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Les facteurs en faveur du travail de prêche

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 154-158)

Il reste toujours des hommes qui résistent à la corruption du monde environnant et qui restent attachés à leurs vraies natures primordiales. C'est vrai de toutes les époques mais c'était particulièrement vrai des Arabes lorsque le Prophète initia sa mission. Outre leur simple style de vie auquel ils étaient habitués, les Arabes avaient aussi l'héritage de la religion d'Ibrahim (Abraham) qui en amenait beaucoup à chercher la vérité et s'écarter de l'idolâtrie. De tels gens étaient communément appelés des hanif ou sincères. Quss Ibn Sa'îda et Waraqua Ibn Nawfel figuraient parmi ces hunafa. De même que Jandub Ibn Amr ad-Dawsi. Pendant le temps de l'ignorance qui avait précédé l'islam, il était connu pour avoir dit au Prophète : "J'ai vu un homme que les gens qualifient d'irréligieux. Je n'ai jamais vu quelqu'un qui te ressemble plus que lui"87.

De telles personnes n'avaient aucun problème à comprendre la véracité du message du Prophète. Le prédicateur de la parole de Dieu est comme un planteur qui sort semer des graines. Si parfois ses graines tombent sur une terre

87 Hadith de Muslim d'après Abdallah Ibn Samit

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aride, il arrive aussi qu'elles tombent à des endroits qui produisent un bon rendement à l'insu du planteur.

D'autres personnes mirent beaucoup de temps à accepter l'islam. Cela ne veut pas dire que la vérité de l'islam les a finalement tous éclairés d'un coup. Le Prophète suivait un mode de vie connu pour son très haut niveau moral. En outre, il passait tout son temps à prêcher l'islam. Même l'opposition au Prophète se révéla être un facteur en sa faveur : cela signifiait que sa personnalité et son message étaient des sujets de conversation. Toutes ces choses avaient contribué à planter la graine de l'islam dans l'esprit de beaucoup d'Arabes. L'adhésion à la coutume tribale et la forme religieuse des ancêtres étaient toujours d'actualité mais il semblait quelques fois qu'il existait une vive opposition à l'islam mais qu'après coup, dans le cœur des gens, la graine de l'islam grandissait en silence.

On pense généralement par exemple que lorsque Umar accepta l'islam, cela arriva d'un coup sous l'influence d'un certain évènement. Il serait plus juste cependant de dire que c'était cet évènement qui a apposé le sceau final sur sa foi, qui s'était développée pendant quelques temps dans son âme.

Bien avant que Umar n'embrassât l'islam, alors qu'il apparaissait sur le front d'opposition à la mission du Prophète, certains musulmans avaient émigré en Abyssinie. Umm Abdullâh Bint Abi Hathma était l'une d'entre eux. Elle raconte sa propre histoire ainsi :

Nous partions pour l'Abyssinie. Mon mari, Amir et moi étions parti récupérer certains de nos effets. C'est alors que nous rencontrâmes Umar Ibn al- Khattab, un homme qui nous avait fait subir des tourments et des souffrances indescriptibles. Il s'avança et se tint debout à mes côtés. Il n'avait pas encore jusque-là embrassé l'islam. Il me dit : Umm Abdullâh, t'apprêtes-tu à partir quelques part ?" – "Oui, répondit-je car tes amis nous ont tellement infligés de

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souffrances, nous ont tellement tourmentés, que nous devons partir chercher un endroit pour nous-mêmes sur la Terre de Dieu. Nous continuerons à partir jusqu'à ce que Dieu nous délivre de notre détresse". – "Puisse Dieu être avec vous !" dit Umar tandis que des larmes coulaient sur son visage alors qu'il parlait.

Je ne l'avais jamais vu agir ainsi auparavant. Puis il continua son chemin, et il était certainement très triste de nous voir quitter la Mecque.88

A chaque époque, certaines idées prennent racine dans l'inconscient populaire. Avant que ces idées ne disparaissent, aucun nouveau message, aussi rationnel soit-il, ne peut devenir acceptable. L'opposition que les Arabes affichèrent en premier lieu au message de l'islam n'était pas seulement due à leur opiniâtreté ou à de l'opportunisme de leur part. Il était sincèrement difficile pour eux de comprendre comment une quelconque religion qui différait de celle des saints patrons de la Ka'ba pouvait être la véritable religion. Les tribus arabes vivant dans le voisinage des tribus juives étaient libres de telles croyances restrictives. Ils avaient souvent entendu les juifs dire qu'il était écrit dans les écritures qu'un prophète viendrait parmi les Arabes. Comme l'explique l'historien Tabarani, c'était pourquoi il était plus facile pour les gens de Médine de reconnaître la vérité de l’Islam :

Lorsque les Ansar écoutèrent les enseignements du Prophète, ils gardèrent le silence.

Leurs cœurs étaient satisfaits car ce qu'il avait prêché était vrai. Ils avaient entendu les Gens de Livre dire comment serait le dernier Prophète. Ils reconnurent la véracité de son message.

Ils confirmèrent ses enseignements et crurent en lui.89

88 Al-Bidaya wa an-nihaya, vol.3, p.79

89 Rapporté par Tâbarani

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Lorsque le Prophète se rendit à la foire de Ukaz et qu'il entra sous la tente des Banû Khanda, il expliqua ses enseignements et voilà ce qu'un des jeunes répondit :

Mon peuple ! Laissez-nous nous précipiter afin d'être les premiers à suivre cet homme, car, par Dieu, les Gens de livre avaient l'habitude de nous dire qu'un Prophète viendrait du Territoire Sacré et que son heure était proche.90

Les Aws et les Kazraj avaient donc été préparés intellectuellement à l'arrivée d'un prophète arabe. Lorsqu'il vint, ce fut comparativement facile pour eux de l'accepter. Cependant, pour les gens de la Mecque, ainsi que pour la plupart de leurs compatriotes garder le contrôle de la Mecque était primordial et tout était évalué sous cet angle, sans chercher la vérité. Dans l'ancienne tradition arabe, la Ka'ba était considérée comme étant la couronne d'un roi. En fait, son symbolisme relevait d'un ordre bien plus élevé que celui de la couronne, car cette dernière n'apportait avec elle que la puissance politique alors que celui qui tenait sous son emprise la Ka'ba était l'héritier à la fois du pouvoir politique et d'une riche tradition spirituelle. Comme le montre la conversation suivante entre Dhû Jawchan ad-Dubba'i et le Prophète, les Arabes, dans leur simplicité, ne pouvaient considérer la vérité qu'en fonction de qui aurait le contrôle de la Maison de Dieu à la Mecque. Le Prophète dit à Dhû Jawchân: "Pourquoi n'acceptes-tu pas l'islam afin que tu sois compté parmi les premiers à avoir agi ainsi?" Dhû Jawchân répondit qu'il ne le ferait pas. Le Prophète lui demanda pourquoi. "J'ai entendu dire que ton peuple en veut à vos vies, dit Dhû jawchân".

"N'as-tu pas entendu parler de leur défaite à Badr ?" demanda le Prophète. Dhû Jawchân acquiesça. "Nous vous montrons seulement le véritable chemin de la guidance, ajouta le Prophète" Dhû Jawchân dit qu'il n'accepterai pas l'islam tant

90 Abû Naîm, Ad-Dala 'il

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qu'il (le Prophète) n'aurait pas conquis la Mecque et le contrôle de la Ka'ba "Si tu vis assez, tu verras cela arriver, dit le Prophète" Dhû Jawhân raconte que, plus tard, il était avec sa famille à Ghawr lorsque survint un cavalier. Dhû Jawchân avec sa famille lui demanda ce qui se préparait. "Muhammad a conquis la Mecque et a pris le contrôle du Territoire Sacré, dit-il" – "Malheur à moi ! Si seulement j'avais accepté l'islam ce jour-là ; si j'avais demandé à Muhammad une émeraude, il me l'aurait donnée"91

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 154-158)