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En accord avec le plan de Dieu

Dans le document MOHAMMAD. Un Prophète pour l humanité (Page 98-104)

Le solspirituel de l'Arabie sur lequel le Prophète accomplit sa mission était humide et fertile, prêt à produire de grands fruits. Pourtant, le Prophète devait employer les bonnes méthodes pour permettre à sa mission d’avancer ; pour atteindre le succès, il devait se conformer au plan divin.

Le principe de base de la mission d'enseignement du Prophète consistait à mettre l'accent sur la certitude de l'au-delà et de l'éternité. En aucun cas son enseignement ne devait reposer sur les affaires de ce bas monde. Le vrai problème auquel l'homme doit faire face, c'est celui de son éternelle destinée.

Le second principe du Prophète était d'éviter scrupuleusement tout conflit matériel entre lui-l ‘enseignant- et ceux à qui il adressait ses enseignements. Peu importe le prix à payer, il ne laissait jamais aucune rivalité matérielle s'immiscer entre lui et sa congrégation. Le traité de Hudaybiyya en était un exemple manifeste. En déclarant constamment la guerre aux musulmans, les Quraychites ont fait en sorte que les musulmans et les non-musulmans soient divisés en deux partis toujours en désaccord, voir en guerre. Dans ce traité, le Prophète accepta toutes les exigences des Quraychites en échange d'une trêve de dix ans. Les

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Termes du traité étaient si unilatéraux que bien des musulmans le considérèrent comme une humiliation; mais une réalité, il ouvrit la voie à ce que le Coran appelle "une victoire éclatante"51 Ce traité mit fin à l'atmosphère de confrontation qui s'était développée entre musulmans et non-musulmans. Les musulmans ne pouvaient pas communiquer les enseignements de leur foi librement aux non musulmans qui, en retour, étaient libres de les accepter.

Aucune rivalité matérielle ou préjudice quelconque ne se dressaient alors sur la route de la propagation de l'islam. A la suite du traité et de l'effet de conciliation qu'il eut sur les non-musulmans, le message de l'islam se répondit rapidement à travers toute l'Arabie. En seulement deux ans, le nombre de musulmans fut multiplié par dix. Il avait semblé impossible de conquérir la Mecque par la force des armes, pourtant elle succomba deux ans plus tard sous la force des enseignements islamiques.

Un des aspects importants de la méthode du Prophète était sa miséricorde envers ses ennemis, même quand ils étaient entièrement à sa merci. La raison à cela était qu'il ne considérait personne comme un ennemi ; il voyait tous les hommes et toutes les femmes comme les récipiendaires potentiels des enseignements islamiques et il tenait absolument à leur donner toutes les chances possibles d'accepter la foi. L'exemple le plus illustre de cette magnanimité que le Prophète manifesta tout au long de sa vie peut être vu dans le traitement infligé aux Quraychites après la conquête de la Mecque. Les mêmes gens qui les avaient, lui et ses partisans, inlassablement persécutés pendant les vingt années précédentes, étaient alors à la Merci du Prophète. Mais, plutôt que de les punir pour leurs crimes passés, il pardonna à tous. Quand les Quraychites comparurent devant lui pour recevoir leur punition, il leur dit simplement :

51 Coran 48/1

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"Partez ! Vous êtes des hommes libres !" Il prononça sur quelques-uns des peines de mort avec sursis mais ceux-là aussi furent libérés lorsqu'ils firent appel à sa clémence, soit personnellement soit par le biais d'intermédiaires. En tout, dix-sept personnes furent condamnées à mort, mais parmi elles, seules cinq- qui n'avaient fait aucun appel- furent effectivement exécutées. Pendant la bataille d'Uhud, l'oncle du Prophète, Hamza, avait été tué par Wahchi Ibn Harb, et son corps fut ensuite mutilé par Hind Bint Utba. Quand le Prophète apprit cela, il dit dans le feu de l'action: "Si Dieu me donne la victoire sur eux, je mutilerai alors trois d'entre eux"52

Wahchi et Hind figuraient parmi les dix-sept personnes condamnées à mort par le Prophète. Mais lorsqu'ils firent tous deux appels à sa clémence, il pardonna aux deux. C'était la volonté de Dieu que son Prophète fût clément et indulgent envers ses ennemis car cette ligne de conduite était en harmonie avec le plan divin pour l'avancement de la cause islamique.

Ce principe est basé sur une analyse en profondeur de la nature humaine.

La société est un corps composite d'individus vivants et sensibles chez qui un besoin de vengeance se déclenche dès que l'un d'eux est blessé. Supprimer un individu, c'est inviter à la rébellion de ceux qui lui sont associés, ce qui signifie que le temps qui pourrait être mis pour construire la société est perdu à freiner le mécontentement. En pardonnant à tous ses anciens ennemis après la conquête de La Mecque, le Prophète s'assura que, par la suite, aucune insurrection ne pointerait. En fait, la plupart de ceux à qui il avait pardonné embrassèrent l'islam et devinrent une source de force pour la religion ; l'exemple

52 Ibn Kathir, tafsir, vol.2 p,352

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par excellence est celui de Ikrima, le fils d'Abu Jahl, un ancien adverse implacable du Prophète et de ces compagnons.

Une fois l'autorité du Prophète établie, il restait à entreprendre certaines réformes sociales. Le Prophète faisait très attention à introduire de telles réformes progressivement; il ne s'empressait jamais à imposer des mesures que les gens n'étaient pas prêts à accepter.

Les gens de la Mecque étaient les héritiers de la religion d'Ibrahim, mais ils avaient déformé la vraie religion d'Ibrahim et avaient adopté différentes formes d'innovations religieuses. Par exemple, à l'époque d'Ibrahim, le pèlerinage (hajj) était accompli pendant le mois lunaire de Dhû-l-hijja. Etant donné qu'une année selon le calendrier lunaire à onze jours de moins qu'une année solaire, ses mois ne reviennent pas aux mêmes saisons. Ainsi le pèlerinage tombait-il parfois dans une saison et parfois dans une autre. Ceci allait contre les intérêts commerciaux des Quraychites. Ils voulaient que chaque années le pèlerinage tombât en été et ils adoptèrent alors une méthode connue sous le nom de "nasi". Ceci consistait à ajouter onze jours au calendrier lunaire chaque année. Après cette intercalation, ils conservèrent le nom des mois lunaires, mais en réalité, leur calendrier était solaire. Cela signifiait que pendant trente-trois ans, toutes les dates étaient déplacées de leurs véritables places dans le calendrier lunaire ; tous les trente-trois ans, lorsque leur ajout annuel de onze jours au calendrier avait effectué la course d'une année complète, le pèlerinage était alors accompli à sa date réelle selon le calendrier lunaire. Une des tâches confiées au Prophète était de mettre fin à toutes les innovations des Quraychites et de faire en sorte que le pèlerinage soit accompli selon le système original d'Ibrahim. La conquête de la Mecque eut lieu pendant le mois de ramadan, en l'an 8 H. Le Prophète était alors le maître de toute l'Arabie. Il aurait pu mettre fin

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immédiatement à toutes les innovations des Quraychites. Mais au lieu de cela, il attendit le bon moment. Il restait seulement deux ans avant l'achèvement de la course de trente-trois ans du nasi. Le Prophète attendit ces deux années et bien qu'il fût le conquérant de La Mecque, il ne fit pas le pèlerinage pendant cette période. Ce n'est qu'à la troisième année après la conquête de la Mecque (l'an 10 H) qu'il participa au pèlerinage. C'était l'année où le pèlerinage était accompli à sa vraie date de dhû-l-hijja, en accord avec le système établi par Ibrahim. C'était le pèlerinage d'Adieu du Prophète au cours duquel il annonça, qu'à l'avenir, le pèlerinage serait accompli de la même manière que cette année-ci. Ainsi, il mit fin à la manipulation du calendrier lunaire d'une manière définitive. "Le temps accompli sa course entièrement, annonça-t-il. Il est dans la même position que lorsque Dieu a créé les Cieux et la Terre. Et, pour Dieu, le nombre de mois dans une année est de douze."53

Il y avait une raison profonde dans le retard du Prophète à introduire cette réforme. Quand les gens ont adhéré à une certaine pratique religieuse pendant un nombre d'années, ils en arrivent à la considérer comme sacrée et ont une extrême difficulté à changer leur point de vue. En l'espace de deux ans, le pèlerinage tomberait le jour voulu par le Prophète, ce qui lui évita de prendre toute initiative prématurée qui aurait fait de cette affaire un problème. Quand l'heure fut venue pour le pèlerinage de tomber naturellement à son véritable moment, il annonça alors que c'était le jour exact où le pèlerinage devait être accompli et qu'il continuerait à l'avenir à être accompli le même jour.

De ces différents exemples, nous pouvons voir comment toute la politique du Prophète était empreinte de la sagesse dont Dieu lui avait fait don. On peut dire qu'il avait réglé sa propre roue dentée sur celle de Dieu ; chacun de ces

53 Hadith, ibn jarir, ibn Mardiya

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mouvements était calculé pour être en parfait accord avec le modèle créé par Dieu. C'est pour cette raison que tous ses efforts ont produit des résultats fructueux.

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Chapitre 8

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