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Chapitre II : Représentations et parcours de la chanson en classe de FLE

IV. Les perspectives de l’usage de la chanson

D’après ce qui a été noté, le choix des chansons nous semble plus liée à ce que véhicule le texte, si la sélection est faite par l’enseignant, visant d’abord la langue, le contenu (les thèmes de la vie quotidienne) et surtout la forme linguistique (syntaxique, vocabulaire, niveaux de langue, etc.). Cela se voit, bien que ce ne soit pas désirable. Car si l’on veut octroyer le droit de citer à l’étudiant, lui, préfère surtout, dans la chanson, sa mélodie, son rythme et son interprétation, ce qui ne nécessite pas de savoirs spécifiques dans le domaine, pour l’apprécier car ce sont ces éléments qui favorisent sa motivation plus que le texte.

IV. Les perspectives de l’usage de la chanson

Comme il a été déjà mentionné plus haut, nous voyons que, pour la sélection des chansons, il faut tenir compte également des objectifs que l’on veut réaliser, soit au niveau institutionnel soit au niveau de la classe, en « négociant » par exemple, avec les apprenants.

Dans l’introduction de son dossier A travers chants, Calvet révèle le contenu de ce numéro :

Le compte-rendu de diverses expériences pédagogiques où la chanson trouve sa place. Elles sont diverses, dissemblables. Les unes prennent la chanson comme point de départ vers un élargissement, les autres la prennent comme but, d’autres enfin se fondent plus sur le chant que la chanson. On pourrait également, face à cette pédagogie par la chanson songer à une pédagogie de la chanson, dont de débouché serait, non plus linguistique, mais surtout culturel. Calvet (1977 : 8)

Ces distinctions établies entre les approches de la chanson nous semblent primordiales en ce qui est du choix des chansons parce que ce choix est directement lié aux objectifs assignés : la chanson, pourquoi faire ?

Calvet s’accorde sur le dernier objectif mentionné avec P. Dument, et F. Demougin, auteurs de l’ouvrage Cinéma et chanson : pour enseigner le français autrement. La sélection d’un répertoire de chansons est lié aux les objectifs à atteindre : « la mise en place d’une nouvelle procédure d’enseignement-apprentissage de la compétence socioculturelle » (DEMOUGIN, DUMENT, 1999 :113). Ainsi, il avance que la chanson est l’un des lieux privilégiés où apparait cette compétence « ethnosocioculturelle ». Cette approche, menée par une réflexion théorique clarificatrice doit lui permettre

de proposer une typologie générale de la chanson française qui serait transversale par rapport aux distinctions en traits constitutifs de compétence ethnosocioculturelle répertoriés par Boyer. Demougin ; Dument, (1999 : 47).

Malgré sa conscience du risque un peu réducteur, estime-t-il, d’une telle tentative, il essaiera d’élaborer une vue complète de la société française. Dans cette intention, l’auteur va tenter de lister de tous les types de textes de chanson à exploiter. Il s’agit d’une liste qui pourrait comprendre des rubriques telles que la chanson politique, historique, sentimentale, religieuse, réaliste, poétique, humoristique, régionale et celle de Paris.

En consultant le livre de Calvet (1977) précédemment cité, il aborde des chansons dans la classe de civilisation, l’auteur définit le concept civilisation, en ajoutant que ces traits sociaux communs à une société peuvent être cernés par la littérature, l’art, la presse, etc., et que la chanson est un l’un de ces biais. En effet,

même si là n’est pas toujours son propre, elle parle de la vie quotidienne, des conditions concrètes dans lesquelles elle est composée, chantée, reçues. Calvet, (1977 :35).

Afin de faire une classe de civilisation. Calvet trouve que l’introduction de la chanson ne sert que de support et les mêmes sujets pourraient être traités par le biais de documents autres. Calvet, (1977 : 36).On s’aperçoit que ces objectifs se rapprochent de ceux de P. Dument, qui sont l’enseignement-apprentissage d’une compétence ethnosocioculturelle. A cet effet, Calvet propose des thèmes munis des exemples de chansons comme l’écologie, les loisirs, le racisme, le travail, etc.

L’un des articles de ce dossier, intitulé Stratégie pour une étude de la chanson française (1977) pourrait illustrer les propos de Calvet sur la chanson. Il s’agit d’un compte-rendu d’une expérience pédagogique effectuée par Alan Chaberlain (1977) enseignant en Australie. La chanson « poétique » est présente dans le programme du Niveau II : de la dernière année des études secondaires, ou des deux dernières années d’études supérieures. Programme ayant comme objectifs pédagogiques ce qui suit :

 Développer une certaine appréciation de la chanson française, en matière de paroles, interprétation, esthétique des rapports entre ces deux éléments ;

 Etayer l’apprentissage linguistique par une analyse détaillée du texte ;  Parfaire l’étude de la civilisation en exploitant les thèmes

 Donner quelques notions de versification

C’est à la base de ces objectifs pédagogiques que l’enseignant soulignera le programme, en suivant certains critères :

 La chanson doit être susceptible de plaire aux apprenants, soit par la musique, soit par les paroles, de préférence par tous les éléments.

 La chanson doit se prêter à l’exploitation : en ayant une certaine qualité poétique et musicale et/ou présenter un intérêt linguistique et culturel ;

 Le matériel pédagogique doit être disponible : les disques, les paroles des chansons, éventuellement la musique et surtout des documents de civilisation pour l’exploitation (Chamerlain, 1977 : 29-30)

Dans la même optique, il a été mené une enquête par Raphaële Bail pour le dossier spécial Musiques actuelles, quatrième génération, basée sur un sondage d’opinions des internautes (enseignants de FLE qui utilisent le support-chanson dans leurs cours) sur le site de la revue, nous avons découvert, avec l’auteur (Bail, 2001 :59), que les goûts pour les musiques actuelles sont éclectiques et les approches d’enseignement variées. Un enseignant déclare : « nous utilisons la chanson pour l’apprentissage et l’acquisition des éléments linguistiques essentiellement, mais également pour l’apprentissage culturel ». D’autres encore visent l’aspect civilisationnel :

à côté de l’image d’une certaine chanson française, il y en a une autre, plus actuelle, qui permet de pénétrer les différentes réalités de la France d’aujourd’hui et de bien lier le monde extérieur et la classe. Bail, (2001 : 59-60).

La chanson est, avant tout, une façon ludique de s’initier à la langue et d’encourager la créativité

pour stimuler la créativité des adolescents, sur la mélodie écoutée, les élèves composent un nouveau texte en français. BAIL, (2001 : 60)

La chanson peut être utilisée pour travailler l’oral (l’engagement à la parole), pour s’entraîner en phonétique de façon amusante ou simplement pour « faire chanter » les enfants.

Pour atteindre ces objectifs, les moyens utilisés sont variés. Ils peuvent se limiter à un dossier didactique ou à tout un programme d’un trimestre ou plus. On trouve son avantage dans la chanson. Le déroulement,les outils à employer et comment travailler sur la chanson, voilà ce que nous allons recenser maintenant, dans les ouvrages, articles, fiches (supports papiers ou multimédia) qui traitent ce sujet.