacrée à l'expiration de cette année"31

Le Prophète envoya ensuite son cousin Alî à la Mecque avec pour ordre de se mêler à la foule des pèlerins et de proclamer haut et fort qu'à partir de cette année, aucun idolâtre ne serait autorisé accomplir le pèlerinage et qu'accomplir le tawâf (circumambulation autour de la Ka'ba) nu, serait définitivement interdit.

Puis, la troisième année, suite à l'élimination progressive du polythéisme, le Prophète entreprit ce qui devait être son dernier pèlerinage à la Mosquée sacrée.

Ceci montre combien le Prophète était attentif à introduire des réformes progressivement. Même lorsqu'il exerçait le pouvoir, il n'essaya pas d'imposer en urgence la législation islamique. Il laissa les choses suivre leur cours normal, agissant par étapes, jusqu'à atteindre la conclusion désirée. Il s'abstenait d'introduire les mesures désirées mais il ne cherchait pas non plus à empêcher les polythéistes d’exercer leurs activités jusqu'à ce que vienne le moment où ils étaient prêts d'eux-mêmes à s'abstenir de ces actes.

Il y a plusieurs facettes du Prophète qu'on a généralement considérées comme peu importantes. Par exemple, son approche réaliste et progressive dans tout ce qu'il faisait, n'a jamais été saluée comme étant d'une importance

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spéciale. Ainsi, le Prophète a vécu à la Mecque pendant treize ans après le début de sa mission prophétique mais pas une seule fois pendant toute cette période n'a-t-il protesté contre la profanation continue de la Ka'ba. Même après avoir conquis la ville, il n'était pas pressé d'abolir des coutumes vaines et frivoles. Il attendit deux ans, malgré le fait qu'il ait eu le pouvoir d'entreprendre des actions immédiates. Ce fut seulement la troisième année qu’il introduisait les réformes qu'il avait en tête.

Une approche progressive recueille plusieurs avantages qui ne peuvent être obtenus par aucune autre méthode. Elle garantit l'assurance d'atteindre ses objectifs. Celui qui adopte cette méthode n’avance pas d'un pouce tant qu'il n'est pas sûr d'avoir consolidé sa position précédente. Il ne laisse pas emporter par son propre zèle mais prend plutôt en compte les facteurs extérieurs et avance prudemment en fonction de la situation. Il ne fait pas l'ombre d'un doute que quelqu'un qui est si prudent dans sa progression, parvienne à atteindre son but.

En outre, il y a moins de risques de subir des pertes inutiles. Ceux qui cherchent à avoir tout, tout de suite, se rendent compte inévitablement qu'ils doivent surmonter d'énormes obstacles avant d'être en position d'avoir quoi que ce soit. De telles tentatives peuvent se solder par des pertes incalculables en vies humaines ainsi que des dégâts matériels énormes. Réparer son erreur pour une telle imprudence peut prendre des siècles.

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 68-72)