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L'Islam vient à Médine

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 172-176)

Avant la venue de l'islam, la ville de Médine était appelée Yathrib.

Outre les deux principales tribus des Aws et des khazraj, quelques tribus juives qui vivaient dans cette zone, avaient réussi à y établir leur domination en poursuivant une politique de division et de règne. Leur but primordial avait

110 Ibid de tabarani d'après Urwa.

111 Hadith de Tabarani d'après Urwa

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toujours été de garder leurs voisins arabes, faibles et désunis. Seulement cinq ans avant que le Prophète n'émigre à Médine, les Khazraj, sur l'instigation des juifs, se soulevèrent contre les Aws. Un chef des Aws répondant au nom d'Abû Haysar Anas Ibn Rafi se rendit à la Mecque accompagné de quelques-uns de ses amis, afin d'obtenir l'aide des Quraychites. Le Prophète, ayant entendu parler de leur arrivée, alla les voir et les invita à accepter l'islam.

L'un d'entre eux, un jeune du nom d'Ayas Ibn Mu'ad, fut impressionné par les paroles du Prophète. Il dit à ses compagnons que cela était bien mieux que ce pour quoi ils étaient venus mais ils ne furent pas d'accord. Abû Haysar jeta de la Terre au visage d'Ayas en signe de dégoût et lui dit d'oublier ce que Muhammad avait dit car ils avaient une autre affaire plus urgente à traiter.

La délégation des Aws retourna sans avoir accepté l'islam. Peu après, les Aws et les Khazraj se livèrent bataille (une guerre connue sous le nom de Bu'ath). L'hostilité entre les deux tribus était devenue si forte que chaque partie voulait éradiquer l'autre. Dans cette guerre, les Khazraj prirent d'abord le dessus.

Puis, les Aws, sous le commandement d'Abû Usayd, vainquirent les Khazraj. Ils s'infligèrent de lourdes pertes les uns aux autres, allant jusqu'à bruler les maisons et les vergers. De cette manière, les Arabes s'affaiblissaient eux-mêmes par leurs guerres intestines.

C'étaient leurs voisins juifs qui tiraient bénéfice de cette guerre et leur influence à Médine s'en trouvait encore plus consolidée. Lorsque les sentiments s'apaisèrent, les gens responsables des deux bords parmi les Aws et les Khazraj se rendirent compte qu'ils avaient fait une grave erreur. Ils faisaient le jeu de leurs ennemis. Ils s'étaient affaiblis eux-mêmes et avaient renforcé les juifs.

Beaucoup de gens dans chaque tribu prirent conscience de la nécessité de rectifier la situation. Mais cela ne pouvait se faire qu'avec la volonté des deux

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tribus d'oublier et de pardonner. Le meilleur moyen de réussir la réconciliation serait de nommer un roi qui coordonnerait le processus de paix. Abdallah Ibn Ubaye, de la tribu des Khazraj, une forte personnalité ayant des qualités de dirigeant, fut choisi pour mener à bien cette tâche. Au même moment précisément, quelques hommes de Khazraj étaient en voyage pour la Mecque afin d'accomplir le pèlerinage. Là, ils rencontrèrent le Prophète Muhammad. Il leur dit que Dieu l'avait envoyé avec la vraie religion et il les appela à croire en lui. Les paroles du Prophète leur rappelèrent quelques choses. Ils se souvinrent que les juifs leur racontaient souvent qu'un Prophète, qui règnerait en maître suprême, était sur le point de venir. Les Juifs se réjouissaient de la promesse de sa venue car ils envisageaient de faire alliance avec lui afin de vaincre les arabes définitivement. Les gens de Médine se rendirent compte que c'était le Prophète dont les juifs leur avaient parlé. C'était là une occasion en or pour l'accepter avant les juifs.

Ainsi, en exprimant leur foi au Prophète, ils lui dirent : "Nous avons laissé notre peuple derrière nous. Aucune autre nation n'est plus déchirée par l'hostilité et les guerres fratricides que nous. Peut-être que Dieu les unira à travers toi. Nous allons retourner à eux et leur parler de la religion que nous avons acceptée. Si notre peuple s'unit autour de cette foi, alors il n'y aura personne de plus puissant que toi sur ce territoire"112

Après cela, les gens de la Médine acceptèrent l'islam en grand nombre. Ils devinrent connus sous le nom d'Ansâr (secoureurs, auxiliaires) de l'islam.

C'étaient ce soutien désintéressé qu'ils offrirent à l'islam qui permit à la religion du Prophète d'avoir la suprématie sur toute l'Arabie.

112 Ibn Hichâm, tahzîb as-sîra, vol.2, p38

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Cinq ans avant l'émigration du Prophète à Médine, les gens de cette cité n'avaient rien accepté de son message et ils l'avaient rejeté sans appel. Pourtant cinq ans plus tard, ces mêmes gens acceptaient l'islam. La raison à cela était que lorsqu'ils avaient rencontré le Prophète pour la première fois; ils étaient préoccupés par des considérations militaires; ils ne pouvaient penser à rien d'autre qu'à soumettre leurs ennemis. Cela signifiait qu'ils n'avaient pas de temps à consacrer aux affaires spirituelles. Dieu et la vie après la mort étaient à leur yeux des problèmes accessoires, destinés à les détourner de leur véritable but.

Les Aws et les Khazraj dilapidèrent toutes leurs ressources dans la guerre de Bu'ath, pourtant, ils ne récoltèrent que leur propre destruction. L'avenir même de ces deux tribus était incertain: il semblait que les juifs les monteraient les uns contre les autres jusqu'à leur annihilation complète. Ces réflexions inauguraient un changement d'attitude. Ils commencèrent à penser en termes de paix et non plus en termes de guerre, d'unité au lieu de conflit civil. Ils commencèrent à établir des relations avec leurs voisins dans un contexte plus large que celui du champ de bataille. Ils s'aperçurent que le problème résidait plus entre les tribus Aws et khazraj d'un côté et les tribus juives voisines de l'autre, qu'entre les deux tribus arabes elles-mêmes. Si les Aws et les Khazraj pouvaient s'unir autour d'une plate-forme commune, ils seraient capables de présenter un front uni face à leurs ennemis. Une foi unificatrice était exactement ce dont ils avaient besoin pour guérir les blessures du conflit tribal et rapiécer les différences entre les deux tribus. Et s'ils pouvaient trouver un leader acceptable pour les deux côtés, ils seraient capables de mener à bien le processus de paix jusqu'à son achèvement.

En la personne du Prophète Muhammad, ils trouvèrent le leader et la foi qui leur faisaient défaut. Ils se précipitèrent donc pour accepter sa religion.

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C'était donc l'islam qui indirectement avait bénéficié de la guerre de Bu'ath car cela permit aux Aws et khazraj de se rendre compte de la futilité de la guerre et de chercher à faire la paix ensemble. Cette paix, ils la trouvèrent dans l'islam et ils s'unirent les uns aux autres pour aider le Prophète. Aïcha dit d'ailleurs à ce propos : " La guerre de Bu'ath était une guerre que Dieu a apportée pour donner un soutien à Son Prophète".

Chapitre 12

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 172-176)