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La confiance absolue en Dieu

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 58-63)

Un autre incident semblable arriva pendant une expédition menée par le Prophète et connue sous le nom de Dhat ar-Riqa (an 4 H). Ce hadith est raconté par Jabir et rapporté par al-Bukhari comme par d'autre biographes du Prophète.

Un membre de la tribu des banû Ghatafan, Ghurath Ibn al-Hârith, proposa à ses congénères de tuer Mohammad. Tous acceptèrent mais ils voulaient savoir comment cela serait possible. Ghurath expliqua d'un ton assuré : "Je l'attraperai à l'improviste et je le tuerai." Et il mit son plan à exécution. Quand il atteignit le camp de Muhammad et de ses compagnons, il guetta le bon moment. Il attendit que le Prophète et ses compagnons s'installent pour se reposer, sans leurs armes, à l'ombre des arbres. Le Prophète était allongé seul et son épée étaient suspendue aux branches au-dessus de lui. Ghurath s'élança, saisit son arme qu'il pointa sur le Prophète. Il dit à ce dernier : "Regarde bien l'épée que je tiens ! Ne la crains-tu pas ?"- "Bien sûr que non, répondit le Prophète. Pourquoi devrais-je la craindre alors que je sais pertinemment que Dieu me sauvera ?" La confiance totale affichée dans la réponse du Prophète était si déconcertante pour Ghurath qu'il perdit son courage. Au lieu d'attaquer le Prophète, il remit l'épée dans son

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fourreau et la lui rendit. Certaines versions affirment que la main de Ghurath fut paralysée et qu'il ne put tenir l'épée plus longtemps. Le Prophète le fit asseoir et appela ses compagnons. Gurath était pétrifié, s'attendant à être tué à tout moment. Mais le Prophète le laissa partir sans lui infliger le moindre châtiment26. Ceux qui placent une confiance absolue en Dieu ne craignent rien ni personne. La foi en un Dieu Vivant et Tout-puissant est toujours là pour vous aider et elle vous rend intrépide face à toute autre puissance. La plus grande force d'une personne lorsqu'elle est face à l'ennemi, c'est son intrépidité. N'ayez peur d'aucun ennemi et c'est lui qui commencera à vous craindre.

Atteindre un consensus

Peu avant la bataille de Badr (an 2 H). Les Quraychites avaient envoyé une importante caravane de marchandises, accompagnée par soixante hommes, en Syrie. Bien que les Quraychites aient été par la suite vaincus par les musulmans à Badr, leur commandant Abû Sufyân, parvint à ramener cette caravane- dans laquelle les Mecquois avaient placé tous leurs capitaux- à la Mecque par une route côtière. Pourtant, la défaite à Badr avait laissé les Quraychites assoiffés de revanche contre Muhammad et ses partisans. Leurs Chefs s'étaient réunis à Dar an-Nadwa (lieu de réunion à la Mecque) où il avait été décidé à l'unanimité que tous les associés de la caravane ne prendraient que les capitaux investis et que les profits seraient alloués aux préparatifs de guerre. Les Quraychites firent des préparations poussées et, en l'an 3 H, Ils avancèrent sur Médine pour ce qui sera la bataille d'Uhud.

26 Ibn Hichâm, Sîra, vol. III et ibn Kathîr , Tafsir vol.I.

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Quand la nouvelle de l'avancée des Quraychites parvint au Prophète, il rassembla ses compagnons. La plupart d'entre eux étaient d'avis à contrer l'attaque depuis l'intérieur de la ville. Cependant, les jeunes parmi les compagnons étaient fermement opposés à cela. "Si nous restons à l'intérieur, soutinrent-ils, alors l'ennemi l'interprétera comme un signe de couardise et de faiblesse ; le combat doit leur être livré à l'extérieur de la ville." Abdullah ibn Ubayy, le chef de file des hypocrites, se rangea à l'avis des plus influents des compagnons27. Il y avait plusieurs points forts en faveur de l'opinion qui voulait que l'attaque soit contenue depuis l'intérieur de la ville. La géographie de Médine avait tous les éléments essentiels pour un système de défense naturel.

Au Sud, il y avait des palmeraies, si étroitement groupées qu'elles rendaient impossible toute attaque de ce côté. A l'est et à l'ouest, de hautes montagnes constituaient une barrière naturelle contre tout envahisseur. Il n'y avait donc qu’un seul front sur lequel Médine pouvait être attaquée. La cité en elle-même était une forteresse naturelle. La quitter équivalait à s'exposer à une attaque ennemie sur quatre flans alors que, la situation géographique favorable de la ville sera utilisée ultérieurement, lors de la bataille du fossé, où la ville entière fut protégée par le simple recours à une tranchée creusée sur le front ouvert situé au nord-ouest de la ville.

Bien que les compagnons les plus influents (y compris Abdullah Ibn ubbay) furent d'avis de défendre la cité depuis l'intérieur, le Prophète décida de suivre l''avis des plus jeunes musulmans. A la tête d'une armée de mille combattants, il quitta la cité et partit pour Uhud. Abdullah Ibn Ubbay fut profondément touché de voir que sa propre opinion, de toute évidence sage, avait été écartée. Le cœur lourd, il partit avec l'armée mais avant d'atteindre Uhud, il rebroussa chemin

27 Ibn Hichâm, Sîra, vol, III, p.7

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suivi de trois cents combattants. "il a été d'accord avec eux et pas avec moi, se lamenta Abdullah Ibn Ubbay. Alors je ne vois pas pourquoi nous irions nous sacrifier sur ce champ de bataille."

La défaite des musulmans à Uhud justifia l'opinion de ceux qui avaient été en faveur de contenir l'attaque depuis l'intérieur de la ville. Cette stratégie sera à juste titre adoptée lors de la bataille du fossé quelques années plus tard (an 5h). Tous les plus grands compagnons oublièrent leur désaccord et restèrent dans l'armée musulmane. Malgré de lourdes pertes, ayant à essuyer de plus fort de l’attaque, ils combattirent vaillamment aux côtés du Prophète. Seul Abdullah Ibn Ubbay se sépara des forces musulmanes et pour cette raison il fut surnommé

"Le chef des hypocrites". En principe, l'opinion de Abdullah Ibn Ubbay avait été juste ; mais même s’il était dans le vrai, sa désobéissance encourut le mécontentement de Dieu et fut considérée comme une forme de transgression.

L'islam attache une grande importance à la consultation. Chacun a le droit de proposer son opinion. Mais aucune politique ne peut être réellement suivie si chacun attend de voir sa propre opinion prévaloir, quelles que soient les circonstances. Les vrais musulmans doivent donc, après avoir donné leur avis, oublier ce qu'ils pensent et suivre les directives de leurs commandants comme si leurs décisions étaient les leurs.

Il n'y a pas de plus grand sacrifice que celui de sa propre opinion. Tel un édifice qui ne peut être construit que si un nombre considérable de briques sont enterrées dans le sol, de même une société forte ne peut voir le jour que si les individus sont prêts à enterrer leurs opinions personnelles afin d'agir dans l'unité avec les autres malgré leur désaccord. Ce sont les fondations indispensables sur les quelles une communauté peut se former. Elles sont aussi nécessaires à la

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création d'une société humaine que les briques le sont à l'édification d'un bâtiment.

Pendant la huitième année de l'hégire, une expédition a été menée à Mu'ta. Muhammad Ibn Jabîr at-Tabâri nous décrit cette expédition dans les termes suivants :

Abu Qatada nous raconte que le Prophète a envoyé une armée à Mu'ta. Il nomma Zayd ibn Hâritha commandant de l'armée. S'il venait à mourir en martyr alors Ja'far Ibn Abî Talib devait reprendre le commandement ; si lui aussi devait tomber pendant la bataille, alors Abdullah ibn Rawha serait le troisième chef.

Ja'far bondit lorsqu'il entendit la décision du Prophète et dit qu'il ne servirait pas sous le commandement de Zayd. Le Prophète lui demanda de partir "car tu ne sais pas ce qui est meilleur pour toi". Puis l'armée se mit en route.

Un croyant n'est pas un ange. C'est un être humain comme n'importe qui d'autre. Cependant, il y tout de même une grande différence entre un croyant et n'importe quel un autre être humain. Les non-croyants ne savent pas comment revenir sur des notions erronées et contrariantes une fois qu'elles sont ancrées dans leurs esprits. Vraies ou fausses, ils s'obstinent à garder leurs opinions. Ils suivent leurs passions plutôt que la sage raison.

L'attitude d'un croyant, au contraire, doit être complètement différente.

Les vrais croyants sont ceux qui se redressent lorsqu'on leur dit qu'ils font fausse route, qui se corrigent quand on leur montre leurs erreurs. Plutôt que de rester attachés à leurs opinions, ils doivent toujours être ouverts à toute critique, être toujours prêts à rectifier leur ligne de conduite, même si cela signifie faire quelque chose qu'ils ne veulent pas faire.

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Un croyant est donc quelqu'un qui se soumet à la vérité, alors que les non-croyants ne se soumettent à rien d'autre qu'à leurs ego.

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 58-63)