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Leçons tirées de la vie du Prophète

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 48-53)

Les récompenses de la sobriété

Dans le Coran, Dieu S'adressa ainsi aux croyants :

"Il y a dans le Prophète de Dieu un excellent modèle pour quiconque espère en Dieu et au jour Dernier et se rappelle beaucoup Dieu23"

Il est clair, d'après ce verset, que la vie du Prophète Muhammad constitue un modèle parfait pour chaque être humain. Mais les seuls véritables bénéficiaires sont ceux qui craignent profondément Dieu, dont les espoirs et les aspirations sont centrés sur lui, dont les vies évoluent dans la crainte du châtiment de leur Seigneur. Ceux qui chérissent l'idée du bonheur éternel et qui y aspirent de tout leur être seront ceux qui tireront leçon de l'exemple du Prophète.

Pourquoi en serait-il ainsi ? La raison en est que l'on doit être sincère dans sa recherche de la vérité si l'on veut la trouver. Si l'on espère en Dieu et au Jour Dernier, alors on sera sincère envers lui. La sincérité permettra de voir la vie du Prophète sous une véritable perspective et d'en tirer de vraies leçons.

Ceci peut être compris la parole suivante du prophète :

23 Coran 33/21

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Celui qui est tué en défendant son bien est un martyr. Celui qui est tué en défendant sa vie est un martyr. Celui qui est tué en défendant sa religion est un martyr. Celui qui est tué en défendant sa famille est un martyr"24

Comme il est clairement stipulé dans ce texte, cette tradition parle de

"celui qui est tué" et non pas de combat en tant que tel. Le Prophète ne voulait pas dire qu'à chaque fois que se présentait une menace contre son bien, sa vie, sa religion ou sa famille, il fallait immédiatement recourir aux armes, même si on meurt. Ce qu'il signifiait, c'était que si, dans l'un de ces quatre cas, un croyant ou une croyante est tué, alors sa mort équivaut à celle d'un martyr. Ce dire n'est donc pas une incitation au combat mais la promesse de mourir martyr pour celui ou celle qui est tué.

Cependant, ceux qui ne sont pas sincères dans leur attitude envers la religion, qui sont plus soucieux de donner à leurs caprices personnels le cachet de l'autorisation prophétique, se serviront des paroles de cette tradition pour justifier leurs querelles personnelles et leurs conflits nationalistes. L'islam, diront-ils, vous enseigne qu'il faut lutter pour vous droits tel un homme ; qu'il vous somme de vous battre pour défendre votre foi, votre vie, vos biens et votre famille. Si vous êtes victorieux, alors vous êtes arrivés à vos fins, et si vous avez été vaincus, vous devenez alors des martyrs et seule une heureuse minorité parvient à la situation de martyr.

Mais ceux qui craignent Dieu considéreront l'affaire avec modération.

Après une profonde réflexion, ils se poseront la question suivante : si on vous demande de lutter pour vos biens, votre vie votre religion et votre famille, pourquoi, y-a-t-il certains cas dans la vie du Prophète où il n'a pas agi de la sorte?

24 Hadith rapporté par tirmidhi, Nasââ î, Abû dawûd

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Pourquoi, à plusieurs occasions, face à une évidente oppression, le Prophète a-t-il adopté une attitude passive et a exhorté les autres à en faire de même?

L'incident suivant, par exemple, a été rapporté par Ibn Hicham d'après Abû Uthman an-Nahdî. Quand Suhayb prit la décision d'émigrer à Médine, Les Quraychites lui dirent : "Tu es venu à nous dans un état abject et misérable.Tu es devenu riche parmi nous jusqu'à nous dans un état abject et misérable. Tu es devenu riche parmi nous jusqu'à atteindre l'état de prospérité dont tu jouis.

Penses-tu vraiment que nous allons te laisser partir en emportant tout avec toi?

Tu te trompes lourdement !" Suhayb demanda : "Et si je vous livre toutes mes richesses, me laisserez-vous alors partir ?" Ils répondirent par l’affirmative ; alors Suhayb leur confia l'endroit où il avait caché ses richesses. Quand le Prophète apprit cela, il dit : "C'est une bonne affaire pour Syhayb! Il a fait un bon profit."

Si le hadith cité ci-dessus signifie- au sens absolu du terme- que l'on devrait combattre et donner sa vie pour défendre ses biens dans n'importe quelle condition, le Prophète aurait dû condamner l'échec du Suhayb plutôt que le féliciter de son succès.

Le cas d'Abu Jandal (cf. chapitre4) illustre aussi le même point. En effet, quand, à Hudaybiyya, en l'an 6 H, en pleines négociations de paix avec les Quraychites, le jeune abû Jandal, enchaîné et tout ensanglanté, supplia les musulmans de ne pas le remettre entre les mains des idolâtres car il avait embrassé l'islam, le Prophète ordonna cependant qu'il soit renvoyé à la Mecque en vertu du traité qu'ils avaient accepté de signer. "Abû Jandal, dit-il, sois patient.

Dieu te récompensera toi et ceux qui sont persécutés comme toi et il vous délivrera de vos peines."

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Si le Hadith cité ci-dessus nous incitait à combattre et à se faire martyr quelles que soient les conditions, le Prophète n'aurait pas sommé Abû Jandal de rester patient. Il lui aurait plutôt recommandé de chercher à mourir en martyr et lui-même et ses Compagnons auraient combattu de toutes leurs forces aux côtés d'Abû Jandal.

Lors de la même rencontre à Hudaybiyya, les Quraychites ont dit au Prophète qu'ils ne le laisseraient pas entrer à la Mecque cette année-là. Le Prophète ayant accepté, il retourna à Médine sans insister plus longtemps.

C'était une affaire purement d'ordre religieux et le Prophète s'était mis en route pour la Mecque avec ses Compagnons sur inspiration divine. Malgré cela, il se retira. Si le hadith cité ci-dessus mentionnait le combat et le martyre au sens absolu du terme, le Prophète aurait insisté pour se rendre en visite à la Maison de Dieu en cette année-là, eût-il réussi dans son but ou fût-il mort en Martyr dans son entreprise.

Ammar Ibn Yassir et ses parents étaient esclaves de la tribu des Banû Makhzum à la Mecque lorsqu'ils embrassèrent l'islam. Leur conversion signifiait pour les Banû Makhzum l'anathème sans appel. Ils emmenèrent toute la famille dans le désert, à l'heure du zénith, les couchèrent par terre sur le sable brûlant et les torturèrent sauvagement. Ils assassinèrent même la mère de Ammar. En relatant cet événement, le biographe du Prophète, ibn Hicham écrit :

Lorsque le prophète passa près d'eux, d'après ce que j'ai entendu dire, il leur disait : "Soyez patients, famille de Yassir, le Paradis est votre demeure éternelle."

Si le hadith cité ci-dessus avait un sens absolu, alors le conseil du Prophète à Yassir aurait été un encouragement à la lâcheté. Le Prophète n'aurait alors

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jamais donné ce genre de conseils. Il aurait plutôt poussé Yassir à se battre et à mourir en martyr. Il aurait lui-même entrepris cette noble cause, se fût-elle soldée par la libération de Yassir ou sa propre mort.

La vérité est que l'exemple du Prophète est ouvert à plus d'une interprétation et il se peut que la mauvaise- ou la bonne- interprétation soit faite. Seul quelqu'un de sincère pourra interpréter la situation correctement et ceci ne peut être atteint qu'à travers le réalisme qui résulte de la crainte de Dieu.

Quand des gens sincères réfléchissent sur ces incidents de la vie du Prophète, des questions telles que celles posées ici viennent obligatoirement à leurs esprits. Ils ne recherchent pas seulement un sens qui serve leurs buts mais ils cherchent plutôt à vérifier la nature exacte de l'exemple transmis par le Prophète. Cette approche les empêche de mal interpréter. Ils traiteront le cas avec objectivité et la grâce de Dieu leur permettra d’atteindre le cœur de l'affaire. Ils verront que le secret réside en une chose : parfois des pertes doivent être réalisées pour récolter un gain considérable.

La considération première que le croyant doit garder à l'esprit, c'est ce qui sert les intérêts de l'islam. S'il y a un clivage entre les intérêts personnels et ceux de la propagation de l'islam, alors prêcher la foi doit prendre le pas. C'était dans l'intérêt de sa mission de transmission du message divin que le Prophète conseilla la patience dans les situations mentionnées ci-dessus. Le Prophète subit toutes sortes de pertes personnelles, financières et familiales durant sa vie dans le seul but d'assurer la continuité de ses efforts pour répandre la foi. Il savait que la réussite des musulmans dans ce monde et dans l'autre réside dans leur enthousiasme à la tâche missionnaire. Quand quelqu'un a un but dans la vie, ce but suppose une importance de taille. Il supportera différentes pertes pour atteindre son but. En l'absence d'un tel objectif, on devient vite préoccupé par

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les affaires de la vie quotidienne. A vouloir éviter les petites pertes, on finit par avoir à en supporter de bien plus grandes. Ceux qui prêchent la parole de Dieu sont les gens qui ont l'objectif le plus sain dans le monde. Ils acceptent avec patience les petits revers afin d'atteindre le réel grand objectif. Ils évitent d'entrer en conflit avec les autres sur n'importe quel sujet car ce serait au détriment de leur travail missionnaire. Ils n'agissent ainsi qu'en cas de légitime défense car cela ne les fait pas dévier de leur objectif principal.

En gardant cela en vue, voyons maintenant quelques incidents, d'une signification morale majeure, qui survinrent dans la vie du Prophète Muhammad.

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 48-53)