• Aucun résultat trouvé

Chapitre II : Représentations et parcours de la chanson en classe de FLE

VII. Transfert des expériences et modalité du travail

VII.1. Descriptions des cours présentés par quelques stagiaires

VII.1.3. La troisième expérience

Le stagiaire 3 trouve que le vidéo clip est la meilleure façon d’introduire une chanson en classe de langue. Via l’image associée au son, la forme audio-visuelle offre aux apprenants une compréhension meilleure du thème car, pour lui, elle favorise un contexte thématique. Pour cette démarche, il a présenté la chanson « Moment d’humanité » de Souleymane Diamanka (2007). En voici les paroles :

Je ne suis qu’un pauvre artiste Au service de la beauté Marchand de sentiment Et de moments d’humanité

Pour la rime passionnelle Comme mes vers comme été J’ai dû rendre des comptes à ma passion

Hivers comme été

Et j’ai trouvé ma voix dans cette écriture Quand j’ai posé le papier des sanglots et d’écrits pur

Je remercie mes muses pour tout ce qu’elles font Mais pour briller à la surface il faut parfois toucher le fond

Voilà ce que disait le poète malgré lui C’est qu’étant insomniaque il souffrait du mal de nuit Avoir une passion de nos jours ça évite pas mal d’ennui

Car l’oisiveté est une graisse dont le mal s’enduit Je pousse de toutes mes forces les portes de l’émotion Voyages au fond des âmes où les pensées et les mots sont

Le griot et ses textes, c’est l’architecte et ses maçons Et quand se dresse le mur de l’imagination

Même la misère a ses moissons Ce morceau c’est juste un moment d’humanité Je ne suis qu’un pauvre artiste au service de la beauté

Qui attend l’inspiration pour écrire le poème Qui a tant d’inspiration pour que le poème Soit doux comme les caresses que la peau aime

Il paraît que les paroles s’envolent Et que les écrits restent

Moi j’ai mis de la sagesse dans les images Pour que chacun de mes textes soit presque une fresque

Parfois ça ressemble à une séance d’hypnose Car l’ambiance se fait et dès que ma voix se pose

Une poésie mystérieuse occupe le subconscient Et c’est l’art griotique venant du sud qu’on sent J’ai attendu longtemps que le néant s’anime

Que chaque mot trouve sa phrase Et que chaque phrase trouve sa rime Le pays des songes est derrière une grande colline

Pour écrire je me sers de la réalité Comme d’un trampoline

Et si un jour ils te demandent qui je suis Réponds-leur que tu ne sais pas Mais s’ils insistent dis-leur que je suis…

Déroulement du cours

Au départ, le stagiaire a entamé son cours par la présentation de l’intitulé de la chanson, des renseignements sur le chanteur, son album et l’année d’édition. Pour lui, les éléments périphériques est une partie indissociable de la chanson qui aide à la découverte de la culture étrangère.

Dans ce sens, le stagiaire souligne que l’artiste a tendance de jouer avec les mots. Son timbre grave et de diverses sonorités y font écho aux paroles de ses ancêtres, les Peuls. L’un des peuples de l’Afrique de l’Ouest qui valorisent la tradition orale comme mode d’expression, une communauté où la vérité se cherche et se trouve entre les lignes de chaque conte, de chaque énigme et de chaque charade. Ce slameur nous enveloppe de métaphores et nous fait voyager à travers ses doutes. Dans sa poésie se trouve un amalgame de la sueur et du sang, de la force et de la faiblesse.

Après cette brève présentation du chanteur francophone, le stagiaire a visionné le document audiovisuel comportant la chanson. Paroles, sous-titrage et musique ont attiré l’attention du public qui s’est mis à prendre notes.

Pour aborder le texte, le stagiaire demande aux étudiants de repérer les champs lexicaux afin d’en trouver les thèmes essentiels de la chanson. Comme réponse, il a été proposé :

L’écriture : mot, phrase, rime, paroles, écrits, poème, inspiration, papier, pensée, texte…

L’amour : sentiment, sent, aime, passion, émotion, caresse…

L’art : artiste, fresque, image, beauté, muse, griot, architecte…

Le rêve : hypnose, subconscient, songe, imagination…

Ensuite, il les incite à extraire les différents effets de langue qui apparaissent dans la chanson. Les étudiants à leur tour ont recours à leurs dictionnaires numériques pour consulter les mots difficiles ou de niveau soigné. Apparemment, le texte de la chanson est chargé de figures de style, chose susceptible, pour notre stagiaire, de développer l’imagination chez les étudiants. Par ailleurs, c’est une occasion pour exposer et expliquer ces procédés :

La métaphore : pour que chacun de mes textes soit presque une fresque La personnification : le néant s’anime.

Implicitement, l’auteur invite ses lecteurs à subir les maux de la vie pour pouvoir réussir : Mais pour briller à la surface il faut parfois toucher le fond. Il a également fait recours au proverbe : les paroles s’envolent, les écrits restent (qui invite à la prudence).

Bref, ce poème dans sa forme marque une dominance du registre soutenu, chargé d’images stylistiques. Se référant à la griotique, l’auteur met son lecteur dans un état d’hypnose (entre rêve et réalité). Néanmoins, il porte des conseils valeureux pour les personnes qui veulent vaincre leur échec.

La durée attribuée au cours une fois écoulée, le stagiaire se prépare pour noter à son tour les remarques que ses camarades ont apportées.

Remarques et critiques externes de l’approche

Les stagiaires ont commencé à donner leurs avis à tour de rôle : le vidéo clip est riche en matière linguistique que ce soit à l’écrit ou à l’oral. Cela a diminué l’intervention de l’enseignant pour expliquer. Mais, ce qu’a été reproché est le choix de la chanson : les stagiaires trouvent que langue, ayant un aspect poétique élevé, est au-dessus du niveau des élèves –même ceux du lycée. Par ailleurs, les thèmes de leur nature philosophique, rendent difficile l’interprétation du texte. En effet, l’apprenant doit s’initier à diverses pratiques linguistiques et culturelles. Pour les stagiaires, si la compréhension et l’interprétation du texte ne se font pas efficacement, l’apprenant ne pourra pas accéder à ce stade d’apprentissage. En plus, le texte de la chanson correspond le plus à une approche littéraire que didactique. Concernant l’exploitation du vidéo clip, les étudiants trouvent que cette dernière doit être partielle dans la mesure où l’apprenant fait appel à son imagination, à sa mémoire et à son intelligence. C’est le même cas concernant un conte raconté et un conte visionné. Le fait de tout fournir à l’apprenant favorise sa passivité et devient donc inerte.

Auto-évaluation et autocritique

Le stagiaire après avoir pris note, trouve que contrairement à ce qu’il croyait auparavant, le document audiovisuel demande beaucoup de travail. Il ne suffit pas de le faire visionner mais il faut trouver le comment enseigner. Le stagiaire doit préparer une série d’exercices de différents niveaux et de différentes catégories.