Le Prophète Muhammad dit un jour : "Je suis (la réponse à) la prière d'Ibrahîm". L'invocation à laquelle il faisait référence était celle d'Ibrahîm lorsqu'il reconstruisait la Ka’ba :
"Seigneur ! Envoie-leur un Prophète issu d'eux-mêmes, qui leur récitera tes versets, leur enseignera l'écriture et la sagesse et les purifiera de leurs fausses croyances! Tu es en vérité, le Puissant, le Sage"40
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Et pourtant, à peu près deux mille cinq cents se sont écoulée entre la prière d'Ibrahim et la naissance du Prophète Muhammad. Le Prophète Zakaria (Zacharie) (ملاسلا هيلع) pria pour avoir un fils prophète41 et en moins d'un an, sa femme donna le jour à Yahia (Jean La Baptiste) (ملاسلا هيلع). Pourquoi donc la prière d'Ibrahim, qui était de la même nature que celle de Zakaria, a-t-elle mis autant de temps à être exaucée ?
La raison à cela et que Jean La Baptiste avait à mener une mission immédiate. Il devait dénoncer la prétention religieuse de son peuple, en devenant martyr entre leurs mains, de façon à ce qu'ils ne puissent plus être les dépositaires des écritures divines ; une autre nation devait venir les remplacer.
Le Prophète Muhammad, d'un autre côté, devait être venir les remplacer. Le Prophète Muhammad, d'un autre côté, devait rétablir la domination du monothéisme sur le polythéisme. Ceci ne pouvait être effectué sans les antécédents nécessaires : les conditions qui conduiraient à cela devaient être créées dans le monde ; une nation assez probe pour assister le Prophète dans l'accomplissement de cette tâche qui devait voir le jour. Tout ceci a nécessité deux mille cinq cents ans pour se produire, de façon à ce que cet événement puisse prendre place dans les limites des lois de cause à effet, selon la méthode voulue par Dieu.
En accord avec ce plan, Ibrahim reçut l'ordre de quitter le territoire civilisé de l'Iraq pour se rendre dans les étendues sèches et stériles de l'Arabie où il devait s'installer avec sa femme Hâjar (Hagar) et son fils Ismaîl (Ismaël)42.
Lorsqu'il arriva à la Mecque avec sa femme et son bébé, Ibrahim ne trouva rien d'autre qu'une terre aride et inhospitalière. Sur ordre de Dieu, Ibrahîm laissa
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son épouse et son enfant pour repartir en Iraq. Confiante en Dieu, Hajar resta là où son époux l'avait laissé. Mais, rapidement la réserve d'eau s'épuisa et Ismaël commença à battre des pieds et des mains tant qu'il avait soif. C'est alors que la source de Zamzam surgit. Si Dieu leur avait fait subir une dure épreuve, il ne les avait cependant pas laissés la surmonter seuls. Ces deux êtres étaient impliqués dans l'œuvre de Dieu et il serait toujours là pour leur porter secours aux moments cruciaux.
Quand Ismaël atteignit l'âge de l'adolescence, Ibrahim vit en songe qu'il devait sacrifier son fils. Il interpréta ce signe comme étant un commandement de Dieu et il s'apprêta à l'appliquer. Puis, alors qu'il tenait le couteau sur la gorge d'Ismaël, une voix venant du ciel lui ordonna de s'arrêter et de sacrifier à sa place un bélier. Ceci était un signe de Dieu disant à Ibrahim qu'il devait faire d'énormes sacrifices. Mais il n'eut pas à les faire ; ce fut seulement la volonté de sacrifier qui était désirée de Dieu. Une fois qu'il avait montré qu'il pouvait réussir ce test, l'acte en lui-même fut épargné. Dieu avait prévu d’utiliser Ibrahim et sa famille pour mener à bien un autre grand projet. Loin de les laisser sacrifier leurs vies inutilement, il les protègerait.
Ismaël grandit et épousa une fille de la tribu des jurhum qui s'était installée à la Mecque lorsque la source de Zamzam fut découverte. Ibrahim était en Syrie à ce moment-là. Un jour, il vint chez Ismaël qui était absent ; seule sa femme était présente et elle ne reconnut pas son beau-père. "Où est allé Ismaël?" demanda Ibrahim. "Il est parti à la chasse". Répondit-elle. Il engagea alors la conversation avec elle en lui demandant si elle et son époux vivaient bien. Et la femme d'Ismaël se plaignit à lui de leur pauvreté et des difficultés qu'ils devaient endurer. Ibrahim en prenant congé la pria de faire ses amitiés à Ismaël et de lui dire de "changer l'entrée de sa porte". Quand Ismaël fut de
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retour, elle lui raconta toute l'histoire. Ismaël compris que ce visiteur était son père qui était venu voir comment allaient les choses. Ismaël devina ce que son père entendait par "changer l'entrée de sa porte" : il devait se séparer de son épouse car, trop attachée aux biens terrestres, elle ne convenait pas pour engendrer la progéniture que Dieu désirait. Il divorça de cette femme et prit une autre épouse. Après un temps, Ibrahim revint pour une autre visite, Ismaël était à nouveau absent. Ibrahim posa à sa nouvelle belle-fille les mêmes questions qu'il avait posés à la précédente. Cette fois-là la femme d'Ismaël fit la louange de son mari et dit que tout allait bien pour eux ; ils avaient tout pour être reconnaissants à Dieu. Ibrahim se leva et lui demanda de faire ses amitiés à Ismaël en lui disant de "conserver son entrée". Cette femme avait la qualités idéales pour mener cette tâche ; Ismaël devait donc la garder pour épouse43
C'est ainsi que, dans la solitude du désert d'Arabie, les graines de la progéniture de ceux qui devaient être connus sous le nom d'enfants d'ismaël avaient été semées. C'étaient les étapes initiales de la préparation d'un peuple qui, deux mille cinq cents ans plus tard, devait donner au sceau des prophètes toute l'aide nécessaire dont il avait besoin pour achever l'œuvre la plus monumentale de l'histoire humaine.
Les qualités d'un peuple qui a évolué dans les étendues stériles du désert environnant la Mecque peuvent se résumer à travers la situation de l'éminent historien Philip K. Hiti citant les qualités de ce peuple qui s'est développé dans le désert pendant des centaines d'années:
43 Ibn Kathir, tafsir
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"Le courage, la patience dans les périodes difficiles, le respect des droits et des devoirs de voisinages (jiwar), la civilité, la générosité et l'hospitalité, l'attention envers les femmes et l'acquittement d'une promesse solennelle"44