• Aucun résultat trouvé

S'élever au-dessus des événements

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 104-108)

La péninsule Arabique, dans la période qui précédait immédiatement la venue du Prophète Muhammad, était confrontée à d'importants problèmes politiques. Les deux super- puissances de l'époque- Les empires perse et romain s'étendaient à l'ouest et à l'est de la péninsule Arabique et tous deux avaient transformé le territoire des arabes en un terrain de jeux politiques. Les plus fertiles régions de la péninsule étaient sous le contrôle direct de l'une ou l'autre de ces deux puissances. L'Iraq avait été annexé par les Perses tandis que la Syrie, la Jordanie, la Palestine et le Liban faisaient alors partie de l'empire byzantin.

Malgré les frontières naturelles protectrices de la mer rouge à l'ouest et du Golfe Persique à l'Est, les terres en bordure de ces mers n'étaient pas à l'abri de l'intrusion de ces deux puissants voisins. Les navires de guerre perses n'avaient aucune difficulté à traverser le golfe d'Oman et à pénétrer le territoire arabe. La Mer rouge non plus n'empêchait pas l'Egypte et l'Ethiopie –toutes deux sous le contrôle de l'empire byzantin – d'interférer dans les affaires des Arabes.

Les Chefs des tribus avaient formé des états dans les régions intérieures de la péninsule Arabique, mais ils ne jouissaient pas d'une réelle indépendance.

La domination omniprésente de Rome et de la Perse signifiait que le seul moyen que ces chefs avaient pour préserver un minimum d'autonomie était de gouverner en tant que vassaux de ces puissances impériales. Aux frontières de la Syrie se trouvait l'état de Gassassina Arabiya, sujet de l'empire romain et gouverné par Hârith Ibn Abi Chimr Ghassani à l'époque de la mission prophétique de Muhammad.

105

Puis il y avait Bosra qui, en plus d'être sous le contrôle politique des Romains, avait aussi subi l'influence de la culture romaine avec un grand nombre de ses habitants qui avaient accepté le christianisme.

A la frontière de l'Iraq se trouvait l'Etat de Hira Arabiyya qui était assujetti à l'Iran. Il y avait aussi plusieurs Etats le long du golfe Persique où l'influence de leur voisin perse était fortement ressentie. Le plus en vue parmi eux était l'état de Bahrayn, gouverné par Mundhir Ibn Sura, et où les habitants avaient adopté la religion zoroastrienne. Deux autres états étaient tombés sous l'influence de l'Empire perse de la même manière : Amman, dirigé par les deux fils de Jalandi, Jayfar et Abd, et Yamama, gouverné par Hamza Ibn Ali al-Hanafi. La rivalité entre les empires perse et romain était intense et leurs vassaux respectifs en Arabie prenaient part aux guerres qu'ils se livraient. Ghassasina, par exemple, prenait le parti des Romains et Hira, celui des Perses. De cette manière, le sang arabe coulait pour achever les desseins des deux super- puissances.

En ce temps, le Yémen était bien plus grand qu'il ne l'est aujourd'hui. Il comprenait plusieurs petits gouvernements tribaux dont le plus grand avait sa capitale à Sanaa. C'était là que se situait Nakran. Le gouvernement étranger au Yémen avait commencé en 343 apr. J-C. quand les Romains envoyèrent des missionnaires chrétiens dans cette région. Ces missionnaires eurent un grand succès à Najran et la plupart des habitants se convertirent au christianisme.

Bien que ce fût un évènement religieux, leurs rivaux perses le perçurent comme une menace politique. Il leur semblait que l'Empire romain cherchait à établir un pied-à-terre dans le sud de l'Arabie. Les Perses s'étaient alliés aux tribus qui s'étaient installées au Yémen après avoir été expulsées de Syrie par les Romains en 70 apr. J.C. Yûssuf Dhû Nuwwâs était arabe par sa naissance mais il avait accepté le judaïsme. Avec l'aide des Perses, il avait mis en place un

106

gouvernement semi-autonome à Sanaa, placé sous l'autorité sassanide. Il s'employa par la suite à exterminer les chrétiens de Najrân, parmi lesquels beaucoup furent brûlés vifs en 534 apr. J.C

Les Romains prirent alors des mesures pour préserver leur emprise sur la région. Cherchant ostensiblement à protéger les chrétiens yéménites, ils choisirent le Négus éthiopien- un chrétien loyal aux Romains - pour atteindre leurs fins en l'incitant à se soulever contre Yûssuf Dhû Nuwwâs. Le Négus envoya par la suite une armée conduite par le Chef éthiopien Aryat. Une courte bataille s'ensuivit qui se solda par la prise de Sanaa par les forces éthiopiennes et par le Décès de Dhû Nuwwâs dans la mer. Très vite cependant, Abraha- un soldat de l'armée d'Aryat- tua son commandant et après avoir obtenu l’aval du Négus, il mit en place son propre gouvernement à Sanaa. C'était lui qui, en 571 apr J.C, partit attaquer la Mecque. Il eut pour successeurs ses deux fils : Yaksûm puis Marsûq.

Un membre de l'ancienne famille royale du Yémen, nommé Sayf Ibn Dhi Zazan, décida d'expulser les étrangers de son pays afin de réinstaurer la dynastie ancestrale. Il initia un mouvement de libération, mais lorsque le soutien local se révéla insuffisant pour arriver à ses fins, il alla voir le roi iranien Nurshirwan en quête d'un soutien militaire. Nurshirwan fut prompt à saisir cette occasion en or:

pendant qu'une armée iranienne, sous le commandement de Dahraz, se préparait à avancer sur le Yémen, Sayf Ibn Dhî Yazan décéda. Mais son fils Ma'di Karb continua les préparatifs pour accueillir la force iranienne dans son pays. Ils traversèrent le golfe d'Oman, débarquèrent à Hadramawt et de là continuèrent sur Sanaa. L'alliance entre Ma'di Karb et Dahraz permit d'expulser les éthiopiens du Yémen. Ma'di Karb devint roi de Sanaa, mais une présence militaire iranienne avait été conservée, transformant ainsi le Yémen en une province iranienne

107

transocéanique. Il y avait donc là-bas un gouverneur iranien à l'époque de l'avènement de l'islam. Son nom était Bazan et après s'être opposé au début à l'islam, il finit par s'y convertir.

Tout ceci pour montrer jusqu'au le territoire arabe était devenu la proie de desseins expansionnistes de la part de Rome et de la Perse à l'époque de la mission du Prophète Muhammad. Dans une telle situation, deux voies étaient laissées libres à un réformateur tel que le Prophète. Il aurait pu se laisser porter par la vague des évènements de l'époque et fomenter une agitation politique contre les puissances coloniales qui menaçaient son pays. Ou alors il aurait pu se concentrer sur la construction de la force intérieure de son peuple jusqu'à atteindre un degré tel qu'il aurait fallu un léger effort de leur part pour faire s'écrouler entièrement l'édifice impérial.

Le Prophète choisit la deuxième solution plutôt que la première. L'attaque de la sainte Ka'ba par Abraha est mentionnée dans deux chapitres (sourates 105 et 106) du Coran intitulés "l'éléphant" et "Quraych". Le Coran énonce explicitement que de telles menaces devaient être repoussées par "l'adoration".

C'est cela la manière d'agir de l'islam. Quand une menace politique se fait sentir, une solution doit être trouvée- non pas sur le plan politique- mais plutôt sur le plan spirituel, sur le plan de l'adoration.

108

Chapitre 9

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 104-108)