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Le début de la mission publique du Prophète

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 136-141)

Quand, à l'âge de quarante ans, le Prophète reçut la révélation pour la première fois, il réagit comme l'aurait fait n'importe quel autre être humain dans la même situation. A l'époque, on l'a dit, il méditait dans la grotte de Hira. A la vue de l'ange Gabriel, il retourna chez lui pétrifié de peur où sa femme Khadija l'attendait. Juge impartiale, elle était en position de considérer la situation objectivement. Elle pouvait voir que l'expérience du Prophète, loin d'être un cauchemar, devait être un signe qu'il avait été élu par Dieu.

"C'est impossible, dit-elle, Dieu ne voudrait jamais t'humilier. Tu es bon envers tes proches ; tu aides toujours les opprimés ; tu aides ceux qui n'ont pas de travail à se remettre sur pied ; tu honores tes invités. Quand les gens ont des ennuis, tu leur fournis ton aide"70

Le Prophète s'attela à sa tâche de la manière qui convient à quelqu'un qui devait prêcher un nouveau message dans une société attachée à des croyances et à des coutumes traditionnelles. Il procéda avec précaution, suivant un ordre totalement naturel. Au début, il devait travailler en secret. C'est ainsi que l'historien Ibn Kathir décrit un évènement survenu au début de la mission du Prophète :

Ali, fils d'Abu Talib et cousin du Prophète, vint chez le Prophète alors que celui-ci et Khadija priaient. Il demanda à son cousin ce qu'ils faisaient. Le Prophète lui répondit que c'était la religion de Dieu, la voie que Dieu lui-même avait choisie. C'était pour appeler les gens vers cette voie qu'il avait envoyé Ses prophètes au monde. "Crois au Dieu Unique, dit le Prophète. Il n'a pas d'associé.

N'adore que lui. Abandonne Lât et Uzza"- "Je n'ai jamais rien entendu de pareil

70 Hadith Bukhari et Muslim

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avant ce jour, répliqua Ali, je ne peux prendre de décision tant que je n'en ai pas parlé avec mon père, Abû Talib" Mais le Prophète ne souhaitait pas que son secret soit connu avant que ne vienne l'heure de le déclarer en public. "Ali, dit-il, si tu n'es pas prêt à devenir un musulman, garde alors cela pour toi". Ali attendit une nuit puis Dieu fit basculer son cœur vers l'islam. Il retourna voir le Prophète très tôt le matin et lui demanda : "De quoi me parlais-tu au juste hier?"

"Sois témoin qu'il n'est rien qui ne vaille d'être adoré sauf Dieu. Il est Unique. Il n'a pas d'associé. Abandonne Lât et Uzza et renie tous ceux qui sont considérés comme des égaux avec Dieu". Ali le fit et devin musulman. Puis, par crainte d'Abu Talib, il venait voir le Prophète secrètement. Ali garde sa conversion secrète, il n'en parla à personne.71

Ils suivirent la même ligne de conduite, même plus tard, lorsque les premiers musulmans parmi les tribus des Aws et Khazraj retournèrent à Médine.

D'après l'historien Tabarani, "ils revinrent vers leur peuple et les invitèrent secrètement à embrasser L'islam"

A travers toute sa mission publique, le Prophète fit toujours très attention à ne pas prendre une quelconque initiative tant qu'il ne fut pas certain qu'il avait les ressources nécessaires. Aïcha, épouse du Prophète et fille d'Abû Bakr, raconte comment lorsque le Prophète eut rassemblé autour de lui trente-huit partisans, Abû Bakr le pressa de déclarer sa mission au grand jour. Abû Bakr était d'avis que le Prophète et ses Compagnons devait sortir au grand jour et prêcher l'islam en public. Mais le Prophète lui dit : "Non, Abû Bakr, Nous sommes très peu." La même chose arriva six ans après le début de la révélation quand Umar embrassa l'islam. Il protesta auprès du Prophète : "Pourquoi nous devrions-nous garder notre islam secret alors que nous sommes dans le vrai? Et pourquoi

71 Al-Bidaya wa an-nihaya, vol3.p24

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d'autres auraient-ils le droit de déclarer librement leur foi alors qu'ils sont dans l’erreur ?" Le Prophète fit à Umar la même réponse qu'il avait fait plusieurs années auparavant à Abû Bakr : "Nous sommes trop peu, Umar" Tant que le Prophète fut à la Mecque, il conserva cette attitude prudente et refusa d'engager dans un combat. Ce ne fut qu'auprès l'émigration avec la consolidation des rangs musulmans, quand l'armée des Quraychites marcha sur Médine pour exterminer l'islam et les musulmans que la permission fut donnée aux musulmans de contrer les Quraychites. La première bataille qui opposa alors aux musulmans à leurs adversaires fut celle de Badr. Alors que le combat commençait, le Prophète dit :

"Celui qui vaincra aujourd'hui sera le vainqueur dans les temps qui viennent".

Cela voulait dire que le seul moment opportun pour les musulmans de prendre des initiatives positives était lorsqu'ils étaient en position de façonner un nouvel avenir pour l'islam.

Une chose ressort clairement des différentes biographies du Prophète.

Lorsque lui échut la tâche de prêcher en public, il devint hautement conscient de la grandeur de cette responsabilité, se rendant compte que cela nécessiterait une attention ferme de tous les instants. Il espérait que sa famille le prendrait en charge financièrement, ce qui lui permettraient – n'ayant plus à travailler pour gagner sa vie- de se concentrer sur son travail de prédication. Il fit rassembler toute la famille de Abd al-Muttalib dans sa propre maison. Il y avait environ trente membres à l'époque. Il leur dit ce que sa réelle mission dans la vie était devenue. Il leur demanda leur soutien pour qu'il puisse s'acquitter de ses devoirs prophétiques. L'Imam Ahmad rapporte, d'après Aïcha, que le Prophète leur a dit :

"Banû Abd-al Muttalib! J'ai été envoyé à vous en particulier et à l'ensemble de l'humanité en général. Qui me jurera fidélité et deviendra mon frère et mon

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compagnon ? Qui se portera garant de mes dettes et de mes promesses ? Qui s'occupera des affaires de ma famille ? (Celui qui acceptera cela) sera avec moi au Paradis" Quelqu'un dit à haute voix: "Muhammad, tu es un océan. Qui peut s'avancer et accepter de prendre une telle responsabilité ?"72

La propre famille du Prophète n'était pas prête à se porter garante pour lui. Abbas Ibn Abd-al-Muttalib, l'oncle du Prophète, était financièrement en position de s'occuper de son neveu. Pourtant il garda le silence, de peur que cette responsabilité ne dévore sa richesse. Dieu cependant aida son Prophète.

D'abord à travers son épouse Khadija Bint Khuwaylid et plus tard à travers Abû Bakr, dont la richesse profita au Prophète pendant toutes ces années à Médine.

Le Prophète fit preuve d'un enthousiasme sans bornes dans ses efforts pour communiquer la foi aux autres. L'historien Ibn Jarir raconte d'après Abduallah Ibn Abbès, comment les nobles Quraychites, s'étaient un jour assemblés autour de la Ka'ba et avaient fait appeler le Prophète. Il vint sur-le-champ, pensant qu'ils pourraient avoir quelque penchant pour l'islam. Il était toujours désireux de voir son peuple embrasser l'islam. La seule pensée de les savoir condamnés était source de tourment pour lui. Cependant, et encore une fois, ils n'avaient appelé le Prophète que pour lui chercher querelle. Accepter l'islam était la dernière chose qu'ils avaient en tête. Le Prophète leur parla longuement puis s'éloigna plein de chagrin. Ibn Hicham poursuit ainsi l’histoire : Le Prophète retourna chez lui triste et abattu car l'espoir qu'il avait nourri pour son peuple, lorsqu'ils l'avaient appelé, étaient anéanti. Il avait constaté combien les gens étaient loin d'accepter son message.73

72 Hadith de l'Imam Ahmed, d'après Aïcha

73 Ibn Hicham, tahzib as-sîra, p68

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Lorsque l'oncle du Prophète, Abû Talib, était sur son lit de mort, les gens virent le voir pour lui demander de régler les affaires entre eux et son neveu qu'il ne meure : "Fais-lui prendre un engagement à notre égard et fais-nous prendre un engagement à son encontre, de façon à ce qu'il n'ait plus rien à faire avec nous ni nous avec lui, dirent-ils" Abû Talib fit appeler son neveu et lui demanda ce qu'il attendait des gens. Le Prophète répliqua qu'il voulait simplement qu'ils témoignent qu'il n'y a rien qui soit plus digne d'être adoré que Dieu et qu'ils abandonnent tout autre objet d'adoration. Son peuple cependant se refusait à accepter cela. Quand tout le monde prit congé, Abû Talib dit à son neveu : "Tu sais, je pense que tu ne leur demandais pas grand-chose". En écoutant ces paroles, le Prophète fut plein d'espoir, pensant que peut-être son cher oncle allait accepter l'islam. "Mon oncle, lui dit-il, pourquoi n'attestes-pas de l'unicité de Dieu de façon à ce que je puisse intercéder en ta faveur au jour du jugement dernier ?" Cependant, Abû Talib refusa et le Prophète en fut profondément déçu.

Le dévouement avec lequel le Prophète se consacrait à sa tâche était total;

il employait toute son énergie physique et mentale. Outre son temps et son énergie, ses biens aussi étaient employés à faire avancer la cause de Dieu. Avant le début de sa mission, le Prophète était devenu assez riche grâce à son mariage avec Khadija qui était prospère. Au début de la période mecquoise, les Quraychites envoyèrent Utba Ibn Rabia pour parler au Prophète. Comme l'explique Ibn Kathir, Utba fut vite gagné à la cause du Prophète ; ce fut un évènement qui fut malheureusement mal interprété par sa famille qui attribua cette conversion à l'amour qu'il portait à la fortune du Prophète.

A la suite de cela, Utba resta chez lui et n'en sortit plus pour voir qui que ce soit. "Mes frères quraychites, dit Abû Jahl, il me semble que Utba a de la sympathie pour Muhammad. La nourriture qu'il lui a offerte a dû le rallier à sa

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cause. Ceci n'a pu lui arriver que parce qu'il est dans le besoin. Allons le voir ensemble !" et ils partirent le voir. Abû Jahl lui dit : "Utba, nous sommes venus te voir car nous pensons que tu portes de l'affection à Muhammad et à sa religion. Ecoute, si tu veux, nous pouvons rassembler assez d'argent pour t'assurer que tu n'auras plus à aller chez lui pour être nourri." Utba devint furieux et il jura qu'il n'adresserait plus la parole à Muhammad.

De la même manière, Walîd Ibn Mugira vint un jour voir le Prophète.

Lorsque celui-ci lui récita quelques versets du Coran, Walîd fut très impressionné par le style du livre de Dieu. Lorsque Abû Jahl eut vent de cela, il alla voir Walîd et lui dit que les gens étaient prêts à lui collecter de l'argent, car il était clair qu'il était dans le besoin, et qu'ainsi, il n'aurait plus à aller voir Muhammad dans ce but précis. Le Prophète était donc financièrement à l'aise lorsqu'il commença sa mission. Mais, après treize ans, lorsqu'il émigra à Médine, l'histoire était devenue bien différente. Il n'avait plus rien à lui et il dut même emprunter de l'argent à Abû Bakr pour le voyage.

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 136-141)