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Traduction et composition

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 63-66)

2.1 Col 1,15-20 : un « hymne » en ouverture de l’épître

2.1.3 Traduction et composition

Pour rendre compte des procédés utilisés par l’auteur de Col 1,15-20 une traduction littérale s’impose. Quant à la structure de ce passage elle a été longuement discutée. Suite à l’énoncé des principales propositions nous donnerons notre hypothèse.

Les répétitions telles que «

ta. pa,nta

», «

ei;te

», «

auvto,j

» méritent d’être signalés. Dans ce passage, l’auteur emploie à la fois «

ta. pa,nta

» et «

pa/j

». Sans présager d’une différence de sens, nous traduirons «

ta. pa,nta

» par « toutes choses » et l’adjectif «

pa/j

» construit sans article par « tout » qu’il soit au masculin ou au neutre, au singulier ou au pluriel. L’objectif est de souligner en français la différence que nous trouvons dans le texte grec. Le changement de temps du verbe «

kti,zw

» à l’aoriste passif au verset 16a et au parfait en 16e est rendu par « ont été créées » et par « sont créées ». Au verset 18 «

evkklhsi,a

» qui est au génitif se rapporte à corps. Nous avons choisi de traduire «

avrch

, » par « commencement » ; ce choix sera explicité ultérieurement149. La question qui se pose au verset 19 est de savoir si «

plh,rwma

» peut-être sujet du verbe «

euvdoke,w

». Pour ce verset à la suite des traductions de la TOB et de la BJ, nous introduisons Dieu comme sujet150. Suite à ces précisions nous proposons la traduction suivante :

148 En plaçant l’hymne Col 1,15-20 au début de sa lettre, l’auteur a probablement un objectif didactique, celui d’éclairer son lecteur sur la nature du Christ. Il rejoint une pratique qui existait dans la communauté essénienne, comme le prouvent les nombreux hymnes trouvés dans le désert de Judée. En effet, les Esséniens utilisaient le genre hymnique pour délivrer un enseignement.

149 Cf. 83. 150

62 15a 15b 16a 16b 16c 16d 16e 17a 17b 18a 18b 18c 18d 19 20a

o[j evstin eivkw.n tou/ qeou/ tou/ avora,tou( prwto,tokoj pa,shj kti,sewj( o[ti evn auvtw/| evkti,sqh

ta. pa,nta

evn toi/j ouvranoi/j kai. evpi. th/j gh/j( ta. o`rata. kai. ta. avo,rata(

ei;te qro,noi ei;te kurio,thtej ei;te avrcai.

ei;te evxousi,ai\

ta. pa,nta diV auvtou/ kai. eivj auvto.n e;ktistai\

kai. auvto,j evstin pro. pa,ntwn

kai. ta. pa,nta evn auvtw/| sune,sthken( kai. auvto,j evstin h` kefalh. tou/ sw,matoj th/j evkklhsi,aj\

o[j evstin avrch,151(

prwto,tokoj evk tw/n nekrw/n(

i[na ge,nhtai evn pa/sin auvto.j prwteu,wn( o[ti evn auvtw/| euvdo,khsen pa/n

to. plh,rwma katoikh/sai

kai. diV auvtou/ avpokatalla,xai ta. pa,nta eivj auvto,n(

eivrhnopoih,saj dia. tou/ ai[matoj tou/ staurou/ auvtou/(

ÎdiV auvtou/Ð ei;te ta. evpi. th/j gh/j ei;te ta. evn toi/j ouvranoi/jÅ

lui qui est image du Dieu invisible, premier-né de toute créature, car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses,

dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, que ce soit des Trônes, que ce soit des Seigneuries, que ce soit des Principautés, que ce soit des Puissances ; toutes choses sont créées par lui et pour lui,

et il est, lui, avant tout

et toutes choses subsistent en lui. et il est, lui, la tête du corps, [à savoir] de l'église :

lui qui est commencement, premier-né d'entre les morts,

Afin de tenir en tout, lui, le premier rang car en lui [Dieu] s'est plu à faire habiter toute la plénitude

et par lui à réconcilier toutes choses pour lui,

ayant pacifié par le sang de sa croix,

[par lui], aussi bien celles sur la terre que celles dans les cieux,

À première lecture, Col 1,15-20 laisse aisément entrevoir des parallélismes de mots ou d’expressions, des correspondances de langage, des reprises, des progressions, ainsi que deux thèmes principaux qui sont la médiation créatrice du Christ (Col 1,15-17) et la médiation rédemptrice du Christ (Col 1,18-20). Examinant ces éléments, plusieurs exégètes152 ont mis en évidence des structures comprenant de deux à cinq unités. Nous

151

Certains manuscrits (P46, B) mettent un article devant « avrch, » ; cependant cette leçon ne semble devoir être retenue car ni « eivkw,n » dans le verset parallèle, ni « prwto,tokoj » dans le même verset ne sont précédés d’un article.

152

J.-N. Aletti répertorie des structures de Col 1,15-20 proposées par différents commentateurs qui privilégient soit une découpe en strophes, soit une structure s’appuyant davantage sur parallélismes ou sur les chiasmes (ALETTI, J.-N., Colossiens 1, 15-20 : genre et exégèse du texte : fonction de la thématique sapientielle, Biblical Institute Press, Rome, 1981, 21-44). M. Gordley fait un bref état de la question (Gordley, The Colossian

63 discutons ici les deux propositions les plus courantes sur une décomposition en deux ou en trois strophes.

Une première approche consiste à découper Col 1,15-20 en deux unités (15-18a) et (18b 20) en tenant compte du parallélisme «

o[j evstin

» et de la progression thématique de la création à la rédemption. J.-N. Aletti153 est partisan de ce type de structure et pour la mettre en évidence il s’appuie sur le double «

o[j evstin

» + «

o[ti

» ainsi que sur la distinction entre les attributions et les désignations154. La désignation ne vise pas à attribuer une qualité à quelqu’un mais à dire que cette qualité est propre à quelqu’un. On peut repérer les désignations par la présence de l’article qui précède le titre et par la place des pronoms « en lui toutes choses furent créées » (v. 16a), par la répétition emphatique du pronom «

auvto,j

» ou grâce aux énumérations (v. 16b). Les attributions ne sont pas précédées de l’article ainsi : « il est image, premier-né de toute créature » (v. 15) ; « il est commencement, premier-né d’entre les morts » (v. 18b). Il aboutit ainsi à la structure suivante :

A : Verset 15 : «

o[j evstin

» et attributions B : Verset 16-18a : «

o[ti

» et désignations A’ : Verset 18b : «

o[j evstin

» et attributions B’ : Verset 19-20 : «

o[ti

» et désignations.

J.-N. Aletti justifie le rattachement des versets 17 et 18a155 à la première strophe par la répétition de «

kai,

». La preuve que le Christ est image et premier né, c’est qu’en lui tout subsiste et que lui seul est la tête156.

Cette découpe pose cependant un problème au niveau du verset 18a qui se rattache aux versets 18b et suivants au travers de la mention de l’Église. De plus, en accrochant les versets 17 et 18a à la première strophe, la symétrie est rompue.

Devant ce constat, d’autres auteurs proposent une structure en trois unités157 ; elle

comprend deux strophes introduites par «

o[j evstin

» et reliées par une partie intermédiaire (17-18a). Le schéma suivant la met en relief

strophes terminée par une épode. Cependant il travaille sur un hymne originel à savoir Col 1,15-20 duquel il a

supprimé une partie du verset 16 (Gordley, The Colossian Hymn in context; 191). 153

ALETTI, Colossiens 1,15-20, 37-42 et 46-47.

154 Selon J.-N. Aletti l’alternance entre attributions et désignations est un phénomène linguistique majeur qui a son rôle dans l’interprétation du passage et dans la détermination de la structure. ALETTI,

Colossiens, 91.

155 Pour un résumé des différentes hypothèses concernant l’histoire de la rédaction, voir par exemple BENOIT, L’hymne christologique, 237-250 ou FURTER, Colossiens, 45-46.

156

ALETTI, Colossiens 1,15-20, 40. 157 C’est le choix de P. Benoit (B

ENOIT, L’hymne christologique, 227-229) ou de R.P. Martin (MARTIN, R.P., Colossians and Philemon, Wm. B. Eerdmans, Grand Rapids, 1981, 55).

64 o[j evstin (15)

o[ti evn auvtw/| (16a)

diV auvtou/ kai. eivj auvto.n (16f)

kai. auvto,j evstin (17)

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 63-66)