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Nous exposons l’historique de l’apprentissage ludique en classe de FLE. Parmi les auteurs pour qui ce thème a été une source de réflexion, nous pouvons citer : Debyser, Weiss et Caré.

L’ice berg de la culture

Figure 4 : AFS orientation Handbook, New York : AFC intercultural programmes Inc. Vol 4, (1984 :14)

V. 1. Le concept du ludique en didactique du FLE

Le concept « ludique » remonte dans l’histoire depuis l’Antiquité, le jeu a été opposé au sérieux. Les notions de divertissement et de détente sont le plus souvent liées au jeu, alors que celles de l’utilité et l’effort sont associées aux activités sérieuses. En outre, le jeu à cette époque-là était lié soit à l’enfant, soit au jeu de hasard, notamment jeu d’argent, négativement connoté. C’est à partir de la Renaissance, qu’on pouvait introduire le jeu dans les pratiques pédagogiques, à travers les écoles religieuses et les éducateurs de petits princes. Ces derniers l’utilisaient ainsi comme une ruse pédagogique pour surmonter les obstacles de l’enseignement du latin. C’est à l’époque Romantique qu’on renonce à la représentation dévalorisante du jeu ; ce dernier devient ainsi une activité menée consciemment afin de conduire le développement naturel de l’enfant. Seulement, tout en s’appliquant aussi bien aux enfants, cette approche aura-t-elle le même effet chez les adolescents ?

Ces réflexions empiriques seront reprises au XIXe et XXe siècles par les psychologues et les biologistes pour confirmer la nécessité biologique du jeu, soutenant, par la suite, la certitude actuelle des apports pédagogiques des jeux en classe.

Le ludique en classe se présente sous différents aspects comme le théâtre, les scénettes, la poésie et la chanson. Cette dernière est le sujet de notre étude, qui va mettre en évidence les différents emplois de la chanson et ses différentes dimensions.

J. Bruner (2000 : 11) trouve dans le jeu un lieu d’une assimilation et d’interaction et d’où émerge la nomination et le langage. En effet, dans le système éducatif algérien, l’apprentissage ludique a repris sa place à travers les jeux de mots, le théâtre et la chanson qui permettent à l’apprenant d’être un acteur principal dans son apprentissage.

Comme la chanson fait partie de l’activité ludique, il nous semble judicieux de donner un aperçu sur cette activité et son rôle dans l’enseignement-apprentissage du FLE, avec quelques propositions des spécialistes pour que les enseignants puissent l’adopter dans leurs pratiques pédagogiques.

Plaisir, liberté et gratuité sont les concepts de base du ludique. D’après R. Caillois (1958 : p 122), la notion de la liberté a son poids dans la mesure où « le jeu conduit l’enfant dans une réalité bien à lui, où il peut construire le monde, le défaire et le reconstruire à sa guise, sans contraintes ». Le jeu représente également un moyen de structuration de la personnalité de

l’enfant, de développement et de découverte des autres. N. Makhloufi (2011: 91) le caractérise comme

une activité volontaire (…) suivant une règle librement consentie mais complètement impérieuse accompagnée d’un sentiment de tension ou de joie et d’une conscience d’être autrement que dans la vie courante

Sous cet angle, J-C Arfouilloux (1975 : p 89) souligne que le jeu pour l’adulte est souvent une forme de distraction tandis que pour l’enfant, c’est plutôt une activité sérieuse

engageant toutes les ressources de la personnalité, activité par laquelle il s’exprime et se construit

N. Grandmont (1997 :47) traite de la progression dans le jeu, qui commence de la modification jusqu’à la transformation du jeu. Les phases par lesquelles passe cette évolution sont : le jeu ludique, le jeu éducatif et le jeu pédagogique ; et ajoute que

le vrai sens du jeu vient de ce qu’il est une activité ludique caractérisée par l’irréversibilité de son action et par l’imprévisibilité de son contenu. Ibid.

Par ailleurs, N. Grandmont synthétise les qualités de chaque étape de jeu comme suit :

V.1.1. Synthèse des qualités du jeu ludique

Il n’impose pas de règles. Le produit du jeu n’est pas obligatoirement esthétique, prédéterminé ou perfectionné. La notion du plaisir est présente. Le jeu est nécessaire au développement de l’individu en permettant d’organiser, de structurer et d’élaborer le monde extérieur. Il crée également des liens équivalents au psychisme, à l’émotif-affectif, au sensoriel et au cognitif.

V.1.2. Synthèse des qualités du jeu éducatif

C’est le premier pas vers la structure. Il contrôle les acquis et les évalue. Il permet également d’observer les comportements du joueurs et fait diminuer la notion de plaisir intrinsèque. Le jeu éducatif devrait être distrayant, sans contraintes perceptibles et axé sur les apprentissages. Enfin, ce genre de jeu cache l’aspect éducatif au joueur.

V.1.3. Synthèse des qualités du jeu pédagogique

Cette étape est axée sur le devoir d’apprendre. Il produit habituellement un apprentissage précis, un appel aux connaissances du joueur et un constat des habiletés à généraliser. Il est souvent mécanique et sert de moyen de testing et n’a presque pas de plaisir intrinsèque.

V.2. Les traits du jeu de l’enfant :

L. Porcher, F. Mariet et P. Ferran (1978 : 22) ont tenté d’exposer les caractéristiques fondamentales qui constituent tout acte de jeu et nous ont suggéré six qualités psychologiques du jeu de l’enfant :

La fiction : le jeu possède des traits fictifs causant la rupture avec le réalisme habituel. Il fournit ainsi une certaine liberté créatrice et conséquemment la force de se mettre à distance par rapport aux événements importants du quotidien. La fiction n’est autorisée qu’au moment du jeu.

La détente : la fiction mène à la détente, c’est le fait de se détacher des tensions et des conflits du quotidien. Lors du jeu, l’apprenant est à l’abri des désarrois du monde extérieur.

L’exploration : jouer pousse l’enfant à découvrir le monde dans lequel il vit. Il se mesure à lui et focalise ses forces pour dénouer les obstacles. Par la suite, il se découvre lui-même.

La socialisation : le fait de jouer donne l’occasion à l’enfant d’entrer en rapport avec les autres sur le contexte simultané de la collaboration, de la concurrence et de l’affrontement. Cela permet à l’enfant de communiquer en entrant en contact avec des partenaires.

La compétition : le jeu implique l’esprit antagoniste chez l’enfant. Il l’incite à réussir ou reprendre de nouveau. Le jeu donc représente un enjeu à l’égard du joueur, des choses et des autres.

La règle : le fait que le jeu obéit à des règles précises. Cela engage l’enfant à être discipliné, à respecter et se faire respecter.