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L’exorde (He 1,1-4) : traduction et structure

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 150-156)

Le Seigneur qui fonda le monde (He 1,10)

4.1 Le motif du Fils et la création dans l’Épître (He 1,2.3.10)

4.1.2 L’exorde (He 1,1-4) : traduction et structure

L’Épître aux Hébreux commence par une introduction que l’on a coutume de nommer exorde402 selon les critères de la rhétorique. L’intention d’une telle ouverture est de gagner l’attention des auditeurs et d’introduire les sujets qui vont être développés par la suite. Nous proposerons une traduction puis discuterons de la composition de ces quatre versets.

L’unité He 1,1-4 présente un certain nombre de difficultés de traduction. Nous limiterons les discussions aux problèmes principaux rencontrés dans les versets 1-2a. Pour ce faire nous évoquerons les interprétations possible pour l’expression «

evn toi/j profh,taij

» et son parallèle «

evn ui`w/|

» et nous proposerons une signification de l’expression «

evpV

evsca,tou tw/n h`merw/n/|

». Les choix de traduction concernant les versets 2b-4 seront détaillés ultérieurement.

Aux versets 1 et 2a deux expressions parallèles sont gouvernées par la préposition «

evn

». Dieu a parlé «

evn toi/j profh,taij

» et «

evn ui`w/|

». La préposition «

evn

» peut avoir un sens locatif « dans » ou un sens instrumental « par ». La TOB dans sa traduction a choisi le sens locatif et propose la traduction « dans les prophètes » et « en un Fils ». Pour C. Spicq403 déjà, le sens locatif convient mieux dans la mesure où Dieu se révèle dans toute la personne du Fils, dans sa vie et sa mort et pas seulement dans son discours. C’est l’évènement Christ dans sa totalité qui doit être pris en compte. La préposition «

evn

» a une autorité incomparable404. Par symétrie il faut également retenir « dans » les prophètes. Ce

402 Quintilien (42-95 ap. J.-C.), dans son ouvrage De institutione oratoria, définit l’exorde dans le livre 4 au chapitre 1. Au cours de son développement il expose sa finalité ainsi : « Le but de l’exorde est de préparer l’esprit de celui qui écoute » (Quintilien : Institution oratoire, 4,1).

403

SPICQ,Hébreux, 58. DOGNIN , P.-D., « Épître aux Hébreux : traduction inédite du prologue (He 1,1- 4) », RB (112/1), 2005, 80-100, 81.

404

Ce sens se trouve également en Mt10, 20 : « c'est l'Esprit de votre Père qui parlera en vous (evn u`mi/n) ».

149 qui ne pose pas de problème puisque l’épître partagerait alors la conception philonienne où l’homme, habité par l’Esprit, n’est qu’un instrument passif.

La BJ préfère le sens instrumental et traduit « par les prophètes » et « par le Fils ». S. Bénétreau405 suit la même option. Son argumentation se base sur l’idée que l’auteur de l’Épître aux Hébreux développe une conception particulière du prophétisme. En He 11,32 les prophètes sont rangés parmi les hommes de foi au moyen desquels Dieu a accompli des exploits de tout ordre. L’expression « dans les prophètes » signifierait, pour cette épître, « dans les écrits prophétiques ». De plus, selon lui, dans l’Épître aux Hébreux, l’accent, en ce qui concerne le Fils, serait mis sur son rôle instrumental de « grand prêtre ». Un autre argument en faveur de la lecture instrumentale est de rapprocher « evn » de « dia, » au regard d’He 2,3 où le salut a commencé à être annoncé par le Seigneur (dia. tou/ kuri,ou)406. Il nous

parait préférable de conserver la symétrie entre les prophètes et le Fils et d’opter donc pour le sens instrumental, à la fois pour les prophètes et pour le Fils.

L’expression « evpV evsca,tou tw/n h`merw/n » (v. 1) fait l’objet de différentes interprétations. L’auteur oppose le passé et le présent. Dieu a parlé « jadis » (

pa,lai

) c'est-à- dire tout au long de l’histoire d’Israël. Et il nous a parlé «

evpV evsca,tou tw/n h`merw/n

» (en ces derniers jours). La question qui se pose est de savoir si cette dernière expression possède une connotation eschatologique ou si elle signifie le temps qui marque la conclusion de l’époque préchrétienne et la reconnaissance de Jésus comme Messie. L’expression «

evpV

evsca,tou tw/n h`merw/n

» se trouve dans le Nouveau Testament en 2 P 3,3 et elle apparaît 17 fois dans l’Ancien Testament, où elle prend une connotation eschatologique, en particulier dans les livres prophétiques407. Avec une nette connotation eschatologique, la BJ utilise pour la plupart des occurrences l’expression « à la fin des jours » alors que la TOB préfère traduire par « plus tard » ou « à la suite des temps ». D’autres écrits du Nouveau Testament utilisent des expressions similaires, «

th/| evsca,th| h`me,ra|

» ou «

evn evsca,taij h`me,raij

» (Jn 6,39.44.54 ; 11,24 ; 12,48 ; Ac 2,7 ; 2 Tim 3,1 ; Jc 5,3) pour désigner la fin des temps, le dernier jour. Une lecture non eschatologique se base sur le fait qu’en He 1,1 l’auteur ajoute le démonstratif «

tou,twn

» (ces) indiquant peut-être qu’il considère vivre ces derniers jours. Il ne faut cependant pas y voir une eschatologie réalisée, mais plutôt le fait que la Parole du Christ inaugure les temps de la fin. Ce temps est l’avènement d’une nouvelle et dernière époque du salut qui est caractérisée par la plénitude de la révélation divine. P. D. Dognin408 propose comme traduction : « le dernier de ces jours ». Il s’appuie sur le fait que «

tou,twn

» doit trouver un antécédent dans le texte et selon lui il s’agirait du temps des prophètes. Lorsque Dieu parle aux hommes par son Fils, il marque la fin d’une époque où la révélation « par les prophètes » était encore imparfaite. La traduction « en ces derniers jours » nous paraît la plus adéquate laissant l’ambigüité entre ces jours où la Parole du Fils est définitive et la fin des temps.

405

BÉNÉTREAU, Hébreux, 64. C’est également la valeur instrumentale que conservent H.W. Attridge (ATTRIDGE, Hebrews, 39), P.Ellingworth (ELLINGWORTH, P., The Epistle to the Hebrews: A commentary on the

Greek Text, Wm. B. Eerdmans Publishing Co., Grand Rapids, 1993, 92).

406

KOESTER, C. R., HEBREWS: A New Translation with Introduction and Commentary, Doubleday, New York London, 2001.177.

407

Jr 23,20 ; 25,19 ; 37,34 ; Es 3,16 ; Dn 2,28 ;10,14. 408

150 Avant de donner une traduction, quelques remarques s’imposent. Pour les versets 1,2a, nous avons indiqué dans le tableau ci-dessous les symétries par la disposition et par les termes soulignés. La syntaxe et l’emploi de l’aoriste présentent la venue du Fils comme l’évènement définitif dont les versets suivants (2b-4) explicitent les conséquences. Contrairement aux traductions bibliques de la BJ ou de la TOB nous avons fait le choix de conserver les participes aux versets 3 et 4. Les participes de 3abc sont suivis en 3f d’un aoriste qui indique que les actes du Fils le conduisent à la session à la droite. Le verset 4 suit le même schéma. Ainsi la supériorité du Fils sur les anges implique l’héritage du Nom. Le pronom «

o[j

» gouverne l’ensemble des versets 3 et 4. Nous proposons de traduire les versets He 1,1-4 de la manière suivante.

1 2a 2b 2c 3a 3b 3c 3d 4

Polumerw/j kai. polutro,pwj

pa,lai o` qeo.j lalh,saj toi/j patra,sin evn toi/j profh,taij evpV evsca,tou tw/n h`merw/n tou,twn evla,lhsen h`mi/n evn ui`w/|(

o]n e;qhken klhrono,mon pa,ntwn( diV ou- kai. evpoi,hsen tou.j aivw/naj\ o]j

w'n avpau,gasma th/j do,xhj

kai. carakth.r th/j u`posta,sewj auvtou/( fe,rwn te ta. pa,nta

tw/| r`h,mati th/j duna,mewj auvtou/( kaqarismo.n tw/n a`martiw/n poihsa,menoj

evka,qisen evn dexia/| th/j megalwsu,nhj evn u`yhloi/j(

tosou,tw| krei,ttwn geno,menoj tw/n avgge,lwn o[sw| diaforw,teron parV auvtou.j keklhrono,mhken o;nomaÅ 1 2a 2b 2c 3a 3b 3c 3d 4

À maintes reprises et sous maintes formes, autrefois, Dieu a parlé409 jadis aux Pères par les prophètes410, en ces derniers jours, il nous a parlé

par un Fils,

qu'il a établi héritier de tout,

par qui aussi411 il a fait le monde412.

lui qui

étant rayonnement de sa gloire et empreinte de sa substance, portant aussi toutes choses par la parole de sa puissance, ayant accompli

la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauteurs,

devenu d'autant supérieur aux anges qu'il a hérité d'un nom plus excellent que le leur413.

Bien que les 4 premiers versets de l’Épître aux Hébreux forment en grec une seule et même phrase, différentes propositions de composition ont été faites. La grammaire de F. Blass et A. Debrunner414 cite He 1,1-4 comme étant l’une des plus remarquables

409

« lalh,saj » est un participe aoriste que nous avons rendu par un passé composé de manière à souligner la symétrie avec 2a.

410 Parce que les prophètes ne jouent pas un rôle important dans l’Épître aux Hébreux, certains Pères ont remplacé les prophètes par les anges. Cette correction est inutile.

411 Pour l’adverbe «

kai, » P.D. Dognin propose de traduire par « même » à la place d’ « aussi ». Cette traduction aurait l’avantage d’insister sur la durée : le temps des prophètes est fini alors que celui du Fils marque la totalité des siècles. Nous préférons cependant conserver la traduction « aussi ». Notons que cette conjonction est parfois omise par exemple dans le papyrus P46. DOGNIN, Hébreux, 81.

412

Concernant le choix de traduction voir 160.

413 Le grec dit littéralement « d’un nom plus excellent qu’eux ». 414

151 « périodes » que l'on puisse trouver dans le Nouveau Testament. Les auteurs de la grammaire proposent de la découper en quatre unités : la proposition principale avec le participe qui la précède (1,1-2a), puis deux premières relatives (1,2b.c), ensuite une troisième relative associée à 3 participes. Cette troisième relative est complétée par les deux membres du verset 4 qui forment une comparative. À partir de cette division, plusieurs types de structures ont été proposés. Nous en citerons quatre : la première utilise comme critère le sujet des verbes ; la seconde articule les qualités et l’agir du Fils; les troisième et quatrième que nous avons regroupées soulignent la césure au verset 2a.

Une première démarche pour déterminer la composition de He 1,1-4 consiste, avec A. Vanhoye 415, à s’appuyer sur les sujets des verbes. En effet, dans une première unité, le sujet est Dieu (1-2) ; dans la seconde (3-4) le sujet est le Fils (représenté par le relatif «

o[j

»). Grammaticalement, la seconde partie n'est qu'une dépendance de la première, puisqu'elle commence par un relatif. Le centre de la première partie est constitué par la proposition principale : « (Il) nous a parlé par le Fils ». La perspective est celle de la Parole de Dieu. Autour de cette principale se trouvent, d’un côté la révélation prophétique, de l'autre, deux relatives (v. 2b et 2c), qui donnent une idée de ce que Dieu a fait pour son Fils et par lui (la création des mondes). Le centre de la deuxième partie relate l’œuvre rédemptrice du Fils avec son aboutissement glorieux : « ayant accompli la purification des péchés, il s'est assis à la droite de la Majesté » (v. 3). Cette proposition est entourée par, d’un côté, deux membres de phrase débutant par des participes présents qui ont trait à la dignité antérieure du Fils, et par, de l'autre côté, deux membres d'une comparative (v. 4), qui affirment l'excellence du rédempteur glorifié. Pour notre part, nous pensons que cette approche ne met pas en relief le changement d’objet au verset 2b. En effet, en 2b commence une description du Fils alors que le motif du verset précédent était la parole de Dieu proférée par le Fils après l’avoir été par les prophètes.

Une approche proposée par S.D. Mackie416 s’appuie sur le verset 3ab qui souligne la relation du Fils et du Père et qui est le centre d’une structure en chiasme. Le chiasme s’organise selon différents motifs : le Fils et sa relation avec des êtres d’exception que sont les prophètes (1-2a) et les anges (v. 4), le rôle messianique du Fils comme héritier (v. 2b) et comme roi (v. 3d), l’action du Fils dans la création (v. 2c) et comme rédempteur (v. 3c). La structure obtenue est la suivante :

A Le Fils et son rapport aux prophètes (1-2a) B Le Fils comme héritier messianique (2b) C L’œuvre du Fils dans la création (2c)

D La relation du Fils à Dieu (3ab) C’ L’œuvre rédemptrice du Fils (3c)

415

VANHOYE, A., La structure littéraire de l'Épître aux Hébreux, Desclée de Brouwer, Paris, 1963, 66- 68. KOESTER, HEBREWS, 183-184. H.W. Attridge conserve une structure en trois unités. Comme A. Vanhoye il réunit les versets 1 et 2 mais ensuite il sépare le verset 3 qu’il relie à un hymne préexistant dont les motifs sont la création et la médiation dans l’ordre du salut du verset 4, qui introduit le lecteur à l’exaltation du Fils. ATTRIDGE,

The Epistle to the Hebrews, 36.

416

MACKIE,S.,D.,« Confession of the Son of God in the Exordium of Hebrews », JSNT 30.4, 2008, 437-453, 440.

152 B’ Le Fils roi messianique (3d)

A’ Le Fils et son rapport aux anges (4)

Si intéressante que soit cette approche pour notre sujet puisqu’elle met en relief le verset 3ab, elle ne nous paraît pas assez tenir compte du pronom «

o[j

» qui gouverne l’ensemble du verset 3 ainsi que de l’inclusion du motif de l’héritage (He 1,2b.4).

En complément de l’approche syntaxique pour déterminer la structure, il paraît souhaitable de considérer la sémantique du passage, ce qui amène un certain nombre de commentateurs à proposer dans leur composition une césure après le verset 2a. Ils aboutissent ainsi à une structure en deux unités (1-2a) et (2b-4). Les versets 1-2a sont construits de manière parallèle. La proposition principale « Dieu nous a parlé par un Fils » souligne que la perspective est celle de la Parole (1-2a). La clause qui la précède évoque la révélation prophétique. Le motif développé est celui de Dieu qui, des temps jadis aux derniers jours, par la voix des prophètes et de son Fils, s’est adressé aux pères et continuera à nous parler. La mention du Fils qui clôt cette première unité fait office de pivot. Les propositions qui forment la deuxième unité (2b-4) expriment les qualités et les actions que Dieu voit en son Fils. L’agencement de cette unité a également été discuté. Nous citerons les travaux de P. Ellingworth et de J.P. Meier concernant les versets (2b-4).

Dans son commentaire de l’Épître aux Hébreux, P. Ellingworth417 propose pour la deuxième unité de l’exorde (2b-4) une structure en chiasme que nous reproduisons ci- dessous : 2b 2c 3a 3b 3c 3d 4

o]n e;qhken klhrono,mon pa,ntwn(

diV ou- kai. evpoi,hsen tou.j aivw/naj\ o]j w'n avpau,gasma th/j do,xhj

kai. carakth.r th/j u`posta,sewj auvtou/(

fe,rwn te ta. pa,nta tw/| r`h,mati th/j duna,mewj auvtou/( (kaqarismo.n tw/n a`martiw/n poihsa,menoj)

evka,qisen evn dexia/| th/j megalwsu,nhj evn u`yhloi/j( (4 tosou,tw| krei,ttwn geno,menoj tw/n avgge,lwn

o[sw| diaforw,teron parV auvtou.j keklhrono,mhken o;nomaÅ)

Intronisation

Action dans la création Relation à Dieu Relation à Dieu Action dans la création (Raison pour)

Intronisation

(Conséquence et ouverture sur l’unité suivante)

P. Ellingworth définit sa structure en se basant sur différents motifs à savoir l’intronisation, la création et la relation à Dieu. Cependant, cette approche ne tient pas compte de l’inclusion du motif de l’héritage avec les termes «

klhrono,moj

» (v. 2b) et «

klhronome,w

» (v. 4) qui englobent tout ce qui est dit du Fils. Le Fils est héritier de toutes choses (v. 2) et il a hérité d’un nom plus grand que celui des anges (He 1,4). Les versets 3 et 4 rompent la structure proposée. Le verset 3 sur la purification des péchés est considéré comme la raison de l’intronisation. Cependant, aucun élément grammatical ne permet de

417

153 justifier ce choix. Quant au verset 4, conséquence de l’intronisation, il se trouve à l’extérieur du chiasme. Cette approche ne rend pas compte de manière détaillée de l’ensemble des versets. Le choix de P. Ellingworth est d’accentuer le motif de l’intronisation.

J.P. Meier qui a étudié en détail l’unité (2b-4) propose une approche originale. En se basant sur les pronoms et sur les verbes, il met en évidence sept clauses christologiques418 : He 1,2b ; He 1,2c ; He 1,3a ; He 1,3b ; He 1,3c ; He 1,4. Après avoir discuté du nombre des clauses, il propose une lecture circulaire419 et temporelle de celles-ci. Nous reproduisons ci- dessous son schéma de l’enchainement des clauses.

Schéma présentant la proposition de J.P. Meier420

Le point de départ et d’arrivée est marqué par l’intronisation du Fils. La première clause (v. 2b) évoque le Fils exalté, héritier de « tout ». Puis, l’auteur de l’épître opère un mouvement de marche arrière jusqu’à l’origine des temps en invoquant la médiation du Fils au commencement de la création (v. 2c), ensuite il entraine le lecteur encore plus loin, hors du temps, pour présenter le Fils éternel dans son intemporelle relation à Dieu (v. 3a). Après un demi-tour l'auteur revient à la création en décrivant le rôle du Fils comme soutien de cette dernière (v.3b), puis avançant encore dans le temps de l’histoire humaine, il mentionne le sacrifice du Fils (pour les péchés) qui rassemble dans un seul et même évènement sa mort et son entrée dans le sanctuaire céleste (v. 3c), suit la relation de l’exaltation et de la session à la droite dans les cieux (v. 3d) et, enfin, il évoque la conséquence de son exaltation à savoir la supériorité du Fils vis-à-vis des anges (v. 4). Pour les premiers chrétiens, la résurrection/exaltation est le point de départ de la compréhension de qui est Fils. À partir de la foi en la résurrection/exaltation il est possible de proclamer le Fils comme celui par qui le monde fut. J.P. Meier démontre l’importance de l’évènement résurrection dans l’élaboration

418

Pour une justification de conserver une seule clause pour le verset 4, voir MEIER,J.P., « Structure and Theology in Heb 1,1-14 », Bib. 66, 1985, 168-189, 173-174.

419

MEIER, Structure and Theology in Heb 1,1-14, 188. 420

MEIER, Structure and Theology in Heb 1,1-14, 189. 2. diV ou- kai. evpoi,hsen(creation)

3. w'n avpau,gasma (eternal existence) 4. fe,rwn (conservation of creation) 5. kaqarismo.n poihsa,menoj

(death and entrance into the heavenly) sanctuary

7. krei,ttwn

(result of exaltation)

6. evka,qisen (exaltation)

154 de la foi en la participation à l’œuvre créatrice. Au niveau de son développement il ne prend cependant pas assez en compte la césure en 3a.

Finalement, pour notre proposition de structure, tout en conservant les 7 clauses proposées par J.P. Meier, nous pensons qu’il est nécessaire de rendre compte de la césure en 3a marquée par le passage de Dieu comme sujet (He 1,2bc) au Fils (He 1,3a-4). De plus, le verset 3a fait l’objet de discussions421 quant à son appartenance à un hymne

préexistant que l’auteur de l’épître aurait utilisé. Sans qu’il soit possible de trancher, nous pouvons cependant noter que ce verset débute comme les hymnes par un pronom, que les thèmes abordés sont ceux de la nature divine du Fils, de son action dans le cosmos. L’auteur a probablement souhaité souligner l’excellence de la nature du Fils en rapprochant sa manière d’écrire des hymnes connus de ses lecteurs. Nous proposons de lire le passage de la manière suivante : Le Fils, héritier de tout, est le médiateur de la création (He 1,2bc). Parce qu’il est dans une relation éternelle avec Dieu, qu’il maintient la création et qu’il a accompli la purification des péchés (He 3abc), il s’est assis dans les cieux (He 1,3c) avec comme conséquence une domination sur les anges (He 1,4).

Les discussions sur les différentes possibilités de structure et les choix de traduction ont fait ressortir à la fois le soin apporté par l’auteur à la construction de la phrase et la richesse des images. Par la suite, nous nous focaliserons sur les versets 2b-4 où le motif de la création est abordé à côté de qualités exceptionnelles prêtées au Fils.

Dans le document Le Christ, Parole créatrice (Page 150-156)